Vers une américanisation des rapports entre la police et la population
Les événements d'une extrême violence contre les forces de l'ordre à Viry-Châtillon le mois d'octobre dernier en France ont amené une vague de manifestation importante des fonctionnaires de police à quelques mois des élections présidentielles.
Cet événement s'inscrit déjà dans une série d'attaques contre la police comme nous avons pu l'observer par exemple lors des affrontements en marge des manifestions contre la loi travail où notamment un véhicule avait été incendié au cocktail molotov.
Mais d'autres incidents viennent catalyser les tensions entre une partie de la population et les forces de l'ordre comme la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005, ces deux adolescents électrocutés par un transformateur EDF après une course poursuite avec la police. Récemment, la mort d'Adama Traore après son interpellation au sein de la ville de Beaumont-sur-Oise suscite encore de nombreuses indignations et de vives tensions.
Qu'est-ce que ces événements soulignent-ils finalement ? En vérité, les forces de l'ordre se sentent totalement délaissées et impuissantes face à une violence grandissante à leur encontre mais de l'autre côté à force de contrôle de police persistants et de certains manquement ou de dérapage de la part de certains agents, la situation est tout aussi alarmante. Dans les deux cas, une violence est subie quelle soit symbolique ou physique.
Cette crispation constante et grandissante des rapports entre la police et la population surtout représentée par celle des territoires oubliés de la République n'est pas sans rappeler la relation que l'on peut quasiment qualifier de "guerre" entre la communauté noire étasunienne des ghettos et la police.
En effet, que se passe-t-il aux États-Unis ? Cela fait maintenant déjà plusieurs décennies que des villes comme Chicago ou des quartiers comme Harlem sont le théâtre d'affrontements et de protestation entre une communauté noire ghettoïsée sombrant dans la pauvreté et la délinquance et des forces de l'ordre parfois racistes ou surtout au minimum complétement dépassées par la situation.
A l'heure des réseaux sociaux, les bavures répétées enflamment davantage une communauté dont les seules valorisations sociales ouvertes à leur encontre sont le basketball ou le rap comme l'était la boxe pour leurs aïeuls.
Dorénavant, ce sont depuis plusieurs années et surtout depuis ces derniers mois de véritables règlements de comptes armés dirigés vers les policiers. Par exemple, un sniper tua cinq policiers à Dallas en marge d'une manifestation contre les violences policières au mois de juillet dernier ou encore deux policiers ont été tués lors d'une embuscade dans l'Iowa ce mois-ci.
Il est urgent qu'en France nous prenions conscience de l'américanisation croissante des rapports entre une partie de notre population et les forces de l'ordre. Le deuxième débat des candidats de la primaire des Républicains portait notamment sur la question de la légitime défense des forces de l'ordre. Il parait en effet légitime qu'aujourd'hui le droit de tirer des policiers s'aligne sur celui des gendarmes pour qu'ils puissent devancer une attaque visant à les blesser mortellement mais d'un autre côté l'on risque dangereusement de se diriger encore plus rapidement vers la situation des États-Unis.
Il semble donc surtout nécessaire de prendre le taureau par les cornes et d'engager cette fois-ci enfin de véritables réformes de l'éducation nationale et des politiques de la ville tout en luttant contre le chômage pour que la République reprenne du terrain aux quatre coins de l'hexagone.
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