Il n’est politiquement pas correct de sonder l’opinion… qui n’est pas d’accord avec la majorité politique bien pensante…de ses intérêts !
Le sondage réalisé par l’institut Harris Interactive et publié par Le Parisien a créé une forte poussée de fièvre au PS comme à l’UMP, en révélant que Marine Le Pen rassemble 23% des intentions de vote au 1er tour des élections présidentielles, la plaçant devant Martine Aubry et Nicolas Sarkozy.
La mise en cause, plutôt dire la mise à mort, du sondage depuis sa parution a eu l’effet souhaité d’en discréditer les résultats au point que l’Institut Harris s’est engagé à le refaire en modifiant les paramètres du questionnaire afin qu’il soit plus conforme à la « réalité… souhaitée ! »
Quelle parodie ! Si le même sondage avait donné un résultat inverse, la presse et les « aboyeurs » de service des partis concernés se seraient empressés d’en tirer des instructions fortes à la veille des élections cantonales. La question des seules personnalités représentées n’aurait sans doute pas retenu l’attention des détracteurs d’aujourd’hui, l’essentiel étant que l’un d’eux soit en tête !
Pour autant, il ne s’agit pas de dresser des couronnes de roses à Marine Le Pen, dont les épines piquent tout de même au vif les Etats Majors politiques ! A quatorze mois de l’élection présidentielle quel crédit peut-on donner à ce sondage, si ce n’est qu’il confirme ce que tous les analystes politiques observent depuis des semaines, la forte progression du Front National ? Que Marine Le Pen devance aujourd’hui Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, que le questionnaire ne prenne pas en compte d’autres candidats comme François Hollande et Dominique Strauss-Kahn, ne présente qu’un intérêt relatif. Bien sûr, les résultats à venir seront moins favorables au Front National, et alors ?
Seront-ils pour autant de nature à ralentir la progression du Front National ? Donneront-ils plus de crédit à ces partis qui ne cessent de se critiquer, sans parler des querelles d’égo de leurs principaux leaders ?
Aujourd’hui, les français expriment leur opinion par l’écho qui leur revient de la parole politique présidentielle. Quand Nicolas Sarkozy relance un débat sur l’islam dans la société et la laïcité et, plus particulièrement, sur le financement des mosquées et la formation religieuse des imams, n’est-ce pas lui qui fait peur au Français, plus que Marine Le Pen qui s’y oppose ?
Ce financement par l’Etat serait en effet totalement contraire à la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Toutefois, l’Etat ayant nationalisé les églises, a transféré la propriété des églises aux communes et des cathédrales à l’Etat. Ils sont donc aujourd’hui dans l’obligation légale d’entretenir ces lieux de culte. Sur ce sujet, il y a déjà suffisamment de choses à dire concernant le respect des obligations de l’Etat pour s’engager à prendre en charge d’autres investissements aussi lourds. D’autant plus que depuis 1905, toutes les constructions nouvelles d’édifices religieux restent à la charge entière des fidèles et des Instances religieuses, selon les dispositions de l’article 2 de la loi « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Une disposition qui s’impose à toutes les religions, même si l’Islam n’était pas représenté en France en 1905.
Dans son livre publié en 2004 « La république, les religions, l’espérance », Nicolas Sarkozy propose d’aider à la construction des édifices religieux et à la formation des ministres du culte, partant du principe qu’il préfère que les mosquées soient financées par des fonds publiques plutôt que par des collectes et subventions provenant d’Etats étrangers. En mettant en place, comme ministre de l’intérieur et des cultes, le Conseil Français du culte musulman en 2003, l’Etat a rompu avec l’esprit de la loi de 1905 et, plus précisément son article 2.
Nicolas Sarkozy est un récidiviste ! Compte tenu de l’ancrage de la laïcité dans la société française, il est compréhensible que le projet de « toilettage » de la loi de 1905 qu’il projette pour y introduire le financement des mosquées et la formation des imams, fasse réagir les Français. De ce fait, plus que faire monter le Front National, les Français font descendre les partisans de cette politique…aux enfers des sondages !