Une TGC (Très Grande Conspiration)... pour le bien
Papa Paco embrasse Pepe Mujica. Un pape bien gentil donne l’accolade au petit Président d’un tout petit pays d’un continent marginalisé ? Où est l’intérêt ? L’intérêt est de mettre la petite pièce du puzzle qui permet de voir toute l’image sous un jour nouveau. L’image qu’on voudrait voir d’une TGC – une « Très Grande Conspiration » … pour le bien. Mais revoyons ça de plus près…
J’emprunte l’image du texte de Oscar, pour qu’on voit bien les protagonistes de l’embrassade. D’un côté Pepe, notre petit Président uruguayen, un révolutionnaire pur et dur, embastillé pendant des années. Pepe donne son salaire et, selon les standards sud-américains pour les Présidents – vit dans une chaumière. Un peu inusité… mais TRÈS populaire.
Devenu président, il s’est fait une brillante image médiatique en vivant comme un pauvre. Ça ne vous rappelle pas ce cardinal argentin qui vivait à quelques encablures, une heure d’avion de l’autre côté de la baie, et qui lui est devenu pape ? On jurerait qu’ils se sont parlés.
Ce qui, selon la « sagesse conventionnelle » sud-américaine est impensable. Pourquoi ? Parce que Pepe est un athée confirmé, laïque et très probablement franc-maçon. Il incarne ces « Colorados » – les « rouges » – qui veulent l’éveil du peuple et son bien (comme ils le perçoivent, bien sûr) – et qui sont la vraie Gauche en Amérique latine depuis bien avant qu’on y parle de marxisme. Ces gens bouffent du curé depuis 6 générations, c’est ce qu’on leur a appris et ça les tient tranquilles.
François, pour sa part, ledit ci-devant cardinal – et donc en Amérique latine un homme de droite – est présumé un « Blanco« , qui bouffe du rouge comme les Rouges bouffent du curé. Il est donc présumé, aussi, l’ennemi juré irréconciliable atavique des « Colorados » comme Pepe. Les Blancos voient le bien du peuple sous un autre angle, ils suivent une soutane plutôt qu’un tablier.
Ces présomptions sont solides. Cruciales. Ce sont les bases même de la politique au sud du Rio Grande. C’est pendant que Rouges et Blancs s’échangent des horions et se râflent à tour de rôles le pouvoir politque, avec des intermèdes de dictature militaire pour apporter un peu de sang neuf, que les banquiers anglais, camouflés parfois en américains pour avoir l’air plus bêtes que méchants, ont exploités a quia ce pauvre continent depuis bientôt deux cents ans.
Quel que soit le parti au pouvoir, où que ce soit en Amérique latine – hormis maintenant a Cuba et au Venezuela – les Rouges et les Blancs se chamaillent et enrichissent un peu leurs petits bourgeois compradores respectifs, pendant que le plus clair du fric part pour l’étranger dans les coffres des vrais riches. Nous avons déja parlé de ce ballet politique en sur place qui se danse en Amérique latine . C’est la version locale de la Grande Zizanie dont nous avons aussi déjà parlé
Maintenant, Paco embrasse Pepe. Inimaginable… Mais imaginez un instant qu’ils se soient parlé et qu’ils ne se chamaillent plus. Qu’ils voient tabliers et soutanes comme des détails et la différence d’angles entre leurs visions du bien du peuple comme quelque chose a régler sur le dos des banquiers… Imaginez que cette réconciliation ne soit pas une fantaisie, passagère, mais résulte un plan mûrement réfléchi, avec de milliers de figurants, curés ou vénérables, subtilement endoctrinés et préparés depuis longtemps sans même qu’ils le sachent et poussés maintenant par une subite ferveur religieuse…
Une ferveur ni sectaire ni bondieusarde, mais se manifestant comme une simple réaction viscérale contre l’horreur du capitalisme et de la société neolibérale. Une horreur à laquelle il n’est pas besoin de dogme ni de foi pour croire, mais qu’il suffit de constater dans ses oeuvres.
SI il y a réconciliation ca pourrait mener loin, car RIEN ne ferait plus mal à Amérique de Wall Street que de ne plus avoir sa petite demi-soeur latine pour lui servir de Cendrillon. Si on n’a plus les maquiladoras, ni la main d’oeuvre qui va et vient quand on a envie d’en tirer un coup, ni les ressources qu’on n’a qu’a prendre sans les payer en donnantt cent sous au concierge, la menace chinoise apparaîtrait bien plus urgente..
Est-ce que Paco et Pepe sont à conter fleurette à la petite soeur et a faire du détournement d’affection ? Évidemment, tout ceci est fiction. Qui pourrait penser à une Très Grande Conspiration pour le bien ! Meme pas un Jésuite pour la plus grande gloire de Dieu, n’est-ce pas ?
ll reste que j’aime bien voir un Pape embrasser un athée et faire comme si le Bien était devenu plus important que les discours. Si vous en apprenez plus sur une conspiration, dites-le moi vite. Je suis de ceux - bien nombreux je crois – qui voudrions lui apporter un coup de main.
Pierre JC Allard
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