Vers une re-naissance de la Palestine
La Palestine est née avec Abu-Ammar Arafat, elle doit renaître, à elle-même, par elle même
Les enfants palestiniens ont ceci d'unique qu'ils ne cessent de s'émerveiller à propos du plus simple nouveau, à propos de tout. Leurs sourires éclatants, nimbés d'une indéfinissable façon d'en effacer l'expression, comme s'ils étaient gênés de montrer ainsi tant de vie en eux, ils sont les diamants de la Palestine.
Tandis que leurs parents, leurs familles butent, se révoltent, esquivent, conspirent face à l'agression sioniste permanente, face à leur situation d'occupés, leurs vies entravées, eux démontrent un esprit de vie, au sens le plus pur, le plus vif, le plus puissant d'être en existence. Face aux palestiniens, un état et son armée, animé par l'esprit de mort. Face à eux, un Netanyahou génocidaire, des médias israéliens alarmistes qui cultivent la peur et la haine envers le peuple palestinien, au sein de son propre peuple. Un peuple, abêti par la propagande arabophobe, un peuple assiégé dans ses têtes, par la peur, par les représentations qu'on leur inocule à longueur de journée. Un peuple qui se retrouve cantonné dans le rejet du palestinien, dans le repli sur des repères d'identifications communs et qui valide à 80 % l'opération Bordure protectrice, à Gaza, été 2014.
Il ne s'agit pas d'une affaire de religion, même si les plus extrémistes d'entre eux, ivres de Torah, des grands enfants qui se cramponnent à la nécessité phobique de se donner, chaque seconde de leur existence, des signes tangibles de réassurance : tenues identiques - prières démonstratives . . . . Tout à l'opposé d'une vie, c'est une sous vie qu'ils parcourent, frileux à tout ce qui n'appartient pas à l'univers de leur sacré. Cette peur panique qui les habite, elle traverse, « atténuée », l'ensemble de la société israélienne à chaque instant. Du protocole rigide des militaires à la surveillance des faits et gestes de toute la population, la différence n'est que de degré non de nature. Le citoyen israélien, les sbires du fonctionnement social israélien, vivent dans une in-tranquillité permanente, sur-attentif à tout ce qui déroge à la norme, fuyant ou bloquant tout ce qui lui est inattendu.. A l'aréoport de Tel Aviv, après le Nième contrôle « réglementaire », dans l'espace « free » intérieur, on demande et entre le nom pour un icetea, on demande le passeport et enregistre l'identité pour acheter un timbre. Quelle vie dans une telle insécurité d'esprit, avec une peur constante vrillée au ventre. À se recroqueviller frileusement ainsi, Israël va faire émerger une forme moderne de consanguinité dégénérative. L'état israélien a besoin de s'arque-bouter sur la présence de l'adversaire « héréditaire » - le palestinien - l'arabe . . . pour exister. L'état israélien a besoin de la bêtise vipérine et sans scrupules de ses colons pour porter son message de mort sur la terre de Palestine, plaçant ainsi les siens chez l'autre, pour « prouver » matériellement son existence . . . . quelle calamiteuse illusion !
Israël, une île bien étriquée dans un océan arabe - Israël, un corps social qui ne survit qu'en agitant la menace du danger extérieur, qu'en s'appuyant sur l'hostilité réelle ou supposée alentour, et qui en fait payer le prix exorbitant aux palestiniens. Sans ça, il s'effondrerait sur lui-même, sans ça, il serait voué à l'autodestruction par dégénérescence. Mais au final, dans un futur peut-être pas si lointain, c'est ce qui lui arrivera s'il ne s'engage pas dans la voie pleine d'embûches, de remises en question, d'un seul état « palestisraélien ». 2 états séparés, la rivalité perdurera, un seul état commun, c'est loin, c'est plus que difficile mais pour paraphraser Antonio Machado : « ce n'est pas le but du chemin qui compte, mais le chemin que l'on fait en marchant » . . . . . . . et le peuple palestinien sait marcher. Ce sera difficile aussi pour le peuple palestinien, après tant d'exactions, de sévices, d'humiliations, de crimes subis. Ce sera difficile, mais quelque part, il peut « remercier » le violent colonisateur de l'avoir maintenu en alerte de vie, durant tant et tant d'années.
Le palestinien, « welcome constant aux lèvres » n'est pas violent par essence, même si certains , par jusqu'au boutisme, « pour la cause », ont répondu, et répondent encore, en violence contre la violence. Comment ne pas les comprendre : « on voit toujours la violence du torrent, jamais celle des berges qui l'enserrent ».
C'est le temps d'Arafat, celui des combattants.
Les palestiniens le disent, il vivait mieux, il y a 30 ans, 20 ans. Aujourd'hui mur de la honte, innombrables check-points fixes ou mobiles, l'étau s'est resserré, les circulations « couloirisées », les humiliations permanentes. Et pourtant voir les sourires narquois sur les visages des hommes palestiniens qu'on oblige à sortir du bus, qu'on fait se mettre en ligne, à chaque check-point, montre sans conteste que personne n'est dupe, militaires compris. On peut ralentir, juguler, retenir les corps, pas les esprits. Le palestinien, comment pourrait il faire autrement, attend, contourne, ruse, s'adapte au gré des circonstance prévisibles ou non. Le palestinien, au joug d'une telle mise sous contrôle, se tient debout, n'ayant plus rien à perdre. Et ça en devient une force indestructible quand elle s'élève au niveau d'un peuple tout entier. Si Netanyahou était dans la situation d'un Milosevic serbe qui se contrefichait de l'avis de la communauté internationale, les palestiniens auraient connu un génocide. Mais Israël, fondamentalement dépendant des appuis occidentaux, que ce soit pour l'armement, les fonds juifs et américains, le commerce, n'a pas le droit à ça . . . d'où la voie sans issue dans laquelle il est « condamné » à continuer de poursuivre.
Mais l'heure est venue d'enclencher un autre type d'affirmation de l'existence des palestiniens :
La violence appelle la violence, la justifie, aussi une voie non violente, mais non passive, doit voir le jour. À l'instar de ce que propose l'art martial de l'aïkido, épuisant l'adversaire de sa force par cette même force - à l'instar de ce qui fut en Inde, il faut un Gandhi pour la Palestine !
Un Gandhi musulman, d'un islam qui cultive les fleurs et les fruits de la concorde, du respect de l'autre, de l'accueil de l'autre. Pour être reconnu en Palestine, pour entrouvrir les esprits vers un nouveau chemin, être « muslim » est incontournable. C'est une affaire de culture, d'histoire qu'on ne peut balayer d'un revers de main technocratique et/ou étatique. Pour que le peuple palestinien prenne ses affaires en main droite, pour qu'il soit le réel moteur du mouvement, il doit être en mesure de s'autodéterminer, il doit s'affranchir de la pâle copie du modèle politique occidental, il doit être responsable au plus petit échelon de sa vie sociale.
En Palestine, les gens ne sont pas en mouvement seul dans une voiture ou en masse des transports collectifs comme chez nous, ils sont en mouvement, ensemble, par les shirouts -petits bus collectifs – les taxis, les bus.
En Palestine, sourire aux lèvres, les gens sont heureux de l'autre, de rencontrer l'étranger, de l'aider dans son mouvement. Toutes ces valeurs partagées doivent être le socle d'une construction politique concernant le plus grand nombre. Le peuple palestinien possède toutes les qualités pour la mener à bien.
C'est à partir d'elles qu'il s'agit de construire la maison commune Palestine.
Thierry Mermet Rennes, le 10 novembre 2014
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