Une brève histoire de l’Économie
UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’ÉCONOMIE
L’Économie, ça n’existe pas.
Contrairement à ce qu’essaye de nous faire accroire une partie crasseuse de la technocratie, et que croient les nigauds, il n’existe que Des économies fondées sur des modèles divers.
Il existe une économie de la rente, telle qu’on l’a faite depuis le triomphe des Chicago boys et de Margaret TINA. C’est une économie régie par des décisions presque exclusivement centrées sur la rentabilité des capitaux investis. Elle crée quelques milliardaires et beaucoup de déloc/défisc. Après une poignée de décennies d’économie de la rente, nous ne savons plus faire un EPR, ni un vaccin urgent, ni un masque respiratoire, ni même un élastique pour accrocher nos slips. Le chômage explose, le déficit extérieur aussi. On l’a appelée le capitalisme financier.
Auparavant nous avions fait une économie de production, régie par des décisions centrées sur la productivité des capitaux investis. Elle avait permis de couvrir les pays concernés d’empires industriels et de créer une grosse classe moyenne et méritocratique qui aspirait la misère par le bas et l’excès de richesse par le haut. Ça n’était pas si mal mais, quand la productivité a enfin permis de saturer les besoins solvables, les ingénieurs ont du céder le pas aux commerciaux qui ont préféré couvrir les dits pays de centres logistiques pour distribuer la camelote d’importation qui ne leur donne ni la peine de sa conception, ni celle de sa production tout en leur laissant de meilleures marges. Ce fut le déclin du capitalisme industriel.
Auparavant encore, nous faisions une économie de classe. Régie par des décisions visant à satisfaire les besoins raffinés de l’aristocratie. Accessoirement cette économie permit aux Lombards d’inventer la banque et aux Vénitiens d’inventer l’assurance pour couvrir les risques de piratage de leurs galères. Elle a essentiellement produit des châteaux Renaissances, de la porcelaine de Saxe et des tapisseries d’Aubusson. Ça ne manquait pas de classe mais ça c’est terminé par une révolution.
Si l’on remonte encore plus loin, on trouve l’économie des chasseurs cueilleurs. Elle était régie par des décisions opportunistes centrées sur les besoins immédiats de tribus vivant nues dans la forêt, à peu près ce à quoi nous ramène finalement l’économie de la rente ! Cette économie s’est développée lorsque les chasseurs de mammouths ont enfin compris qu’il valait mieux laisser le petit bigleux dans sa grotte tailler magnifiquement ses silex plutôt que l’emmener se faire massacrer par des bestiaux qu’il ne parvenait pas à abattre. En échange d’une provision de viande ils purent se décharger sur lui du soucis de tailler leurs pointes de flèches et se consacrer enfin à leur sport favori. L’armement de qualité commença à se répandre, la nourriture devint un peu plus abondante et chacun put enfin disposer d’un slip en peau de bison avec cordon d’accrochage. Comme aurait dit le baron du patronat, ce fut la première opération gagnant gagnant.
Après l’invention de la taille du silex vint celle de l’agriculture. La spécialisation des activités finit par induire des organisations sociales différenciées et hiérarchisées en fonction de l’appropriation des sols. Tout cela aboutit à dériver progressivement vers l’économie impériale. Remarquable par la séparation des activités laborieuses et militaires et par le caractère systématique et rationnel de son organisation, elle franchit son apogée juste avant la chute de l’empire de Rome.
Bon, ça c’est pour la chronologie, mais il existe aussi d’autres économies :
On peut citer l’économie soviétique qui, loin de remporter l’Oscar de la consommation heureuse, permit tout de même aux peuples slaves de réduire un peu leur misère tout en constituant une armée redoutable et en ouvrant les portes de la conquête cosmique.
L’économie de guerre dont mieux vaut ne pas parler.
L’économie de survie qui ne peut plus être régie que par des décisions centrées sur la sauvegarde d’un minimum d’assistanat, comme disent les gros repus pleins de morgue.
L’économie patrimoniale qui vise à développer les biens de famille ou… le biotope terrestre qui nous entoure, si cher à nos écologistes.
L’économie de la prédation qui, aux méthodes près, s’apparente à l’économie de la rente.
Et l’économie de la Connaissance qui représente notre dernière chance d’avenir :
L’unification des peuples de la planète sous l’égide d’un gouvernement mondial unique n’est pas pour demain en dépit des rêves d’une partie de l’élite au pouvoir. Quand bien même devrait elle s’accomplir, la standardisation culturelle qu’elle implique serait si brutale et si peu préparée qu’il en résulterait une instabilité explosive. La cohabitation planétaire à laquelle nous restons condamnés nourrit l’obligation d’entretenir des rapports de force. Si la clef de ces rapports demeure liée à l’accumulation de capitaux et d’armement, l’accumulation de connaissances est devenue prépondérante et sa criticité ne cesse d’augmenter. Il y a donc lieu d’envisager et de développer une économie de la connaissance régie par des décisions centrées sur l’accroissement de notre compréhension du monde. On pourrait fonder cette démarche sur trois piliers : l’éducation, la recherche et l’application des sciences.
La question de l’éducation n’est pas celle de la qualité des enseignants, mais celle d’une évolution de cette activité longtemps orientée vers l’acquisition laborieuse, par des cerveaux plus ou moins rétifs, de connaissances arbitrairement choisies. Le vrai but de l’enseignement devrait être de rendre ces cerveaux avides de s’instruire et capables de le faire. L’évolution des sciences cognitives devrait fournir de nouveaux outils.
La recherche a connu d’importants progrès dans son organisation méthodique et sa rationalisation. Cependant, l’introduction de biais idéologiques via la polémique public/privé et les réticences obscures de ceux qui ne jugent qu’à l’aune exclusive de leurs retours sur investissements, a porté atteinte à la dynamique des activités de recherche. Aux states en réduisant les chercheurs au rôle d’auto marketeurs à la recherche de financements précaires et en Europe en les mettant à merci des pénuries budgétaires. Il est temps de dé-sanctuariser la logique mercantile et de redéfinir les objectifs essentiels.
En période de transition entre l’économie de la rente et celle de la connaissance, et afin d’éviter que la précédente, encore puissante, ne tue la suivante, à peine naissante, il faudra transformer la connaissance en « assets » comme diraient les traders cocaïnés de wall street. Depuis que le camarade Poutine s’est assis, à la suite de nos « sanctions économiques », sur les lois de protection de la propriété intellectuelle et les a ainsi faites sauter, on ne peut plus laisser l’application des fruits de la recherche au seul hasard de rencontres fortuites entre une découverte, un marché dormant et un entrepreneur plus avisé que son comptable. Il faut rationaliser la mise en application des découvertes scientifiques. Peut être créer, aux côtés du CNRS, un Centre National de l’Application des Innovations Scientifiques. Animé par des équipes pluridisciplinaires qui auraient pour but de recenser, évaluer et promouvoir les applications industrielles des résultats de la recherche ?
Si d’aventure vous rencontrez un chantre de L’Économie avec un grand E, et si, de surcroît, il vous vante les sacrifices que VOUS devrez consentir pour La sauver, méfiez vous bonnes gens, les sacrifices viendront, soyez en sûrs, mais demandez vous un peu si l’Économie dont on vous parle est bien celle dont vous aurez besoin.
Jean MARIE.
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