Une quatrième victoire consécutive pour Orban
La modeste victoire de l’opposition unie, allant de la gauche socialisante à l’ancienne extrême-droite antisémite, anti-tzigane et islamophile, aux élections municipales de 2019 avait fait naître un espoir de déboulonner Orbán, cet enfant terrible de l’UE qui ne respecte pas l’État de droit car il s’oppose à l’immigration extra-européenne essentiellement musulmane, mène une politique familiale ambitieuse visant à régler le problème démographique par des bébés plutôt que des immigrés, interdit l’endoctrinement des enfants par les associations LGBTQ, ferme l’université créée et financée par Soros, entretient des relations courtoises avec la Russie, etc. En septembre dernier cette opposition unie bien qu’hétéroclite avait organisé des primaires dans les circonscriptions ainsi qu’au plan national afin de choisir son candidat au poste de premier ministre.
Revenons pour commencer sur le système électoral hongrois. Une présidente récemment élue par le Parlement, sans véritable pouvoir, qui prendra son poste le 9 mai. Pas d’inutile sénat. 199 députés élus pour une bonne moitié (106) dans des circonscriptions électorales au scrutin majoritaire à un seul tour et pour les 93 autres à la proportionnelle sur une liste nationale conduite par le candidat au poste de 1er ministre. 46 % de proportionnelle, de quoi faire crever de jalousie notre Bayrou qui réclamait une dose de proportionnelle avant de se rétracter, alléché par un bon paquet de circonscriptions gagnables. Pas de parrainage par des élus trouillards ou lâches. Il suffit d’obtenir 500 signatures d’électeurs pour se présenter dans une circonscription. Et pour pouvoir présenter une liste nationale un parti doit avoir des candidats dans au moins 70 circonscriptions soit 35 000 signatures d’électeurs. Précisons qu’il n’y a pas de carte d’électeur mais que tout citoyen hongrois ou résident étranger possède une carte d’adresse qui lui sert de justificatif de domicile et le rattache automatiquement à un bureau de vote.
Les primaires ont constitué un premier couac pour le ponte de l’opposition, l’ancien premier ministre socialiste Gyurcsány, qui ne peut se mettre en avant tant il est détesté. Alors qu’il espérait la victoire du maire de Budapest, un écolo-socialiste, ou à défaut celle de sa propre épouse, c’est Márki-Zay, un conservateur sans appui d’un véritable parti – mais c’est lui qui avait expérimenté le premier l’union de toutes les oppositions pour se faire élire maire dans une petite ville du sud de la Hongrie – qui est retenu par les participants à la primaire pour conduire la liste nationale. Les instituts de sondage pronostiquent alors un résultat très serré aux futures législatives.
Mais Márki-Zay ne fait qu’accumuler les bourdes. Lorsqu’on découvre que ce père de sept enfant s’est déclaré hostile à l’avortement et au divorce, il réagit en apportant son soutien aux organisations LGBTQ, espérant ainsi être considéré comme un progressiste. Lorsque Orbán ouvre largement le portefeuille préélectoral, par exemple en augmentant le SMIC de 20 %, en rétablissant le 13e mois des retraités supprimé par Gyurcsány ou en exonérant d’impôt sur le revenu les jeunes de moins de 25 ans, Márki-Zay lui adresse de violentes critiques alors qu’une partie de son potentiel électorat est très satisfait de ces mesures gouvernementales. Lorsque le gouvernement hongrois bloque les prix de quelques produits de première nécessité, à commencer par le carburant, Márki-Zay s’oppose à ces mesures qui vont, selon lui, à l’encontre des lois du marché. A un peu plus d’un mois des élections la côte de Márky-Zay était au plus bas et les chances de victoire de l’opposition s’amenuisaient
La totalité des partis d’opposition et le candidat au poste de 1er ministre ont donc accueilli la guerre en Ukraine comme une divine surprise. Ils espéraient mettre en difficulté Orbán qui est le dirigeant européen le plus proche de Poutine. Márki-Zay a commencé par prôner l’envoi d’armes et de troupes hongroises en Ukraine avant de se rétracter car l’opinion publique hongroise ne lui suivait absolument pas. Une manifestation pour la paix organisée par le FIDESZ à l’occasion de la fête nationale du 15 mars a réuni plusieurs centaines de milliers Hongrois sans le moindre slogan anti-russe et sans drapeau ukrainien. Alors que 64 % du pétrole et 85 % du gaz importé par la Hongrie provient de Russie, certaines voix de l’opposition se sont prononcées en faveur d’un embargo sur ces importations tandis que Orbán se battait au niveau de l’UE contre cette idée folle. Le choix fait par Orbán de ne pas mêler la Hongrie au conflit russo-ukrainien, tout en accueillant les réfugiés se présentant aux frontières du pays, semble donc avoir été judicieux.
Ce dimanche 3 avril le FIDESZ d’Orbán associé au petit parti démocrate-chrétien KDNP emporte 87 circonscriptions n’en laissant que 19 à la coalition de presque toutes les oppositions. Il y avait en effet quelques autres petits partis présents, les plus connus étant le parti satirique du chien à deux queues et le pari radical Mi Hazánk (Notre Patrie), mais ils n’obtiennent pas de sièges individuels. Márki-Zay, pourtant assuré d’être élu en tant que tête de liste, se présentait aussi dans une circonscription mais il est battu. En ce qui concerne la proportionnelle l’opposition unie n’obtient que 35 % des voix tandis que le FIDESZ frôle les 53 %. Un seul petit parti réussit à franchir le seuil des 5 % nécessaires pour entrer au Parlement, il s’agit de Mi Hazánk, qui avec 6,2 % des votes, sera représenté par 7 députés. Le FIDESZ retrouve la majorité des deux-tiers au Parlement qu’il détenait auparavant. Orbán reste le mieux élu de tous les dirigeants des 27 pays de l’UE.
Parallèlement à l’élection du Parlement était organisé un référendum sur la protection de la jeunesse avec quatre questions posées aux électeurs, questions auxquelles le gouvernement avait appelé à voter NON.
1 - Approuvez-vous l’enseignement de l’orientation sexuelle aux enfants mineurs dans les institutions scolaires sans le consentement parental ?
2 - Approuvez-vous la promotion des traitements de changement de sexe pour les mineurs ?
3 - Approuvez-vous la présentation sans restriction aux mineurs de contenu médiatique à caractère sexuel qui pourrait affecter leur développement ?
3 - Approuvez-vous la présentation aux mineurs de contenu médiatique portant sur le changement de sexe ?
Le dépouillement n’est pas terminé mais toutes les questions obtiennent entre 90 et 95 % de NON. Une réponse à Bruxelles qui considérait que la loi de protection de l’enfance votée par le Parlement hongrois en juin dernier était une atteinte intolérable aux droits des homosexuels.
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