Vacances mon cul
Besoin de vacances ?
Ouais, ouais, sans doute...

On dit que les vacances sont propices au repos et à la réflexion. Sur soi, son avenir, ses projets. Une ellipse dans notre quotidien surchargé pour prendre un peu de recul, un recul nécessaire à l’observation attentive de notre façon d’appréhender la vie. Un bien nécessaire en somme (et le somme pendant les vacances, c’est pas un vain mot).
Mais bon, c’est vrai qu’on dit quand même pas mal de conneries.
Perso, je trouve que les vacances c’est propice à rien du tout et c’est bien le principe. Tu prends ton slip de bain et tes lunettes de soleil, tu mets tout ça dans la valise (en oubliant donc ta serviette de plage et ta crème solaire) et puis basta. Tu laisses derrière toi un grand vide, un chat mort de faim et mécontent, une pile de courriers que tu ouvriras un jour prochain et toute la merde que tu n’as pas traitée et qui va te revenir en pleine gueule à la rentrée (la merde a une forme de boomerang, c’est bien connu).
Car, oui, ce sont les mêmes merdes qui reviennent tous les ans – comme la chute des feuilles en automnes et la plongée des seins féminins en fin de vie –, ces merdes qu’on n’a jamais eu la moindre intention de gérer même si on fait comme si – un peu comme les Etats n’ont jamais eu l’intention de rembourser leur dette. Ah c’est sûr que s’il existait une chirurgie esthétique des projets foireux qu’on met habituellement sous le tapis, on s’emmerderait pas à chercher un tapis. Mais voilà, ça n’existe pas. Alors, tu traînes tout ça avec toi et une fois dans l’année – ou deux, voire trois, pour les plus riches – on oublie tout.
L’oubli nécessaire
On croit qu’un chat est heureux parce qu’il a une vie de rêve – contrairement au chien qui a toujours un connard attaché au bout de sa laisse qui lui ramasse ses crottes (bonjour l’humiliation) – du fait qu’on le nourrit, qu’on le caresse, qu’on s’occupe de lui avec amour (tout ça pour qu’il fasse la gueule 50% du temps et dorme l’autre moitié en plus). Eh ben, pas du tout. Le chat est heureux parce qu’il ne branle rien et qu’il s’en fout. S’il baille c’est qu’il sait qu’il n’y a rien de mieux à faire. S’il se lèche le cul, c’est parce qu’il a pas de chef à qui il doit lécher le sien. Il est son propre maître quoi que vous en pensiez. Vous me rétorquerez qu’il aurait bien du mal à se nourrir seul cet abruti. C’est pas faux, mais s’il crève de faim, c’est vous qui allez culpabiliser (et il aura encore gagné).
Bref, je sais pas pourquoi je parle de chat (sans doute parce que le mien me manque, snif) mais je voulais signifier que l’oubli est la pierre angulaire du bonheur. Une fois que vous aurez oublié la raison pour laquelle vous étiez triste, vous allez sourire. Et comme le sourire est communicatif, vous allez sourire de sourire. Le sourire marche sur soi-même, ce qui n’est pas le cas du guili-guili.
C’est donc bien l’utilité première des vacances : ne rien branler et oublier la raison pour laquelle vous aviez besoin de partir.
Mais encore ?
Une fois que vous aurez atteint votre destination (note : essayez d’oublier après avoir débarqué sinon l’éventualité que vous vous êtes gouré de destination est à prendre en considération), quelques règles s’imposent.
Tout d’abord, il est essentiel d’être totalement déconnecté. Préférez ainsi les vacances seul – afin que votre femme évite de vous rappeler tous les jours par sa présence la vie de couple misérable que vous subissez jour après jour (et puis comme ça, ça lui laissera le temps de trouver un amant, situation Win-Win comme on dit chez les consultants à cravate). Choisissez aussi un endroit où votre téléphone ne capte pas (partez à l’étranger et ne prenez pas cette option chez votre opérateur par exemple).
Ensuite, il me semble inenvisageable de partir moins de 3 semaines. Sinon, on peut légitimement se demander à quoi auraient servi les 35 heures (bordel). En effet, notre corps (et principalement notre système nerveux) a besoin de quelques jours pour se détendre – même si l’alcool peut accélérer le processus – donc il serait con de revenir au moment où vous commencez à vous libérer (et où vous avez enfin trouver le courage de draguer votre voisine de camping).
En parlant d’alcool, c’est aussi un élément essentiel sur lequel il ne faut pas transiger. Il est absolument vital (si je puis dire) de fonctionner avec un taux d’alcoolémie minimal sous lequel il ne serait pas bon de descendre (sous peine de vous rendre compte que vous êtes en train de vous taper votre voisine de camping qui a 16 ans – et sans préservatif en plus (c’est bien, vous avez vraiment tout oublié)). Ainsi, il faudra toujours conserver, dans un endroit secret et connu de vous seul, une bouteille de Jack et quelques glaçons (pour faire passer le coca).
Enfin, et c’est le plus important, il est important de retrouver l’usage de votre corps trop délaissé par votre vie urbaine de cadre afféré. Ainsi, une fois que vous vous serez tapé votre voisine mineure, tapez-vous sa mère et répétez l’opération dans l’ordre que vous voudrez jusqu’à épuisement des stocks d’énergie. Il est bon, en effet, dans une société dominée par l’esprit de se laisser aller à quelques pulsions animales sans culpabiliser (rappelez-vous : votre femme est loin et, elle aussi, s’amuse).
Si tout va bien, vous reviendrez donc cocu, avec un foie en stade terminal de cirrhose et sans emploi (comme vous n’aurez pas écouté les 15 messages urgents que votre chef vous aura laissé pendant ses vacances à lui, ce gros con).
Un nouveau départ sera alors possible (après une greffe du foie).
Voilà, voilà. Inutile de me remercier, c’est normal de faire profiter les autres de mon expérience.
Alors moi je dis : profitez bien de vos vacances les ptits loups, parce que quand vous allez revenir, ça va pas être drôle.
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