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Vidkun Quisling : le traître infâme qui a vendu son pays à Adolf Hitler

Vidkun Quisling est un nom qui évoque à la fois la trahison et la collaboration avec l'ennemi. Figure controversée de l'histoire norvégienne, il est devenu le symbole de la collaboration avec les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Son parcours, marqué par des ambitions politiques démesurées et une idéologie extrême, a conduit à sa montée en puissance, mais aussi à sa chute spectaculaire.

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Les premiers pas d'un ambitieux

Né le 18 juillet 1887 à Fyresdal, en Norvège, Vidkun Quisling grandit dans un environnement rural marqué par les valeurs traditionnelles et le nationalisme. Issu d'une famille de pasteurs, il est imprégné dès son jeune âge d'un profond sentiment religieux qui influencera par la suite ses discours et ses actions. Après avoir terminé ses études secondaires, il embrasse une carrière militaire, s'engageant dans l'armée norvégienne. Doté d'une intelligence vive et d'une ambition débordante, il gravit rapidement les échelons, se distinguant par ses qualités de stratège et d'organisateur.

En 1911, il est envoyé à l'Université de Petrograd, où il est non seulement confronté aux tumultes de la révolution russe, mais aussi aux théories politiques de l'époque. Les idées de Léon Trotsky, notamment, l'attirent initialement par leur caractère révolutionnaire et leur promesse d'un monde nouveau. Cependant, c'est surtout le nationalisme exacerbé et les idéaux autoritaires qui émergent en Europe dans les années 1920 qui le séduisent véritablement. Influencé par les écrits de Benito Mussolini et d'Adolf Hitler, il développe une vision autoritaire de la société, prônant un État fort et une nation unie sous la coupe d'un leader charismatique.

 

 

De retour en Norvège, Quisling s’immisce rapidement dans le paysage politique. Fort de son expérience militaire et de son charisme naturel, il est nommé ministre de la Défense en 1931, un poste qu’il occupe jusqu’en 1933. Cette fonction lui offre une tribune idéale pour diffuser ses idées et renforcer son réseau. Cependant, ses vues autoritaires et son penchant pour les régimes totalitaires suscitent des inquiétudes au sein du gouvernement norvégien, contribuant à sa démission. Quelques mois plus tard, en décembre 1933, il fonde le parti Nasjonal Samling (NS), ouvertement inspiré des modèles fascistes italiens et allemands. Le programme du NS prône un État fort, une économie corporatiste, un nationalisme exacerbé et une idéologie raciste qui cible notamment les juifs et les Tziganes.

 

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Bien que le NS parvienne à séduire une frange de la population norvégienne, notamment parmi les jeunes et les déçus du système politique, il reste marginal et ne parvient pas à remporter de succès électoraux significatifs. Son discours virulent et ses méthodes parfois violentes lui valent l’hostilité des autres partis politiques et d’une grande partie de la société civile. 

Vidkun Quisling tisse des liens étroits avec les dignitaires du régime nazi. Il exprime ouvertement son admiration pour Adolf Hitler, qu'il considère comme un modèle politique et idéologique. Cette fascination pour le nazisme est alimentée par sa vision d'une Norvège forte, unie et dirigée d'une main de fer. Convaincu de la supériorité du modèle allemand, il cherche à implanter en Norvège un régime similaire, fondé sur le nationalisme, l'autoritarisme et l'antisémitisme. Quisling entretient une correspondance assidue avec des responsables nazis et multiplie les voyages en Allemagne pour rencontrer des personnalités influentes. Ces contacts étroits lui permettent de bénéficier d'un soutien financier et logistique pour le développement de son parti politique. 

 

File:Vidkun Quisling på talerstolen, ukjent datering. (8616425227).jpg -  Wikimedia Commons

 

En décembre 1939, Vidkun Quisling rencontre secrètement le Führer à Berlin. Au cours de cet entretien, il exprime clairement son désir de voir l'Allemagne envahir la Norvège, qu'il considère comme un moyen de sauver son pays du "bolchévisme" et de lui assurer un avenir prospère. Cette rencontre marque un tournant décisif dans la trajectoire de Quisling. Convaincu d'avoir obtenu l'aval d'Hitler, il intensifie ses activités subversives en Norvège, espérant faciliter l'invasion allemande. Son vœu sera exaucé en avril 1940, lorsque les troupes allemandes envahissent le pays.

 

La collaboration avec les nazis

L'invasion de la Norvège, alors pays neutre, par les troupes allemandes en avril 1940 marque un tournant décisif dans la carrière de Quisling. Profitant du chaos et de l'instabilité, il se proclame Premier ministre le 9 avril 1940, lors d'un coup d'État, peu après le début de l'invasion allemande. Cette proclamation est accueillie avec méfiance et colère par la population norvégienne, qui voit en lui un traître. Contraint et forcé, il démissionne après quelques jours, en raison de son impopularité. Malgré cela, il continue à collaborer très étroitement avec les autorités allemande, espérant établir un régime nazi en Norvège.

 

LeMO Objekt - Werbung der "Nasjonal Samling", 1941

 

Le 1er février 1942, les Allemands installent officiellement Vidkun Quisling au poste de ministre-président du Gouvernement national. Cette nomination, qui donne à Quisling une apparence de légitimité, est en réalité une manœuvre de propagande destinée à masquer l'occupation allemande. En réalité, Quisling reste étroitement surveillé et contrôlé par Josef Terboven, commissaire du Reich pour la Norvège, qui détient le pouvoir réel. Sous son gouvernement fantoche, Quisling met en œuvre une politique de collaboration étroite avec l'Allemagne nazie. Il instaure un régime répressif, caractérisé par la persécution des juifs, l'arrestation des opposants politiques et la mise en place d'un appareil de surveillance omniprésent.

 

Hitlers norska val gav förräderiet nytt namn

 

Parallèlement, il tente de transformer la société norvégienne en profondeur, en promouvant les idéaux nazis et en éradiquant toute forme de dissidence. Cependant, ses efforts se heurtent à un mur d'hostilité : la grande majorité des Norvégiens rejette le régime de Quisling et continue de soutenir la résistance. La popularité de Quisling, déjà très faible, ne cesse de décliner et il devient rapidement le symbole de la trahison nationale la plus infâme 

Malgré son statut de collaborateur zélé et sans aucun scrupule, Vidkun Quisling nourrit de grandes ambitions personnelles. Il aspire à jouer un rôle central dans l'administration de la Norvège occupée, rêvant de devenir le véritable maître du pays. Il méprise ouvertement Josef Terboven, commissaire du Reich, qu'il considère comme un obstacle à ses ambitions et qu'il cherche à écarter. Il espère que les Allemands, reconnaissants de sa loyauté et de ses services, lui confieront un pouvoir beaucoup plus étendu.

 

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Cependant, les dirigeants nazis, tout en utilisant Quisling comme figure de proue de la collaboration, ne lui accordent qu'une confiance limitée. Ils sont conscients de son impopularité auprès des Norvégiens et craignent qu'il ne devienne un fardeau. Par ailleurs, les Allemands préfèrent conserver un contrôle direct sur l'occupation de la Norvège, afin de s'assurer que leurs intérêts soient pleinement satisfaits. Ainsi, Quisling se retrouve dans une position paradoxale : il est à la fois indispensable à l'occupation allemande et totalement dépendant des décisions des autorités allemandes. Cette situation le rend particulièrement vulnérable et l'oblige à adopter une attitude servile envers ses maîtres.

 

La chute d'un traître

La fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, sonne le glas du régime collaborationniste de Vidkun Quisling. Alors que les Alliés avancent inexorablement sur le front occidental, la Norvège est libérée de l'occupation nazie. Anticipant l'effondrement du Troisième Reich, Quisling tente de s'échapper du pays mais est rapidement capturé par les forces de résistance norvégiennes. Son arrestation, qui met fin à cinq années de collaboration étroite avec l'occupant, suscite un sentiment mêlé de soulagement et d'indignation au sein de la population.

 

 

Si les Norvégiens se réjouissent de la libération de leur pays, ils éprouvent également une profonde colère envers celui qui a trahi leurs valeurs et collaboré avec l'ennemi. Vidkun Quisling est rapidement incarcéré et soumis à un interrogatoire approfondi. Les autorités norvégiennes souhaitent non seulement établir les responsabilités de l'ancien ministre-président mais également comprendre les mécanismes qui ont permis l'avènement et la pérennité du régime collaborationniste.

 

Police photographs of Vidkun Quisling, 1945. [980x558] : r/HistoryPorn

 

Le procès de Vidkun Quisling s'ouvre le 20 août 1945, transformant l'ancien ministre-président en accusé devant la justice de son pays. Accusé de haute trahison, de collaboration avec l'ennemi et de crimes de guerre, Quisling est confronté à des preuves accablantes de son implication dans les atrocités commises sous l'occupation nazie. Malgré ses tentatives désespérées de se disculper en prétendant avoir agi par patriotisme et dans l'intérêt supérieur de la Norvège, le tribunal rejette catégoriquement ses arguments. La gravité de ses crimes, notamment sa responsabilité dans la déportation des juifs de Norvège vers les camps d'extermination nazis, ne laisse aucune place à la clémence.

 

Quisling

 

Le 24 octobre 1945, Vidkun Quisling est fusillé par un peloton d'exécution à la citadelle d'Akershus, à Oslo. Sa mort marque la fin d'une existence marquée par l'ambition démesurée, la trahison et la collaboration avec un régime totalitaire. Le nom de Quisling est depuis lors synonyme de traître dans de nombreuses langues. Son héritage est lourd et continue de susciter de vives controverses en Norvège, où il est considéré comme l'une des figures les plus sombres de l'histoire du pays. Le terme "quisling" est entré dans le langage courant pour désigner toute personne collaborant avec un envahisseur ou trahissant son propre pays.


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10 réactions à cet article    


  • mursili mursili 3 janvier 16:36

    En fait, Macron, le controversé qui a vendu son pays à l’oligarchie euro-mondialiste est une sorte de Quisling light, non ?

    Il est vrai que ses prédécesseurs lui avaient largement ouvert la voie.

    Quel sort mériterait-il, lui et ses complices, s’il y avait une vraie justice dans ce pays ? J’ai pensé au goudron et aux plumes mais si vous avez de meilleures idées, elles sont les bienvenues.

    Cum grano salis, bien entendu, mais pas tant que ça...


    • Maître Yoda Maître Yoda 3 janvier 17:46

      @mursili

       « une sorte de Quisling light, non ? »

      Light ou hard, suivant les points de vue, au moins Quisling on savait exactement pour qui il travaillait, mais vous m’enlevez les mots de la bouche.

    • Vous êtes un escroc.

      Vous arrangez vos propos, au niveau de votre délire.

      Les peuples germains ont pour langue commune le vieux Norrois .

      Le vieux norrois est une langue germanique ancienne parlée à l’origine par les peuples nordiques, notamment propagée par les Vikings. Cette langue fut parlée dès le VIIIe siècle et s’est perpétuée jusqu’à ce qu’elle se fragmente en langues nordiques distinctes (islandais, féroïen, suédois, norvégien, etc.).

      Le vieux norrois était divisé en trois grandes variantes  :

      1) le vieux norrois occidental  : Islande, îles Féroé, Norvège, ’Irlande, Écosse, île de Man, nord-ouest de l’Angleterre et Normandie ;
      2) le vieux norrois oriental :  Danemark, Suède, est de l’Angleterre et Russie kiévienne ;
      3) le vieux gutnisk : île de Gotland (Suède) en mer Baltique.

      https://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/langues_germaniques.htm

      Les langues germaniques sont parlées par plus de 450 millions de locuteurs dans le monde, ce qui correspond à environ 20 % de ceux qui parlent une langue indo-européenne et à 8 % des langues de l’humanité. De toutes les langues germaniques (une quinzaine), l’anglais reste la langue la plus importante avec 322 millions de locuteurs. Il est suivi de l’allemand (98 millions) et du néerlandais (20 millions). 

      • @SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs

        Comment ce fait il que vous bénéficiez d’une table ouverte sur AGV ....

        AGV dissimule son mondialisme, sans cesse ruminé dans un estomac de bovin, carboné au gaz Méthane comme ART TV.


      • @SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs

         Schirmec La Broque,

         


      • papat 3 janvier 17:47

        quand est-ce que l’auteur nous écris un papier sur le génocide des femmes et des enfants de gaza ?


        • @papat

          Qu’attendez-vous pour écrire un article sur ce sujet ? AgoraVox est un espace ouvert à tous.


        • ETTORE ETTORE 3 janvier 23:28

          @Giuseppe di Bella di Santa Sofia
          «  »« AgoraVox est un espace ouvert à tous »«  ».

          Dai, lo sai che e apperto solo primo che si chuidono le porte !


        • Seth 4 janvier 16:40

          Il est toujours intéressant d’être informé sur l’attitude de la « Scandinavie », que l’on porte aux nues en notre temps, lors de la dernière guerre.

          A l’exception notable du Danemark.

          Tout comme beaucoup on oublié ce qu’était la Pologne bien aimée et profiteuses de l’ue actuellement par exemple.


          • @Seth

            Le Danemark était occupé par les nazis mais n’a pas collaboré avec eux. La Suède était neutre. La Finlande fut alliée des nazis de 1941 à 1944 contre les Soviétiques, puis alliée avec ces derniers contre les Allemands...

            Pendant la Seconde Guerre mondiale, il y a eu beaucoup d’hommes d’Etat qui furent des traîtres : Pétain en France, Antonescu en Roumanie, Tiso en Slovaquie ou encore Pavelic en Croatie. Pourtant, c’est Vidkun Quisling, inconnu par le grand public, qui obtient la palme d’or de la traîtrise. En effet, comme je l’ai indiqué dans mon article, il a rencontré secrètement Adolf Hilter en 1939 afin de lui demander d’envahir son pays, qui était pourtant neutre. Son intervention a été déterminante dans la décision prise par le Führer. Il a donc bel et bien vendu son pays...

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