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USA-Europe : les divergences s’accentuent. Quelle sera la suite ?

Au moment où le monde multipolaire continue de s’imposer à divers endroits de la planète, devenant une réalité qu’il est aujourd’hui plus que difficile de nier, les divergences entre les partisans de l’unipolarité révolue ne font que s’accroitre, en premier lieu entre les USA et les principales puissances européennes.

Alors que les Etats-Unis s’attèlent de toutes leurs forces à maintenir leur domination mondiale, qui pourtant poursuit sa tendance à la baisse, ce désir de dominer s’étend largement à ses « alliés », en premier lieu européens. Au point de menacer par des sanctions non plus seulement ses adversaires géopolitiques et géoéconomiques – reconnus officiellement comme tels, comme la Chine et la Russie – mais également ses propres soutiens politico-diplomatiques-sécuritaires, en voulant frapper leurs intérêts économiques majeurs.

Dans ce paradigme, il est particulièrement intéressant d’observer les cas de l’Allemagne et de la France, des pays qui sont indiscutablement des leaders économiques au niveau de l’UE continentale. Les leaders de ces nations ont récemment tous les deux assez ouvertement critiqué certaines des politiques étasuniennes, tout en insistant sur la nécessité d’une politique plus souveraine et indépendante européenne.

Ainsi, en novembre 2019 le président français Emmanuel Macron, dans un entretien accordé au magazine britannique The Economist, est allé jusqu’à parler de « mort cérébrale de l’Otan ». Les autres points importants soulevés par le chef de la Cinquième République concernaient eux la nécessité pour l’Europe de gagner en autonomie dans le domaine de la sécurité et des questions stratégiques, ainsi que de reprendre le dialogue avec la Russie. Son de cloche semblable en partie dans les déclarations d’Angela Merkel qui parle du besoin de développer le potentiel militaire européen dans le contexte de « l’évolution » des relations avec les Etats-Unis. Toujours selon elle, alors que « l’attention des Etats-Unis sur l’Europe s’affaiblit, les Européens devraient donc assumer davantage de responsabilités ». Ceci étant dit, Merkel semble au contraire reconfirmer son ferme attachement à l’Otan, appelant par la même occasion à augmenter les dépenses des pays-membre de l’alliance, gardant ainsi une démarche toujours atlantiste.

Le souci maintenant c’est justement qu’il est tout simplement impossible de pouvoir parler d’une politique indépendante et souveraine de l’Europe, du moment que cela reste sous le parapluie otanesque. Sachant que l’Otan était, est et restera l’instrument par excellence des USA, non seulement dans le cadre des interventions néocoloniales – devenues tout de même plus difficiles à mettre en œuvre ayant en face la réalité multipolaire – mais aussi dans le but de maintenir la domination et le contrôle sur ses prétendus « alliés ». A ce titre, il serait erroné de parler d’un manque d’intérêt des Etats-Unis vis-à-vis de l’Europe, sachant que le désir de Washington de garder son pré-carré en terre européenne ne diminue aucunement. Et cela se traduit aussi bien par la présence militaire que la pression économique, sans oublier la volonté d’élargir fortement sa présence énergétique.

A ce titre, les sanctions récentes annoncées par l’establishment étasunien visant les compagnies européennes participant aux travaux du gazoduc Nord Stream 2, reliant la Russie à l’Allemagne, ne font que le confirmer pleinement. La question se devant d’être posée maintenant : les principales puissances européennes auront-elles le courage de dire à un moment stop à l’arrogance du grand frère outre-Atlantique, se permettant sans vergogne de frapper leurs intérêts économiques et énergétiques, sans parler même d’assumer leur souveraineté inexistante et inacceptable pour Washington ? Rien n’est moins sûr. Car si la Turquie d’Erdogan, elle aussi membre de l’Otan, a eu le courage de ne pas céder aux pressions US, notamment dans le cadre de l’acquisition du système russe S-400, assumant sa souveraineté et agissant conformément à ses propres intérêts nationaux, et s’affirmant par la même occasion comme une puissance régionale et internationale, rien ne présage encore pour le moment une telle capacité d’indépendance du côté de Berlin et de Paris. Faisant d’eux par la même occasion des sortes de périphéries de la politique internationale.

Les dernières actions en date, notamment vis-à-vis de l’Iran, le confirment pleinement aussi. Le tout au grand dam de leurs propres populations et cercles d’affaires, fatigués de subir le diktat du maitre étasunien, de même que les conséquences en termes de pertes économiques fortement importantes. La question reste la même : les élites ouest-européennes continentales sauront-elles, un jour, être à l’écoute des citoyens qu’elles sont censées représenter ? L’avenir nous le dira. Mais en attendant la réalité reste encore bien morose pour la souveraineté européenne.

Mikhail Gamandiy-Egorov

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1325


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4 réactions à cet article    


  • Jamais de la main gauche Jamais de la main gauche 22 janvier 2020 09:32

    L’empire craquelle de partout. Même ses plus fidèles vassaux s’opposent frontalement à lui concernant le prétendu génocide en Birmanie.


    • Jamais de la main gauche Jamais de la main gauche 22 janvier 2020 09:37

      @Jamais de la main gauche
      Pas de problèmes ! Trump est là pour faire passer la pillule façon « baroud d’honneur du patriotisme » qui s’éteindra de sa belle mort pour laisser la place au théâtre d’Océnia contre Eurasia contre Est-Asia.

      The show must go on !


    • Jamais de la main gauche Jamais de la main gauche 22 janvier 2020 10:10

      @Zozo canal histrionique
      Jean Robin ??? Cybercafé du Christ ??? Moorea ???


    • av88 av88 22 janvier 2020 11:00

      Cela fait 60 ans qu’on nous raconte cette fable, l’Union Européenne a été crée pour fait contre-poids aux USA.

      Ce n’est qu’une grosse blague, l’UE est génétiquement libérale (libre circulation des biens , des services, des personnes, des capitaux), et le libéralisme est d’origine anglo-saxonne.

      Tant que ce fonctionnement a été avantageux pour les USA, tout baignait.

      Mais actuellement les USA on un énorme déficit commercial avec l’Allemagne et l’homme d’affaire qu’est Trump ne l’accepte pas.

      Cet excédent commercial de l’Allemagne est dû à l’Euro qui est une monnaie sous-évaluée par rapport à ce que serait le Deutschemark.

      Donc Trump va tout faire pour que l’Allemagne revienne à sa monnaie nationale, quitte à faire exploser l’Euro.

      Une fois réélu, la FED arrêtera de sauver la Deutsches-Banque et la Société Générale via les prêts au jour le jour « REPO ».

      Et là, le système bancaire européen fera pschitt et fin de la zone Euro.

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Patrice Bravo

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