Une manière de voir
Ce n’est pas de s’enfarger dans les fleurs du tapis que de déplorer une fois de plus l’utilisation abusive du mot Amérique. Le Monde diplomatique en utilisant le titre Où va l’Amérique ? sur la page couverture de son bimestriel Manière de voir (no 125), confond les États-Unis à l’Amérique ; surtout que la gravure appuyant le titre montre l’Amérique dans sa totalité. Faut-il redire que l’Amérique, c’est trois sous-continents : nord, central, sud. C’est 35 pays et plus de 900 millions d’habitants. Les États-Unis ne sont qu’un pays parmi les autres ; le plus puissant et le plus influent, j’en conviens facilement. Mais ils représentent de moins en moins l’avenir de l’Amérique.
Je veux bien croire que le Canada est devenu depuis 2003, le caniche de Washington et que l’actuel gouvernement conservateur terni régulièrement notre réputation par certaines prises de position douteuses. Il n’en demeure pas moins que d’autres pays s’élèvent et jouent des rôles plus importants. Que l’on pense au Mexique, mais surtout au Brésil qui ne peut plus être considéré comme une puissance négligeable.
Que le bimestriel s’interroge sur le devenir et le rôle que les États-Unis ont joué, jouent et joueront, c’est une chose. Mais il aurait été enrichissant de connaître Où va l’Amérique ? en ce début du 21e siècle. Ça sera pour un prochain numéro, je présume.
Comme toutes grandes puissances dans l’Histoire, les États-Unis déclinent. Ils ne sont plus ce qu’ils ont déjà été, même s’ils demeurent encore une puissance incontournable. Les années de l’ineffable George W. ont été marquées par des décisions catastrophiques pour l’ensemble de l’humanité. Que l’on pense, entre autres, à l’Afghanistan, la guerre en Irak, le crise immobilière qui a donné naissance à de multiples crises financières, la crise budgétaire de son propre pays. Il a laissé à son successeur une maison en délabrement avancé. Délabrement que les citoyens des États-Unis peinent à voir et surtout à accepter. Où vont les États-Unis ? Le bimestriel tente d’y répondre.
Par contre, après avoir posé la question où vont les États-Unis et l’Amérique, nous pourrions nous poser la question où va l’Europe et plus globalement où va la planète ? Le bimestriel Manière de voir a beaucoup de pain sur la planche.
Sans glorifier le passé, notre monde est en panne de leaders. Retournons dans les années 1960. Rassemblons huit leaders mondiaux qui à l'époque faisaient l'actualité : De Gaulle (France), Adenauer (Allemagne), J.F. Kennedy (USA), Pearson ou Trudeau (Canada), Nehru (Inde), Nasser (Égypte), Khrouchtchev (URSS), Wilson (Angleterre) et demandons-leur où va NOTRE monde en ce début de millénaire ? Pouvons-nous imaginer les résultats qui auraient émergé de leurs délibérations ? Nous pouvons toujours prétendre que des conflits existaient à l'époque, que les divergences étaient nombreuses et que le contexte était différent, mais la vision émanant de ces hommes inspirait un respect à la grandeur de la planète.
Vouloir faire une pareille rencontre aujourd’hui est presque impensable et inimaginable. Nous aurions une première difficulté à identifier huit personnages d’envergure. Ce ne sont pas les actuels G8 ou même G20 qui pourraient nous fournir la matière première. Nous avons à la tête de nos gouvernements des administrateurs, des comptables et quelques charlatans qui “gestionnent“ à la petite semaine, qui pensent plus à leur prochaine élection qu’aux prochaines générations. Remarquez bien, c’est en partie de notre faute, c’est nous qui les avons mis là. Encore une fois, nous avons fait un mauvais “casting“, meilleure chance la prochaine fois. Nous devrions nous poser la question à savoir où voulons-nous aller et trouver les bonnes personnes pour nous y rendre. C’est une manière de voir et Le Monde diplomatique n’y peut rien.
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