Un rôle arabe décisif en Libye
Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, n’a pas surpris par sa déclaration qu’un scénario syrien se répète en Libye et que la situation est très préoccupante.
Effectivement, la Libye vit une crise plus grave et plus complexe que la crise syrienne. Les ambitions étrangères sont grandes et le conflit international pour la richesse de ce pays arabe est intense.
Bien sûr, la révolution gazière et pétrolière libyenne a fait converger les ambitions de plusieurs partis. Certains s’ingèrent dans les affaires de ce pays arabe sans autre motif. La Turquie, dont l’intervention militaire est devenue publique, grossière et directe, défie la volonté du collectif mondial. La communauté internationale est totalement incapable de dissuader le sultan Erdogan de manipuler le destin d’un deuxième pays arabe, outre les pratiques coloniales turques en Syrie.
De fait, une paralysie internationale manifeste a donné à la Turquie l’occasion de frapper les décisions de la Conférence internationale de Berlin et la résolution adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies pour la stabiliser. La Turquie intervient directement auprès des militaires pour tenter de résoudre le conflit au profit de ses alliés dans le cadre du gouvernement d’entente illégitime.
Le manque d’un rôle arabe unifié ajoute au problème libyen. Ce rôle devrait être le principal objectif du règlement de la crise et le principal moteur des efforts internationaux.
Rappelons que la principale erreur arabe était justement l’absentéisme de la crise syrienne dès ses débuts, ce qu’il fallait corriger. Dans cette dernière, les principaux acteurs ont agi sans le concours d’un rôle arabe influent ou même minime.
La situation libyenne est plus épineuse. Les ambitions étrangères et les programmes régionaux et internationaux contradictoires ne sont pas les seuls facteurs qui entrent en jeu, mais aussi la tendance de la partie turque à se faire une place en Libye, afin d’en faire une épine dans le pied de l’Égypte. C’est le point de départ pour faire pression sur le Caire pour régler des comptes au détriment du sang libyen et de la sécurité et de la stabilité de ce territoire arabe.
Il est impératif que les États arabes agissent ensemble dans la crise libyenne, par l’intermédiaire de la Ligue des États arabes, en coopération effective avec l’Union africaine et les pays voisins, afin de sauver le peuple libyen, de chasser la Turquie et de mettre fin à son implication inquiétante dans un deuxième pays arabe.
La Turquie mène une présence suspicieuse en Libye. La politique du sultan Erdogan a amené l’armée turque à s’impliquer directement dans le conflit et à devenir un acteur direct sur le terrain. Autrement dit, l’économie turque est encore plus dévastée, la situation s’étant détériorée à l’origine suite à l’intervention militaire inconsidérée en Syrie.
Les décisions d’Erdogan auront à coup sûr des suites dramatiques pour la Turquie, après lui avoir valu un isolement régional et international sans précédent.
De plus, sa contribution désastreuse à répandre l’extrémisme et le terrorisme et à étendre son essor en déplaçant des terroristes de la Syrie vers la Libye est bien connue, une démarche visant à exporter le danger de ces organisations vers l’Égypte.
Erdogan veut faire de ces organismes une carte de pression visant à épuiser ce pays, conscient de l’ampleur des défis auxquels le Caire fait face, tant sur le plan économique que stratégique, sans oublier la crise du barrage de la Renaissance éthiopien.
Les Arabes doivent réaliser que le carnage continu en Libye dû à l’intervention militaire turque directe doit prendre fin. Les voisins de la Libye peuvent unir et coordonner leurs efforts en coopérant avec le reste des pays actifs arabes et du Golfe afin de mener l’effort international dans cette phase cruciale de la crise.
Il est clair que le danger de chaos en Libye ne signifie pas seulement la perte d’un pays arabe important et le déplacement de sa population. Le redéploiement des groupes terroristes implique plutôt de leur donner un nouveau terrain de travail, de mouvement, ainsi que de rassembler la diaspora et s’organiser pour saper la sécurité des autres pays arabes.
Les Arabes doivent être conscients que le silence sur les pratiques turques et la collaboration avec ce pays équivaut à une concertation pour détruire un deuxième pays arabe. Voilà ce qui incitera Erdogan à répéter ses aventures dans d’autres pays arabes. Ses rêves impériaux le caressent encore.
Erdogan souhaite toujours jouer le personnage principal dans la refonte de la carte du Moyen-Orient, qu’il cherche depuis 2011 à mettre en œuvre en se servant de l’idéologie de l’organisation terroriste des Frères musulmans. Les Frères musulmans sont fortement soutenus par la Turquie, bien que le mouvement ait provoqué des catastrophes stratégiques et de lourdes pertes pour l’économie et l’État turcs.
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