Une certaine idée des Foulards rouges et d’une partie de l’électorat du locataire de l’Elysée
Les Foulards rouges, cette France qui n'a qu'un seul besoin : un besoin d'ordre, toujours plus d'ordre et puis aussi, un besoin de silence de la part de ceux qui refusent de se taire à propos de leurs difficultés quotidiennes ; une France qui n'a besoin de rien d'autre !
Ils étaient 10 000 à défiler dans les rues de Paris selon la préfecture de police (autant dire 5000)... et c'est une bonne nouvelle car cette mobilisation plus que modeste confirme le fait que personne ne descendra dans la rue pour ce locataire de l'Elysée élu par défaut tout comme tous ses prédécesseurs depuis le "quinquennat Chirac".
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Ventriloques des chaînes d'information en continue, les propos confusionnistes des Foulards rouges (vidéo à 16:30) recueillis par Vincent Lapierre, prouvent sans l'ombre d'un doute que ces médias ont bien travaillé depuis 12 semaines : les Gilets jaunes ne seraient donc que violence ; une violence qui met en danger les Institutions de la République.
C'te bonne blague !
Âges, tenues vestimentaires, le profil de ceux qui se sont mobilisés ce dimanche 27 janvier 2019 suscitent quelques réflexions : couvrant tout le spectre de l'ancienne droite ( de l'ex-RPR à l'ex-FN), sous le prétexte de vouloir condamner les violences qui accompagnent les rassemblements Gilets jaunes, ces hommes et ces femmes ne sont-ils pas ce que l'on pourrait appeler "le fond du panier d'une conscience sociale et politique" d'une France profondément anti-sociale, à la limite de la "socio-pathie", dans leur absence, tout aussi irréductible, de compassion pour la colère de ceux qui refusent de survivre avec des revenus humiliants ?
Sorte de "France Thénardier" dans leurs moralité et mentalité, France qui se serait invitée chez les classes moyennes supérieures après s'en être donnée les moyens, composée ou non d'héritiers, une France d'exécutants qui a manifestement su tirer, en silence, en catimini, au fil des ans, les marrons du feu, l'ironie n'est-elle pas que cette France est finalement tout aussi invisible que celle des Gilets Jaunes même si on soupçonnait son existence car la littérature anti-bourgeoise (on pensera à Léon Bloy - "Exégèse des lieux communs" et" La femme pauvre") n'a pas cessé de nous la décrire pour mieux la conspuer et n'y trouver rien à sauver, à juste titre ?
Car enfin, chez ces Foulards rouges, sur leurs visages, dans leurs propos... on ne peut pas ne pas être frappés par le fait qu'on cherchera en vain la trace d'une intelligence capable de désintéressement et d'un quelconque talent contrairement aux Gilets jaunes ; en effet, élever une famille avec 1200 Euros, cela demande de la débrouillardise qui elle-même exige du talent, de l'intelligence et une volonté de fer.
Néanmoins on préférera la vérité brute, sans fard, de ces Foulards rouges au mensonge de ceux qui n'ont pas assez de mots pour exprimer leur compréhension envers cette colère qui est la leur, dans l'attente de pouvoir leur taper sur les doigts à tous (le personnel des médias avec eux) à la première vitrine fracassée d'une boutique des Champs Elysées car... "Dites ! Il y a des limites tout de même !"
Alors oui ! la recherche de la vérité quelle qu'elle soit, sera toujours plus souhaitable que le mensonge d'une tartuferie vraiment désespérante.
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A propos de Vincent Lapierre et de sa technique ou absence de technique en tant que reporter...
Il semblerait qu'il n'ait toujours pas compris à quel point c'est important de préparer un reportage, dans ses fins et ses moyens : avec ce reportage, qu'est-ce que je cherche à révéler ? Qu'est-ce que je dois obtenir de mes interviewés ? Quelles questions poser ?...
Et plus particulièrement face aux Foulards rouges ; une population sans visage ni visibilité.
Poser les bonnes questions et attendre patiemment les réponses : Lapierre ne connaît pas "l'écoute active" ni la "reformulation", la "découverte" non plus... découverte succincte qui permet de "créer le lien" ; il est vrai que... pour y parvenir, il ne faut en aucun cas être "dans le jugement". Or, Lapierre commet cette erreur fatale ; erreur coutumière chez lui.
D'autant plus qu'en ce qui concerne les Foulards rouges, il est important de leur permettre à tous d'expliciter jusqu'où ce qu'ils croient être "un raisonnement avisé, informé, objectif ou honnête), est susceptible de les emmener et nous tous avec eux. Souhaitent-ils y aller ? Ont-ils réfléchi aux conséquences ? les assumeront-ils ? Comment ?
Haine du pauvre qui refuse sa condition ? Haine de tous ceux qui usent de leur droit de manifester ? Méconnaissance de ce qu'est une République ? De ce qu'est une véritable démocratie ? Liberté d'expression... quel usage, dans quel cadre ? De ce monopole de la violence qui est le sien, quel usage l'Etat doit-il en faire ? Et jusqu'où ?...
Même si l'on peut en partie déjà soupçonner les réponses qui seront apportées à toutes ces interrogations, l'important, ce n'est pas ce qui est pensé mais pourquoi "ça l'est pensé" et plus important encore : est-ce que ce qui est pensé l'est vraiment ou bien s'agit-il d'une simple opinion dépourvue de raisonnement ? Explicitant à haute voix ses opinions, maintenant audibles par tous, l'interlocuteur en viendra-t-il alors à réaliser qu'il n'a, dans les faits, même pas encore commencé de penser ? Car derrière une opinion, l'on peut très bien ne rien trouver, et certainement pas "le début d'un raisonnement qui maîtrise son sujet".
Faire accoucher un esprit, c'est lui permettre de se re-trouver face à lui-même dans la pleine exposition de ses contradictions, de ses affects, de ses insuffisances... disons.... intellectuelles ; face à ses blessures aussi, celles de l'existence : haine de soi, haine de l'autre, haine du "social", haine de l'humanité en tant que communauté.
N'oublions jamais que les opinions, quelles qu'elles soient, ne sont jamais portées par des individus tout à fait respectables ou tout à fait indignes car les êtres humains ne sont jamais aussi mauvais ou louables que ce que l'on serait tentés de penser à leur sujet - à quelques exceptions près ; celles d'individus qui seraient alors entièrement "tout bon" ou "tout mauvais."
C'est la typologie d'une population en particulier, aujourd'hui retraités ou encore en activité... sans soucis matériels, incapable d'empathie envers ceux dont ils ne partagent pas le sort injuste, qu'il nous faut cerner même et surtout si par leurs opinions, cette population se situe à des années lumières des nôtres.
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Pour prolonger cliquez : Gilets jaunes - le dossier
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