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Accueil du site > Tribune Libre > Une aggravation de la loi Debré

Une aggravation de la loi Debré

 Réforme des rythmes scolaires : activités périscolaires des écoles privées

 Dans les écoles publiques, la gestion du temps dans la semaine scolaire fait débat. Mais, qui pourrait se plaindre de l’institutionnalisation des activités périscolaires surajoutant à l’école publique laïque un temps éducatif de socialisation et d’apprentissage du vivre ensemble ? La visée de l’éducation n’est pas seulement scolaire. Ces activités complémentaires permettront d’atténuer les différences sociales et culturelles en développant la découverte, l’expérimentation, l’autonomie et la créativité. 

 Les écoles privées sous contrat organisent, quant à elles, librement la semaine scolaire au nom de l’autonomie de leur « caractère propre ». Les médias l’ont rappelé : « Juridiquement parlant, elles n'y sont pas tenues, puisque le décret du 24 janvier2013 sur l'organisation du temps scolaire ne mentionne que les écoles primaires publiques. Un statut à part lié à la loi de 1959, définit leur "caractère propre" en rendant les directeurs des écoles privées libres de l'organisation du temps scolaire dans leurs établissements. »[1]

 Cependant, une fois de plus, l’annonce de subsides aux écoles publiques a réveillé les intérêts égoïstes de l’enseignement catholique. Celui-ci revendique une parité de financement malgré la disparité des obligations. La réforme des rythmes scolaires ne peut pas s’imposer à des écoles privées sous contrat pour ne pas contrevenir à leur « liberté ». Autoriser ce financement, c’est une aberration. L’Etat peut-il indéfiniment sacrifier le service public soumis aux obligations afférentes en alimentant une école privée concurrente qui développe un enseignement particulier et clérical ?

 Qui plus est ce financement serait illégal. En effet, de façon permanente, depuis la loi Goblet de 1886, le Conseil d’Etat considère que le financement public des écoles privées est formellement interdit, sauf disposition législative expresse. Ce principe découle de l’article L.151-3 du Code de l’Education : « …Les établissements publics sont fondés et entretenus par l'Etat, les régions, les départements ou les communes. Les établissements privés sont fondés et entretenus par des particuliers ou des associations. ».  Cette disposition pose ainsi un principe juridique : « À École publique fonds publics et école privée fonds privés. » que seule permet d’enfreindre une autorisation législative.

 Première dérogation, en 1959, la loi Debré autorise le financement de la partie enseignement, hors les activités complémentaires censées relever du « caractère propre ». Cette loi Debré distingue « l’établissement » à « caractère propre », le plus souvent confessionnel, et l’enseignement « placé sous le contrôle de l’État » qui seul est financé sur fonds publics.

 Seconde dérogation, en 2009, la loi Carle oblige, sauf cas particuliers, la commune à financer, sans accord préalable, la scolarisation de leurs résidents dans une école privée hors de son territoire. Ne sont-ce pas là les prémisses du chèque éducation ?

 Troisième dérogation, en 2013, alors que les lois Goblet et Debré interdisaient formellement le financement public des activités extrascolaires des écoles privées,  la loi sur la refondation[2] l’a cependant autorisé.

 Ainsi, en finançant le « caractère propre » du périscolaire, implicitement l’Etat assume les activités cultuelles de l’établissement. Quid de la loi de 1905 ?

 Eternelle revendication de ces clérico-libéraux qui n’ont aucun scrupule à revendiquer les subventions publiques et la liberté ! Cette dérive libérale de l’enseignement catholique s’affirme plus explicitement  : « …il est fondamental que nous réfléchissions sur la façon dont nous devons faire évoluer notre modèle économique à court, moyen et long terme »

 Les concessions d’aujourd’hui annoncent aussi la guerre scolaire des financements publics de demain : « Dans ce contexte, l'enseignement catholique invite les équipes éducatives et les chefs d'établissement à rechercher les modalités d'un partenariat constructif avec les collectivités locales, et à faire le meilleur usage de leur liberté… »[3]

 L’enseignement catholique, promu lors de ses derniers statuts, service officiel de l’épiscopat, accède aujourd’hui à un statut anachronique renforcé par l’Église et promu à la façon d’un ersatz de service au public confessionnel. Cela concrétise de ce fait, la notion fumeuse de « laïcité positive » proclamée au Latran. L'enseignement privé sous contrat, par son mode de gestion entrepreneurial, ses pratiques de recrutement des élèves ou des personnels, contribue à appauvrir l’école de toutes et tous. Cette concurrence subventionnée engendre un surcout préjudiciable à l’ensemble de la population.

 On n’enseigne pas la fraternité du vivre ensemble quand l’enseignement est fondé et organisé sur un entre soi communautaire.

 

Eddy KHALDI

17 octobre 2013

 Visitez les sites

http://www.la-republique-contre-son-ecole.fr/

http://www.main-basse-sur-ecole-publique.com/

http://www.eglise-et-ecole.com/


 

[1] Le Monde du 26 février 2013 article de Manon Rescan : « L'enseignement catholique négocie son soutien à la réforme des rythmes scolaires ».

[2] Décret d’application n° 2013-705 du 2 août 2013 portant application de l'article 67 de la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013,

[3] Dépêche AEF vendredi 1er mars 2013

 


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4 réactions à cet article    


  • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 18 octobre 2013 14:49

    D’un autre côté, on peut comprendre que les parents en ont marre de devoir mettre leurs enfants dans des écoles qu’ils n’ont pas choisies tandis que dans l’enseignement libre ils peuvent choisir l’établissement et éviter les délires de l’administration en matière d’enseignement.

    Et comme les parents ont payé leurs impôts c’est normal qu’ils estiment qu’ils ne doivent pas payer deux fois le même service.

    L’enseignement c’est comme pour les magasins et les services : quand il y a un monopole la qualité baisse de plus en plus.

    Il faut donc briser le monopole de l’enseignement public au moyen de l’égalité de traitement financier des établissements pour instaurer une libre concurrence entre les écoles comme c’est d’ailleurs prévu au niveau européen.

    La qualité de l’enseignement ne s’en portera que mieux et tout le monde sera content alors qu’actuellement personne n’est content.


    • CHALOT CHALOT 18 octobre 2013 15:03

      Voici une analyse cohérente, juste et sans concession.

      Mais où va ce gouvernement ?


      • Gollum Gollum 18 octobre 2013 16:51

        On n’enseigne pas la fraternité du vivre ensemble quand l’enseignement est fondé et organisé sur un entre soi communautaire.

        La fraternité du vivre ensemble de l’école publique a une telle renommée que ceux qui en ont les moyens préfèrent le privé... afin de soustraire leurs mômes aux incivilités diverses et variées..

        •  C BARRATIER C BARRATIER 18 octobre 2013 17:50

          Toutes ces bêtises ont un coût. Paradoxalement, alors que pour les écoles publiques l’Etat par le biais des DASEN et des Préfets pousse à la fermeture d’écoles publiques, et à des regroupements pédagogiques (les CM dans une commune, les CE dans une autre, etc..on tranbahute les enfants ) pour obtenir des classes plus nombreuses et des suppressions de postes de professeurs, rien de tel côté enseignement privé, l’Etat paie sans état d’âme les progesseurs avec des classes moins nombreuses, seul le diocèse peut fermer des classes...l’état est obligé de payer.
          L’explication est que nos présidents de la République, nos ministres et en général nos élus sont passés par l’école privée, souvent pour des raisons familiales religieuses. Ils servent leur paroisse aux frais de tous. Avec l’argent payé par les communes (loi DEBRE), les écoles privées paient des sommes importantes aux diocèses. Pareil pour les collèges avec l’argent des conseils généraux, pareil pour les lycées avec l’argent des Régions. Ainsi nos élus détournent l’argent public vers des actions cultuelles. Ils n’en sont pas à un détournement près.
          Déjà en 2005 une circulaire avait réussi à faire financer les activités périscolaires, trahissant la loi DEBRE. Les maires ruraux qui devaient payer du péri scolaire pour leur service public et le payer une seconde fois pour le oprivé, alors que les effectifs ne justifiaient pas le doublement de la dépense, ont fait annuler cette circulaire en 2007. Mais ensuite la circulaire 2012 mise en place par les sbires de SARKOZY a relancé cette fois la machine catholique pour obtenir un financement obligatoire de ses classes maternelles. L’arrivée de HOLLANDE maintient ce cap, rien d’étonnant avec son parcours et celui de son ministre.
          On peut voir ce feuilleton invraisemblable et imaginer son coût ici, voir l’article en table alpha des news :

          Guide du forfait communal

           http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=140

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