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Accueil du site > Tribune Libre > Vers un Outreau de la santé et du médicament dans l’affaire du (...)

Vers un Outreau de la santé et du médicament dans l’affaire du Mediator de Servier ?

Comment l'approximation devient une vérité et comment la probabilité conduit à la faillite du métier de journaliste

La question est certes provocante mais l’affaire du Mediator doit nous servir de prétexte pour nous interroger sur les faits et sur leurs interprétations, qui que nous soyons, tant par souci de vérité que par honnêteté intellectuelle, vertu relativement rare et inégalement partagée de nos jours… Entre les accusations en tout genres, les spéculations des spécialistes, des journalistes honnêtes et d’autres qui le sont un peu moins, les véritables malades et les usurpateurs, les community manager serviles, difficile pour le citoyen de se faire une idée assez claire de cette crise majeure de santé publique (crise qui rappelle, par bien des aspects, la crise du sang contaminé et celle en cours des prothèses PIP).

Ainsi, à relire dans la presse généraliste, les différents articles parus depuis quelques mois, l’analyse ne résiste pas au constat suivant : rien dans cette affaire n’est vraiment justifié. La polémique sur le nombre de victimes potentiels du Mediator est, à ce titre, éloquente. Relisons le Nouvel Observateur paru le 25 novembre 2010 (certes un peu ancien mais précisons que ce type d’article a donné le ton…) et qui n’a cessé de faire des émules chez mes confrères de Libération ou du Figaro  : « Croiser ses fichiers internes [ceux de la CNAM] avec les bases de données des hôpitaux : voilà qui a permis à la Cnam d'établir que le risque d'être hospitalisé pour une valvulopathie liée au Mediator était, chaque année, depuis trente ans, de 53 pour 100.000 personnes exposées ; et qu'il y a eu autour de 150 hospitalisations annuelles pour toxicité du Mediator ; et que le Mediator a dû être responsable de 20 morts chaque année depuis sa commercialisation en 1975. Les voilà, les "500 morts" annoncées dans les JT. Le bilan est peut-être bien plus lourd. »

Nos professeurs de français devraient donner plus souvent des articles de presse à analyser et un retour à la maîtrise de la rhétorique et des statistiques serait le bienvenu. Tous les spécialistes des risques et des théories des jeux le confirmeront : un risque, c’est un aléa (d’où des probabilités) plus des enjeux, (de gains ou de perte, par exemple, d’image, de santé, de réputation, de chiffre d’affaires…). Notre journaliste du Nouvel Observateur devrait s’y reprendre à deux fois avant de commettre une telle bévue : comme si une simple multiplication prédictive pouvait répondre aux angoisses d’une société en mal de vérité, même au nom du principe de précaution… La CNAM parle bien de «  risque d’être hospitalisé ». Or ce risque repose sur la possibilité d’être hospitalisé pour une valvulopathie, elle-même reposant sur la possibilité que le Mediator soit hypothétiquement responsable d’une vingtaine de morts par an, multipliée par x années, donne un résultat au conditionnel, conditionnel, qui, répété dans tous les médias, repris par le bouche à oreille (réel et virtuel dans les médias sociaux) conduit à un chiffre affolant : 2000 morts ! Même ceux qui devraient faire preuve de discernement, sont pris au piège de la statistique.

Ainsi, le 30 novembre 2011 à Toulouse, le sénateur François Autain prononce à l’occasion d’une conférence retranscrite sur le site de Formindep : « Dès qu’ont été rendues publiques les deux études de mortalité qui imputait au Mediator de 500 à 2000 morts, j’ai demandé la création d’une commission d’enquête. » La probabilité est devenue certitude…

La démonstration a été faite par le professeur Acar lors de son audition devant la commission d’information de l’Assemblée Nationale que l’étude conduite par l’épidémiologiste Catherine Hill souffrait d’un manque de rigueur dans la méthode. Aucun média ne s’est emparé de cette démonstration car il est toujours difficile de reconnaître qu’une rédaction se soit trompée. De plus, je doute que beaucoup de mes collègues aient lu le rapport de l’Affsaps sur le Mediator. Ils auraient du s’interroger sur le bien fondé de l’attaque en règle contre les laboratoires Servier, sans que ceux-ci ne soient une seule fois interrogée par les rédacteurs, empressés de fournir au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, des arguments afin de taire ses décisions coupables d’autorisation de déremboursement du Mediator de 2005... Ce fait aurait du éveiller l’attention. Si nous poursuivons ce raisonnement tronqué, le Doliprane ferait 3000 morts par an. A lire à ce sujet le papier d’un confrère journaliste publié sur Agoravox (les médicaments seraient responsables de 13000 à 30000 morts par an).

Dans le même ordre d’idée, il me paraît redoutable et dangereux de trouver systématiquement des boucs-émissaires. Il est vrai que l’époque est à la pensée précaire, de première main, rapide et 9 fois sur 10 jamais vérifiée. Mon camarade Patrice Bertin en avait fait un délicieux billet sur France Inter le 12 septembre 2011. Nous avons tous trouvé notre Jeanne d’Arc en la personne d’Irène Frachon, -bien récupérée par le Parti Socialiste-, contre la grande méchante entreprise qui fait du mal à ses consommateurs de médicaments. Si l’image est séduisante, elle est réductrice et perverse. Et nous tous journalistes, nous en sommes responsables. Ma consœur du Figaro, Anne Jouan, devrait également se méfier des prises de positions à répétition contre les laboratoires Servier. Au bout d’un moment, cela va se voir et chacun dans la profession pourrait lui demander où se trouve son objectivité…

En tant que journalistes, nous devrions faire très attention à ne pas confondre nos sources et nos désirs de sortir des papiers avant tout le monde. Il en va de la crédibilité des médias en général. Or cette crédibilité ne cesse de se fragiliser face à la course à l’audience et la recherche du scoop ou du travail sur commande.

Il vient de se créer un collectif de journalistes européens dont la règle est de rappeler l’éthique de l’information fondée sur les faits. C’est une excellente idée si tous les journalistes veulent défendre avec passion leur métier.

Nous devons absolument tous nous interroger sur le sens des mots et sur la possible nuisance des interprétations. Nous devons absolument revenir sur l’usage et l’analyse des faits et ne pas céder, comme le rappelle David Pujadas dans le n°31 du magazine Médias, au « panurgisme médiatique ». Imaginons un seul instant, que toutes les informations sur l’affaire du Mediator soient tronquées, partielles ou partiales, ce serait une catastrophe pour notre métier et pour les ministres de la santé depuis 2001 (Kouchner, Mattéi, Douste-Blazy, Bertrand, Bas, Bachelot). La justice doit passer. Espérons qu’elle ne sombrera pas sous les pressions des politiques. Espérons que toute la lumière sera faite. Sinon nous avançons à grands pas vers un Outreau de la santé et du médicament. Et ce sera la fin de notre métier. Définitivement.


http://tempsreel.nouvelobs.com/soci...
Magazine Médias, n° 31, hiver 2011, pages 20 à 29
http://www.youtube.com/watch?v=syJU...
http://www.franceinfo.fr/chroniques...
http://www.ladocumentationfrancaise...
http://www.formindep.org/Le-Mediato...
http://www.agoravox.fr/actualites/s...


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20 réactions à cet article    


  • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 1er février 2012 14:22

    Bonjour

    Arrêtez d’essayer de nous faire croire que vous êtes journaliste. Vous n’en avez ni l’étoffe, ni l’éthique. Ca devient ridicule. 
    Après Outreau, vous allez bientôt comparer Servier à Dreyfus smiley

    • Unevoixoff Unevoixoff 1er février 2012 21:04

      Bonsoir
      Arrêter de nous faire croire que vous êtes quoi au juste ? Médecin ? Vous n’en avez ni l’étoffe, ni l’éthique. Ca devient ridicule.
      Votre problème c’est de ne pas ouvrir les yeux.
      Et oui je m’appelle Julien NICK, je suis journaliste indépendant, j’ai bientôt 40 ans... et vous connaissez la suite. Oui je fais de l’investigation, ne vous en déplaise. Oui, je suis l’affaire du Mediator depuis plusieurs mois. Oui je suis absolument convaincu de la faillite du système de santé. Oui je suis convaincu que derrière tout cela il y a deux gros labos concurrents. Et, patientez un peu vous en aurez les preuves.
      Si vous êtes si bon donneur de leçon, vous m’expliquerez sans doute le conflit d’intérêts entre l’avocat des victimes Oudin et Catherine Hill, sa tante et épidémiologiste qui a chargé Servier ? Vous m’expliquerez sans aucun doute aussi pourquoi le rapport de l’IGAS est uniquement à charge.
      Vous qui savez tout, vous m’expliquerez pourquoi le député Bapt sort toujours ses déclarations dans le Télégramme de Brest, ville d’Irène Frachon.
      Vous m’expliquerez pourquoi la journaliste Anne Jouan du Figaro à sorti plus de 90 articles à charge contre Servier : devoir d’informer ?
      Alors Monsieur je sais tout, j’attends vos commentaires.


    • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 2 février 2012 14:10

      Ahhh, vous voila « sorti du bois ». Mon commentaire aura au moins servi à ça.


      Prouver que je suis médecin est facile, il suffit de taper mon nom dans l’annuaire en ligne du conseil de l’ordre des médecins. 

      En revanche, prouver que vous êtes journaliste va être plus difficile ! Quel article avez vous publié ailleurs que sur votre blog ? Google ne vous connaît pas. Quel est votre numéro de carte de presse ?

      Vous dites dans un autre commentaire qu’écrire sur Servier est votre job depuis un an. Qui vous paye ? Est-ce vraiment un journal ? N’est-ce pas plutôt une agence de communication ?

      Quant à vos rengaines que tous les sbires de votre espèce répètent façon disque rayé, elles ne peuvent disculper Servier de ses lourdes responsabilité. Ces liens (comment ne jamais en trouver) sont une taupinière face à la montagne des liens d’intérêt de Servier avec les experts. Acar a été sorti de la naphtaline pour parler de ce qu’il ne connaît pas : l’épidémiologie. Après avoir été aveugle pendant qu’il travaillait dans une société savante financée par Servier, on comprend qu’il éprouve le besoin de se justifier.

      J’espère vraiment que vous êtes juste un rédacteur engagé par une agence proche de Servier pour nuire aux lanceurs d’alertes. Car si vous êtes juste un employé de Servier revanchard, je vous plains, votre vie doit être pathétique.


    • ottomatic 1er février 2012 14:35
      Le mediator est une merde dont un des produits de la dégradation par le corps humain donne un composé chimique dangereux, accessoirement le même composé que celui mis en cause dans le medoc de servier qui avait été interdit précédemment.

      DONC LES LABORATOIRES SERVIER ONT SCIEMENT MIS SUR LE MARCHE UN MEDICAMENT NOCIF.

      Visiblement c’est vos recherches pour préparer cet article qui sont défaillantes, et pas de chance, un de vos lecteur à une formation poussé en chimie qui fait que je me suis penché sur le sujet il y a qq mois.

      Alors journaliste incompétent ou journaliste au ordre de servier ?????

      • Unevoixoff Unevoixoff 1er février 2012 21:28

        Tout dévoué à vous écouter et recevoir vos arguments
        Indiquez moi votre spécialiste en chimle, ses références, ses travaux, je suis preneur.
        Je ne parle que de la méthode et celle présentée en commission de l’Assemblée Nationale est fausse.
        C’est tout. Donner moi des faits tangibles, je suis preneur.
        Merci de votre lecture.


      • Francis, agnotologue JL1 1er février 2012 15:17

        Vous faites profession de journaliste, et vous travaillez pour la gloire ? Vous aimez tant la vérité, que vous publiez bénévolement et sous pseudo ici le résultat de vos travaux ?

        J’le crois pas !

         smiley


        • Unevoixoff Unevoixoff 1er février 2012 21:23

          A l’évidence vous ignorez tout du métier de journaliste et de la profession. C’est bien dommage.
          Les enquêtes sur commande, ça existe.
          Bonsoir


        • Francis, agnotologue JL1 1er février 2012 21:25

          Oui,

          c’est bien ce que je voulais dire : une commande de Servier.


        • Unevoixoff Unevoixoff 1er février 2012 21:30

          Hélas non car j’aurais sans doute gagner davantage ! Je peux simplement vous dire que c’est un hebdo national.
          Merci de votre réponse



          • Scribe Scribe 1er février 2012 18:19

            Dommage !
            Votre argumentaire est assez bon, il pourrait même être juste si la consultation de votre site ne montrait que votre seule préoccupation de rigueur journalistique s’applique au Médiator !
            Laver plus blanc c’est bien mais pas toujours le même chiffon.


            • Unevoixoff Unevoixoff 1er février 2012 21:24

              Ben oui, désolé, c’est mon job depuis plus de 1 an.
              Merci pour votre lecture
              Julien NICK
              Lesvoixoff


            • Dominique Dupagne Dominique Dupagne 7 février 2012 15:29

              Après vérification, vous êtes inconnu en tant que journaliste. Vous n’avez pas de carte de presse. On ne trouve nulle part trace d’article publié sous le nom de Julien Nick.

              Vous inondez Twitter de tweets reprenant vos billets que vous reproduisez sur toutes les plate-formes disponibles. https://twitter.com/# !/Unevoixoff Ces billet n’ont qu’une cible : ceux qui dénoncent Servier.

              Vous êtes journaliste autant que je suis Pape. Vous êtes un lobbyiste de Servier, plutôt maladroit. 

              Vous êtes la Voix de son Maître smiley


            • clostra 1er février 2012 19:09

              Vous reprendrez bien un petit coup d’amphètes (en fête) ?

              Alors : à la vôtre !


              • bakerstreet bakerstreet 2 février 2012 08:31

                Un bel exercice de tentative d’enfumage, mais personne apparemment n’est dupe !


                • Unevoixoff Unevoixoff 2 février 2012 08:45

                  Bonjour
                  Effectivement vous avez raison. D’ailleurs la rédaction de France 24 ne s’est pas trompée. Je vous invite à regarder ceci :
                  http://www.youtube.com/watch?v=eNLOY8AbBiI&feature=youtu.be

                  Quand Irène Frachon et Gérard Bapt, les grands pourfendeurs du Mediator travaillaient pour GSK. Curieusement cela n’interpelle personne.
                  C’est vrai qu’il est toujours difficile de s’apercevoir et d’accepter que l’on s’est trompé. Les rédactions en premier. Et le grand public aussi.
                  Comment se fait-il qu’Irène Frachon elle même écrit dans une revue scientifique le 20 mai 2011 que le benfluorex n’a pour l’instant, généré que trois cas cliniques ?
                  Je vous donne le lien :
                  http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21714428
                  Merci pour votre lecture


                • Unevoixoff Unevoixoff 4 février 2012 08:32

                  Chacun pourra ici apprécier la pauvreté de certains commentaires se limitant aux registres de la calomnie, de l’injure et de la haine.
                  Le petit souci, c’est lorsque je demande aux uns et aux autres de justifier leur propos, il n’y a plus personne. Même notre brave médecin de campagne s’en est allé à ses propres divagations quand il prescrivait peut-être du Mediator à certaines de ses patientes.
                  La question n’est pas de savoir ici si les laboratoires Servier savaient ou pas, la question est de savoir pourquoi un médicament a été autorisé pendant 34 ans sans qu’un seul cardiologue, sans qu’aucune étude digne de ce nom tire la sonnette. Cela signifie que :
                  1 les politiques étaient irresponsables ?
                  2 les médecins prescripteurs étaient des imbéciles irresponsables ?
                  3 les pharmaciens étaient inconscients imbéciles et irresponsables ?
                  4 les cardiologues étaient inconscients ignorants imbéciles irresponsables profiteurs ?
                  Bon ça fait beaucoup... C’est comme si chaque malade allait directement chez Sanofi ou Servier pour demander une boite de médicaments...
                  Bonne réflexion


                  • Unevoixoff Unevoixoff 4 février 2012 17:34

                    Bonjour
                    Je vous invite à lire le papier de Pracontal dans Mediapart. Cela devrait considérablement refroidir les ardeurs des uns et des autres contre les seuls laboratoires. La vraie responsabilité c’est d’avoir laissé faire des pratiques mélangeant lobby compromission et conflits d’intérêt
                    A revoir à la lecture de mon confrère la vidéo sur les lobbys au coeur de la République


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