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Accueil du site > Tribune Libre > Un regard rapide sur « l’usage » et le mésusage…

Un regard rapide sur « l’usage » et le mésusage…

Comme beaucoup j’ai souvent proposé de mettre en avant la notion de « besoin », voire de vrai besoin, ou même encore, de besoin utile pour définir ce que nos sociétés doivent privilégier afin de tendre vers le bien-être. Cette définition peut paraître alléchante, mais est néanmoins restrictive dans la mesure où elle n’est cantonnée que vers l’utilité technique laissant peu de part aux plaisirs. C’est donc pour cette raison qu’il est préférable de parler « d’usage » qui donne par conséquence une palette plus large aux différents contextes que le l’on voudra favoriser. Naturellement, on y opposera le mésusage.

 Mésusage, que certains voudraient surenchérir pour dissuader le citoyen de le pratiquer. Certes, la solution est probablement là, néanmoins dans la situation actuelle cela favoriserait les classes sociales déjà aisées pour lesquelles le surcoût ne pose aucun problème. Non seulement l’on ne dissuadera pas le richard d’acheter un quatre/quatre hyper polluant, par contre on augmentera les inégalités. A l’évidence, en période de transition, il vaut mieux tendre vers le moindre coût de « l’usage » seulement, voire sa gratuité ; le renchérissement du mésusage n’étant envisageable que dans le cas où la différence entre les revenus sera aplanie…

 Cependant, on peut déjà dénoncer avec force les mésusages qui semblent véritablement préjudiciables à l’avenir de nos sociétés, de l’humain, par conséquence à la planète.

 Pour les adeptes du développement durable, le scientisme est l’une des solutions incontournables pour favoriser l’hyper-productivité humaine. Malheureusement, résoudre nos problèmes en supposant que les techno-sciences sont la seule réponse afin de favoriser une croissance exponentielle -raison de plus avec la fumeuse croissance verte- est un leurre, voire une utopie dangereuse.

 L’exemple qui vient à l’esprit est celui des nanoparticules que l’on retrouve déjà dans les cosmétiques, mais de façon plus inquiétante dans l’alimentation, celles issues du dioxyde de titane par exemple. Nanoparticules dont ont ne connaît pas de façon rigoureuse les effets secondaires et que l’on retrouve cependant pour donner du goût et de la couleur à certains yaourts. N’aurait-il pas été préférable d’aider la petite laiterie transformatrice du coin qui va chercher les framboises de l’agriculteur d’à côté pour parfumer ses yaourts, dont le récipient sera du verre consigné !

 Le premier cas qui ne sert que le productivisme consumériste est l’exemple même du mésusage. Donc, pour la transition, pour la mutation de nos sociétés, dans ces cas précis comme d’en d’autres, l’usage est tourné vers le naturel qui écartera de fait une technologie pourtant alléchante intellectuellement parlant, mais toutefois uniquement tourné vers le productivisme dévastateur allant contre une solution simple et évidente. J’ai bien écrit, une fabrication « naturelle » car qualifier de bio tout et n’importe quoi est devenu une usurpation de terme, ne mettons pas du bio à toute les sauces puisque l’abus de ce diminutif l’a galvaudé.

 J’ai aussi volontairement utilisé le terme fabriquer plutôt que produire, fabriquer demandant un savoir faire moins automatique qu’une production à grande échelle et par conséquence hyper-automatisée. On peut d’ailleurs appliquer la notion d’usage et de mésusage à la conception de la fabrication. Les techniques comme l’OST (organisation scientifique du travail) le Taylorisme, le Fordisme et maintenant le Toyotisme ayant permis l’industrialisation productiviste de certains produits, concept essentiellement tourné vers la rentabilité au service du capital. En dénonçant comme un mésusage les abus de la rigueur scientifique au service de l’exploitation par le travail, on requalifierait la valeur du travail et probablement on le libérerait du joug de la productivité qui provoque des névroses et autres maladies inacceptables dans un monde qui se prétend moderne….

 Comme on le voit, en cette période électorale, l’opposition au symbole que représente le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’inscrit bien dans la notion d’usage et mésusage, puisque ce projet sera considéré comme un mésusage. Projet qui d’ailleurs s’inscrit dans un autre mésusage c’est la mise en avant de métropole que l’on veut globaliser mondialement et mettre en réseau d’entre-aide, tout en favorisant attractivité de chacune par une sorte de concurrence expansionniste. C’est d’ailleurs le but recherche pour Nantes, ce qui, avec l’ensemble des autres métropoles, rendra encore plus imprégnant l’impact du capitalisme, qui, entre parenthèse, ne se gênera pas de délocaliser pour chercher le meilleur profit demandant par la même occasion une main-d’œuvre mobile pour travailler dans les divers métropoles où la rentabilité du capital sera momentanément la meilleur.

 Donc, on opposera le bon usage en relocalisant, et avec la masse monétaire économisée en ne cédant pas aux sirènes du capitalisme mondialisé on favorisera le transport ferroviaire régional, par conséquence l’ensemble des transports collectifs ira, avec ce transfert des priorités financières, vers la gratuité. Aussi, un point qui doit retenir notre attention, ne pas oublier la collectivisation des transports en milieu rural, ce qui est de plus en plus une priorité. Priorité, car les déplacements en campagne deviendront de plus en plus onéreux avec le prix des carburants qui iront toujours vers le haut. 

 Dans cette approche succincte des notions d’usage et mésusage on s’aperçoit que le champ d’application peut être très large. Il nous reste donc un travail très important à faire pour définir une société qui donnera la part belle au bien-être des humains ; bien-être qui ne passe absolument pas par le consumérisme inconsidéré, mais une recherche du plaisir simple, c’est déjà beaucoup…

 
 

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5 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 19 février 2010 12:51

    Bonjour, Michel.

    Comme Le Sudiste, je suis plutôt déconcerté par cet article. Non qu’il soit inintéressant, bien au contraire, mais après l’avoir lu deux fois, j’avoue ne toujours pas en comprendre le sens.

    En outre la notion de « mesusage » est particulièrement floue et sujette à caution. Car chacun peut faire un usage inadapté d’un objet ou d’un service sans que l’« usage » de cet objet ou de ce service soit remis en question par d’autres, voire par la majorité.

    En outre, et depuis une vingtaine d’années, toutes les décisions commerciales s’appuient précisément sur une approche marketing désormais très marquée par la « valeur d’usage », autrement dit (et pour schématiser) le mode d’utilisation par les acheteurs d’un produit ou d’un service, l’importance qu’ils lui donnent dans le contexte de cette utilisation et le prix (en argent mais éventuellement aussi en temps) qu’ils sont prêts à débourser pour son usage. Une approche qui devrait théoriquement limiter fortement les « mesusages ».

     


    • Mengneau Michel Mengneau Michel 19 février 2010 13:15

      Salut Fergus,

      Le volonté du marketing n’est pas l’usage au sens propre, mais une volonté de consommation pour laquelle on utilise volontier le terme de bon usage, ce n’est en fait qu’un effet publicitaire... Vendre un robot ménager pour la fète des mères est une option marketing, alors qu’un simple presse purée suffit pour faire une exellente purée !

      Pour résumer, en quelques mots, remplir de flotte une piscine individuelle est un mésusage qui mériterait que l’eau ainsi utiliser soit facturée beaucoup plus cher que celle qui va étancher la soif d’un humain.

      Dans l’état actuelle des différences de revenus ce n’est pas encore envisageable car le renchérissement n’empêchera pas le fortuné d’aller patauger pendant que les autres crèvent de soif. Néanmoins, cette notion doit commencer à rentrer dans les esprits afin de concevoir une forme différente de socièté... 


    • Fergus Fergus 19 février 2010 13:59

      Vu sous cet angle, je crois comprendre.

      Cela dit, il ne semble pas qu’il y ait à proprement parler mésusage de l’eau s’il s’agit de remplir une piscine, l’eau étant en l’occurence bel et bien utilisée pour permettre l’usage de la piscine. Le mésusage dans un tel cas serait plutôt, au niveau supérieur, le fait qu’il y ait une piscine privée sans qu’une nécessité impérieuse (prévention du feu) ou un taux d’occupation élevé puisse en justifier l’existence.

      Cela dit, complètement d’accord pour taxer lourdement l’eau destinée au remplissage de ces piscines qui ne servent généralement que de manière très occasionnelle à une petite minorité de privilégiés.

      Bonne journée.


    • joelim joelim 19 février 2010 20:13
      Oui, une des étapes nécessaires à l’Humanité pour sortir du marigot est d’apprendre à distinguer les usages et les mésusages. 

      Peut-être d’autres terminologies seront plus simples / opérationnelles, comme production constructive (sous-entendu : à tous) et production destructive, avec bien sûr toute une échelle entre les deux.

      N’apparaîtrait alors dans la mesure de productivité objective, en remplacement du PNB qui mélange tout, que les productions utiles à ce que vous nommez les usages. Usages qu’il faut continuellement préciser dans des réflexions citoyennes décentralisées... Très rapidement, les productions humaines stériles et parasites vis-à-vis de la collectivité que sont la publicité et le marketing devraient disparaître (ou être taxées à mort). Voire se transmuter en quelque chose de plus objectif et informatif, au service de l’usager, ce qui est exactement le contraire comme tout le monde peut l’observer dans son expérience de consommateur.

      Hélas, des productions notamment industrielles manipulatoires et traîtres vis-à-vis de l’usager-client-consommateur sont encouragées par nos gouvernants. Voir par exemple l’autorisation récente de vente de produits incluant des déchets radio-actifs dissimulés.

      Jusqu’à quand continuerons-nous à nous enfoncer en tournant en rond dans le marigot ?

      Le marigot est maintenant farci de métaux lourds, jusqu’à quand en déverserons-nous par tombereaux ?

      Les piles au cadmium qui finissent souvent n’importe où, est-ce de l’usage ou du mésusage ? A qui tout cela profite, et qui sont les dindons de la farce ?

      • Markoff 19 février 2010 23:16

        Moi aussi j’ai buté sur le sens à donner à « mésusage » et pour moi, il ne peut que signifier « mauvais usage ». Mais « mauvais usage » veut dire qu’on se sert mal d’une chose qui par ailleurs, peut être trés utile.... Or je pense que dans l’article, ce mot vise plutôt des biens dont on pourrait facilement se passer.
        D’où l’importance de bien définir un mot qu’on emploie quand il est nouveau ou pas connu.

        Ceci dit, curieusement, en lisant l’article, je pensais à la piscine de mon voisin et j’ai vu ensuite que l’exemple de la piscine était donné dans les commentaires !!!

        En effet, cette piscine m’a souvent fait réfléchir quand j’ai vu son taux d’occupation annuel : une douzaine d’heures ! Vu son prix d’achat et d’installation, l’eau nécessaire et le moteur de filtrage qui ronfle 9 mois en continu, je me dis que c’est l’exemple caricatural du gaspillage et de la bêtise humaine. Et les piscines fleurissent dans mon quartier, tout ça pour faire preuve d’un ridicule « standing ».

        Mais c’est tout le problème d’une société basée sur la consommation à outrance, sous prétexte que ça fait des emplois et que ça fait marcher le commerce.
        C’est vrai, mais alors, comment en sortir sans tout foutre en l’air ?

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