Un siège social à Lyon pendant que des salariés manifestent : le coup de com’ de Sanofi
Sanofi peut se targuer d’être le premier employeur privé dans la région de Lyon, grâce à ses trois filiales Sanofi Pasteur, Merial et Genzyme.
L’objectif est de maintenir un certain niveau d’emploi tout en réorganisant les services recherche et développement. Pourtant, c’est plus de 800 suppressions d’emplois (les spécialistes des plans marketing préfèrent évoquer une « réduction d’effectifs » ou une « gestion sociale ») qui sont envisagées.
Le combat des salariés de Sanofi est muselé médiatiquement par l’annonce, en grande pompe, de ce super centre/siège social de Lyon. Un coup de com’ bien rodé et parfaitement monté, puisque la plupart des journaux préfèrent évoquer ce maintien artificiel de l’emploi en France, la création de ce pôle technologique d’avenir, plutôt que de relayer le combat des laissés pour compte de Sanofi.
Les Echos parlent ainsi de « nouveau siège social », construit à Gerland, qui regrouperait 600 à 700 personnes. Spectaculaire…pas vraiment puisque 800 autres vont très certainement être conduites vers la sortie.
« "Le siège réunira 600 à 700 personnes", après un déménagement à l'horizon 2015-2016 dans le quartier de Gerland, dans un « berceau lyonnais des biotechnologies », a déclaré lors d'une conférence de presse Olivier Charmeil, PDG de Sanofi Pasteur et membre du comité exécutif de Sanofi. » Que voilà un communiqué accrocheur qui dissimule bien les vraies intentions du groupe.
Car l’autre facette, un peu moins reluisante, c’est celle des 700 manifestants qui ont défilé à Paris. L’information était peu lisible, peu relayée, elle existait pourtant, et cela fait plus d’un an que le combat dure. Car comment admettre qu’un groupe qui fait 33 milliards de CA en 2011 dont 8.7 de résultat net se permette de se séparer d’autant de forces vives ?
"Nous demandons le retrait du plan et une rencontre associant les syndicats, les pouvoirs publics et la direction mais celle-ci s'y oppose toujours", a déclaré un porte-parole de Force Ouvrière à Paris.
A Lyon aussi, les manifestations sont en cours. Environ 150 salariés de Sanofi se sont réunis devant les bâtiments de Marcy-L'Etoile, qui abritent le plus gros site de production de vaccins du groupe.
"Il est inacceptable de supprimer des emplois quand on réalise neuf milliards d'euros de bénéfice", a logiquement conclu Cyril d'Andréa, délégué CGT de l'entreprise de Marcy-L'Etoile, cœur du sinistre puisque 629 postes sur 2.500 vont être supprimés.
L'entreprise, qui pourrait légitimer timidement les plans par le fait que plusieurs brevets tombent dans le public, a avoué que 914 postes seraient effectivement supprimés d'ici à 2015. Et vu sa santé économique, il est bien compliqué pour un porte-parole de trouver les mots justes.
Pour les syndicats, les chiffres réels seraient de 1600 à 2400. Une bataille de chiffre difficile à suivre, mais qu’ils s’agissent de 400 ou de 800 salariés, qu’importe ? – ceux-ci seront ravis de quitter la navire quand celui-ci n’a jamais aussi bien vogué.
Pour voir plus clair dans ce tableau ou le grandiose côtoie l’inacceptable, il convient d’effectuer un salutaire petit rappel :
« Sous l’action de son directeur général Christopher Viehbacher et du conseil d’administration (Jean-René Fourtou, Thierry Desmarest, Igor Landau, Laurent Attal, Claudie Haigneré, …), Sanofi est passé d’une politique industrielle à une politique financiere au profit de ses dirigeants et de ses actionnaires (L’Oréal, Total et différents fonds de pensions)
- Christopher Viehbacher a gagné 7 millions d’euros en 2011 et est largement augmenté tous les ans
- Bénéfices de Sanofi 8,8 milliards d’euros en 2011 (40 milliards sur les cinq dernières années)
- 35% des bénéfices sont reversés aux actionnaires
- La direction a pour objectif d’augmenter cette part à 50% d’ici 2015 (= 4,5 milliards d’euros)
- Sanofi veut se désengager du site de Recherche de Toulouse (614 emplois) et supprimer la recherche (200 emplois) sur Montpellier
- 20% des effectifs recherche ont déjà été supprimés en France depuis 2 ans. »
De quoi avoir une opinion plus nuancée sur les projets pharaoniques de Sanofi pour Lyon, de belles façades, des dirigeants très bien payés, des salariés en bas de l’échelle éconduits et peu entendus…Qui a dit crise financière et économie de marché au XXIème siècle ?
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