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Accueil du site > Tribune Libre > Vers une culture-monde ?

Vers une culture-monde ?

L’avenir de la culture réside-t-il, dans ce contexte de mondialisation, dans le repli sur soi identitaire sous la menace du choc des civilisations ou au contraire dans une culture-monde d’échange, de voyage et d’identités multiples ? Souhaitons l’avènement de la seconde option, comme meilleur moyen d’échapper à la première...

Mercredi 4 avril, Lyon, salle du Ninkasi : En route pour la joie du concert d’Interzone [1], le duo composé de Serge Teyssot-Gay et de Khaled Aljaramani. Pour un adorateur de Noir Désir, voir jouer son guitariste est un événement en soi, mais la musique proposée avec son acolyte syrien en est un autre. Et pourtant, il aura fallu l’annulation d’Arcade Fire quelques jours plus tôt pour que je remarque cette tournée d’Interzone - un mal pour un bien.

Ainsi m’y voilà. La première partie est assurée par un groupe de la région lyonnaise dont je n’avais jamais entendu parler : Antiquarks [2]. Quelle surprise ! Un batteur-chanteur (Richard Monségu) et un joueur de vielle à roue (Sébastien Tron), c’est déjà surprenant, mais leur prétention à jouer ce qu’ils appellent de la "musique interterrestre" l’est encore plus. Et avec quelle réussite ! Ils nous font en effet voyager pêle-mêle avec les peuples nomades asiatiques qui font peur malgré leurs intentions nobles car ils sont étrange(r)s, un pirate humaniste qui aurait rencontré Montaigne et Bartolomé de las Casas, dans le désert avec les Touaregs, dans l’Espagne obsédée par la limpieza de sangre, etc. Tout cela servi par une musique originale, inventive, variée, qui nous transporte à travers la Terre. Impressionnant. Alors quand arrive Interzone, nous sommes prêts à poursuivre le voyage. Et nous n’en serons pas déçus ! Loin de tomber dans un consensus mou, une neutralisation respective de leurs techniques et de leurs instruments, les deux compères, grâce à une complicité éblouissante, parviennent à tirer le meilleur - ou plutôt peut-être l’inédit, mais cela revient au même - de leur jeu ; ils paraissent se lancer des défis, l’un répondant à l’autre et vice versa. Leur plaisir de jouer est éclatant et la salle l’incorpore en plaisir d’y assister - comme quoi il n’est pas forcément nécessaire de parler pour communiquer. Ce concert aura donc été un moment d’une rare intensité, mêlant si parfaitement virtuosité et originalité, différences et échange... qQuel rafraichissement dans un paysage musical - et ceci n’engage que moi - bien morne tant le rock semble tourner en rond.

J’en arrive donc au vif du sujet. Une fois passée l’émotion de ce concert, les idées ont fusé : cette musique en "libre-échange", ou "interterrestre", en tout cas qui voyage partout autour du monde, qui tente de faire connaître, ou comprendre, les autres peuples, qui appelle au dialogue comme meilleur moyen de se dépasser soi-même... cette musique est hypermoderne - ou postmoderne ou ultramoderne voire de modernité tardive car le qualificatif change selon les auteurs - et constitue à mes yeux la réponse aux angoisses du temps présent. L’historien Jean-Pierre Vernant disait : "Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans et par lui. Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être. On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont." [3] C’est ce qu’accomplit cette musique, et ce à un moment où la mondialisation est jugée angoissante par tous les bords car elle écraserait les cultures et/ou les identités. Alors que la mythologie nationale est en crise, une mythologie-monde est-elle sur le point d’émerger ?

Depuis longtemps, pourtant, le temps du monde semble être arrivé. Fernand Braudel est peut-être celui qui en a le plus brillamment parlé [4]. C’est sous le signe du capitalisme que le monde s’unifie entre XVe et XVIIIe siècle, et c’est le progrès de l’économie d’échange en soubassement qui permet le capitalisme. Braudel utilise donc cette expression d’économie-monde. Aujourd’hui que l’économie est globalisée, il faut se demander si l’économie du monde devient une économie-monde : forme-t-elle un tout économique ? Des travaux d’économie et de géographie semblent y répondre par l’affirmative, parfois un peu vite peut-être [5]. Toujours est-il que cette mondialisation dite libérale paraît pour le moins destructrice, et si je ne partage pas ce diagnostic négatif, il me semble que la réalité d’un système économique mondial ne se dément pas, même si les interdépendances ne sont parfois qu’à l’état de bribes, en tout cas discontinues, laissant place - plus que nécessaire - aux protectionnismes, aux frontières, etc.

Admettons l’économie globale. Il y a également ce qu’on pourrait appeler une philosophie-monde. Elle n’émerge certes pas durant ces dernières années. Que Montaigne défende l’humanité des cannibales, que Montesquieu écrive du point de vue persan, il faut y voir la méthode comparative, l’autocritique qui ne saurait se développer sans voyage, sans traversée des frontières vers l’autre, sans volonté - et possibilité - d’échange. Et Nietzsche : "On feint de ne pas voir - à moins qu’on en donne une interprétation arbitraire et mensongère - les signes qui avancent avec le plus d’évidence que l’Europe veut s’unifier." [6] Ce qui valait pour l’Europe vaut aujourd’hui pour le monde. Du moins peut-on en percevoir les éclairs, les instantanés, comme le fait Edgar Morin dans Terre-Patrie par exemple. Il y a communauté de destin terrestre, mais de cela nous ne prenons conscience réellement qu’en cas de catastrophe : qu’un tsunami ravage l’Asie du Sud-Est et se fait jour un élan mondial de solidarité, qu’Al Quaeda détruise le World Trade Center, et c’est l’effroi un peu partout, etc. Le fait est que les grands enjeux sont mondiaux, interdépendants :
- l’écologie,
- les droits de l’être humain,
- la laïcisation / sécularisation,
- le développement économique,
- les inégalités sociales et spatiales...

Il y a donc besoin de monde. Mais le monde paraît aliénant, déstructurant, destructeur. Cette vue me semble réductrice, et je reprendrai à mon compte la pensée de Nick Couldry selon lequel la globalisation homogénéise certes la façon d’exprimer ses différences, mais ne les abolit pas [7]. Mais alors, pour éviter les échecs d’un internationalisme abstrait, il convient de faire appel à ce que j’ai appelé une mythologie-monde. Le succès du nationalisme a surtout résidé en ceci qu’il a su créer une mythologie nationale (nos ancêtres les Gaulois, Jeanne d’Arc, culte des grands hommes, fête nationale, surtout monuments aux morts) [8]. Or la pensée mythologique, loin d’être la manifestation d’une civilisation arriérée, est tout aussi utile que la pensée rationelle [9]. Aujourd’hui, nier les localismes, les nationalismes pour ne penser qu’à la communauté de destin ne mènerait à rien. Les cultures du monde sont d’une préciosité infinie, et c’est d’elles que pourrait naître une culture-monde qui ne les abolirait pas, mais au contraire s’en nourrirait. Une culture-monde pourrait déterminer un référentiel commun, une unité dans la diversité, faire valoir le monde, la communauté de destin de l’humanité sous son beau jour, faire naître une mythologie-monde capable de répondre aux angoisses suscitées par la mondialisation qui serait alors vue sous un jour nouveau.

Et les signes ne trompent pas. Ainsi ai-je débuté cet article par la "musique interterrestre", ou musique-monde. Aussi pourrais-je citer le cinéma-monde, dont l’exemple le plus brillant me venant à l’esprit est celui d’Alejandro Gonzales Iñarritu, et notamment son dernier film, Babel, montrant les interdépendances de destins autour du globe. Et puis, comment ne pas parler de cet appel de 44 écrivains en faveur d’une "littérature-monde en français" ? [10] "Le monde revient, estiment-ils, et c’est la meilleure des nouvelles." Il s’agit, d’après eux, de rattraper le retard de la littérature française sur les Salman Rushdie, Kazuuo Ishiguro, Ben Okri, Hanif Kureishi ou Michael Ondaatje... Une littérature de voyage, d’échange, d’identités multiples coexistantes et qui, au lieu de s’annuler, s’enrichissent mutuellement. Ils ne soucient pas d’un "quelconque "impérialisme culturel" [...] c’est à la formation d’une constellation que nous assistons, où la langue libérée de son pacte exclusif avec la nation, libre désormais de tout pouvoir autre que ceux de la poésie et de l’imaginaire, n’aura pour frontières que celles de l’esprit." Michel Le Bris et Jean Rouaud dirigeront en mai un ouvrage intitutlé Pour une littérature-monde chez Gallimard.

N’est-ce pas là une réponse au désarroi de la gauche dépossédée de ses utopies et qui ne peut se définir que comme antilibérale, contre un système et non pas pour un autre monde défini. Faute de cette culture-monde, cette gauche n’a d’autre choix que de résister à ce qu’elle juge néfaste, en courant alors le risque de ressembler à la droite. La campagne électorale à laquelle nous assistons est davantage un concours à celui ou celle qui ressemblera le plus à Astérix résistant à l’envahisseur qu’à un débat dont le centre seraient les valeurs humanistes. Car, enfin !, qui à gauche pourrait désapprouver Spinoza quand il explique que pour se préserver, nous devons nécessairement préserver les autres, et donc que la base du comportement éthique est l’altruisme [11], et par voie de conséquence l’échange, le mondialisme ? Certes le processus produit autant de dégâts que de progrès, mais comme le dit le poète Hölderlin : "Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve". Si au XVIIe siècle, on avait peur de la fuite des métaux vers l’Orient, nous avons peur aujourd’hui de la fuite des entreprises. Braudel expliquait que cela revenait à se plaindre de perdre ses boulets après avoir bombardé une ville... Pour contrer cette peur de l’inconnu, il nous manque les Balzac et Baudelaire contemporains [12], il nous manque une nouvelle mythologie, il nous manque une culture-monde. Ce bien modeste article espère la rendre un peu plus visible ...

[1] Myspace de Serge Teyssot-Gay

[2] Site d’Antiquarks

[3] C’est ainsi qu’il conclu La traversée des frontières

[4] cf. Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVè-XVIIIè siècle paru en 1979 ou la présentation qu’il en fait dans La dynamique du capitalisme.

[5] cf. par exemple P. Veltz, Mondialisation, villes et territoires ; C.-A. Michalet, Qu’est-ce que la mondialisation ? ; D. Cohen, Richesse du monde, pauvreté des nations

[6] Aphorisme 256 de Par delà le bien et le mal

[7] cité par Eric Macé in Les imaginaires médiatiques

[8] cf. l’ouvrage dirigé par Pierre Nora : Les lieux de mémoire

[9] Edgar Morin, Le paradigme perdu : la nature humaine

[10] publié dans Le Monde le 16 mars 2007

[11] Spinoza, L’éthique. cf. également le livre du neurobiologiste Antonio Damasio : Spinoza avait raison

[12] Roger Caillois, Le mythe et l’homme


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7 réactions à cet article    


  • Bois-Guisbert (---.---.156.187) 12 avril 2007 18:34

    L’avenir de la culture réside-t-il, dans ce contexte de mondialisation, dans le repli sur soi identitaire sous la menace du choc des civilisations ou au contraire dans une culture-monde d’échange, de voyage et d’identités multiples ? Souhaitons l’avènement de la seconde option, comme meilleur moyen d’échapper à la première...

    Tu peux toujours rêver. L’art nègre a introduit la laideur et le bruit syncopé, dans l’expression artistique européenne, alors Mozart en raï, Molière rectifié par Smaïn et le Greco « réinventé » par les tagueurs, c’est non. Définitivement.


    • Sébastien Marie Zarathustra 12 avril 2007 22:47

      Merci bien pour cette réponse. Pour ce qui est de rêver, oui, c’est un petit peu le but, et c’est précisement pourquoi j’aurais préféré une réponse complétant mon article en mentionnant d’autres oeuvres qui permettent de voyager : elles ne doivent pourtant pas manquer. Bref, comme un besoin d’ouverture, d’oxygène, d’échange, de découverte... Tant pis


    • Erwann Bleu (---.---.159.192) 13 avril 2007 10:35

      Nescafé Open Up et Orange Communiquons Plus quoi.

      Qu’un fan de Noir Désir occulte toute la dimension de violence, de peur, d’incertitude, de guerre présente dans le rapport à l’autre, ça m’épate un peu.

      Comment arrives-tu à concilier ton discours avec tout le discours guerrier de Nietzsche (et particulièrement de Zarathoustra ?) qui parle de la nécessité des ennemis ? Même chose pour Montaigne, il n’a jamais défendu une humanité des cannibales, il a simplement cherché à voir où cette violence des cannibales se retrouvait dans sa culture (et rien d’autre : ce n’est pas une « philosophie-monde », c’est clairement répété par Montaigne, c’est une « philosophie de l’ego » toujours particulier - pour lui et pour Nietzsche, la diversité n’est jamais en droit réductible à l’unité).

      Ensuite, démontrer le « besoin de monde » avec de bons gros exemples médiatiques comme le Tsunami et Ben Laden, c’est très léger. D’abord Ben Laden, ça a fait plaisir à certaines personnes, ensuite si tu regardes un peu du côté des Droits de l’homme, tu verras qu’il y a des viols, des guerres, des tortures un peu partout et que tout le monde s’en fout - donc « besoin de monde », ok, mais de quel monde, celui qu’on nous sert ? (c’est la question que pose Interzone : qu’est-ce qu’on veut ?). Ecologie ? Mais qui a pourri la planète en premier ? Droits de l’être humains ? Mais d’où ça sort cette idée ? Développement économique ? Y’a pas des époques où on s’en sortait avec le don ? Inégalités sociales et spatiales ? Mais qui les a produites ? Tout ça ce sont les deux côtés de la même pièce.

      « Car, enfin !, qui à gauche pourrait désapprouver Spinoza quand il explique que pour se préserver, nous devons nécessairement préserver les autres, et donc que la base du comportement éthique est l’altruisme [11], et par voie de conséquence l’échange, le mondialisme ? Certes le processus produit autant de dégâts que de progrès, mais comme le dit le poète Hölderlin : »Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve« . » Hé oui, hein, on fait pas d’omelettes sans casser des oeufs (des eux ?).

      Je ne sais pas qui est Nick Couldry, mais ça me semble une bêtise de dise qu’homogénéiser la façon d’exprimer ses différences ne les abolit pas. Justement, Nietzsche, encore, dit que tout est dans le style. A moins que tu ne sois d’accord pour chanter « Toi tu viens d’Afrique et je viens d’ailleurs ? Et alors ? On s’en fout ».

      Ta « culture-monde », c’est celle que promeut le discours dominant pour implanter sa globalisation et son économie. Et tu as beau citer de merveilleux exemples, je préfère, comme dit Montaigne, ne retenir que ces exemples qui dépassent ton discours.


      • Sébastien Marie Zarathustra 13 avril 2007 11:53

        Jamais de la vie je n’occulterai « la dimension de violence, de peur, d’incertitude, de guerre » ! Il s’agit justement d’y trouver une réponse, une réponse qui ne serait pas du style « choc des civilisations ». Je regrette par contre que tu aies dans mon article un discours merveilleux où tout deviendrait formidable et tout le monde s’aimerait. Bien évidemment qu’il y aura toujours des ennemis, et bien évidemment qu’il y aura toujours des oeufs cassés, mais cela, au lieu de rêver (inutilement) qu’on puisse l’éviter, j’en prend acte pour tenter de dessiner une voie qui serait une voie canalisant la folie destructrice. Je pose la question : quels étaient les ennemis de Nietzsche ?

        No way out, no miracle, just stop it in your blood... non ?

        Après, il t’est facile de montrer la légèreté de mes illustrations : je le reconnais moi-même. Mais est-ce parce que c’est un mouvement plus que minoritaire qu’il doit être ignoré ? Pour le coup c’est toi qui défend le discours dominant. Mon but avec cet article est simplement de montrer qu’il y a peut-être autre chose à explorer que l’altermondialisme actuel (qui pour moi se trouve dans une impasse, mais peut-être que je me trompe !)

        C’est certain que mon ennemi n’est pas la globalisation libérale, mais l’utilisation qu’en font les pays dominants (« protectionnisme au nord, libéralisme au sud » comme dirait Stiglitz)... Et je pense que tout mouvement d’homogénéisation appelle en retour un mouvement de particularisation, et ainsi de suite, donc je n’ai pas peur de voir disparaitre les différences culturelles.

        La question se pose, merci de l’avoir fait de manière intéressante, et j’espère que les réponses y seront multiples !


      • Erwann Bleu (---.---.159.192) 13 avril 2007 13:53

        D’accord. A propos de la nécessité du mythe, de l’impasse de l’altermondialisme, d’une voie qui subsume la violence (l’art donc), je suis d’accord.

        Seulement tu as l’air de rapporter la rencontre des cultures au mouvement de « globalisation libérale ». Par exemple : Interzone serait une rencontre qu’aurait permis cette « globalisation libérale ». Je me trompe ? Moi je crois que le mouvement de « globalisation libérale » n’a strictement rien à voir dans cette rencontre (mais qu’il aimerait bien se légitimer ainsi).

        La « rencontre » n’est permise que lorsque les différences ont été aplanies ou modelées selon les convenances, alors qu’il n’y a plus que du vide qui se rencontre, et pas des « identités culturelles ». Après, il y a toujours des petits coin de résistances qui se rencontrent, mais dans le schéma global, la soi-disant « libéralisation » n’existe pas. On ne peut pas la légitimer en cherchant dans les marges parce qu’elle n’est pas neutre, u’elle dépend d’acteurs bien précis et qu’elle sert leur intérêt.

        Enfin cela dit, tu as raison, il faut promouvoir les trucs de type Interzone ou échange de culture et refonder du mythe. Mais je doute vraiment que ça soit ce que veuille la « globalisation libérale » et que ce soit ce qu’elle promeuve à terme (les voyages et les échanges ne l’ont pas attendue, ils ont toujours existé) - je pense plutôt qu’elle empêche ça en véhiculant ses propres mythes et en les imposant.


        • Sébastien Marie Zarathustra 13 avril 2007 14:34

          Il faudrait déjà que la « globalisation libérale » veuille quelque chose. De fait ce que l’on connait et qu’on appelle « globalisation libérale » est porté par des acteurs qui profitent de ce système (le capitalisme financier), et qui eux veulent quelque chose. Mais ces acteurs n’ont pas inventé le libre-échange, c’est le libre-échange qui les a inventé (du moins c’est la position de Braudel et j’aurais tendance à être d’accord avec lui). C’est d’ailleurs ce que tu dis : il y a toujours eu voyage et échange, bien avant qu’il n’y ait capitalisme. Donc je ne pense pas dire que c’est grâce à la globalisation libérale qu’il y a eu Interzone, et si je l’ai dit, je le corrige. Je pense en revanche que c’est ce genre d’initiative qui pourrait permettre d’immaginer un avenir à la fois plus sympathique que le « choc des civilisations » et plus prometteur que l’antilibéralisme. La gauche est quand même internationaliste, il s’agirait de ne pas perdre ça de vue !

          Aujourd’hui, le discours internationaliste est aux oubliettes, c’est le discours lepéniste qui est au centre des débats. J’y vois le plus important signe d’une défaite de la gauche. Il est temps de repartir de l’avant, de porter quelque chose de positif, et non pas seulement de l’opposition. Trop de terrain a été abandonné. Mais le chemin a l’air difficile, c’est vrai.


        • Brousse_Ouilisse 10 juillet 2007 22:44

          Hum ... vous avez oublié un troisième choix et au final c’est celui-ci qui se dessine si personne ne réagit : la société a-culturelle.

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