Vague d’attentats terroristes en Europe : quand la stratégie de la tension sert l’impérialisme
Alors qu’une nouvelle vague d’attentats terroristes s’abat sur l’Europe, servant immédiatement à justifier d’une dangereuse et fascisante escalade autoritaire présentée comme sécuritaire, personne ne doit oublier les leçons des précédentes vagues d’attentats terroristes qui ont frappé l’Europe en Italie, en Allemagne, en Belgique dans les années 70 et 80, ni oublier alors que les médias sont aujourd’hui si prompts à assimiler attentat terroriste et gauche radicale que nombre des attentats les plus sanglants des dernières décennies en europe ont été commis par l’extrême droite.
22 juillet 2011 : l’attentat d’Oslo et le terrorisme d’extrême droite
Le 22 juillet 2011 un attentat à la bombe tue 8 personnes et en blesse une quinzaine. 2 heures plus tard, un homme en uniforme de la police ouvre le feu sur un rassemblement de la ligue des jeunes travaillistes se tenant sur l’ile d’Utøya tout près d’Oslo. Tuant 68 jeunes et en blessant des dizaines d’autres. La police mettra plus d’une heure à intervenir.
Un groupe islamiste se dépêche de revendiquer l’attaque. Mais la police arrête Anders Breivik un militant d’extrême droite, violemment anticommuniste. Peu de temps avant l’attaque, il avait publié un volumineux manifeste sur internet dénonçant les « marxiste culturel ». Triste démonstration qu’en Europe occidentale, l’anticommunisme continue de tuer.
Terrorisme : OTAN, réseaux Stay Behind et stratégie de la tension.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis à travers l’OTAN créent des réseaux secrets destinés à la lutte anti communiste, à la fois en cas de guerre, mais également pour contrer la très forte influence – croissante – des partis communistes en Europe occidentale. Seules l’Italie, la Suisse et la Belgique ont créé des commissions d’enquête à ce sujet dans les années 1990 : les actions menées par ces réseaux demeurent donc aujourd’hui mal connues, et ce d’autant plus qu’elles ont été menées hors de tout contrôle institutionnel, et que les documents les concernant demeurent donc toujours classifiés sous secret défense.
Pourtant il est désormais établis que ces réseaux ont été développés dans la plupart des pays européens : Gladio en Italie, Schwert en Allemagne ou en Autriche, Lochos Oreinon Katadromon en Grèce, P25-P26 et P27 en Suisse, réseau Contre Guerrilla au sein de l’organisation fasciste des Loup Gris en Turquie, SDRA 8 et STC/MOB en Belgique,
Les manuels de l’OTAN sont très clairs sur les méthodes et les objectifs des réseaux stay behind :
« Il y aura des moments où les gouvernements montreront de la passivité face au danger communiste…
Dans ces cas, les agents américains doivent pouvour lancer des opérations spéciales pour convaincre ces gouvernements et leurs opinion spubliques du dangers communistes »
On ne peut faire plus clair.
Voici quelques attentats qui sont liés ou pourraient être liés aux résaux stay behind de l’OTAN
- Attentat contre la gare de Bologne : , à 10 h 25 une bombe explose dans la salle d’attente des 2e classe de la gare de bologne. Tuant 85 personnes et faisant 200 blessés.
Immédiatement après l’explosion qui a presque totalement détruit la gare, le gouvernement de Francesco Cossiga attribue l’explosion à la défaillance d’une chaudière à gaz,
Des membres d’un groupe d’extrême droite, le grand-maître de la loge maçonnique Propaganda Due, et deux officiers des services secrets militaires italiens furent condamnés pour l’attentat.
Des tentatives d’obstruction à l’enquête de la part de certaines officines, dont la loge P2, ainsi que des témoignages, ont suscité l’hypothèse d’une implication de l’organisation Gladio dans l’attentat, dans le cadre d’une stratégie de la tension élaborée par les États-Unis et le Royaume-Uni via l’OTAN. - L’attentat suicide de l’Oktoberfest du a été perpétré par Gundolf Köhler, un terroriste d’extrême droite allemand
La bombe placée au niveau de l’entrée principale de la fête a fait 13 morts et 211 blessés, dont 68 graves. C’est l’attentat le plus meurtrier de la période d’après-guerre en Allemagne. L’enquête a conclu que le terroriste avait agi seul, mais cette version fait débat et des demandes afin de rouvrir l’enquête ont été faites plusieurs fois, notamment en raison de soupçon d’un lien avec les réseaux Stay Behind de l’OTAN. En Juin 2009 des parlementaires allemands posent 48 questions au gouvernement sur ces liens. En s’appuyant notamment sur les enquètes menées par les services secrets est allemand à l’époque. Le gouvernement refuse de réponde en s’abritant derrière le secret défense.
Le journaliste allemand, spécialiste de cet attentat, Ulrich Chaussy dénonce les conclusions de l’enquête policière menée à l’époque comme une manipulation. Un an après l’attentat, la police allemande enquête sur les liens entre l’extrême droite allemande et un vaste réseaux de cache d’armes dont s’occupait un homme Lemke qui semble avoir été lié au réseau Stay Behind allemand. Ce militant d’extrême droite menace de révéler toute l’histoire. Lorsque les avocats des victimes de Munich ont été le voir, il a été retrouvé pendu dans sa cellule. Selon l’historien Eric Schmidt Eenboon des service secret allemand, les explosifs utilisés dans l’attaque proviendraient de l’armée allemande. La ministre allemande de la justice entre 1988 et 1992 Herta Daübler Gmelin elle indique qu’à l’époque elle a sans cesse mis en avant les incohérences de l’enquête. « Je disais qu’il fallait se pencher avec les groupes d’extrême droite, enquéter sur les liens avec l’étranger et les services secrets. Pourtant nous savons aujourd’hui que pendant la guerre froide, tous les services secrets ont fait des choses abominables ». - Vagues d’attentat de l’OAS en France :
Selon un article publié le 6 avril 1992 dans le journal américain The Nation, l’amiral Pierre Lacoste, qui dirigea les services secrets militaires de 1982 à 1985, indiqua après le dévoilement en 1990 du réseau italien Gladio que certaines « actions terroristes » dirigées contre de Gaulle et son plan pour mettre fin à la guerre d’Algérie avaient été le fait de groupes incluant « un nombre limité de personnes » appartenant aux réseaux Stay-behind français.
L’OAS est responsable de l’attentat du 18 juin 1961, une bombe posée sous le train Strasbourg-Paris à hauteur de Vitry-le-François le fait dérailler (28 morts et 170 blessés). L’attentat le plus meurtrier en France après celui du 13 novembre 2015. L’enquête sera totalement étouffée, malgré la mobilisation du parti communiste pour défendre les victimes.
3 septembre 1961 : Attentat à la bombe de l’OAS contre les locaux de Témoignage chrétien, à Paris
4 janvier 1962 : attaque à Paris par l’OAS du siège du Parti communiste
7 février 1962 : plusieurs attentats à la bombe par l’OAS sont menés en région parisienne.dix charges plastiques explosent au domicile de diverses personnalités : deux professeurs de droit, Roger Pinto et Georges Vedel, deux journalistes, Serge Bromberger, du Figaro, et Vladimir Pozner, blessé grièvement, deux officiers, le sénateur communiste Raymond Guyot dont la femme est blessée. Un dernier attentat qui vise André Malraux défigure une fillette de 4 ans, Delphine Renard Le lendemain, une manifestation visant à dénoncer les actions de l’OAS débouche sur la sanglante répression par la police à la station de métro Charonne. Les violences policière tuent 9 militants de la CGT et du parti communiste.
Selon l’historien américain Rudolph J. Rummel l’OAS aurait fait plus de 12500 victimes 12 000 civils et 500 membres des forces de l’ordre - Tueries du Brabant : de 1982 à 1985 une série d’attaques contre des magasins cause la mort de 28 personnes les 3 attaques de 1985 sont les plus meurtrières. Les terroristes n’ont jamais été arrêtés. Ces tueries et la psychose qu’elles génèrent donnent lieu à un renforcement des pouvoirs policiers. Selon la presse belges, les Tueries du Brabant pourraient avoir des liens avec les réseaux stay behind belges des SDRA8, via le groupe néo nazi Westland New Post qui pourrait être relié via son chef Latinus aux services secrets américains (DIA). La police belge retrouvera notamment des documents de l’OTAN chez des militants du WNP. Guy Bouten
En 2014, un témoignage vient corroborer la thèse d’un lien entre les attentats et les réseaux Stay Behind de l’OTAN . C’est celui d’Eric Lammers receuilli par la RTBF. Eric Lammers avait 20 ans en 1980 et il affirme avoir fait partie d’une organisation qui avait prévu d’attaquer les grands magasins. Dans les années 1980 il a fait partie du « WNP » dont certains membres ont été formés comme lui pour tuer sur ordre. Eric Lammers a confié à la RTBF comment tout cela était organisé : « On nous faisait d’ailleurs faire de fausses missions. On ne nous le révélait qu’à la dernière phase de l’exercice. On nous apprenait à organiser un meurtre de façon à ce qu’il ressemble à un suicide ou à ce qu’on ne laisse pas de traces ». Ce groupe aurait eu à son actif peu avant les tueries le repérage des entrées et sorties de grands magasins. Une préparation aux attaques de 85. Eric Lammers dit ne pas avoir fait parti des commandos menant les attaques : « Il y allait avoir fusillade, il fallait vérifier par où venaient les polices et quels étaient les meilleures itinéraires de fuite. une description des lieux, des bâtiments et des angles. Après coup je m’aperçois que Delhaize, Colruyt qui sont surveillés, c’est justement cela qui se fait attaquer lors du Brabant wallon par après… » . Elève de l’école royale militaire Erics Lammers indique être entré dans ce groupe secret en pensant travailler au service de l’État. Pour lutter contre le danger communiste. Aujourd’hui il pense avoir été berné et manipulé : « On reçoit un papier anonyme avec un code émanant d’une autorité qu’on ne connait pas. Seulement le groupe aurait pas fonctionné si il y avait pas eu un représentant officiel de l’Etat dans le système… Et bon, vous avez 20 ans vous vous sentez tout-à-fait protégé et sur de vous quoi… et vous travaillez pour le bon camp ».
https://www.rtbf.be/video/detail_tueries-du-brabant-la-piste-de-l-extreme-droite?id=1965144 -
Affaire des poseurs de bombe aux Luxembourg dans les années 1980 : une série de 20 attentats terroristes à la bombe frappent le Grand-duché de Luxembourg durant les années 1980. En février 2013, deux anciens membres de la brigade mobile de la gendarmerie, un groupe d’élite de la gendarmerie luxembourgeoise, sont accusés d’avoir participé aux attentats. L’implication éventuelle de réseaux stay-behind au nom d’une stratégie de la tension a été évoquée par les avocats de ces personnes. La révélation de l’affaire a notamment contribué à la démission du premier ministre de l’époque Jean Claude Juncker, devenu depuis président de la commission européenne.
- Turquie : le massacre de la place Taksim : le 1er mai 1977 des snipers tire sur une foule de 500 000 personnes rassemblées place Taksim à Istambul, faisant 38 morts et des centaines de blessés. L’ancien premier ministre Bülent Ecevit affirme qu’il a pour la première fois appris l’existence de Gladio en 1974 et il attribue à « Contre-Guérilla » la responsable du massacre de la place Taksim à Istanbul
22 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON