Une Belgique libre d’extrémistes, un concept qui ne plaît pas au PTB
Il était une fois un temps où être d’extrême gauche te plaçait implicitement et logiquement à l’opposé de l’extrême droite. Tu prétendais même d’avoir inventé la Moralité, l’Egalité. Te croire le Gardien absolu du temple de la Justice sociale. Gauche intouchable, sainte, infaillible, d’une blancheur virginale. Haïssant le Capital, sauf le livre homonyme de Marx et surtout celui des autres. Prônant la liberté d’expression, sauf celle qui exprime une pensée divergente. Décriant les privilèges, sauf les siens. Cultivant l’esprit de contradiction, sauf celui qui se permettait de critiquer les vertus démocratiques des régimes de La Havane, Moscou, Téhéran ou maintenant Damas. Persuadés d’incarner la Voie, la Vérité, la Vie, Témoins de la foi divine dans le siècle du Socialisme 2.0. Porteurs de tous les progrès, de tous les combats sociaux, d’affranchissement de tous les peuples de ce monde (et parfois de l’autre aussi).
Voilà pourtant que ces prétentions matamoresques de l'extrême gauche sont annihilées par ses propres agissements. Après avoir réussi à obtenir quelques élus fédéraux et régionaux lors des dernières élections en Belgique, l'attitude du PTB change rapidement. D'un groupuscule s'érigeant en défenseur de la démocratie, de la liberté d'expression (pour en bénéficier en premier), il est devenu un chasseur vivace de ses opposants. Les réseaux sociaux, moderne terre fertile de la propagande, se sont transformés en terrain de traque de toute personne qui n'adhère pas aux thèses marxistes. L'on se croirait au temps des procès politiques de l'époque soviétique. Les profils Facebook sont systématiquement signalés, pour faire taire tout avis contraire. Les personnes affichant d'autres opinions politiques sont harcelées, invectivées. Les groupes Facebook anti-totalitaires, comme "Une Belgique libre d'extrémistes" signalés et envahis de trolls disjonctés.
Lénine, fondateur du système répressif soviétique, icône PTB
Le PTB, qui veut nous faire croire qu'il a changé, se dit désormais léniniste et non pas stalinien, excusez du peu. Cette prétendue permutation n'est pourtant pas un certificat de bonne vie et moeurs démocratiques, bien au contraire. Ce discours, qui n'est pas original au PTB d'ailleurs, veut faire croire que le stalinisme fut la cause de tous les crimes communistes. Or ce fut bien Lénine qui mit les bases d'un système répressif. En créant par exemple, dès 1917, la Tchéka, organisation criminelle qui avait pour but le contrôle de la population, au profit du parti communiste. En arrivant au pouvoir, Lénine fit exécuter ses opposants, y compris ceux qui avaient lutté contre l'Empire tsariste, comme les vrais anarchistes. Son gouvernement prit des mesures totalitaires : mise sur pied des tribunaux révolutionnaires, pour des simulacres de procès politique des "ennemis du peuple", camps de concentration dans les zones les plus éloignées du pays, nationalisations des entreprises et des terres. Les récoltes furent confisquées, ce qui engendra des périodes de dure famine, entraînant des millions de morts. Ce petit rappel historique nous montre donc à quel point le discours du PTB qui se dit maintenant marxiste-léniniste et non pas stalinien ne change rien à l'essence de ce parti. La métamorphose programmatique kafkienne de 2008, tellement mise en avant dans les discours officiels, n'apporte aucune transformation idéologique. Au contraire, c'est du négationnisme des crimes léninistes, en laissant croire que seul Staline était coupable des horreurs totalitaires du système soviétique et de ses pays satellitaires.
L'imposture va jusqu'à faire croire que le PTB est un nouveau parti. Or, il existe sur la scène politique belge depuis une trentaine d'années. Certes, ils ne veulent pas se souvenir que jusqu'en 2012 (il y a des siècles donc pour eux) ils figuraient dans les Rapports de la Sûreté de l'Etat au chapitre "Extrémisme idéologique". Au même endroit que les mouvements d'extrême droite comme Nation. Le PTB ne veut pas de souvenir que leur fondateur Martens était un fervent admirateur de Staline, qui voulait nous faire croire que les famines soviétiques n'ont pas existé ! Ou que le parti était au départ un mouvement nationaliste des milieux estudiantins flamands. Sans doute que le parti doit se passer en boucle "Non, rien de rien, je ne regrette rien..."
L'antisémitisme, une mauvaise herbe qui pousse des grains de l'antisionisme
En 2014, après autant d'années d'insignifiance politique, ils grimpent dans les sondages, grâce à un discours populiste à forte connotation sociale. Mais la déception des électeurs est grande. A peine installés dans les hémicycles parlementaires, les quelques élus ne s'intéressent pas du tout aux problèmes belges. Ils lorgnent sur des horizons plus éloignés, qui leur permettent quelques exercices populistes. En marge du conflit israélo-palestinien, (le seul antagonisme international qui les intéresse, allez savoir pourquoi) ils font ressusciter des thèses des années 30. Le discours antisémite qui se veut seulement antisioniste, vieux refrain, sur la ploutocratie internationale, forcement juive, capitaliste et puissante, revient dans l'actualité. Prétextant défendre la cause palestinienne, le PTB bat le pavé avec des militants de l'islamisme, certains d'entre eux soutenant des organisations considérées terroristes par l'Union Européenne.
Pensant manipuler électoralement la population musulmane de Belgique, le PTB se fait à son tour instrumentalisé par les fans de la Charia. Qui trouvent par ce biais un moyen d'avancer masqués dans notre société. Ce n'est sûrement pas l'aide dont les Palestiniens ont besoin dans leurs épreuves, comme le soulignait récemment la Représentante de la Palestine auprès de l'UE et du Royaume de Belgique, Leila Shaid.
Le discours social, l'attrape voix du PTB
Trop occupé avec le conflit au Moyen Orient (mais totalement indifférent au massacre syrien par exemple), le PTB oublie aussi les problèmes sociaux des Belges qui les ont élu. Oubliés les ouvriers d'Arcelor Mittal de la région liégeoise, qui ont permis au PTB d'avoir quelques élus et près d'un millions d'euros en dotations parlementaires diverses. Effacés les 20.000 logements sociaux fictifs qui enjolivaient les discours électoraux. Ignorés les petits indépendants qui s'écroulent sous les taxes. Fini avec les discours sur les impôts des grandes fortunes. Oublié le discours sur la liberté d'expression. L'heure est à la chasse des opposants sur Facebook, Twitter ou autres réseaux sociaux. Certes, l'on pourrait se dire que cela est l'oeuvre de quelques petits désœuvrés intellectuellement, qui pensent apporter ainsi des fidèles services et se faire remarquer par les maîtres du parti. Mais il suffit de lire la prose sur Facebook des leaders PTB, c'est la même chose. Les électeurs sont ignorés, les questions restent sans réponse ou les réponses sont agressives et méprisantes. Le Politburo du PTB ne prend jamais position contre les propos parfois racistes et antisémites de leurs militants de base ou même de certains jeunes candidats.
COMAC, une île brune dans une mer rouge
Ceux qui ne sont pas dupes du double discours PTB savent bien la cause. Les jeunes du parti sont formés au COMAC par un certain Michel Collon. Qui fait figure de pont entre la rive rouge et la rive brune. Ancien membre du comité de rédaction de la publication du PTB, « Solidaire », le confussioniste a (pourtant) la réputation d’être de gauche. Critique acharné des « médias impérialistes », tous sionistes à ses yeux, qu'on se le dise. Admirateur extatique des régimes démocratiques des dirigeants éclairés comme Khaddafi, Ahmandinejad, Poutine, Milosevic, Chavez. Il anime un site d’information alternative, Investig'Action, où il se présente volontiers comme spécialiste de la désinformation. Cependant, sa réputation d’homme de gauche est mise à rude épreuve. Car son site abrite les écrits d’un nombre significatif de représentants de l’extrême droite. Au point que même les vrais milieux de gauche s’en inquiètent, comme le montre un article du blog Communisme ouvrier qui épingle ses liaisons dangereuses avec des négationnistes et leurs amis (Jean Bricmont, Chantal Dupille, Paul-Eric Blanrue, Thierry Meyssan), des conspirationnistes (Michel Chossudovsky, Alain Hart, Eric Margolis), partisans du régime iranien (Luk Vervaet, James Petras). Le site de Michel Collon va jusqu’à publier une interview avec Khaled Meshall, dirigeant du Hamas depuis 2004. Pour rappel, le Hamas est considéré une organisation terroriste par l’Union Européenne.
En guise de conclusion
Le temps d’insolence idéologique de la gauche morale est bien révolu, presque avant même d’avoir réellement eu lieu. Fini le temps où les extrémistes devaient se briser le cœur pour choisir entre le Petit Père des peuples et le Führer. Au XXIème siècle, la sinistre parenté des totalitarismes du siècle passé perdure et se nourrit même des nouvelles évolutions sur la scène internationale. Le Parti des Travailleurs de Belgique – PTB, d’extraction stalinienne, est la personnification de ces convergences entre les deux extrêmes. Il est le symbole même d'une gauche qui murmure à l’oreille de l’extrême droite. Voir plus si affinités.
Et son comportement sur les réseaux sociaux, en apparence un fait mineur et anodin, est l'image même de ce que ce parti ferait s'il arrivait vraiment au pouvoir. Il enleverait son masque démocratique qui craque de tous les côtés, pour montrer son vrai visage. Celui d'un groupuscule populiste, sans substance et au discours ambigu, mais aux rêves totalitaires.
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