Une évaluation réaliste de la situation inextricable au Soudan
La guerre civile soudanaise fait rage depuis 16 mois, période durant laquelle l’armée soudanaise n’a pas réussi à maintenir la stabilité et la cohésion du pays. Ce conflit a entraîné des dizaines de milliers de victimes et déplacé plus de 10 millions de Soudanais, soit environ 20 % de la population du pays. Par conséquent, près de la moitié de la population soudanaise est maintenant confrontée aux menaces de famine, de maladie et d’épidémies. Malgré ces circonstances désastreuses, les dirigeants de l’armée restent convaincus qu’ils peuvent obtenir une victoire militaire et récupérer au moins une partie des territoires contrôlés par les Forces de soutien rapide, qui détiennent actuellement près de la moitié du Soudan.
Face à cette catastrophe qui afflige l’État soudanais et son peuple, les dirigeants de l’armée et le soi-disant Conseil de souveraineté (personnellement, je ne sais pas ce que les responsables de cette institution, qui a conduit le pays dans la catastrophe la plus dangereuse de son histoire récente, entendent par souveraineté) semblent incapables d’aborder la crise de manière constructive. Au lieu de cela, ils se contentent de distraire des millions de Soudanais, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, en formulant à répétition des affirmations, des allégations et parfois des insultes à l’encontre des Émirats arabes unis et de leurs dirigeants, les blâmant pour la situation actuelle du Soudan.
La dernière manœuvre des dirigeants de l’armée soudanaise est leur position déconcertante concernant la participation aux négociations de Genève. Alors qu’on pourrait s’attendre à un refus et à une aversion de la part des Forces de soutien rapide pour diverses raisons, il est à la fois étrange et alarmant que ce refus vienne de ceux qui se considèrent comme les dirigeants légitimes d’un État confronté à une catastrophe humanitaire d’une ampleur sans précédent.
L’affirmation de l’armée soudanaise selon laquelle elle n’a pas été invitée en tant que représentant officiel du pays, mais simplement comme l’une des parties en conflit, révèle un manque troublant de priorité pour le sort de millions de personnes. Cette position suggère que les technicités juridiques priment sur les besoins humanitaires urgents du peuple soudanais. Dans une crise de cette ampleur, chaque situation doit être évaluée selon ses circonstances uniques. Le Soudan fait face maintenant à une situation qui n’exige rien de moins que de donner la priorité absolue aux besoins humanitaires d’abord, suivis d’une résolution politique de la crise.
L’analyse de toutes les données disponibles indique clairement que les dirigeants de l’armée soudanaise se préoccupent principalement de sauvegarder leurs propres intérêts dans tous les arrangements liés à la crise. Il serait erroné de supposer que ceux qui sont restés silencieux face à ces conditions humanitaires désastreuses au cours des derniers mois possèdent un quelconque degré de rationalité ou de réelle préoccupation pour le Soudan en tant qu’État ou pour son peuple.
L’abîme dans lequel le Soudan glisse est douloureusement évident pour tous les observateurs, tout comme le sombre destin qui l’attend - un résultat que personne ne souhaite à cette nation. Le Soudan, un pays ancien avec une riche histoire, abrite un peuple qui ne mérite pas l’épreuve à laquelle il est maintenant confronté. Cependant, la nation a été affligée par une faction du mouvement terroriste des Frères musulmans, qui a réussi à s’infiltrer et à s’étendre au sein de diverses institutions de l’État profond au fil des années et des décennies.
Cette faction exerce maintenant un contrôle substantiel sur les décisions de l’armée. Elle emploie des porte-parole qui s’engagent continuellement à détourner l’attention des souffrances humanitaires et des échecs militaires. Ils trouvent suffisant de diriger des insultes et des accusations contre les Émirats arabes unis et d’autres pays pour justifier la catastrophe qu’ils ont provoquée.
Le contrôle de la faction des Frères sur le processus décisionnel de l’armée est la cause directe de la poursuite de cette guerre et du refus des dirigeants de l’armée de participer à toute négociation. Ils utilisent le prétexte de refuser la participation des Émirats arabes unis, malgré le fait que l’armée elle-même avait précédemment participé à des négociations à Manama, à Bahreïn, en février dernier. Les Émirats arabes unis ont participé à ces pourparlers, qui ont abouti à des ententes prometteuses qui auraient pu mettre fin à cette guerre insensée. Cependant, l’armée est revenue plus tard sur sa position et a même nié que ces négociations avaient eu lieu.
L’un des hauts dirigeants de l’armée soudanaise promet continuellement de se battre jusqu’à la dernière goutte de sang. Une telle rhétorique pourrait être compréhensible s’il y avait une quelconque perspective de réaliser une percée militaire, même limitée. Cependant, lorsque le combat pour le combat devient la doctrine du leadership, cela tombe dans l’absurdité pure. Cette position est la preuve de la domination idéologique exercée par la faction des Frères sur les généraux soudanais, reflétant les points communs anciens et nouveaux et les intérêts entre les deux parties. Les deux se trouvent maintenant dans le même bateau au milieu d’une mer orageuse de crise, croyant qu’il n’y a pas de salut pour l’un sans l’autre.
L’évasion de l’armée du processus de négociation, quelles que soient les justifications ou les prétextes fallacieux, ne peut signifier qu’une chose : une indifférence callouse envers les conséquences et les répercussions de leurs actions. Cette approche laisse des millions de citoyens soudanais en proie à la faim. De plus, elle les soumet à des formes sévères de souffrance en fermant tous les corridors d’aide humanitaire et en restreignant le mouvement des organisations humanitaires au cours des derniers mois.
L’humanité a rarement, voire jamais, été témoin d’une armée si déconnectée des principes de l’honneur militaire, une armée qui accepte d’être une cause directe de souffrance humaine comme l’exposent les rapports des organisations internationales spécialisées. Cette armée critique même toute partie qui tente d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la crise soudanaise ou qui joue un rôle vital dans la fourniture d’assistance humanitaire et de secours, comme le font les Émirats arabes unis.
Les médias affiliés à l’armée soudanaise accusent les Émirats arabes unis de jouer un rôle duplice dans la crise. Même si nous devions supposer que ces allégations et revendications ridicules sont vraies, on pourrait souhaiter que ces dirigeants jouent effectivement un double rôle - en fournissant à leur peuple la nourriture et les médicaments essentiels au lieu d’agir comme des geôliers dans de nombreuses régions du pays.
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