Urinoirs : pièges à pub !
Une nouvelle étape vient d’être franchie par les publicitaires : il ne sera désormais plus possible de satisfaire un besoin bien naturel sans être l’objet d’une sollicitation marketing.
Ca y est, ils l’ont fait !
Ayant récemment pris l’autoroute A8, je me suis arrêté dans une de ses stations si agréables pour faire une petite pause. Dans les toilettes, un je-ne-sais-quoi de différent m’interpelle sans l’identifier immédiatement. Il me faut quelques minutes pour me rendre compte d’une différence fondamentale. Fini le temps où l’on fixait le mur devant l’urinoir, en pensant à autre chose, le regard perdu dans le vague. Désormais, chacun de ces objets est surmonté d’un panneau publicitaire. Il en est d’ailleurs de même du mur (autrefois lisse et sans décoration, quelle perte d’espace ... !) faisant face au grand miroir qui surmonte les lavabos.
L’impression est proprement hallucinante. La société en charge de ces espaces publicitaires si bien situés fait d’ailleurs sa propre pub : il paraît que nous sommes 10 millions tous les ans à pouvoir bénéficier de dix secondes de publicité à cet emplacement.
Car "ils" cherchent bien évidemment des annonceurs. Je ne suis pas certain que les vendeurs de barres chocolatées et autres douceurs trouveront leur compte placés ainsi. Pour ma part, je crois que je préfèrerai fermer les yeux et m’imaginer ailleurs, cela sera beaucoup plus agréable ...
J’ai fait des photos de tout ceci, que je vous livre ici ; en dehors de tout contexte, la répétition de ces panneaux de publicité a vraiment quelque chose d’outrancier pour le publivore que nous sommes.
Résister à la publicité, au message imposé avec toujours plus de subtilité (les spécialistes du cerveau deviennent les confrères des spécialistes du marketing) relève d’une véritable éducation.
Il faut expliquer aux enfants de ne pas se laisser tenter par ce qu’ils aimeraient avoir par dessus tout (un argument pour les tout petits dans les grandes surfaces : "vous savez pourquoi ils mettent tous ces bonbons près des caisses ?" "parce qu’ils ne sont pas bons : ils n’arrivent pas à les vendre dans les autres rayons").
Cela veut dire avant tout contrôler la télévision pour les enfants. Privilégier les cassettes ou autres DVD aux chaînes ; zapper systématiquement dès que la publicité arrive ... bref une mission quasi impossible si l’on possède une offre qui dépasse les chaînes de la TNT.
Cela veut dire aussi privilégier les courses dans les enseignes de hard discount. Car là pas de publicité inutile, pas de positionnement stratégique des produits en tête de gondole. Juste de l’efficacité, pratiquement un choix par catégorie de produit : le moins cher. Lorsque l’on prend l’habitude de ce type de magasin, le retour dans une grande surface conventionnelle devient immédiatement agressif. Vous avez l’impression que les produits (non sollicités, bien sûr) vous sautent au visage pour que vous les achetiez.
Je ne sais pas si l’on arrive à un véritable changement de cette société de consommation (certains signaux sont encourageants). Une chose est sûre : la publicité dans les pissotières est vraiment le signe que la pub est tombée bien bas...
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