Ursula von der Leyen nous révèle que le schéma de base de la société européenne est allemand…
Nous avons donc laissé Ursula von der Leyen dans un état de grande exaltation, alors qu’elle en était à prononcer son premier discours de présidente de la Commission européenne devant le Parlement de l’Europe… C’était le 16 septembre 2020. La crise du coronavirus paraissait sur le point de battre son plein, après avoir déjà réussi à faire pas mal de dégâts au sein même de l’Union européenne : économies et humains frappé(e)s comme jamais depuis la Seconde Guerre mondiale…
Très éloignée de se laisser abattre, la nouvelle présidente était au contraire triomphante. Dans « un monde d’une grande fragilité », « une Union pleine de vitalité » pouvait engager sa fraction véritablement active - nous avons cru comprendre qu’il s’agissait de la « richesse » - en mobilisant, pour elle, une masse énorme de capitaux rangés sous l’intitulé : NextGenerationEU.
Il paraît que tout était déjà parfaitement au point, puisque la présidente allemande de la Commission européenne venait tout juste de s’exclamer : « Nous avons la vision, nous avons le plan, nous avons les investissements. »…
Et puis, et puis… « Nous avons balayé les vieilles excuses et les zones de confort qui nous ont toujours retenus. »
« Nous », ainsi que nous le savons désormais… c’est la « richesse »… une richesse qui sait s’activer : les investisseurs devraient maintenant disposer du matériau nécessaire… après avoir balayé les « vieilles excuses » qu’osaient avancer ceux à qui, désormais, la crise du coronavirus a enfin réussi à clouer le bec…
Serait-ce, là, tout ? Non… L’opposition qui a été balayée n’est pas du tout celle que nous venons de dire, et qui n’était faite, pour finir, que d’une meute qui ne sait plus qu'aboyer à tous vents… La présidente l’a dit dès les tout premiers mots de son discours historique :
« L'un des esprits les plus courageux de notre époque, Andreï Sakharov - un homme tant admiré par ce Parlement - parlait toujours de sa foi inébranlable dans la force cachée de l'esprit humain. »
Il n’y a effectivement plus d’Union soviétique… Autant dire qu’en face des investisseurs… il n’y a plus rien d’organisé… Plus rien de pensé… Que de vagues jérémiades !...
Ainsi, tout ce que paraissait redouter le contenu même de la Loi fondamentale (1949) a été balayé… Les remises en cause fondamentales du système économique et politique élaboré par l’Allemagne fédérale dès les lendemains immédiats de la disparition d’Adolf Hitler ont complètement déserté les esprits d’une Europe travailleuse (ou en chômage) qui ne sait pas d’où elle vient… et qui se soucie fort peu de savoir où on l’entraîne… pourvu qu’on réponde pour elle à cette préoccupation que souligne l’héritière d’une Histoire allemande multiséculaire et, tout simplement, aristocratique :
« Les Européens souffrent encore. C'est une période de profonde anxiété pour des millions de citoyens qui s'inquiètent de la santé de leur famille, de l'avenir de leur emploi ou simplement de survivre jusqu'à la fin du mois. »
Vraie démocratie… Joli tableau… Ne les décevons surtout pas… N’allons pas transformer ces animaux domestiques en tigres !...
Et en langage bien anglo-saxon, voici que cela s’appelle NextGenerationEU…
Dans l’esprit des Européens et des Européennes qui ont encore des oreilles pour entendre, et des cerveaux pas trop rapetassés pour comprendre un peu ce qu’on veut bien leur dire, il n’est pas sûr que l’entreprenante Ursula von der Leyen ait suscité la moindre surprise en tenant ce langage tout de même un tout petit étonnant pour qui n’est pas allemand(e)…
Il paraît, en effet, que l’Europe nous aurait fait des… promesses… La première c’est... « D'être là pour ceux qui en ont besoin. » Et que les fins de mois soient un peu plus jouissives ?...
Non… Cela n’est bon que pour les Européens du sud…, ceux du Club Med…, les cigales. En Allemagne, c’est autre chose… Mais Ursula se garde de mettre cela sous le seul chapeau d'un pays dont elle était encore la ministre de la Défense quelques mois plus tôt…
« Grâce à notre économie sociale de marché sans égale, l'Europe est précisément à même de le faire. Il s'agit avant tout d'une économie humaine qui nous protège contre les grands risques de la vie – la maladie, les accidents de la vie, le chômage ou la pauvreté. Elle offre une stabilité et nous aide à mieux absorber les chocs. Elle crée des opportunités et de la prospérité en promouvant l'innovation, la croissance et des conditions de concurrence équitables. »
Première nouvelle !... C’est quoi, ça, l’ « économie sociale de marché » ?...
NB. J'ai déjà signalé le caractère très inquiétant de ce que la France vit depuis quelques décennies ici.
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