Les premiers pas du 2.0 en politique (comme actuellement France2025.fr), annoncent une participation croissante de la société civile dans l’élaboration des analyses et des consensus. Juste à temps !
Lorsque nous parlons de « Mondialisation », c’est au commerce et à la finance que nous pensons d’abord. Mais, de manière plus discrète, nous assistons également, jour après jour, à la construction enthousiasmante d’un véritable ‘cerveau global’ de l’humanité.
Google et les autres moteurs de recherche en sont la mémoire : chacun peut constater comment il est aujourd’hui possible d’accéder instantanément, sur presque n’importe quel sujet, à des informations complètes et de qualité partout dans le monde. Une telle capacité d’information, il y a encore seulement une dizaine d’années, était le privilège des gouvernements les mieux équipés.
Wikipédia est une autre avancée majeure de ce ‘cerveau global’, et non pas seulement par la qualité des informations qu’on y trouve. Le succès de l’expérience Wikipédia démontre que notre ‘cerveau global’ évolue, au sens darwinien du terme, dans le bon sens : il y a parmi les internautes qui écrivent sur Wikipédia plus de « bons » (qui écrivent un contenu de qualité et respectent l’opinion des autres), que de « mauvais » (qui utilisent Wikipédia comme moyen de désinformation ou de propagande).
Les évolutions darwiniennes sont déroutantes pour nos esprits habitués au déterminisme : comme dans la nature, les progrès de Wikipédia sont la résultante de multiples tâtonnements. Le succès est finalement au rendez-vous car la masse des « bons » vient à la longue à bout des « mauvais ». L’évolution darwinienne n’est pas un sprinter, mais c’est un coureur de fond inégalé.
Quelle est la prochaine étape de la construction de ce cerveau global de l’humanité ? Peut-il passer à l’action ?
Je suis tenté de répondre « il le doit ».
La crise mondiale que nous traversons est l’illustration du degré de complexité extrême du monde contemporain, où nos pays et nos activités économiques sont devenus si étroitement interdépendants qu’il est devenu presque impossible à un cerveau humain d’en comprendre les évolutions. Déjà, nos hommes politiques, abreuvés de manière incessante de notes de synthèse et d’informations sur tous sujets, doivent déployer une énergie qui défie les capacités humaines de résistance physique et d’endurance. Déjà, il apparaît à chacun que les meilleurs gouvernements de la planète n’avaient de leur propre système financier qu’une compréhension pour le moins superficielle, alors même qu’ils étaient en charge de le réguler.
Il est permis de douter que ce seul mode de décision politique très centralisé et formel soit la réponse adaptée aux défis de demain, qui seront encore plus complexes.
Le ‘soft power’ des ‘thinktank’ et des instances de régulation informelle, chaque jour plus nombreuses, tend déjà à se substituer, dans de nombreux domaines pointus, à l’action des Etats. Mais un tel pouvoir d’instances qui n’ont pas de légitimité est-il souhaitable et acceptable à long terme par les citoyens ? Sans doute pas. Les citoyens savent bien que les centres de pouvoir qu’ils ne contrôlent pas sont bien souvent instrumentalisés par des lobbies qui ont bien d’autres priorités que celle de l’intérêt général.
Sur le modèle de Wikipédia, nous pensons que peu à peu les expertises des citoyens vont se fédérer pour répondre au défi de la gouvernance du monde. La masse déjà énorme des compétences prêtes à s’investir dans un tel projet est en augmentation très rapide avec le vieillissement de la population. Les divergences d’opinion, d’analyses et d’intérêts sont fortes dans cette population, mais la résultante des interactions de ces acteurs qui arrivent chacun avec la compréhension de leur environnement immédiat visera, par définition, l’intérêt général.
De la construction de consensus par notre « cerveau global » à l’action politique, quelle sera la courroie de transmission ?
Nous pensons que la presse et les média en général joueront ce rôle.
Peu à peu vont devenir disponibles dans ce grand ‘cerveau global’ en formation des informations très précises sur les grands paramètres du monde contemporain, leur analyse et les propositions opérationnelles élaborées par les innombrables interactions des contributeurs. On trouvera également, par les mécanismes de vote en ligne, des informations quantitatives en temps réel sur la part de la population qui soutient ou qui rejette telle ou telle proposition, les points qui font consensus ou qui cristallisent les polémiques.
La disponibilité de cette information sera de nature à permettre aux journalistes de rendre compte de ces problématiques, bien mieux qu’aujourd’hui, aux populations qui ne participent pas encore au « cerveau global ».
Tout ce travail d’élaboration du consensus facilitera, et dans une certaine mesure conditionnera, l’action des hommes politiques, dont le rôle difficile restera de savoir décider quand un sujet est ‘mûr’, et adopter le bon rythme de réforme. La démocratie 2.0 n’élimine pas l’homme politique : bien au contraire elle lui donnera un outil d’information et d’aide à la décision à la mesure de la complexité du monde contemporain, lui permettant d’oser plus tout en risquant moins.
La démocratie 2.0 sera sans doute caricaturée comme une généralisation de la politique par les sondages par ceux qui oublient l’importance du temps, elle est pourtant tout le contraire d’un fast-food de la pensée. La démocratie 2.0 devrait permettre de redonner à la stratégie de long terme toute la place qui a peu à peu été grignotée par les urgences du quotidien. Cette nouvelle évolution de notre cerveau global, qui débute maintenant, prendra tout son temps pour confronter les points de vue, avancer, reculer, rebâtir toujours dans une perpétuelle quête du mieux.
Mais c’est un rouleau compresseur, dont nous pensons qu’il ouvre de grands espoirs dans notre capacité à gouverner le monde de demain.
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" comme dans la nature, les progrès de Wikipédia sont la résultante de multiples tâtonnements. Le succès est finalement au rendez-vous car la masse des « bons » vient à la longue à bout des « mauvais » avez vous écrit.
Ceci est particulièrement vrai sur ce site, par exemple. Face à la qualité des " bons intervenants " qui moinssent en masse toutes les phobies et autres extrèmismes que pratiquent un peu brutalement les " mauvais intervenants ", le ménage se fait tout seul. L’autorégulation est le plus souvent de mise et à part quelques accrocs souvent censurés, mais parfois maintenus parce que sans gravité, et cela presque sans arbitre. Comme dans la nature qui est la résultant de multples tâtonnements, la sensibilité l’emporte sur la brutalité.
Article interessant. J’applique le 2.0 au développement d’un nouveau modele d’entreprise (l’entreprise
elle-meme...). Le 2.0 est un outil puissant pour mettre en place une organisation sans avoir besoin de
materialiser une structure (de gestion de l’organisation) pour le faire. Autrement dit, les acteurs partagent
des moyens d’organisation entre autres choses qui leurs permettent non seulement de developper
leur activité mais de l’organiser de fait.
Article optimiste qui croit que les "bons" sont plus nombreux que les "méchants". (On l’espère tous !)
Il s’exerce effectivement de fait , grâce au net ,un processus d’intelligence collective (le cerveau global) ...La limite est contenu dans l’outil lui même : le net n’est pas tout et ne peut pas tout.
Il y a déjà une méthode simple de compter les bons et les méchants : le vote . Néanmoins il manque au vote tout le reste : c’est à dire ce qu’apporte en partie mais pas totalement le net : le fasconnage de l’intelligence collective .
En conclusion , je suis d’accord avec l’article mais re situe le net et l’avancée du "cerveau collectif" dans le contexte plus global et plus concret de la démocratie à laquelle manque à l’évidence un outil organisé de fasconnage de ce cerveau collectif. Le net pouvant y participer fortement mais pas comme élément isolé , comme élément important d’un ensemble à inventer , permettant aux citoyens de s’auto éclairer les uns les autres : un nouvel outil politique utilIsant net , médias classiques , rencontres locales de terrains etc Bref une réorganisation et remise en avant du débat public , de la recherche sociétale publique.
Conceptuellement parlant, hors infrastructure, le net n’est pas besoin d’etre ’organisé’. Il a juste besoin
d’outils pour pouvoir l’organiser et avec le 2.0 de permettre à chacun de participer à l’organisation.
En fait, il est la support de la démocratie 2.0 et le fait de l’utiliser pour imaginer "la democratie" n’a
rien a voir avec l’outil mais avec son usage : Imaginer la democratie de maniere democratique.
Maintenant rien ne garantie qu"a l’usage, le produit de cet exercice d’imagination soit democratique.
mais le produit sur le net est jugé par tous et le decret d’adhesion en fait un produit democratique.
un produit democratique de méchants ou de gentils ou plus probablement, un mix des deux
Votre commentaire soulève bien évidemment un des plus gros problèmes du 2.0. Même si l’on suppoose que le 2.0 favorise la formation des consensus et des opinions politiques de manière démoncratique entre les participants... il ne s’agit malheureusement que des participants et certains pourraient alors parler d’oligarchie plutôt que de vraie démocratie.
Pour moi, on ne peut qu’espérer que la diffusion de l’accès au réseau, et, par l’éducation, l’usage effectif de ces outils par le plus grand nombre ne résolvent ce problème dans un horizon de 15 à 20 ans. Dans l’attente, il n’est pas trop tôt pour affiner les outils déjà avec les populations d’internautes d’aujourd’hui.
Ce n’est pas un probleme du 2.0 ! C’est un probleme 1.0 L e 2.0 repond à l’evolution des
marchés et à ce titre aux besoins de l’entreprise. De mon point de vue, les generations X et Y
contraindront meme les plus 1.0 des entreprises à evoluer parce que les entreprises créées par
des X et Y,, seront plus agiles et reactives, necessiteront moins de capital qu’ils obtiendront
d’ailleurs autrement (penser à la campagne d’Obama).
pour un travail de fond sur le 2.0 et l’entreprise voir www.xewow.com
Utiliser le web 2.0, c’est faire confiance à de grosses structures que vous ne contrôlez pas.
Vous rentrez des informations personnelles dans des bases de données en ignorant dans quel pays elles se trouvent physiquement, et donc à quelle législation elles répondent.
En acceptant les conditions d’utilisations (sans toujours les lire), vous confiez des données sans savoir l’utilisation qui peut en être faite par autruit, et sans aucune garantie de service.
Certes, il est plus facile de faire confiance à Google qu’à une équipe de quelques informaticiens, mais c’est sans doute plus rassurant de savoir que votre fichier est sauvegardé sur un disque dans la salle à côté plutôt que sur un serveur quelque part aux Etats-Unis. Si vous envoyez un message électronique confidentiel, c’est aussi bien qu’il ne fasse pas le tour du monde avant d’arriver dans le bureau en face du vôtre.
Démocratie ? Ce n’est pas parce qu’ils sont nombreux à se tromper qu’ils ont raison... Par exemple, ce sont rarement des chercheurs en physique ou astronomie, qui publient sur Wikipédia, mais des passionnés de science (et d’informatique). L’information n’est en général pas fausse, mais partielle, c’est une sorte de consensus sur ce qu’il faut retenir, ou du moins, sur ce qu’ont retenu les gens qui s’intéressent à tel sujet.
Peut etre une question de definition. Mon propos s’appliquait "hors infrastructure".
Vous avez raison.
La, le danger est immense. Nous sommes dans une transition ou le modele que vous connaissez à le
controle de l’infrastructure. Google est un danger. Dans les reunions de preparation du G20 cote
Obama, Eric Schmidt le patron de Google etait invité.... Mais l’infrastructure evolue....
La solution passe par la construction sur un modele 2.0 de l’infrastructure elle-même (C’est au coeur de
mon projet xewow www.xewow.Com).
De plus, je pense que nos chefs d’entreprises sous estiment totalement le danger economique...
Bonjour,
La question de la courroie de transmission est un vrai problème. Tant qu’elle ne sera pas réglée, c’est-à-dire tant que les décideurs politiques n’intègreront pas les démarches participatives dans le processus de décision, il sera difficile de compter sur une forte participation. En attendant, la qualité du projet et la communication qui l’accompagnera seront les seules clés du succès de l’opération. En tout cas, bravo à l’association Socracy pour ce projet. Je vais aller le tester de ce pas...
Un decideur 1.0 controle une organisation (1) qui gere les organisations (2). (1) et (2) divergent.
Un decideur 2.0 participe à la regulation d’une organisation.
Je ne partage pas votre point de vue. Evidemment, on aimerait voir les decideurs evoluer dans leurs
pratiques.... Les decideurs 2.0 les remplaceront et avant cela creeront des organisations plus
efficaces...
Les decideurs 1.0 limitent les possibilites du 2.0. En meme temps il favorise le contournement de
ces limites avec pour effet d’amplifier le divorce entre des decideurs, qui se comportent par construction
du systeme comme s’ils n’en faisaient pas partie, et les autres.
Le site de l’association Socracy ne contient actuellement que des informations générales sur le projet. Le site operationnel n’ouvrira qu’en Janvier 2009. En avant première, Socracy a mis a disposition une version simplifiée du moteur de débats pour France2025.fr, ce modèle est appelé à ce généraliser, chaque site du type ’france2025.fr’ représentant une ’tranche’ du site socracy.
Si ce projet vous intéresse, vous pouvez me joindre via les liens de www.socracy.org.
Si vous souhaitez déjà contribuer, vous pouvez le faire sur France2025.fr, le contenu sera repris en Janvier (avec environ 1500 "fiches" supplémentaires) vers janvier 2009. Merci en tous cas pour votre intérêt.
Il faut un début à toute chose
France 2025, même si l’aspect véritablement collaboratif n’est pas encore très développé (même si les auteurs ont déjà la possibilité de collaborer sur un texte), présente déjà la nouveauté de mettre côte à côte des experts reconnus et des citoyens... un peu comme un Agoravox qui mélangerait des articles du Monde ou des Echos avec nous autres. Les deux partagent le même système de notation ce qui rend les choses très démocratiques. Et il ne faut pas oublier que ce site est en partenariat avec un ministère, il m’a déjà semblé très osé pour ce ministère d’accepter une telle ouverture, et une critique tout à fait ouverte sur des documents de prospective officiels !
Effectivement Socracy ira plus loin : rédaction de propositions collaboratives avec un contrôle fin du droit d’adition par les auteurs, partis virtuels, thématique plus riche, partie "faits et statistiques" complète et tenue à jour.
France2025 héritera sans doute de certaines de ces améliorations, au fur et à mesure des besoins. Mais au final, ce type d’outil collaboratif "prend" véritablement au delà d’une certaine masse critique d’auteurs. Si vous soutenez ce projet, le meilleur moyen de nous aider est de noter, commenter, contribuer ! Le ministère sera d’autant plus encouragé à poursuivre, développer et tenir compte de ce type d’initiatives que la qualité des contributions est au rendez-vous.
Les premières statistiques sont très encourageantes, je pense que nous atteindrons la masse critique au premier semestre 2009.
Merci encore pour vos remarques, et j’espère votre intérêt et soutien.
Posez vous cette question :
QUEL HUMANITE VEUX TU ?
L’humanité ne doit pas s’associer plus a la machine, à un reseau ou à un systeme d’information.
Entre un monde ou tout le monde est vidé ( par la depersonnalisation) et un monde humain ne niant pas la nature humaine , la vie humaine, les besoins humains, les limites humaines, les êtres vivant et l’envirronnement.
Le 1.0 est le support la depersonnalisation, le chantre de la representativité, etc...
A la charniere du 2.0 se trouve justement le besoin de personnaliser les choses...
la voix que vous entendez dans un telephone n’est ni plus ni mois reelle que les mots
que vous lisez sur ce site web. Que l’individu joue un role pour se detacher de lui-meme,
quelque soit le support , montre qu’il ne retrouve pas lui-meme à travers son
environnement. Le web peut paradoxalement lui permettre de trouver ceux qui sont
le moins loin de lui....
OUI ... mais faite une projection de l’avenir avec son évolution humaine, et vous verrais que meme dans le meilleur des cas vous aurais créé des monstres
OUI la technique facilite les choses...
mais la voie la plus facile n’est pas forcément la plus glorieuse.
Le contact humain est primordiale, la vie ne se fait pas à échelle inhumaine pour l’humain, c’est une vue de l’esprit pour les aristocrates de tout temps ...
Essayé un peu l’approche holistique au lieu du reductionnisme (en revant de gigantisme et d’empire) pour changer, ainsi vous aurais d’autre point de vue.