Une Présidente nommée Valérie Trierweiler
Chaque jour qui passe confirme le 6 mai 2012. A cette date et sans s'en apercevoir, la France a élu une présidente en la personne de Valérie Trierweiler.
Si étrange que celui puisse paraître au premier abord, nous avons pu deviner facilement que François Hollande compterait largement dans l'avenir sur les conseils de sa compagne pour conduire sa politique tout au long de son mandat présidentiel, et sans doute plus que sur les préceptes ou les recommandations de ses proches collaborateurs.
En effet, tout est bien clair et l'histoire a déjà commencé bien avant le soir du 6 mai. Tout au long de la campagne de l'ancien premier secrétaire du PS, la journaliste est devenue de plus en plus visible dans les meetings et fortement présente aux côtés d'un François Hollande, particulièrement « boosté », et très serein.
Au grand rassemblement du Bourget le 22 janvier, elle a fait une apparition discrète mais remarquée aux côtés d'un candidat inattendu aux allures de fonceur et de meneur de foules que les français découvraient soudainement, étonnés par le charisme imprévisible d'un homme politique que nous avions connu auparavant comme plutôt effacé, imprécis et sans grande envergure.
Qui est donc Valérie Trierweiler ? Nous avons connu la journaliste politique, mais nous ignorons presque tout de sa personnalité, tant elle est toujours restée secrète dans son existence.
Pouvait-elle être à l'origine de la transmutation de François Hollande dont la personnalité plutôt timorée était passée tout à coup à une allure beaucoup plus combative ? Il faut dire que le député corrézien végétant dans l'ombre de Ségolène Royal, sa première compagne, ne paraissait guère voué à un avenir politique conséquent, et encore moins à accéder à la plus haute fonction du pouvoir exécutif de la République.
De la sorte, ce grand changement qui venait d'avoir lieu, laissait imaginer aisément que Madame Trierweiler n'était pas étrangère à cette fulgurante métamorphose. Et en effet, il est facile de constater que la journaliste a un sens instinctif de la politique, non pas pour elle-même certes, mais pour l'homme que représente François Hollande dont elle s'est plue à construire l'avenir depuis 2006 et dont elle va s'efforcer aujourd'hui d'élever dans le pouvoir. Destinée normalement à jouer comme le veut la tradition républicaine un simple rôle de figuration au cœur de l'Elysée, elle rejette totalement cette position pour se placer désormais dans la lumière du Monde et des médias.
Native du verseau, elle est vive, idéaliste, puissante, parfois obstinée, et certains la considèrent également comme « futée et talentueuse ».
Contrairement aux autres épouses de présidents qui sont restées effacées et parfois même quasiment absentes de la scène présidentielle, sauf à poser pour les photos officielles, Valérie Trierweiler s'impose tout de suite aux côtés de François Hollande, non pas en première dame de France, (terme qu'elle déteste) mais en quelque sorte comme une « vice-présidente » qui jouerait en parallèle les grands rôles de la haute fonction républicaine.
Ainsi, ces jours derniers aux Etats-Unis, dans une aisance parfaitement naturelle et rôdée, elle a fait allègrement ses premiers pas sur la scène internationale. Et ce n'est qu'un début ! Imaginez la suite, et la considération qu'elle va prendre très rapidement que ce soit en France ou à l'étranger.
Son côté partiellement « Jacky Kennedy » lui donne une importance capitale aux yeux d'un grand public qu'elle a vite conquis en quelques mois, sans pour autant tomber dans le coup d'éclat comme le fit à l'époque et à sa manière l'épouse du président américain.
J'irai jusqu'àdire même, que ses interventions répétées, mais toujours délicates et réservées, ont contribué à la dynamique de François Hollande tout au long de la campagne électorale, et au final à sa victoire le 6 mai 2012.
En dehors du rapport affectif de couple, Valérie Trierweiler devient maintenant et pour les jours futurs, une alliée de poids pour l'ancien parlementaire devenu Chef d'Etat. Une grande chance pour le Président Hollande dont l'épouse sera très certainement l'un des meilleurs conseillers de son quinquennat, face à certains ministres (hommes et femmes confondus) considérés déjà à l'heure actuelle comme inexpérimentés et particulièrement falots.
En 2007, la France partiellement avait eu l'intention d'élire Ségolène Royal à la tête de la Nation. Aujourd'hui, cette même France en votant pour François Hollande, a délégué à sa manière, une fraction secrète du pouvoir présidentiel à la nouvelle compagne de ce dernier.
Et c'est peut-être cela qui conviendra à Valérie Trierweiler qui ne sera plus alors « la première Dame de France », mais la Présidente déléguée par un Président de la République française qui n'est autre que son propre conjoint.
On reproche souvent à la Cinquième République, d'être une monarchie républicaine. Mais à priori, si le changement est la priorité du nouveau Chef de l'Etat, il ne semble pas que la République d'aujourd'hui conduite par la gauche est la volonté de s'éloigner de cet effet monarchique qui la caractérise depuis plus de 50 ans.
Pierre-Alain Reynaud
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