Un très petit chevreuil
Elle est incroyable cette histoire...Mais elle est vraie. C'était après la projection du film "A l'abri des activités humaines" de Gwarr Greff à Lannemezan que je l'ai apprise, nous étions une centaine. Film très intéressant qui montre la valeur que recèlent les vieilles forêts. A. une amie était sur la scène, elle venait de témoigner, disant qu'être présent dans un conseil municipal dans un village ça peut sauver des vieilles forêts. Je venais la saluer avant de partir, alors avec une belle intensité, elle savait que ça me plairait, elle me raconte l'histoire que lui a raconté F. une collègue infirmière.
Une sortie en forêt
Cette collègue a vécu son enfance éloignée de la nature... Très éloignée même et un jour avec sa classe elle a fait une sortie en forêt. Lors de cette balade dans les bois, les enfants sont tombés sur des crottes de chevreuil et comme elle a trouvé que ces grottes étaient très petites, elle s'est dit que le chevreuil était un animal qui devait avoir la taille d'un écureuil... d'ailleurs ça rime ! Voilà ce qu'elle s'était imaginée... affaire classée et elle est retournée à son éloignement de la nature... Il n'y a pas beaucoup de sorties scolaires dans la vie d'une écolière.
L'accident.
Cette histoire est revenue à la mémoire de A. parce qu'elle m'a entendu dire lors du débat que nous étions entrain de vivre une "extinction de l'expérience de nature" et que toute personne, même celles que "ne connaissent rien" pouvait emmener les enfants dans les bois où ils seront très bien, très heureux et n'ont besoin de personne pour faire une cabane avec leurs copains et copines et que les connexions avec les vivants se font toutes seules... naturellement... suffit d'être dans la nature... loin des écrans. Un jour, maintenant qu'elle est adulte, F. a une amie qui lui dit : " J'ai niqué ma bagnole en fonçant dans un chevreuil la nuit dernière". F. a eu du mal à comprendre... comment un animal de la taille d'un écureuil pouvait niquer une bagnole ?.. Elle a demandé s'il y en avait plusieurs... chevreuils... mais non il n'y en avait qu'un...
Nous sommes toutes et tous "naturalistes".
Morale de l'histoire : nos parents quand ils étaient enfants, vivaient plus d'expériences de nature que nous en avons vécu et nous en avons vécu plus que nos propres enfants et si ça continue leurs enfants... à chaque génération l'écart se creuse... Et un jour comme pour F, par hasard le lien se crée ou pas... Nous reconnaissons le chant du coucou au printemps, celui de la cigale en été, la silhouette du rouge-gorge ou le vol de l'hirondelle dans le ciel. Certes il y a de grands naturalistes, mais ce terme de "naturaliste" ne leur est pas réservé, nous sommes toutes et tous naturalistes... même si c'est un tout petit peu, nous avons quelque chose à transmettre. D'ailleurs l'intelligence naturaliste est là au nombre des 8 intelligencesmultiples que nous connaissons, nous l'avons toutes et tous en nous.
Transmettre un intérêt plus qu'une connaissance
En plus ce qui compte le plus ce n'est pas de mettre un mot sur un arbre ou un oiseau pour le désigner, même si nous aimons cela et que c'est très satisfaisant... ce qui compte c'est de s'arrêter et de regarder, écouter, toucher, sentir ou encore goûter... ce qui compte c'est transmettre un intérêt plus qu'une connaissance... ce qui compte c'est avant tout de rencontrer, faire connaissance, faire la "connexion" comme on dit maintenant, après le lien peut se faire et pour cela nul besoin d'avoir étudié la botanique ou une autre science. Savoir être là, savoir être présent... nous intéresser un peu... nous rapprocher des vivants non humains... et naturellement le transmettre à tous les enfants. Voilà le sujet... toutes et tous, oui 100% de humains, nous pouvons y contribuer... d'ailleurs il va falloir.
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