Vers un nouveau monde (1)
Le monde entame sous nos yeux un profond changement. Ceux qui refusent de l’admettre, ceux qui luttent contre ce changement, ceux qui continuent à cacher les problèmes au lieu de chercher à les résoudre resteront sur le bas-côté de la route et, pire, s’ils sont dirigeants politiques maintiendront leur pays à la traine des pays qui ont entamé ce changement.
Dans ces conditions, l’intérêt du monde pour ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis est grand et, à la veille de la cérémonie d’investiture du 45e président américain, les spéculations vont bon train quant à ce que le monde peut attendre du nouveau président.
Les déclarations de campagne sont à traiter comme… des déclarations de campagne et non comme des engagements fermes, mais les journalistes des principaux médias ne veulent pas l’admettre. Après la campagne électorale vient le temps des auditions devant le Congrès des candidats désignés par Donald Trump pour les principaux postes. La vérité ne naîtra pas de ces prestations convenues où chacun se gardera d’agiter un chiffon rouge devant les sénateurs qui ont le pouvoir d’accepter ou de refuser sa nomination.
Il y a donc lieu de relativiser ce que nous entendons. Ni le Washington Post ni le New York Times ne nous y aident, pas plus que les journaux français qui se contente de copier leurs opinions.
Dans mon Point précédent, je mettais en garde contre trop d’enthousiasme quant aux possibilités d’évolution des relations internationales en général et des relations entre les Etats-Unis et la Russie en particulier.
Le tempérament du président élu américain est de type émotionnel et il a tendance à dépasser sa pensée quand il rencontre ou croit rencontrer une opposition. Je pense donc que sa pensée réelle est au moins un peu en deçà de ce qu’il a déclaré avant les élections. Son besoin de reconnaissance va diminuer progressivement, maintenant qu’il est le président de son pays et donc qu’il a atteint l’apogée de sa carrière, au moins en termes de statut. Cela dit, il pourrait chercher, plus tard, à laisser une trace dans l’histoire. Il est sans doute un peu tôt pour spéculer sur le secteur dans lequel il cherchera à imprimer ainsi sa marque.
En ce qui concerne la politique intérieure, Donald Trump doit faire face à une campagne d’une hostilité rare venant non seulement du Parti Démocrate, mais également de son propre camp politique et de puissances économiques et financières qui craignent pour leur influence. L’histoire récente des Etats-Unis ne comporte pas d’exemples d’une campagne aussi violente. Il a défié les agences de sécurité et il faut s’attendre à une réponse forte de leur part, d’autant qu’elles sont contrôlées par les tenant de l’ordre actuel. Tous les moyens seront bons. On en a déjà vu des exemples. Je n’en citerai que deux. Le premier est le rapport fabriqué de toutes pièces par une officine dirigée par un ancien membre du MI6 britannique qui accuse sans preuve Donald Trump d’avoir fait appel à des prostituées lors d’un voyage à Moscou donnant par-là un moyen de chantage au Kremlin. Un résumé de ce rapport a été annexé à un rapport officiel de la CIA qui a été transmis à la presse. Le second est la rumeur selon laquelle le FBI, la CIA, la NSA, le Département de la Justice et le Réseau de lutte contre les crimes financiers du Trésor Américain enquêteraient conjointement sur le financement par la Russie de la campagne de Donald Trump. La rumeur a été lancée par McClachy DC, une entreprise américaine de presse écrite basée à Sacramento.
On peut s’attendre à d’autres tentatives de déstabilisation du nouveau président. La caractéristique principale de ces attaques étant le manque ou l’absence complète de preuves. Calomniez, calomniez(1)….
De plus, les néoconservateurs tiennent le Congrès, la plupart des médias sont contre lui et il est « bien porté » dans l’intelligentsia auto proclamée ou à Hollywood d’être « anti-Trump ». Il est extrêmement peu probable que les néoconservateurs acceptent sans combattre que le peuple américain qu’ils méprisent ait exprimé sa volonté de les voir quitter le pouvoir. Chaque décision importante risque donc de devoir être âprement négociée entre le Président et le Congrès.
La première négociation, informelle celle-là, va concerner la ratification par le Congrès des nominations aux postes clés par Donald Trump. Elle se traduira par une évolution des positions prises par les personnes nommées, surtout quand, comme c’est le cas pour Rex Tillerson, les positions en question sont de nature à provoquer un rejet pur et simple de la candidature (les relations avec la Russie, par exemple). Il faut donc traiter avec une extrême précaution ce que les candidats désignés diront lors de leur audition au Congrès ou dans les médias à ce moment.
La façon dont les négociations formelles auront lieu, les compromis auxquels Donald Trump pourrait être contraint auront aussi un impact sur sa liberté d’action dans le domaine de la politique étrangère.
Il est difficile de faire aujourd’hui des prévisions précises en terme de politique internationale des Etats-Unis. Le pays se trouve effectivement dans une situation tout à fait nouvelle dans bien des domaines.
Au Moyen Orient, les Etats-Unis ont en grande partie « perdu la main » au profit de la Russie et de certains acteurs locaux. En Syrie en particulier, Russie, Iran et Turquie sont en train d’organiser la paix. Ce n’est que récemment qu’ils ont invité les Etats-Unis à participer à la réunion d’Astana au Kazakhstan, et encore, l’invitation a été envoyée à l’équipe du président-élu et non au président encore en exercice, Barack Obama. On se dirige vers une transition à laquelle le Président Assad participera ce qui est contraire à la position américaine. Comment dites-vous ? A la position française aussi ? Mais qui s’en soucie aujourd’hui ?
La Russie est à l’origine de ce changement en raison de son intervention en Syrie précisément. Elle y a fait la preuve de l’efficacité de son armée. L’armée russe est loin de celle des Etats-Unis en volume, en financement (moins d’un dixième du montant dépensé par les USA), mais elle a acquis l’image d’une armée plus efficace. Elle a de solides relation avec la plupart des pays qui comptent dans la région, y compris, évidemment Israël. Le Président Poutine a la réputation d’un partenaire qui tient sa parole.
Autre nouveauté dans le paysage international avec laquelle le nouveau président va devoir compter, les relations entre la Chine et la Russie. Ces deux pays se sont enfermés dans une alliance stratégique très forte aussi bien dans le domaine politique que dans les domaines économique et militaire. Les Chinois qui ont de nombreux accords de partenariat avec de nombreux pays a créé une catégorie nouvelle pour cet accord avec la Russie : le « Comprehensive Strategic Collaborative Partnership » ou « Partenariat Global de Coopération Stratégique ».
La tentative naïve « d’isoler la Russie » n’est pas pour rien dans ce rapprochement. Elle a montré à la Chine le danger de l’ordre unipolaire sous domination américaine. Dans le domaine militaire une grande confiance s’est établie grâce à de nombreux exercices conjoint tant sur terre que sur mer. La coopération est à la mesure de la menace et la collaboration a atteint une profondeur qu’aucun des deux pays ne voudra évidemment mentionner en détail. Les échanges dans le domaine énergétique ont vu la signature de « méga contrats ».
Un professeur chercheur émérite de l’Institut de Relation Internationales de l’Université de Tsinghua, Lu Shiwei, décrit ainsi les nouvelles relations entre la Chine et la Russie : « La relation très proche entre la Chine et la Russie n’est pas seulement de nature économique, en raison de la complémentarité des deux économies. Ces efforts continus sont la conséquence d’une nécessité et d’un désir politique ».
Face à cette coopération inédite, la politique du « diviser pour régner » chère aux dirigeants américains ne devrait plus fonctionner ici. Une manœuvre du type de celle de Nixon en 1972 (2) serait vouée à l’échec.
Du côté de l’Europe le nouveau président va également se trouver face à une situation inédite. L’Union Européenne est proche du chaos. Elle doit faire face à un afflux de migrants qu’elle ne parvient pas à contrôler et à des problèmes économiques et financiers graves. Ces problèmes ont accéléré la perte de confiance des populations européennes dans l’administration de Bruxelles et favorisé l’émergence de partis politiques eurosceptiques, sans parler de la sortie de la Grande Bretagne. La guerre civile en Ukraine est un autre de ses problèmes, même si elle cherche à en rejeter la responsabilité sur d’autres. Comme le disait un journaliste américain, « l’Ukraine devait commencer à ressembler à l’Europe et pour finir c’est l’Europe qui commence à ressembler à l’Ukraine ».
Face à cela, les dirigeants des pays de l’Union Européenne passent plus de temps à essayer de cacher les problèmes qu’à essayer de les résoudre.
Il semblerait, si on pense à l’interview donnée par Donald Trump en fin de semaine dernière à un journaliste allemand et un journaliste anglais, que le président-élu ait pris la mesure de la situation lui qui a prédit d’autres sorties de l’Union Européenne. Mais il va donc devoir redéfinir les relations des Etats-Unis et de l’Union Européenne.
La situation de et en Iran a également beaucoup évolué, mais nous en parlerons plus loin.
Les relations avec la Russie devraient, quoi qu’il arrive, s’améliorer. Il est encore difficile de dire dans quelle mesure, mais on en saura plus assez rapidement. Au minimum, Donald Trump pourra imposer au Congrès une collaboration dans la lutte contre le terrorisme. N’oublions pas au passage que le Président dispose tout de même dans ce domaine d’une assez large autonomie de décision qui lui est donnée à la fois par la Constitution et les habitudes prises sous les administrations précédentes, en particulier celles de George W. Bush et Barack Obama. Certains rêvent déjà d’accords beaucoup plus larges, comme un nouvel Accord sur les Forces Conventionnelles en Europe qui règlerait les problèmes de la sécurité européenne, voire même un accord qui mettrait fin à la guerre civile en Ukraine.
Je ne suis pas très optimiste sur le dernier point, mais j’espère me tromper.
Donald Trump reste attaché à la fin des sanctions frappant la Russie, qui pourraient être levées assez rapidement, même si Rex Tillerson a été très discret sur la question lors de son audition au Congrès. Le nouveaux président a suggéré la semaine dernière une approche nouvelle consistant à présenter la levée des sanctions comme la contrepartie à de nouvelles concessions de la part de la Russie. Je pense à ses commentaires concernant la réduction des arsenaux nucléaires. S’il s’agit d’une réduction symétrique de la part des deux puissances, je ne vois pas comment la Russie pourrait refuser. Cela dit, le président américain n’a pas mentionné le bouclier anti-missiles. Quoi qu’il en soit, si elle reçoit des garanties concrètes et solides concernant sa sécurité, la Russie ne devrait pas faire d’opposition, au grand dam, évidemment, de certains pays comme les pays Baltes ou la Pologne dont le principal produit d’exportation est aujourd’hui une russophobie proche de l’hystérie.
Les relations avec la Chine s’annoncent, en revanche, plus tendues. Sous la présidence américaine précédente, la situation était inverse, la Russie semblait l’adversaire principal, celui à « traiter » en priorité avant, bien sûr, de s’en prendre à la Chine. Maintenant, la nouvelle administration cherche le dialogue avec la Russie et s’en prend à la Chine. Il reste évidemment à voir jusqu’où ira Donald Trump dans son bras de fer avec les Chinois.
Donald Trump d’ailleurs a adopté une stratégie complexe dans laquelle il déclare tout d’abord que la Chine bénéficie d’avantages commerciaux indus et qu’il faudra imposer des droits de douane sur les produits chinois qui inondent les Etats-Unis. Puis il provoque directement la Chine en affichant des liens avec Taïwan. Mais ensuite, il nomme comme ambassadeur en Chine Terry Branstad, le gouverneur de l’Iowa dont les liens personnels avec Xi Jinping remontent à 1985 quand M. Branstad a reçu le président chinois qui n’était alors qu’un responsable provincial, lors d’une visite de ce dernier en Iowa. Le gouverneur américain a fait de nombreux voyages en Chine, en particulier depuis 2011 et, en 2012, il a organisé dans l’Iowa un dîner pour M. Xi avant que ce dernier ne devienne président.
Comme le rapporte le site canadien « La Presse.CA (3) », la diplomatie chinoise a salué M. Branstad comme « un vieil ami », espérant qu’il contribuerait au « développement des relations bilatérales ».
Le rejet par Donald Trump du traité trans-pacifique qui excluait la Chine est aussi considéré en Chine comme un élément plutôt positif.
Quoi qu’il en soit, les relations commerciales, mais surtout financières entre les Etats-Unis et la Chine ne devraient pas permettre une détérioration importante des relations. La Chine est le plus grand bailleur de fonds des Etats-Unis, c’est elle qui détient le plus gros pourcentage de la dette totale du pays (devant le Japon depuis 2009). Cela pourrait être considéré comme une arme puissante, mais si la Chine décidait d’utiliser cette arme, elle provoquerait un effondrement du dollar qui représente la majorité de ses réserves.
En effet, des ventes par la Chine de quantités importantes de bons du trésor américain provoqueraient une forte baisse du dollars voir une panique sur les marchés financiers qui diminuerait d’autant la valeur des réserves de change chinoises en dollars.
Le relations entre les Etats-Unis et l’Iran me semblent être le point le plus délicat dans un avenir proche. Donald Trump a déclaré à plusieurs reprises au cours de la campagne que l’accord sur le nucléaire iranien était un mauvais accord et qu’il le déchirerait dès qu’il serait président. Il a ensuite apparemment changé d’opinion et a déclaré, qu’au contraire, il allait suivre à la loupe l’exécution par l’Iran de ses obligations nées de cet accord (le « Joint Comprehensive Plan of Action » ou JCPOA).
S’il décidait de se retirer de l’accord, il pourrait le faire au moyen d’un « Executive Order » et il ne devrait pas rencontrer beaucoup d’opposition au Congrès. Il est difficile au Congrès de s’opposer à un « Executive Order », mais surtout, le JCPOA n’a jamais reçu de soutien solide de la part des élus américains. D’autre part, des alliés des Etats-Unis comme Israël ou l’Arabie Saoudite ont tout fait pour torpiller les négociations avant la signature.
Cependant, depuis que le traité a été signé, on entend moins de voix qui s’y opposent. Mais surtout, le traité comporte d’autres pays signataires et non des moindres, la Grande Bretagne, la France, la Russie, la Chine plus l’Union Européenne. Une telle décision tendrait obligatoirement les relations avec ces pays et avec Bruxelles.
D’autre part, suite à la signature, ces pays ont levé les sanctions contre l’Iran et d’importants contrats commerciaux ont été signés. Airbus, par exemple vient de livrer le premier avion d’une commande de cent appareils. Plus de vingt contrats importants ont été signés par différents pays avec l’Iran dans le domaine de l’énergie. Si les Etats-Unis imposaient de nouveau, unilatéralement cette fois les sanctions, les autre pays signataires ne suivraient certainement pas. Les américains auraient toujours l’arme de l’application de la loi américaine à des sociétés étrangères qu’ils ont déjà utilisée contre Alstom, par exemple ou la BNP, mais les états ne resteraient certainement pas sans réaction dans ce cas. D’autant que nombre d’experts nucléaires pensent que le JCPOA bloque efficacement les deux chemins que l’Iran aurait pu emprunter vers la fabrication d’une arme nucléaire, l’uranium et le plutonium.
N’oublions pas, enfin, que des sociétés américaines sont également concernées par les nouveaux contrats avec l’Iran. Boeing, par exemple a signé en décembre 2016 un contrat de livraison d’avions d’une valeur proche des 17 milliards de dollars. Est-ce que Donald Trump, le président de l’emploi et le roi des affaires prendra le risque de forcer des sociétés américaines à renoncer à de tels contrats ? Je ne le crois pas.
Le général James Mattis, futur secrétaire à la défense, lui-même avait fait remarquer dans un discours au Centre d’Etudes Stratégiques et Internationales que les Etats-Unis, s’ils déchiraient l’accord seraient seuls à le faire et que de nouvelles sanctions unilatérales seraient loin d’avoir le même impact que les sanctions précédentes. Il a d’ailleurs été suivi par un certain nombre de membres du congrès qui après s’être opposés au traité pendant les négociations ont adopté une position plus mesuré après la signature, comme le Sénateur républicain du Tennessee Robert Corker, Président du Comité des Relations Internationales du Sénat.
Cela dit, je pense, comme Rajan Menon (4) que la nouvelle administration va mettre une forte pression sur l’Iran, en particulier dans le domaine du soutien au terrorisme et de la « démocratie ». Le président pourrait également comme le suggère son conseiller pour le Moyen Orient Walid Phares, envoyer l’accord au Congrès et exiger une renégociation sur certains points.
Des officiels iraniens ont déjà fait connaître leur opposition à toute renégociation. L’Iran, de son côté considère que les nouvelles sanctions imposées par le Etats-Unis en raison du soutien apporté au terrorisme sont déjà une violation de l’accord. En réaction à ce qu’ils considèrent comme une violation, il ont repris les tests de navires à propulsion nucléaire, un projet contraire à « l’esprit de l’accord » selon les Américains.
Ilan Berman, le Vice-Président du Conseil Américain de Politique Etrangère suggère par exemple, d’étendre à l’Iran le « Global Magnitsky Human Right Accountability Act (5) », ce qui permettrait aux Etats-Unis d’interdire l’accès du territoire américain à des citoyens iraniens, de geler leurs avoirs et d’établir des listes noires, pour punir les hommes politiques et les fonctionnaires soupçonnés de corruption ou de violation des droits de l’homme.
Ray Takeyh, l’expert sur l’Iran du Conseil des Relations Internationales est sans doute le plus extrême dans ses avis puisqu’il ne prône rien moins qu’un changement de régime en Iran. Pour lui, « l’Ayatollah Ali Khamenei préside un état qui a d’immenses vulnérabilités et le but de la politique américaine devrait être d’exploiter ces vulnérabilité ». Il rêve sans doute à une nouvelle opération du type de celle d’août 1953 (6) ? On notera tout de même que le candidat Trump s’est prononcé à plusieurs reprises contre la répétition de ces opérations de changement de régime si chères, en autres, à Hillary Clinton.
Il est plus que vraisemblable que les relations entre les Etats-Unis et l’Iran seront les plus tendues de l’ensemble des relations internationales de l’année qui vient. Elles représentent, à mon avis, le plus grand risque pour la paix mondiale. Ces dix dernières années, l’Iran a très sensiblement renforcé son potentiel militaire. Elle reste évidemment loin dans ce domaine des Etats-Unis, de la Russie ou de la Chine, mais cela fait d’elle une cible extrêmement difficile, ce dont, malheureusement, la majorité des Sénateurs et Représentants américains ne semblent pas avoir conscience. La Chine et la Russie entreraient-elles en guerre avec les Etats-Unis en cas d’attaque américano-israélienne contre l’Iran ? Je ne le crois pas, mais cela aurait des conséquences politiques importantes, sans parler du soutien politique, économique et peut-être militaire que ces pays pourraient apporter à l’Iran. D’autre part, les campagnes médiatiques, domaine où la Russie a fait d’énormes progrès ces dernières années seraient dévastatrices pour l’image du pays dans le monde, ce qui justement inquiètent l’Otan et les Etats-Unis.
Un siècle exactement après la révolution communiste qui a provoqué une reconfiguration du monde, un nouveau grand changement est en train de prendre forme. La mondialisation dans sa forme actuelle a montré ses limites. La doctrine libérale ne mène nulle part si ce n’est à la captation par un petit nombre de l’ensemble des richesses. Il apparaît clairement que le plan général des néo conservateurs est la défense d’une petite élite et le contrôle d’une population enfermée dans une pauvreté sans issue dans la plus grande partie du monde.
Mais, nous venons de voir que le grand nombre, quand il prend conscience de ce qui se passe vraiment, peut faire entendre sa voix. La puissance financière qui a mis la main sur les principaux médias n’y peut pas grand-chose. Internet est passé par là.
La bonne nouvelle, c’est que la nouvelle administration américaine si l’on en croit certains commentaires comme ceux de Henri Kissinger, semble adopter une vision « westphalienne » du monde qui ne la mettra pas sur une ligne de conflit avec la Chine et la Russie.
(1) Francis Bacon (1561-1626), dans son traité De la dignité et de l’accroissement des sciences (1623) disait déjà « va, calomnie hardiment, il en reste toujours quelque chose » !
(2) En février 1972, Richard Nixon, en serrant la main de Mao lors d’un voyage en Chine avait fait pencher l’équilibre de la guerre froide en faveur des Etats-Unis.
(4) « Will Trump Shred the Iran Nuclear Deal ? », Rajan Menon, January 2017. Rajan Menon est professeur de Relations Internationales à la Powell School de New-York et Chercheur à l’Institut Saltzman d’Etudes de la Guerre et de la Paix à l’Université de Columbia.
(5) Une loi passée par le Congrès et ratifiée par le Président Barack Obama en novembre-décembre 2012 dont le but était de punir la Russie pour la mort en prison de l’avocat russe Sergei Magnitsky en 2009. Avocat fiscaliste russe, Magnitsky travaillait pour le compte du financier américain William Browder, en conflit avec l’administration russe et accusé de fraude fiscale.
(6) En août 1953, la CIA et le MI6, sur ordre de Dwight Eisenhower et de Winston Churchill ont organisé le renversement du gouvernement élu de Mohammad Mossadeq qui avait eu le tort de nationaliser les biens de la société pétrolière anglaise connue aujourd’hui sous le nom de BP.
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