Victoire du peuple ou victoire de Samothrace ?
Ce 6 décembre, c’était la Saint-Nicolas. L’occasion de souhaiter bonne fête à la trinité des Nicolas candidats : Hulot, Dupont-Aignan, Sarkozy. C’est tout particulièrement pour ce dernier que je lève ici une question étymologique. Savez-vous que le prénom Nicolas vient du grec : νικη (nikè) « victoire » and λαος (laos) « peuple ». La victoire du peuple, donc ! Mais en germanique, cela donne Nikolaus, qui était l’un des surnoms du diable. D’ailleurs, on dit toujours « Old Nick » en anglais pour désigner le démon !
Ainsi, selon la première étymologie, Nicolas serait l’homme providentiel pouvant mener le peuple à la victoire. Qu’en est-il réellement ? N’allons pas bien loin et regardons simplement l’actualité toute récente. L’Assemblée nationale devait adopter en première lecture le 5 décembre le projet de loi sur la prévention de la délinquance présenté par Nicolas Sarkozy. Pour défendre son texte, Nicolas est venu en orateur présenter son enfant à l’ouverture de la discussion. Solennel, il s’est posé en rassembleur des républicains. Ses partisans conquis l’ont salué debout, comme cela devient désormais le rituel pour chaque discours de ce tribun d’un nouveau genre.
Et ensuite ? Eh bien vous connaissez le Nicolas ! Il a filé à ses multiples occupations -« Allez ! hop hop hop ! » - consistant essentiellement à se montrer partout. Il n’est plus revenu à l’Assemblée. Le résultat est que durant les neuf jours de séance consacrés à l’examen du projet de loi au Palais-Bourbon, les députés présents furent rarement plus nombreux que la dizaine !
Bref, sans Nicolas et sa verve -et ses caméras et ses photographes-, cela fit un tel flop qu’il a fallu que le ministre chargé des relations avec le Parlement, Henri Cuq, et le président du groupe UMP, Bernard Accoyer, rassemblent toute leur énergie pour battre le rappel. Cela donna...quinze députés dans l’hémicycle au moment de voter, quinze !
Je ne sais si l’on peut tirer une leçon de cette situation navrante, mais ceux qui rêvaient à victoire du peuple que le prénom Nicolas laissait augurer repasseront. Un tel vide à l’Assemblée nationale, censée parler au nom du peuple, est symptomatique d’une chambre d’enregistrement, d’un gouvernement tout-puissant et d’un avenir présidentiel à droite reposant sur la seule personne de Sarkozy. La victoire du peuple à droite est-elle liée au sort de Sarkozy ? Sans cet homme, cette victoire aura-t-elle une tête ? Et le peuple dans son entier, gauche, droite, centre et abstentionnistes, quelle tête va-t-il pouvoir se trouver pour relever la sienne, de tête ?
Victoire du peuple, ou victoire de Samothrace ?
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