Vae victis, DSK
Malheur aux vaincus. Hier adulé, DSK est un aujourd'hui un homme piétiné par tous ceux, et ils sont nombreux qui hier lui tressaient des lauriers, Nouvel Observateur en tête. Cela fait d'autant plus mal quand cela vient de son propre camp et de ceux qui veulent incarner les biens-pensants. Ceux qui connaissaient la vie débridée de DSK depuis des lustres sans jamais l'évoquer dans leurs colonnes par peur d'altérer leur avenir en s'attaquant à un homme promis aux plus hautes fonctions. Une fois à terre, tout serait permis. Non. Quels que soient les errements passés et privés de DSK, cela n'autorise pas à dire ou à écrire n'importe quoi, encore moins d'en faire l'apologie.
Il parait que c'est un livre, une œuvre littéraire : "Belle et Bête" (Stock). Cent vingt pages écrites par celle qui fût pendant sept mois la maîtresse de DSK de janvier à juillet 2012.
Dans cet exercice d'exhibitionnisme écrit, Marcela Iacub, en manque sans doute de notoriété, se distingue par le côté "animal" qu'elle attribue à son ex partenaire. Le mot "cochon", quand ce n'est pas "roi des porcs", est ainsi utilisé comme pseudonyme de l'ancien ministre. Illustration avec un court passage : "Seul un cochon peut trouver normal qu'une misérable immigrée africaine lui taille une pipe sans aucune contrepartie, juste pour lui faire plaisir, juste pour rendre un humble hommage à sa puissance."
Loin d'y voir une dégradation de la personne de DSK, le Nouvel Observateur s'émerveille de la "puissance littéraire" de l'ouvrage. Pour Laurent Joffrin, le patron de la rédaction de l'hebdomadaire, "C'est l'un des meilleurs bouquins sur DSK. Une interprétation intelligente, certes crue mais aussi philosophique, du personnage, de son côté animal, le plus transgressif et le plus intéressant. Il existe une licence pour les écrivains qui racontent des choses intimes.
La caricature des individus en bêtes plus ou moins immondes est pourtant une vieille ficelle vendeuse qui renvoie aux périodes les plus sombres de notre histoire. A juste titre, DSK dénonce une atteinte méprisable à sa vie privée et la dignité humaine. Ce dernier point est sans aucun doute le plus problématique.
Dans un courrier adressé à Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur, l'ancien patron du FMI fait part de son double dégoût. A l'égard d'une ancienne maîtresse qui sombre selon lui, "dans une exploitation financière d'une ancienne relation fantasmée" mais surtout, d'un dégoût plus grand vis-à-vis du Nouvel Observateur.
Un hebdomadaire qui, écrit DSK, "inquiet de perdre des lecteurs, et on comprend pourquoi, imagine son salut en s'avilissant dans une publication commerciale et crapoteuse que l'on croyait réservée à la presse de caniveau".
Et Dominique Strauss Kahn de conclure sur un sentiment largement partagé. "L'ancien grand journal de la conscience de la gauche vient de sombrer dans une opération qui donne la nausée."
Crédit photo : Wikipédia
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