Un roi si nu !
Nicolas Sarkozy est déjà entré en
campagne pour sa réélection en 2012. Mais en campagne pour quoi faire ?
et pour qui ? Là est la question. Et dans la réponse, les Français
risquent bien d’en faire les frais.
Il sera vraisemblablement candidat à sa propre succession, mais dans un contexte inédit et qui risque de plonger la France dans une crise politique encore plus profonde. Les quelques lignes qui suivent tenteront d’expliciter en quoi Nicolas Sarkozy s’est placé dans la posture d’un monarque nu et sans royaume.
La réforme de la constitution imposée par Nicolas Sarkozy a profondément modifié notre vie politique et ces modifications sont loin d’être encore toutes perceptibles. Entre autres, le législateur a inscrit dans la Constitution (article 6) le principe de l’impossibilité d’exercer plus de deux mandats consécutifs. Nicolas Sarkozy sera donc candidat pour son deuxième septennat.
La vie politique américaine nous apprend que le Président perd très vite de son autorité lors de son deuxième mandat. Passées les élections de mid-term, son autorité décline encore plus et le processus électoral est déjà lancé.
Or, nous n’avons pas d’élections de mid-term. Mais déjà des candidats déclarés à l’élection présidentielle de 2017. Dont Jean-François Copé, à qui Nicolas Sarkozy a remis les clefs du parti majoritaire. Et qui au passage a gardé la main sur le groupe parlementaire à l’Assemblée nationale.
La suite est naturellement écrite. Les députés UMP se rangeront derrière Nicolas Sarkozy, candidat légitime pour la droite en 2012. Ils se rangeront d’autant plus facilement que celui-ci conservera sans doute la main sur les investitures. Après, deux scénarios possibles :
1 – Nicolas Sarkozy est battu. Chacun sauvera sa peau aux législatives. Jean-François Copé jurera ses grands dieux qu’il « aura tout fait pour sauver le soldat Sarkozy et se proposera d’être le héraut naturel de la droite pour battre la méchante gauche en 2017 ! » Le diablotin est déjà dans la boîte, il n’y a qu’à tirer sur la ficelle. Et comme l »a gauche héritera d’une situation financière exécrable, elle sera vite impopulaire »… gageons que le même Jean-François Copé a déjà parfaitement intégré ce fantasme.
2 – Nicolas Sarkozy gagne l’élection présidentielle. Il aura sans doute une majorité parlementaire confortable qui d’emblée aspirera à sa réélection. C’est cette hypothèse qui nous intéresse en l’occurrence, pour montrer en quoi il faut tout faire pour qu’elle n’advienne pas.
Comme nous n’avons pas d’élection de mid-term, sitôt élus, les députés UMP n’auront plus rien à attendre du Président. Ils seront déjà en posture de préservation de leurs acquis en 2017. Et donc leur chef incontesté sera naturellement le patron du parti majoritaire ou le Premier ministre…
Nicolas Sarkozy a choisi depuis 2007 de descendre en permanence dans l’arène. Il n’est pas un Président arbitre, il est un Président partisan qui ne représente pas les Français mais incarne une idéologie et une vision fondamentalement inégalitaire de la société. Il ne peut plus dans le temps qui reste prendre cette posture qui fut celle de François Mitterrand comme de Jacques Chirac au cours de leur deuxième mandat. François Mitterrand a pu rester le chef de la gauche, parce qu’il y avait les élections de 1993, respiration au bout de cinq ans dans les septennat. Jacques Chirac a déjà connu cette forme de dégradation lors de son second mandat, avec son Ministre de l’Intérieur candidat à l’élection de 2007. Dès 2004, Nicolas Sarkozy a pris l’UMP au nez et à la barbe des chiraquiens déstabilisés par la condamnation d’Alain Juppé. Pendant plus de deux ans, il a fait entendre sa musique sur la « rupture », alors même qu’il était en poste au sein du Gouvernement ! Toute ressemblance avec le Secrétaire général de l’UMP actuel serait-elle fortuite ?
En conséquence de quoi, Nicolas Sarkozy est condamné à l’immobilisme. Il ne pourra engager aucune réforme impopulaire sans l’accord, l’aval et le soutien d’une majorité parlementaire déjà acquise à un autre. Il ne sait pas incarner ce Président qui arbitre, ce sage qui suppose de prendre du recul avec l’arène. C’est donc, pour les Français, un cinq années de perdues.
Pour cette simple raison, Nicolas Sarkozy ne doit pas être réélu en 2012. L’intérêt général du pays commande une politique volontariste pour restaurer l’Etat de droit, redonner confiance dans la justice, rétablir de la justice dans la fiscalité, moraliser notre économie, redonner toute leur place à l’école et la formation pour préparer l’avenir du pays. Voilà les missions qui sont celles de la gauche aujourd’hui, et en particulier du Parti socialiste. Nous avons ce travail à effectuer, sans attendre que les fruits tombent tout seuls de l’arbre.
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