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Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples (Charles de Gaulle)

Avec cette formule célèbre insérée dans ses Mémoires de Guerre, Charles de Gaulle résume une surprise qui le remet en question.

C’est l’époque de la Libération à Paris (1944) mais aussi de la fin peu glorieuse (1945) de la présence militaire française en Syrie et au Liban amorcée avec le dépeçage de l’Empire Ottoman organisé en 1918 par Londres et Paris. Et de bien pire en Algérie.

Cette formule est d’autant plus célèbre qu’elle indique un réflexe répétitif des élites parisiennes en regard de l’Orient. 

Son aspect le plus caricatural, et encore inexpliqué, réside dans l’incapacité en 1870, 1914 et 1939 à prévoir la trouée allemande de Sedan pour s’emparer de Paris.

Sedan, c’est l’Orient proche, l’Est français. Du point de vue parisien. C’est le lieu où on est occis.

Ce travers est d’autant plus étrange que la marche vers l’Est confine l’esprit parisien, voulu laïque et rationnel depuis le début du 20e siècle, à une orientation qui est à l’origine religieuse de tout ce qui explique l’Europe depuis plus de 2000 ans

Des croisés sans croix

La projection parisienne vers l’Orient se veut objective et neutre. La République, issue du christianisme au 18e siècle, a rompu son cordon ombilical, avec moult textes et cérémonies. Elle est libre, égalitaire et fraternelle. Fraternelle, seul adjectif qui la relie aux fraternités religieuses chrétiennes.

Sororial est un mot que la République n’intègre pas, malgré Émile Littré.

La chose publique (res publica) est issue à Paris de la seule volonté des hommes qui, en France, se donnent une image changeante et séduisante, issue de la Vierge Marie, dévoilée pour la circonstance, dans sa version romantique issue de la mythologie grecque, christianisée par Lamartine.

Ce prénom familier, issu de la fusion de deux autres prénoms féminins, les plus répandus à la fin du 18e siècle, en devient le nom républicain commun de Marianne, l’improbable « mère-patrie ».

En statuaire obligatoire, dotée d’un buste avantageux, dans toutes les mairies de France.

Le Voyage en Orient, inauguré par le Corse Buonaparte instille à Paris l’aventure romantique absolue que Lamartine et de Nerval illustrent avec éclat. L’Italie est dépassée.

La Grèce prend le relais, au cœur du combat qui s’étend vite aux orthodoxes d’Orient alors prépondérants. Et aujourd’hui réduits à l’état de traces.

Le sultan de l’époque était très tolérant et donnait même à Lamartine des terres où s’installer, lui qui venait de diriger une révolution à Paris en 1848.

Avec Lamartine, c’est le sommet génial du christianisme qui se brûle au contact des feux de sa construction orientale. Après, la régression occidentale ne connaît plus de fins, seulement des moyens.

La peur de sa construction de l’Orient s’instille peu à peu dans une Europe soudain ravagée par deux massacres de masse sur son territoire entre 1914 et 1945. L’Orient n’y est pour rien.

Aujourd’hui, comment peut-elle se croire exemplaire pour le reste du monde après cela ? Une mentalité étrange de croisés sans croix en surgit. Un automate qui hurle : Europa ! Une princesse de Phrygie turque.

La régression continue

Entre Alphonse de Lamartine et Charles de Gaulle, Paris s’est livrée aux idées courtes et simples. La guerre 14-18 a fauché les têtes qui dépassaient. Le reste a pensé en petit groupe fermé.

Les intellectuels, produits des journaux à grand tirage, ont comblé le vide spirituel de leurs angoisses informes. Les intellectuels sont des gens qui s’abreuvent d’injures dans les médias.

Les armées de Paris et de Londres trahissaient les Arabes de Lawrence, ceux qui les avaient aidés à vaincre les Turcs alliés de Berlin. Pour eux, un nouveau joug colonial remplaçait celui d’Istanbul. Pire.

Source de sagesse romantique pour Alphonse, l’Orient n’était qu’une vile colonie pour Charles. La réalité du Liban et de la Syrie a modifié son point de vue en peu de temps.

Le temps de voir ces deux pays devenir indépendants de la France en 1946 sous forme de deux républiques jalouses de leurs prérogatives.

L’Orient change alors de signification pour l’Occident. L’Orient devient purement et simplement une menace.

La création et la défense de l’État d’Israël explique cela. Ce dernier devient une pointe avancée de l’Occident en Orient qui succède à la colonie britannique de Palestine.

L’Europe Centrale se dédouane de son antisémitisme criminel en y favorisant l’émigration de ses citoyens juifs rescapés de ses massacres les mieux organisés de son histoire.

Comme les anciennes colonies arabes de l’Europe se soulèvent pour obtenir leur indépendance, la France républicaine ne trouve rien de mieux que de s’accrocher à la seule population européenne de colons, en dehors d’Israël, en Algérie.

Celle-ci refuse le partage du pouvoir avec la majorité arabe. La France gagne la guerre mais refuse de voir se créer un État indépendant franco-arabe à fort potentiel de rivalité en Méditerranée. La majorité arabe se venge de plus d’un siècle de soumission.

C’est le sinistre épisode des « rapatriés » qui commence dans des combats fratricides continus. Cinq ans plus tard, encouragés par cette réussite, tous les États arabes tentent de détruire Israël pour une deuxième fois après 1948.

En six jours, ils sont battus par Tsahal alors secondée par la France qui cède ensuite la place aux États-Unis. Charles de Gaulle, de retour au pouvoir depuis 10 ans, se laisse aller à des rêveries orientalistes malvenues. Sur le tard.

Alors que l’Algérie devrait mobiliser toutes les attentions de Paris pour fins de réconciliation, voilà que c’est l’Irak qui attise les passions parisiennes à travers le calife pseudo-laïque de Bagdad, Saddam Hussein.

Le marché de l’armement rend fou le gratin politique issu de l’ENA. La régression semble ne pas pouvoir aller plus loin. Après il s’agit de l’annihiler l’espèce par l’atome. On est proche.

Pourtant l’alliance française avec le Maghreb aurait été plus naturelle depuis que l’idée en a été formalisée par Napoléon le petit, le troisième, celui qui voulait favoriser une immigration arabe en France et française en Algérie. En France, l’Islam se serait ajoutée au christianisme et au judaïsme sans plus d’animosité qu’entre ces religions ou à l’intérieur d’elles.

Un déversoir d’armes et de pétrole

La prise en main de l’Orient par les États-Unis ne trouve que le pétrole comme mode de justification. Avec cette idée aussi simple qu’écrasante, Washington prend l’Arabie par le sous-sol en lui permettant de garder intact le décor de surface.

Les femmes de Turquie ont le droit de voter en 1934. Dix ans avant celles de France. En Arabie, elles attendent encore.

Tout le monde suit, hélas, la volonté de Dallas. Chacun se croit protégé par la distance et les frontières. Or, la peur circule surtout par les médias.

À défaut d’une fédération franco-algérienne, Charles de Gaulle a été contraint de se lier à la puissance qui a détruit la France : l’Allemagne. Pourquoi ? Parce que Washington le voulait. La frivolité française ne peut être contrôlée que par la méticulosité prussienne. Et les germanophiles sont nombreux dans la bureaucratie fédérale américaine.

Une France puissante en Afrique n’est pas bien vue aux États-Unis. Total en sait quelque chose. C’est ce qui fait la faiblesse de la France et de l’Afrique.

Au lieu de renforcer les États francophones d’Afrique, avec le Canada qui y est très bien vu, Paris, sous tous les gouvernements, est intoxiqué au pétrole d’Arabie et du Golfe.

Pétrole contre armements. Tristement.

La langue arabe est la langue seconde en France dans la population. Elle n’est qu’à peine enseignée dans les lycées.

Pourtant que seraient les avions d’Airbus, surtout du type 380, et les Rafales, sans les commandes arabes ? Et même les Mistrals, sans l’Égypte qui reprend, de plus, les navires de Moscou. Avec l’argent de qui ?

Du pétrole de Ryad. Qui, en fait, arrose surtout les fabricants d’armes de Londres et de Washington. Du pétrole du seul pays au monde qui refuse le droit de vote aux femmes.

Il faut en finir avec le carbone en énergie. Surtout avec le pétrole. Voilà une perspective qui permettrait de revenir à la civilisation pacifiée qui était celle de l’humanité au début du 20e siècle.

Tout était voulu électrique dans les grandes villes américaines comme Chicago avant la Première guerre mondiale. La compagnie Tesla, aux USA ; Bolloré en France, sont des pionniers de ce retour au passé bienveillant avec aussi les véhicules hybrides pour la transition, fabriqués au Japon.

Les énergies renouvelables mettront fin au torrent pétrolier qui arme les pouvoirs les plus nuisibles. Espérons.

La parenthèse nucléaire

Sortir du carbone a poussé la France vers le nucléaire. Par erreur. Et manque d’imagination. Le nucléaire chauffe des turbines à vapeur. C’est une erreur. Régression oblige. La France avait une filière autonome. Elle s’est vendue aux États-Unis. Comme le Japon qui en meurt. Double erreur.

Le nucléaire français est le fruit d’une coopération avec les savants proches d’Israël au cours des années 50. L’idée partagée de ne pas dépendre des États-Unis en est la cause.

Et finalement, aussi bien pour la France que pour Israël, les États-Unis ont réussi à se subordonner ces efforts.

L’Allemagne a décidé de trancher en renonçant à cette filière sans avenir. Elle a pourtant produit les savants germanophones qui ont compris le nucléaire. Elle y renonce donc en toute connaissance de cause.

Suite à cette double erreur, la France va passer de la dépendance américaine à celle de la Chine. Peu glorieux. L’EPR sera chinois ou ne sera pas.

Renoncer à cette filière techniquement absurde ne peut que sauver l’humanité de graves dangers. Bien plus graves que le carbone et le réchauffement constaté qu’il entraîne.

Or, c’est en Orient que le nucléaire fait fureur. En Israël d’abord pour l’armement.

Au Pakistan ensuite, comme objectif de pillage des talibans. Ou d’achat comptant des wahabites de Ryad qui les manipulent.

Le nucléaire dans l’armement est un crime contre l’humanité qu’Andréï Sakharov, en faisant exploser la bombe thermonucléaire, Tsar, la plus puissante jamais réalisée, en 1961, a fini par constater au Nord de la Russie.

Grâce à lui, il n’y a plus d’expériences folles dans l’atmosphère. Mais, il y a eu ensuite Three Mile Island, Chernobyl et Fukushima (entre autres).

L’Iran a fort justement renoncé au nucléaire militaire. C’est maintenant au tour de tous les États membres permanents du « Conseil de sécurité » de le faire. Et aussi de l’Inde, du Pakistan et d’Israël. L’Orient est complexe.

Ainsi, se fermera, le plus vite possible selon le souhait de Barack Obama, la parenthèse nucléaire. Et cela ne pourra engendrer que la fin de cette technologie absurde qui pollue la vie humaine pour l’éternité.

Alfred Nobel avait eu la décence de créer une liste de Prix pour encourager les découvertes vitales afin de compenser sa culpabilité d’avoir fait fortune avec l’explosif le plus puissant au début du 20e siècle, la nitroglycérine.

Ceux qui s’en sont inspirés pour fabriquer la bombe atomique aux USA n’ont jamais éprouvé de tels regrets. Pire encore, ils se sont vantés d’avoir permis la fin de toutes les guerres.

Alors que Washington, en aout 1945, a vaporisé les civils d’Hiroshima et de Nagasaki pour montrer aux Russes, prêts à débarquer au Japon par le Nord, de quoi ils étaient capables.

Ceux-ci ont compris. Ils ont fabriqué les fusées qui rendaient impossible la réédition d’un tel crime sur leurs propres villes sans entrainer ipso-facto la destruction des États-Unis. C’était le signal émis par le premier Spoutnik en 1957.

Depuis, nous vison sous le règne de l’équilibre de la terreur. Mettre le nucléaire sous parenthèse évitera de faire de même pour l’humanité.

Orient et Occident

L’Occident signifie le déclin. Le Soleil est occis. Il se couche. Il meurt. Pour renaître le lendemain à l’Orient. Orient signifie l’élévation. En ce sens, parler de « civilisation occidentale » est une ineptie.

La course vers l’Ouest résulte au 16e siècle de la volonté de s’enrichir vite en Inde dont l’accès est bloqué aux Chrétiens d’Europe par le monde musulman suite à la défaite des Croisades.

Les expéditions maritimes européennes vers l’Ouest sont motivées par l’amour de la richesse. America, c’est aimer la richesse. Et prendre tous les moyens pour l’obtenir.

Christophe Colomb se pensait faussement en Inde conquise par l’Ouest. Amerigo Vespucci se pensait sur un nouveau continent sans défenses.

Un obscur cartographe de Saint-Dié a pris son prénom pour en désigner la civilisation obnubilée par l’argent. C’est ainsi qu’est née l’Amérique.

Celle du pillage de l’or des Aztèques et des Incas. Et de la mise en esclavage de tout le continent. Pour imiter ce que les musulmans avaient fait de l’Afrique en prenant exemple sur l’Empire romain. Régression totale.

L’Orient, construction tardive de ceux qui prêchent les vertus des chrétiens de l’Atlantique, résulte de la résistance de l’Occident face à son expansion guerrière originelle du 8e siècle.

L’Orient est le nom d’un immense territoire continental, source de toutes les cultures qui ont succédé à Rome autour de la Méditerranée en se prolongeant jusqu’au Pacifique.

L’Orient compliqué, bien plus que ce qu’en pensait Charles de Gaulle, est redevenu le moteur du monde grâce à la Chine..

Si être occis n’entraine pas grande explication, s’élever est un mystère pour chaque génération qui cherche son orientation.

Et puis, que peut prétendre enseigner l’Occident à l’Orient. La chrétienté ? Cette religion venue aussi d’Orient !

La science ? Alors que les algorithmes viennent d’Inde en passant par Bagdad ?

Tout se résume en un choix : courir vers le lieu d’apparition du Soleil ou bien courir vers son lieu de disparition.

Avec les satellites artificiels, on peut choisir de rester toujours au Soleil ou bien d’être toujours à l’ombre. On y perd le sens de l’orientation de manière très compliquée.

Washington et Moscou, peuvent s'entendre pour construire un Orient plus simple. En insérant Israël dans une nouvelle configuration régionale. C'est comme reconstruire une mécanique en y replaçant des ressorts expulsés. Tout peut exploser avant la dernière pièce remise en place. Palmyre montre ce qui se passerait à une petite échelle. La fuite massive de millions de réfugiés montre qu'on s'attend au pire. Comme tous ceux qui interviennent de l'extérieur sont comme Charles de Gaulle, en avion et muni d'idées simplistes, le pessimisme le plus noir est de mise car plus personne ne peut s'expliquer ce qui se passe.


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5 réactions à cet article    


  • non667 22 octobre 2015 13:48

    j’ai rien compris !


    • soi même 22 octobre 2015 14:02

      il serait temps d’arrêter de prendre les citation du Général de Gaulle pour de la panacée intemporel, car à force d’être dans le passéisme romantique du Général, vos citations devient de la gelé de groseille pour du corned beef.

       smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  smiley  :->

      • Laulau Laulau 22 octobre 2015 16:53

        Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples

        Sur un monde compliqué, un article de simplet.


        • Diogene86 Diogene86 23 octobre 2015 00:11

          Ddiarrhée verbale mal contrôlée qui tourne en galimatias malodorant ( très nocif pour les cuvettes de toilettes.)


          • Le p’tit Charles 23 octobre 2015 10:33

            Article clair et net, mais beaucoup n’y comprendrons rien par manque de neurones...Nous nageons TOUJOURS dans l’absurdité la plus complète, la caste politique ayant confondu « Idées et argent »..se pliant au bruit du second pour éviter d’en avoir justement..
            Il est tellement plus facile de vivre dans ses turpitudes que de porter haut la morale...

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