Un recteur sacrifié sur l’autel du communautarisme !

Ce recteur livrait, avec une extrême fermeté, depuis six mois, une bataille juridique, officiellement pour des raisons administratives et de sécurité, contre l’ouverture de ce collège musulman hors contrat. L’approbation de cette ouverture a été finalement décidée le 28 février par le conseil supérieur de l’Education nationale, l’ouverture effective d’une classe de 6e ayant ensuite eu lieu le 5 mars. A noter que ce recteur avait auparavant contribué, par son action énergique, au limogeage d’un professeur d’histoire à l’université de Lyon, lequel profitait de la rémunération qui lui était payée par le contribuable pour enseigner à ses étudiants des contrevérités historiques négationnistes concernant la SEconde Guerre mondiale ! Le limogeage du recteur Morvan est survenu peu de temps après. Le cabinet du ministère de l’Education nationale (appliquant le principe bien connu : "quand on veut se débarrasser de son chien, on l’accuse de la rage"), a justifié cette mesure : "en raison de multiples manquements à l’obligation de réserve" et de "commentaires de décisions de justice" ajoutant ensuite : "quand il se présente comme un adversaire de l’intégrisme et du communautarisme, il (le recteur Morvan) laisse entendre que d’autres ne seraient pas aussi déterminés que lui. Le recteur Alain Morvan s’est déclaré (en faisant des allusions à peine voilées à des instructions imposées par le ministre de l’Intérieur et néanmoins candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy) kärchérisé ". Il ajoute : " il ne s’agit pas d’une mutation (NB : le recteur étant remis à son ancien poste de professeur d’université) mais d’une sanction, une révocation". Le recteur déclare : "Je quitte cette académie le coeur lourd mais la tête haute. Aujourd’hui, c’est une grande journée pour le négationnisme, l’extrême droite, l’antisémitisme et les adversaires de la laïcité. C’est également une grande journée pour moi, qui considère ma révocation comme un honneur qui justifie les combats que j’ai menés". Sans citer le nom de ministres, le recteur a également indiqué : " Il y avait une insistance très forte de l’Intérieur pour que l’Education nationale baisse le genou. Mon tort a été de croire que l’EN ait pu s’exprimer en tant que telle sur ce dossier". Le recteur a reçu, suite à son limogeage, le soutien d’associations d’étudiants lyonnais qui jugent "incompréhensible et choquant de mettre un terme aux fonctions d’un homme qui, à Lyon, a su incarner avec honneur et courage la lutte contre les extrémismes et le communautarisme".

On note malheureusement la grande discrétion des hommes politiques, en particulier des candidats à la présidence, sur ce brûlant dossier. A noter que, néanmoins, André Guérin du PCF l’a jugé "bien injustement sanctionné", que le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jacques Queyranne, PS, dénonce "les pratiques fondées sur l’autoritarisme" de Sarkozy et déclare que ce recteur, dans ses propos "n’a cessé de rappeler les valeurs de la République". "Ces propos ont déplu à Gilles de Robien, le très sarkozyste ministre de l’Education". Enfin, Guillaume Peltier, porte-parole de Philippe de Villiers, se dit "scandalisé" par cette "éviction idéologique". On peut constater, par les images qui ont été brièvement télévisées par les médias à son ouverture, que ce "collège lycée musulman" fleure bon l’intégrisme salafiste, et que les inquiétudes du recteur Morvan étaient parfaitement justifiées. On y voyait de jeunes adolescentes ultravoilées, le visage à peine visible et la tête honteusement fléchie, saucissonnées et enlaidies par un quasi-uniforme intégriste, escortées par du personnel du "collège" (ou devrait-on dire de la madrasa) également en tenue islamiste. Ce limogeage fait partie d’une offensive tous azimuts de Sarkozy contre la laïcité, pour le communautarisme, contre la République et contre la loi de 1905, une sorte de missile à têtes multiples destiné à pulvériser le modèle laïque français (un comble pour un politicien qui prétend défendre "l’identité nationale" !). Les têtes multiples de ce missile antilaïque et antirépublicain sont, en plus de l’éviction du recteur Morvan, la préconisation du financement des lieux de cultes par les fonds publics (Rapport Machelon), le souhait d’instituer une "discrimination positive", le fait, pour Sarkozy, de se rendre au dîner du CRIF au mépris de toute laïcité [on peut en rapprocher la décision de la chambre de commerce et d’industrie de Limoges de se doter de quatre conseillers techniques religieux (cf. un de mes précédents articles sur Agoravox)], et enfin cette inqualifiable prise de position antilaïque lors d’un récent meeting, au cours duquel Sarkozy déclarait en substance "qu’il ne verrait aucun inconvénient à ce qu’un éventuel nouveau texte constitutionnel européen mentionne les racines chrétiennes de l’Europe".

La laïcité vit donc peut-être ses dernières semaines en France, aux citoyens de se mobiliser énergiquement pour la défendre, après ce sera trop tard ! Certains ne manqueront pas d’objecter que ce recteur n’avait aucune raison de mettre des bâtons dans les roues à ce "collège musulman" puisqu’il existe déjà des écoles, collèges et lycées catholiques. A cette objection pertinente, on peut opposer deux arguments :

- D’une part que cela fait longtemps que les établissements d’enseignement catholique accueillent des élèves d’autres confessions, ou même issus de familles sans religion, et que les élèves desdits établissements ne se distinguent en rien par ailleurs des élèves de l’enseignement public, en particulier s’habillent comme tous les autres jeunes Français. On n’a pas l’impression qu’une jeune fille sans religion, sans voile et habillée à l’européenne serait admise dans ce collège musulman.

- Par ailleurs, les cours de religion sont facultatifs dans la plupart des établissements catholiques. - D’autre part, je pense qu’il faut d’avantage de laïcité dans les établissements d’enseignement privés. Les enfants vont à l’école pour y être instruits et non pas pour y être endoctrinés. Le devoir de l’Etat est donc de s’assurer que les écoles donnent aux enfants une instruction valable et n’y subissent aucun endoctrinement. De ce point de vue, si l’on ne peut rien objecter à l’existence d’établissements privés, mis à part leur financement partiel sur des fonds publics dans les établissements sous contrat, on peut par contre tout à fait contester que ceux-ci se proclament catholiques ou musulmans. En effet, que n’entendrait-on pas si des partis politiques ou autres courants de pensée instituaient, par exemple, des "collèges communistes" avec trois heures hebdomadaires de cours obligatoire de marxisme léninisme, des "collèges nationalistes" avec enseignement obligatoire des oeuvres complètes de J.-M. Le Pen, des "collèges athées" avec une instruction athée obligatoire ou des "collèges UMP" avec apprentissage obligatoire des discours de Sarkozy...

Quelques dernières réflexions sur ce sujet : dans la France de 2007, un professeur se retrouve devant les tribunaux pour "mauvais traitements" s’il donne ne serait-ce qu’une baffe à un élève gravement perturbateur, alors que personne ne semble s’émouvoir du mauvais traitement bien plus sévère qui oblige des adolescentes à se voiler même en période de canicule et à porter une tenue islamique ridicule et disgracieuse qui empêche leur intégration sociale (la probabilité pour une femme se présentant à un entretien d’embauche en tenue islamique d’obtenir du travail étant probablement égale à zéro). On a assez milité dans le passé contre l’apartheid pour accepter que des islamistes tentent de recréer un apartheid en isolant socialement ces jeunes du reste de leurs camarades du même âge !