Utile défaite ?
Les deux principales faiblesses de la campagne du PS sont de n’avoir pas pris au sérieux les enjeux proprement européens du vote et de s’être situé dans un face à face réducteur avec la majorité, sans prendre toute la mesure des enjeux soulevés par la Crise.
L’autre grave erreur commise est de s’être situé au fond dans le même système de repères que Nicolas Sarkozy. Un plan de relance plus ou moins important, une relance de la consommation face à une relance par l’investissement, autant de questions qui certes ne sont pas oiseuses, mais qui situent le PS dans le même paradigme que la majorité présidentielle. Elles ne constituent pas une vraie rupture avec un modèle qui pourtant s’avoue presque en faillite (http://www.think-out.fr/Se
Comment faire pour que cette défaite soit utile ? Elle l’est déjà sans doute puisqu’elle va porter à Strasbourg des députés qui auront à cœur de continuer à construire l’Europe et qui seront porteurs d’une vision qui, si elle n’est pas strictement socialiste, reste porteuse de progrès. Elle le sera plus encore si le Parti en tire toutes les leçons. Trois apparaissent centrales.
Si l’unité est un bien précieux, elle ne doit pas être confondue avec l’uniformisation. Peu de militants continueront de distribuer des tracts et de répandre des discours (pas toujours aussi clairvoyants que l’imaginent ceux qui les écrivent à Solferino) au son du « je ne veux voir qu’une seule tête » et il y a lieu de réinventer un parti de citoyens, ni raides militants, ni supporters dévots, et moins attirés par les places et les mandats que par le désir de jouer un rôle, à leur place, dans l’espace social qui est au fond le véritable espace politique.
Le PS doit désormais moins « rassembler autour de lui » les autres tendances progressistes (quelle arrogance ce serait !) que d’instaurer un véritable dialogue avec les écologistes, les autres partis de gauche et le modem quand il se sera réveillé de son knock-down. Un peu d’humilité face aux autres forces de progrès lui évitera de se retrouver humilié à nouveau. Dans cette optique, la tenue de primaires ouvertes, dans la perspective présidentielle, est le seul moyen pour le PS de démontrer qu’il est capable de changer et de porter à sa tête ou à la tête de la Gauche, de manière démocratique, un leader capable de constituer une alternative à un hyper-président qui aujourd’hui ne doit pas envisager avec beaucoup de craintes son deuxième mandat.
Enfin, face à une crise qui voit même les pires des sectateurs de Milton Friedman évoquer à nouveau la figure de Keynes et vanter le rôle de l’État, il s’agit pour le Parti Socialiste d’inventer sa façon à lui de penser en dehors du cadre imposé par l’UMP. Le modèle socialiste français s’est usé comme la social-démocratie allemande et s’est compromis comme le blairisme. Il faut le réinventer de fond en comble en tenant compte bien sûr de la question de la justice sociale qui doit demeurer au centre, mais sans oublier celle d’un monde que nous ne faisons qu’emprunter aux générations futures et dans lequel, les souverainetés locales étant appelées à devenir de plus en plus illusoires, le seul horizon démocratique viable reste bien celui de l’Europe.
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