Vers un monde durable : liberté, égalité, fraternité ?
La France a une belle devise. Si on y regarde de plus près, on se rend compte en effet à quel point ces 3 mots vont bien ensemble et sont indissociables. En fait, si on veut bien faire un peu d’arithmétique, on peut même montrer que deux de ces mots additionnés impliquent le troisième. Liberté + égalité => fraternité.
Liberté et égalité sont assez antagonistes : augmenter l’un se fait en principe au détriment de l’autre. Si on veut plus d’égalité, il faut réglementer plus, contraindre les gens, donc on enlève de la liberté. A l’inverse, donner plus de liberté creuse inexorablement les inégalités entre les plus forts, les plus malins et les plus démunis - la loi de la jungle.
Si on traduit ça en termes politiques, la droite représente la liberté et la gauche l’égalité, au moins en termes économiques. Choisir la droite revient à soutenir la libéralisation de l’économie, la déréglementation, l’allègement fiscal... c’est-à-dire tout ce qui peut faciliter des mouvements libres des acteurs économiques. A l’inverse, l’objectif de la gauche est globalement de mieux partager les ressources entre tous les citoyens. Les impôts - c’est-à-dire la cotisation à l’Etat - vont permettre d’effectuer des projets qui concernent tout le monde de manière égale, ou les plus pauvres en particulier au travers de diverses aides et allocations. S’il n’y a pas assez de travail pour tout le monde, la conséquence logique sera de réduire le temps de travail afin que tout le monde puisse participer au fonctionnement de la société (je pense évidemment aux 35 heures du gouvernement Jospin...).
En gros Robin des Bois est de gauche : prendre un peu aux riches pour donner aux pauvres, histoire que tout le monde soit content. L’exemple extrême est le communisme : il n’y a plus ni riches ni pauvres, tout le monde a les mêmes droits, les mêmes ressources, les mêmes devoirs... Mais on sait bien que ça va trop loin car pour imposer l’égalité sans concession il faut une dictature. Or pour garantir un minimum vital de liberté, je vais poser le postulat qu’il faut fonctionner en démocratie - l’Histoire montre que garantir la liberté d’opinion est le meilleur moyen de gouverner.
La politique, donc. C’est ainsi que le peuple choisit s’il préfère le chacun pour soi (un choix logique pour des gens riches et bien portants) ou le mode Robin des Bois (les pauvres n’hésiteront pas à voter pour ça). En gros c’est soit la dictature des riches, soit des pauvres. Or ces dernières décennies c’est clairement la voix des riches qui l’a emporté dans le monde occidental - normal, l’Occident est majoritairement riche. Aussi, nous constatons amèrement aujourd’hui que ce règne de la liberté apporte son lot d’inconvénients, qui sont d’une gravité telle que les choses ne peuvent pas continuer ainsi :
- La liberté a mené a des crises économiques, dont l’actuelle ne sera pas résolue tant que les bourses seront un terrain de jeu pour des banques et des investisseurs dont le seul objectif est de faire de l’argent sur de l’argent, en totale déconnexion avec les réalités économiques.
- La liberté a mené a des crises sociales, dues aux fortes inégalités dans le monde et à l’intérieur de chaque pays, situation qui résulte tout simplement de la loi du plus fort : les individus, les entreprises, les pays qui réussissent à se créer des avantages concurrentiels se prennent la plus grosse part du gâteau. C’est naturel comme comportement, et il ne faut pas oublier que l’Homme est un fruit de la Nature, consécration de milliards d’années d’évolution. En tant que tel l’Homme est soumis aux lois de la Nature comme tous les autres animaux. Parviendra-t-il à s’élever au-dessus de la Nature ? Le souhaite-t-il seulement ?
- Enfin, la liberté a mené à une crise écologique. Le pillage sans mesure des ressources de la planète (y compris l’atmosphère que nous remplissons en permanence de gaz à effet de serre) est en train de créer un déséquilibre majeur au niveau du climat et des écosystèmes de la planète.
Si nous continuons ainsi, la société humaine - au niveau mondial - risque fort d’être confrontée à une instabilité majeure qui sera bien difficile à contrôler et dont personne ne saurait dire quel en sera l’aboutissement. Oui, au niveau mondial. Si on veut se sortir de la situation conflictuelle créée sur tous les plans par trop de liberté, il va falloir enfin surmonter les nationalismes ridicules et effacer les frontières. Le XXème siècle était celui de la globalisation, avec notamment la création de l’ONU. Le XXIème est celui du mélange des cultures. La politique a de moins en moins de sens au niveau d’un simple Etat, les nations sont délaissées au détriment de l’ouverture aux autres cultures (n’en déplaise à Besson et son débat sur l’identité nationale dont seuls les fascistes se préoccupent réellement).
L’Homme doit montrer qu’il est capable d’être au-dessus des lois de la nature s’il veut espérer maîtriser son destin. Sinon il restera dans les rouages de l’évolution, qui sait ce que la nature lui réserve... Il faut reconnaître l’échec du libéralisme à tout va si on veut changer les choses. Bien sûr on a le droit de ne rien vouloir changer à l’évolution actuelle du monde : c’est le libre-arbitre de chaque citoyen qui lui permet de choisir entre laisser libre cours à la Nature (qui inclut l’Homme) ou alors essayer de la contrôler. Evidemment, contrôler la Nature est irréaliste et je crois qu’on n’a aucune chance de maîtriser chaque paramètre. Mais si nous voulons sincèrement diminuer les risques de laisser une planète pourrie à nos enfants, il faut au moins essayer de contrôler ce que nous faisons.
Avant tout, il faut garantir que tout le monde sur Terre mange à sa faim : ça passe par plus d’égalité et un sacrifice de quelques libertés. Comment le faire, c’est une autre histoire. Mais ce qui va nous pousser à donner de notre liberté pour un monde meilleur, c’est la fraternité.
Donc, pour résumer, quand on dit que "la fête est finie", ça signifie tout simplement que nous devons nous montrer un peu plus fraternels, prendre nos responsabilités et jouer un peu plus à Robin des Bois. Nous en sommes arrivés à un stade où il est devenu, me semble-t-il, une nécessité urgente d’apporter plus de contrôler à ce bas-monde, que ce soit au niveau économique, écologique ou social. Alors je pense qu’il est temps de respecter cette devise qui est la nôtre.
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