• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Un rêve decolore...

Un rêve decolore...

Sans chapeau

ni trompettes...

   Cette nuit-là, je rêvai que je vivais.

   Que je continuais à vivre, tant et tant.
  Jusqu'aux blancheurs grisâtres des chairs et des poils. Jusqu'aux infâmes recroquevillements, la lente sénescence, jusqu'au suprême souffle final.

   Mais toujours, jusqu'au bout, toujours cette douloureuse et intense acuité qui me serrait fort contre la folie. Comme peut rendre fou une ouïe trop développée. La tête crève de fracas, de hurlements, de vacarmes.

   Cela durait. L'Histoire, autour de moi, s'enroulait, se répétait, s'embourbait, ténébreuse. Les victimes d’hier devenaient les bourreaux d’aujourd’hui. Les gens se rabougrissaient de solitude et d'angoisse, effrayés d’un Pouvoir de plus en plus despotique, césarien. Les voisins se surveillaient, se dénonçaient, intoxiqués de Peurs. Plus de la moitié du Peuple était des miliciens hébétés, armés, la botte boueuse, soldatesque brutale, violeuse, vulgaire. Les femmes redevenaient peu à peu des chairs à guerriers. Sans mémoire, on les poussait de leurs places. Ces terrains qu'elles avaient chèrement payés. Y avaient sacrifié tant de temps, tant d'espace, tant d'existences. Tous les racismes adonc s'exprimaient à visage découvert. Comme les serpillières expriment leurs saletés. On enseignait aux enfants la barbarie. Le violent respect de l'Argent. Les trois sectes du Livre mensongé venaient en seconde position, comme service d'ordre. Mais ils se confondaient et se couronnèrent vite de la même aura. L'aura ? L'aura pas ?

   Le règne destructeur des tartuffes.

  Tout fut propagande. Le cinéma déroula d'insipides bobines de vide, dépeuplées. Les musiques s'enrouèrent, privées de cris, de sexes, de rages, puis tues. La peinture s'affala dans l'égout. La parole, muette, gorge tranchée, quitta l’humanité pour le monde des animaux qui s'arrangèrent entre eux et jouirent avec bonheur de cette nouvelle faculté. Les chiens dans les rues insultaient leur soi-disant maître. Les mots qui s'échappaient de leurs gueules les émerveillaient d'étonnements et de force soudains. La plupart abandonnèrent les humains devenus muets, abêtis, inutiles. Des zigotos qui ne savaient même pas aboyer ! Les zoos furent le siège d'innombrables colloques dont les sujets, inexorablement, s'achevaient sur cette question de bon sens :

   - Mais qu'allons nous faire de l'espèce humaine, du règne humain... du genre humain ?

   Une bonne bouffée de bonheur m'irradia tout entier lorsque j'ouvris les yeux pendant que mon rêve se refermait de fil blanc. Poupée endormie entremêlait ses jambes aux miennes, fraîches, abandonnées. Les deux chatons papattes ronronnaient entre nous, la tendresse aux yeux comme des éclats de soleil en vrac.

    Je vais avoir la chance de disparaître dans cette douceur. Beaucoup plus de la moitié du monde périra dans le dénuement, oubliée, niée, rejetée, vomie par l’humanité, par l'espèce.

   Une espèce d'ordures.


Moyenne des avis sur cet article :  3.55/5   (11 votes)




Réagissez à l'article

5 réactions à cet article    


  • Asp Explorer Asp Explorer 12 juin 2012 16:37

    C’est normal si on comprend rien ?


    • wesson wesson 12 juin 2012 21:29

      Bonsoir Asp Explorer,


      « C’est normal si on comprend rien ? »

      en même temps, vu que vous semblez être un sympathisant du FN ...

    • Asp Explorer Asp Explorer 13 juin 2012 23:43

      Heureux de l’apprendre.

      Ça ne change rien au fait qu’on panne quedalle à cet article.


    • PATRICK PIET PATRICK PIET 12 juin 2012 17:00

      Tout à fait.


      • francesca2 francesca2 12 juin 2012 22:03

        Complétement dans l’air du temps, du pathos émotionnel.

        L’émotion, rien que l’émotion....

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès