Une liberté d’expression réduite ‘’aux aguets’’

Les députés du front de Gauche et les Sénateurs du groupe Communiste ont trouvé, sans doute après une séance enivrante de remue-méninges dans l’une des buvettes des deux assemblées la parade ultime, la martingale gagnante, pour éviter à jamais les dérapages verbaux, comme celui de Nadine Morano qui croyait être à l’abri derrière la figure tutélaire du grand Charles.
C’est sans doute en raison de la disparition de l’ancienne cellule de dégrisement du Palais Bourbon que cette idée lumineuse à jailli de leurs puissants cerveaux. Ils ont demandé au gouvernement d’inscrire à l’ordre du jour du Sénat une proposition de loi supprimant ce vocable de la législation.
Interrogé à jeun par un journaliste qui lui demandait si c’était une bonne solution, Michel Sapin éminent lexicologue a répondu en substance « Aujourd’hui le mot ‘’race’’ c’est le racisme et le racisme, ce n’est pas compatible avec la République ». Il nous a épargné d’autres exemples comme sexe qui conduit au désolant sexisme, à islam qui mène à l’intolérant islamisme et même à social qui nous a conduit au consternant socialisme.
Il a conclu quasi péremptoire « Il n’y a pas un français qui peut se reconnaître, enfin je l’espère, dans le terme de race blanche ». Qu’on se le tienne pour dit ! Si votre miroir vous renvoie un visage trop pale, voire même un peu blanc, mettez ça sur le compte d’une mauvaise nuit.
Son chef bien aimé, le Président normal, s’était laissé allé en février dernier, lui d’ordinaire si policé, à utiliser l’expression honnie de ‘’français de souche’’ même s’il avait pris soin d’ajouter le "comme on dit ». Çà avait provoqué en son temps une polémique dans son propre camp.
Nous le concédons, éradiquer les mots pour supprimer les maux, est une médecine tentante et de nature à redonner le moral à un peuple déprimé, et notre brillant Ministre de l’Economie, qui fut aussi un étincelant Ministre du Travail, ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.
Ainsi pourraient disparaître, de notre vocabulaire les mots de chômage, de déficit. Il suffit donc de gommer les vilains vocables, de les rendre illicites pour effacer les réalités qu’ils recouvrent.
Dans ce cas, il faudra aussi abandonner le concept suranné de la liberté d’expression ou du moins en limiter l’exercice aux bien-pensants qui bénéficient de l’appui inconditionnel de la majorité des médias hystériques. Ainsi Yann Moix peut-il, sans provoquer le moindre émoi chez nos censeurs, se réjouir à l’avance du jour où la France pourra être musulmane.
On peut ne pas partager les idées et les formulations de Nadine Morano, de Dieudonné et même, pardonnez cette insolence, de Yann Moix où d’autres, sans convoquer sine die la police de la pensée, les renseignements généraux de l’arrière-pensée qu’il faudra sans doute bientôt criminaliser.
Quand ce nettoyage lexical sera effectif, que la sentence de mort aura été prononcée, le racisme sera heureusement, selon une formule célèbre, caduque et non avenu, l’antiracisme périra faute d’adversaires, et la petite entreprise créée sous le parrainage de Mitterrand en 1984 SOS Racisme mourra faute de subventions.
41 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON