Un titre lourd, vachard… dégradant ? Sans doute.
Mais à l’image des mauvaises blagues qu’on se ramasse quand on se frotte de trop près à Georges Frèche : le cirque où l’on s’entretue comme celui des enfants où l’on se tape sur les cuisses au spectacle des clowns, l’un comme l’autre c’est de la politique - cet art où excelle le Président du Languedoc-Roussillon. Et que Dame Tartine coule… tant pis si elle est assez bête pour cela !
La méchanceté se cache-t-elle dans la morsure de l’ironie ? La haine est-elle dans l’aller retour des coups qu’on s’échange ?
Et Frèche en aura sans doute donnés autant qu’il en aura reçus et c’est sa jouissance de gamin en politique. Que la phrase « Fabius pas très catholique » soulève plus d’indignation que ses rodomontades contre les Harkis, ce n’est pas surprenant : qu’on s’attaque à un cacique du parti et, hop, réflexe pavlovien de défense ! Et puis, juif ou arabe, blanc ou noir…
Raciste Frèche ?
Raciste quand il dit qu’il y a beaucoup de noirs dans l’équipe de France parce que les blancs sont nuls ? Et qu’à propos d’une femme voilée, il s’amuse : "Ne vous inquiétez pas pour la dame, elle n’a que les oreillons et on lui tient les oreilles au chaud." ?
Antisémite Frèche ?
« Je suis ravi que, pour la première fois, la France ait élu au suffrage universel direct, ce sera mon bonheur dans mon malheur, un juif président de la République. On avait eu Léon Blum et Mendès France premiers ministres, mais on n’avait jamais eu un juif élu au suffrage universel. C’est un beau succès.
Et en plus avec Kouchner ministre des Affaires étrangères, qu’est-ce que vous voulez de plus ? Alors je vais dire à mon ami Kouchner : quand c’est que tu reconnais Jérusalem capitale d’Israël ?
Outre le fait que ni Nicolas Sarkozy ni Bernard Kouchner ne soient juifs du point de vue de l’orthodoxie de la religion, la déclaration, loin d’être la seule en ce sens, avait suffit pour voir se multiplier les accusations de sionisme."
Mais Frèche c’est ça : une grande gueule, pas plus raciste qu’un autre, mais sachant cogner. Cogner n’importe qui et n’importe comment si on s’affronte à lui. C’est Frèche. Le goût du ring, le parfum de la castagne.
Il est certainement plus de gauche que bien des politiciens du PS. Mais la gauche gnangnan, cureton, masochiste - celle qui aime pleurer sur elle-même quand elle est battue, ce n’est pas sa tasse de thé. La politique est un combat. Qu’importent les moyens !
Alors que Martine Aubry y aille de sa rengaine pleurnicharde n’y changera rien sauf à offrir la région à la droite. C’est son droit, c’est ce qu’elle fera… sous l’œil goguenard et mielleux de Raffarin qui dit sur Canal+ tout l’amour qu’il porte à Fabius !
Et Besson d’en rajouter en disant combien Aubry a raison !
Lisons cet extrait du Figaro :
" L’ex-premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin a estimé ce soir
sur Canal + que
les propos de Georges Frêche, président DVG de la région Languedoc-Roussillon, sur "la tronche pas catholique" de Laurent Fabius étaient "une honte nationale".Le sénateur UMP de la Vienne a expliqué "ne pas faire du tout de cette affaire une affaire par rapport au Parti socialiste". "C’est une affaire très très grave (...) ce sont les valeurs de la France qui sont en cause", a-t-il ajouté, en estimant qu’il ne fallait "pas en faire une affaire politique"."Je trouve cela profondément honteux (...) c’est notre honneur national qui est en cause", a poursuivi Raffarin pour qui "quand l’injure est partout, l’honneur est nulle part". L’ancien premier ministre a dit en outre "toute sa sympathie" à Laurent Fabius.
Le baiser au lépreux.
La gauche aime les larmes ; elle les aime tant qu’elle n’existe plus que pour s’en fabriquer d’autres. Et la droite et les traitres du PS s’en nourrissent depuis si longtemps ! Ainsi la « honte nationale » ce ne serait plus ce débat sur l’identité nationale , le sort des sans papiers ou des prisonniers, le scandale des garde à vue… Non, ce serait Fèche ! Et les socialistes avaleront ça !
Entre le poignard trop aiguisé et le baiser raffarinesque qui tue, Frèche continuera sa route : un caractère bien trempé.
Provoquer, innover, agir… Être libre c’est cela : dire, proclamer, se battre…
A-t-il insulté ? Il s’amuse des limites et désigne ainsi nos propres limites. Car sa force réside dans les frontières de nos incertitudes, de nos indignations morales, de nos choix qui se font pour l’un et contre l’autre : la dure loi de la politique que la gauche ne comprend pas et qui fait qu’elle privilégie une posture morale défaitiste aux intérêts de ceux qu’elle devrait défendre.
Cette gauche qui croit à cet au-delà du bien, de l’idéal - quitte à attendre 10, 20 ou 30 ans un paradis déjà perdu..
Frèche est pressé, il aime le populo, les mauvaises blagues, les idées crasseuses mais généreuses. Il n’en finira jamais d’être pressé et d’en faire trop : la vie se consomme crue et vite. Après c’est fini. Gouverner c’est maintenant.