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Une histoire de priorité

      Nous passons notre vie en feignant d’ignorer l’échéance fatale nous comportant tel des Don Quichotte face à leurs moulins. Lutte illusoire, déception et remords au dernier instant sur cette terre, nous avons la désagréable sensation que quelque chose nous a échappé. Repassant le film de sa brève existence sur l’écran de son coma et voilà déjà la question fatidique, qu’avons nous loupé ? Même celui qui, persuadé en son for intérieur que cela continu après et ailleurs, doute et s’effraie, ignorant le comment, le pourquoi. Quelle plus grande preuve d’ignorance que de n’avoir vécu que pour soi. A l’heure des bilans qu’adviendra t-il de l’unité qui a passé sa vie à ignorer l’ensemble ?

     

 Aucune entité ne peut se vanter de s’assumer seule. Il faut des créateurs, des producteurs et des utilisateurs, quelque en soit l’idée, le produit, le bénéficiaire. Toutes conceptions est le fruit d’une intelligence appliquée et d’une chaine d’association. Dés l’instant où nous cantonnons notre vie uniquement dans un but de profit ou de bénéfice personnel, nous adoptons la position de l’utilisateur qui ne créer rien, ne produire rien pour l’ensemble et de fait, s’isole irrémédiablement. Une attitude uniquement orientée sur son ego est vouée, à terme, à l’échec. 

 Dans la confusion des valeurs et le désordre des priorités en ce début de siècle, trop absorbé par le chant des sirènes de nos propres vies, posons nous les questions suivantes pendant qu’il en est encore temps : « Sommes nous en paix avec nous-même ? Donnons nous du temps aux autres ? As t-on quelqu’un à aimer ? Sommes nous aussi humains possible ? 

 L’individualisation forcenée de l’être par l’avoir et le paraitre a eu pour résultat une terrible déshumanisation de nos sociétés ou le corps de l’homme est devenu une marchandise rentable ou jetable et ou l’âme et l’esprit ont été atrophiés et pervertis par une gestion uniquement comptable et une vision purement matérialiste. Toutes religions ou philosophies mises à part, l’homme a oublié ses racines de vie. Pressé d’acquérir d’illusoires pouvoirs, guidé par le but de posséder l’objet de son désir qui, dés celui-ci en sa possession, effacera le désir pour l’objet possédé afin d’en faire renaître d’autres et cela à l’infini. La plupart, cherchant un sens à la vie, pense à leur prochaine voiture, nouvelle maison, nouveau job et puis ils prennent conscience de la vacuité des choses mais continue leur chasse aux chimères. L’assourdissant brouhaha du consumérisme nous a rendus sourd aux chants de la nature, aux dialogues de la vie, à l’écoute de nos semblables. 

 Plus personne n’écoute, tout le monde parle et c’est sans doute ce qui explique le succès des psy et des avocats. Les psy, parce qu’ils écoutent et les avocats pour régler les problèmes de ceux qui ne s’écoutent plus. Un remède à cela : « Soyons un peu plus attentif aux autres ».

     

 Nous vivons dans l’urgence, guidé par des jugements souvent faussés car pollués par les passions que l’on distille chaque jour dans nos têtes comme des poisons dans nos veines. Il serait grand temps de revoir nos priorités. Mais avant cela, pour en être capable, il faut réapprendre à pacifier nos émotions, à calmer notre esprit. Cela, nécessite obligatoirement de s’éloigner de toutes pollutions informatives externes afin de se réapproprier un jugement vierge de toutes influences perverses (Télévisions, journaux et autres médias à la solde des marchants et des dirigeants dont le seul but est que surtout rien ne change…). La réalité n’intéresse plus grand monde sinon les gens éteindraient leurs télés et regarderaient par la fenêtre, ouvriraient des livres, dialogueraient avec leurs voisins, passeraient plus de temps en famille. 

 La famille, un des derniers refuges d’humanité et d’équilibre pour les individus. Rien ne pourra la remplacer, ni l’argent ni le pouvoir. Combien, dévoré par leur travail, happé par leur course effrénée aux gains, ont-ils pris le temps nécessaire pour leurs enfants, leurs parents, leurs conjoints avant qu’il ne soit trop tard, que la maladie et la mort ne les emporte ? Quand ils seront en phase terminale, ils auront perdu tout intérêt pour leurs pouvoirs d’achat et là, ils retrouveront, mais un peu tard, le pouvoir des sentiments. 

 Regardez un cimetière et imaginez vous que l’on donne la possibilité à un de ses pensionnaires de revivre ne fusse qu’une seule journée. Que croyez vous qu’il ferait ? Irait-il au bureau, voir son banquier, faire les boutiques ou gardera t-il ces précieuses heures à aimer ceux qu’il a trop négligé ? Les aiguilles tournent et le temps passé s’accélère et celui qui nous reste s’amenuise. 

 Tout retour en arrière nous est impossible, la mort fait partie du contrat, mais à qui sait voir, la merveille est dans l’instant et nous encourage à vivre pleinement le présent avec les actes qui ont une réelle importance. Savoir que l’on va mourir, nous aide à relativiser, à être en paix avec la vie. J’ai l’intime conviction que ce nous faisons pour les autres, c’est à nous même qu’on nous le faisons. Le fait d’ériger la mort en tabou a faussé la vie. Avoir conscience de la fin nous fait prendre conscience de l’instant. Ne riez pas de ceux qui s’investissent dans le social, laissez de côté les sarcasmes. Quelquefois on ne peut pas croire ce que l’on voit alors, il faut croire ce que l’ont sent.

 

 Une petite vague se baladait inconsciente sur l’océan. Arrivée près d’une plage elle paniqua, voyant celles qui la précédaient s’écraser sur le sable. « C’est affreux dit-elle, nous allons tous disparaître ! » La vague qui suivait lui dit alors : « Mais non, tu ne comprends pas, tu n’es pas une vague, tu es une partie de l’océan ».

 Chaque soir, quand je m’endors, je meurs. Et le lendemain matin, au réveil, je reviens à la vie. Gandhi


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12 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 29 septembre 2011 10:45

    L’homme n’est pas un monolithe de sentiments, de vouloirs, ni même de pouvoirs.

    Dans la même heure, il peut aimer, choisir, consommer, hésiter, trahir, donner ou ne rien faire du tout ou regarder dans le poste TV 30 types se bagarrer pour un ballon et 50.000 spectateurs faire trembler le stade.

    Dès que l’on commence à réfléchir sur la vacuité de la vie, un gouffre s’ouvre. Beaucoup cherchent à le combler ou à l’oublier, à donner un sens à leur vie. On peut aussi considérer que rien n’est réellement important puisqu’il faudra mourir un jour. On peut même se demander si la vie vaut la peine d’être vécue.

    C’est pour répondre à ses interrogations existentielles que l’homme à inventer la philosophie. C’est pour les éviter qu’il consomme des drogues ou s’étourdit de mille et une façons.

    Je vais vous révéler un secret : La vie n’a pas de sens. Elle n’est que la résultante de hasards tous plus improbables les uns que les autres.

    Et vous donnez un conseil : Ne vous prenez pas trop le choux, vivez.


    • Gabriel Gabriel 29 septembre 2011 11:04

      Bonjour Daniel,

      Je pense contrairement à vous que tout a un sens et que même si celui-ci parfois nous échappe, il est le tuteur de notre évolution. Je vous citerai Einstein parlant de la création de l’univers : « Tout est à sa place, je ne crois pas que Dieu est joué aux dés » Dieu étant ici cité d’un point de vue métaphorique.

      Je vous remercie du conseil, mais ne vous en faites pas je vis très bien merci. Non, le but de cet article est d’essayer modestement de remettre en perspective les actes réellement importants, une interrogation sur les priorités de la vie, rien de plus.

      Merci pour votre intervention


    • TyRex TyRex 29 septembre 2011 17:03

      « Je vais vous révéler un secret : La vie n’a pas de sens. »... si vous ne donnez aucun sens à votre vie alors effectivement « la vie n’a pas de sens ».

      Essayer de donner un sens à votre vie. Essayer de mieux comprendre qu’est-ce vous faites là parmi nous, essayer de comprendre quel est votre rôle dans la chaine humaine... et surtout qu’êtes vous capable de faire pour améliorer votre humanité ?

      Dans cet article, l’idée est de faire passer en premier lieu l’altruisme au dépend de l’individualisme de notre société. Penser à l’autre qui meurt de faim ou froid. Leur venir en aide comme on aimerait bien être aidé si nous étions à leur place...


    • Gabriel Gabriel 29 septembre 2011 17:38

      Exact TyRex tu as tout dit : " Agir avec les autres comme nous aimerions qu’ils agissent avec nous… »


    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 29 septembre 2011 11:08

      Bonjour Gabriel,

      le souffle de l’ange t’envahit et fait voler ta plume. C’est d’autant moins pénible de mourir si l’on se sent déjà léger bien avant... c’est le sentiment que m’inspire ce texte sans la moindre lourdeur ni angoisse il est cette profonde respiration qui précède l’absence totale d’apesanteur à venir...

      Merci...L.S.


      • Gabriel Gabriel 29 septembre 2011 11:23

        Bonjour Lisa,

        Rien ne se perd, rien ne se créer tout se transforme, progresse, évolue. Je pense que c’est la plus belle leçon de vie et je n’y trouve là, rien d’angoissant. L’important c’est ce à quoi nous oeuvrons dans l’intervalle. Merci de ton commentaire


      • babadjinew babadjinew 29 septembre 2011 12:03

        Mais voyons mon cher Monsieur, on ne meurt plus dans nos civilisations post .... On est toujours jeune, et ce grâce aux progrès de la cosmétique, de la chirurgie, de la médecine. On nous promet même tous les jours que tel ou tel lab est sur le point de découvrir l’immortalité absolu, il suffit de patienter cela viendra..........


        J’ai bon la dans le déni de la mort de nos cultures virtuelles ?

        Tout n’est qu’illusion disent certains, alors la vie, la mort, une simple illusion avec laquelle il faut tenter d’être en paix. Les richesses de nos univers intérieurs étant bien plus jouissives, larges et vaste que n’importe quel bien de consommation.

        Malheureusement cette forme d’illusion est à proscrire dans un système qui ne peut vivre que grâce à l’illusion inverse. Le temps n’est pas la vie voyons, le temps c’est de l’argent.....   

        • Gabriel Gabriel 29 septembre 2011 13:28

          Très bonnes remarques, vous avez en grande partie raison, malheureusement. Voilà l’illusion du possédant, étant lui-même possédé et l’ignorant. Qu’importe, la bêtise n’est immortelle que parce qu’on l’entretien, je crois en l’évolution car nous n’avons pas d’autres choix.


        • TyRex TyRex 29 septembre 2011 17:08

          @Gab

          Bravo pour votre sens de l’observation.

          Bonne synthèse ! Maintenant, il n’y a plus qu’a essayer de changer les choses...
          Tous Ensemble !


          • Gabriel Gabriel 29 septembre 2011 17:33

            On y travaillent TyRex, on y travaillent !... Mais on ne peut forcer celui qui ne veut pas entendre car nous respectons le libre arbitre. Une petite histoire pour agrémenter mes propos et peut-être sourire.

            Un curé mexicain marchant sur le bord d’une route fut pris dans des sables mouvants. Un camion de pompier passant par là, un sapeur voyant le prêtre enfoncé jusqu’au genoux lui proposa son aide, ce à quoi le curé refusa en prétextant que Dieu le sauverait. Dix minutes plus tard le sapeur repassant par là, proposa à nouveau son aide avec insistance car l’abbé avait de la boue jusqu’au torse. Même réponse du prêtre comme quoi Dieu le sauverait car il ne pouvait en être autrement. Prit de remord ne voyant plus que la tête de l’ecclésiastique dépassée des sables, le pompier tenta une dernière approche que le curée refusa aussi énergiquement que les précédente en invoquant l’indiscutable prétexte qu’avec toute sa foi Dieu le sauvera. Evidement cinq minute plus tard le prêtre mourut étouffé. Arrivant furax aux portes du paradis, il vit Dieu et lui dit : « J’ai voué ma vie à te servir et à avoir foi en toi et tu ne m’as même pas sauvé ! ». Ce à quoi Dieu lui répondit : « Sombre crétin, je t’ai envoyé trois fois les pompiers … »

            Cordialement


          • amipb amipb 6 octobre 2011 22:32

            Heureux de vous lire de nouveau, Gabriel.

            Bel article, emprunt d’une philosophie très pragmatique. Une petite anecdote du Bouddha :

            Celui-ci demande : combien de temps dure une vie humaine ?
            - 50 ans ?
            - Non
            - 60 ans ?
            - Non ?
            - 70 ans ?
            - Non. Toute la vie est dans le souffle.

            A chaque expir nous mourrons, à chaque inspir arrive la renaissance.

            Le cimetière est le meilleur lieu pour méditer, regardez la vie de Padmasambhava. Mais qui en a encore la force ?

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