Une manière de culpabiliser

Il me semble que la première chose à savoir est qu'on brûlera jusqu'à la dernière goutte de pétrole, la dernière effluve de gaz, la dernière poussière de charbon.
Comment quiconque de sensé peut imaginer ou croire que les politiques à la solde des lobbys prendraient des mesures qui mettraient à mal la consommation du précieux or noir pour lequel des milliards sont dépensés en guerres infinies, le précieux gaz encore à extraire dans des lieux où il faut s'implanter pour jouir de tous ces revenus, et le charbon pas encore obsolète tant il y en a.
Qui peut croire une seule seconde qu'un COP 21, c'est-à-dire vingt ans après les premiers émois, vrais ou factices, des acteurs de ces enjeux, aura quelque effet ?
Et surtout, qui est prêt à changer son mode vie pour ne plus consommer de ces précieux pollueurs ?
C'est à cet endroit que tout se joue.
Il fut un temps où le confort minimum du travailleur pour se rendre à son travail était vingt minutes à vélo, quelque chose comme cinq kilomètres. Le progrès aidant, propagande et intérêt du fordisme aussi, la voiture individuelle était sensée libérer les foules ; finis les mollets d'acier, les impers géants, le vent qui fouette le visage rougi, la voiture dans sa grande mansuétude offrait le confort. Vingt minutes se transmutaient en cinq, tout ça de gagné en liberté. Mais tout ne se passa pas comme ce qui n'avait pas été prévu, embouteillages puis recul de l'habitat. Aujourd'hui bienheureux ceux qui mettent moins d'une plombe pour gagner leur bureau, leur usine, leur classe ou leur atelier, pourtant en voiture particulière. Encore faut-il calculer l'heure de départ, donc souvent arriver en avance, ou en retard si on en a le privilège, pour éviter la cohue. Chacun étant content de sa combine, itinéraire abracadabrantesque ou petit café au bistrot du coin en attendant l'ouverture des locaux. Puis, chemin faisant, dépose du véhicule aux parkings d'autoroutes et covoiturage. L'humain est éminemment adaptable. Comme concomitamment, centralisation oblige, les lieux de travail s'encafougnent dans les mêmes zones, l'habitat existant ou possible ne peut ranger tout le monde, les campagnes environnantes deviennent des dortoirs et l'étoile tracée par les chemins figurés des uns et des autres travailleurs agrandit ses branches.
Aujourd'hui, aucune alternative – sauf quelques idées d'organisation d'auto-stop que j'ai déjà écrit ici, ou du blablacar néolibéral qui marche à donf. Au mieux on peut espérer diviser par deux la consommation d'essence pour aller au boulot en remplissant mieux les voitures. Il faut comprendre que quand on a déjà plus de deux heures de trajet par jour, le covoiturage montre ses limites d'expansion, qui oblige à attendre, à se presser ou à partir avant l'heure le matin et rentrer après l'heure le soir. Le pétrole n'est pas si cher, les classes moyennes s'en arrangent. Les augmentations du prix du carburant, comme celui du tabac, doivent être minutieusement calculées par d'éminents malins, pour éviter une baisse de con sommation. ( en deux mots, ça n'a pas été fait exprès, mais je garde, je trouve ça bien !)
Aucune alternative donc, en tout cas en province où les transports en commun bien que très peu chers ne peuvent satisfaire les horaires décalés des uns ou des autres sauf à sacrifier du temps en attente. L'habitat du coup dispersé n'aide pas à la rentabilité.
On ne va pas déménager les lotissements ni les bureaux, on ne va pas remettre en état les voies ferrées qui pourtant représentaient le plus grand réseau du monde, d'autant plus que pour le rendre impolluant, il faudrait le passer en électrique, chacun sachant que le nucléaire ne pollue pas.
Donc oublions le transport individuel obligatoire pour compter y faire des économies d'énergie.
Et oublions le transport collectif hors mégapoles.
Bon ; nous n'avons plus d'industrie, plus rien d'utilisé n'est fabriqué chez nous, fringues, Hifi, informatique, alimentation animale et tout ce que vous pouvez consommer que j'ignore, vient d'au delà des mers et continents. Ce n'est pas le petit doigt du bon dieu qui pousse les cargos chargés de containers qui, à l'occasion, peuvent de vautrer en mer. Alors, qui est prêt à se passer de tout ?
Dans nos climats tempérés sauf l'hiver, on se chauffe. Là il y a bifurcation de tactique selon les pays. Comme vous savez tous, le nucléaire est top propre et parce que nous, en France, sommes les plus intelligents, il y a longtemps qu'on a opté pour cette propreté-là. Mais nous ne représentons pas grand chose sur la planète. En Amérique, eux, en avance sur tout comme d'habitude, ils ont opté pour les gaz de schistes tout roses d'innocence face au cruel dilemme de la pollution CO2. J'espère que je n'ai pas besoin de vous faire un petit topo sur les bienfaits bientôt conjugués chez nous, du gaz , celui qui passe par les airs, et non plus par des pipelines qui comme on le sait pose problèmes au Moyen Orient, et du nucléaire sans une once de CO2 et trois fois rien de vapeur d'eau et de risques.
Je ferais bien un petit tour par EON qui nous donne de l'électricité propre à 30% de rentabilité en déforestant le sud de la France, les troncs, va sans dire, descendant tout seuls les fleuves jusqu'à être enfournés. Mais j'en connais qui trouveraient que j'abuse.
Je passerai aussi les décapiteurs de mouettes et les kilomètres carré de panneaux esthétiques nécessaires pour nous chauffer les fesses.
Donc, pour résumer ce petit chapelet de truismes, je ne vois pas, mais pas du tout ousqu'on pourrait s'attaquer à la cause.
On a dépensé ici, mais je suppose qu'ailleurs c'était pareil, pour quand même trouver un accord, dont on dit qu'il sera décevant.
Je ne serai pas déçue pour ma part, sachant qu'on est déçu après qu'on a rêvé.
Donc sûr qu'on peut compter sur l'ingéniosité humaine pour filtrer les émanations des usines, celles de nos voitures, dont celles du peuple sont à la pointe de la technologie, aussi pour revenir à la marine à voile, inventer un textile collant à la peau qui nous tiendrait au chaud, mais on ne peut pas compter, j'en suis consciente, sur le rapatriement de nos productions, cela étant hors de portée de la puissance humaine.
Et l'impensable, l'impossible restriction de nos déplacements de loisirs, avions, voitures, bateaux, vu que quand on en a bavé pendant dix mois, il est légitime et mérité de bouger le week-end et l'été.
Ainsi, on nous bassine avec les grandes foires de la cogitation, pour, à n'en pas douter, nous culpabiliser de vivre dans un monde que l'on a probablement aidé à naître mais qui n'en est pas moins incontournable à l'heure qu'il est, sauf à tout foutre en l'air et tout recommencer.
Aussi, comme il faut sortir avec quelque chose et que les pollueurs au final, c'est nous, je doute que nous n'ayons pas à mettre la main au porte feuille sachant qu'un litre d'essence à un euro trente pollue beaucoup plus qu'un litre à deux euros.
Pour finir, je voudrais faire un petit salut amical à madame Pompidou à qui l'on doit -comme l'on doit à Monsieur Ford le bonheur de la voiture individuelle-, les progrès technologiques du camion devenu poids-lourd puis truck,véritable fierté de notre civilisation, comparés aux trains charbonneux de grand-père qui eux-mêmes étaient le must comparés aux diligences de nos ancêtres avec le bruit des fers et la pollution des pets de chevaux.
Je n'ai pas grand chose à ajouter à ce souffle de râle sauf à détailler chaque point, moi qui brûle de me contenter de ma bonne paire de godasses, d'un bon vélo et d'un bon cheval sur les cents kilomètres carré qui font mon espace vital.
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