Cette expression, le « ghetto du Gotha », est empruntée au titre d’un essai des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, également auteurs de « Sarkozy, le président des riches* ». Une dénomination qui colle parfaitement à la réalité de cette « Cité interdite » à la française où vivent, claquemurés à l’écart des manants derrière une enceinte hyper-protégée, des nababs du showbiz, de l’industrie ou de la finance, et accessoirement le couple Sarkozy-Bruni lorsqu’il n’est ni à l’Élysée ni au Pavillon de la Lanterne. Bienvenue au cœur de la très secrète Villa Montmorency...
Il est strictement impossible, pour un quidam non accrédité, de pénétrer sur le site de L’île Longue dans la presqu’île de Crozon (Finistère). Normal, c’est là que sont basés les sous-marins nucléaires français lanceurs d’engins. Encore un petit effort, et il en ira de même à la Villa Montmorency. Pas de secrets militaires à protéger dans cette gated communauty (ou compound) à la française située aux confins du très sélect 16e arrondissement de Paris, mais une partie du gratin de la finance, de l’industrie ou des médias. Sans compter quelques stars du show-biz classées monuments historiques et, à ce titre, régulièrement ravalées dans les plus chics salons de la capitale, voire restaurées dans les plus huppées cliniques.
Si l’on est proche de la très distinguée cantine du Pré Catelan, on est en revanche bien loin, dans ces contrées, des HLM qui fleurissent en quantité dans les quartiers périphériques, particulièrement à l’est de la capitale. Il y a même, ici et là, quelques logements sociaux dans le 16e arrondissement, pour dire le niveau de décadence ! Par chance en très faible nombre. Normal : dans la lignée de ses prédécesseurs, le maire UMP Claude Goasguen s’oppose avec la plus grande fermeté à l’arrivée de nouveaux envahisseurs des classes populaires aux mœurs forcément dissolues, et forcément vecteurs de délinquance. Des envahisseurs dont l’Hôtel-de-Ville voudrait pourtant imposer le voisinage à ses administrés. Soutenu par ses altruistes électeurs, M. Goasguen lutte d’ailleurs avec un relatif succès contre les tentatives d’implantation de nouveaux logements sociaux entreprises par le très gauchiste Bertrand Delanoë pour briser l’un des taux SRU les plus catastrophiques de Paris : 2,5 % en juillet 2010, alors que la loi en impose 20 %. Pire que le tout proche ex-fief de Nicolas Sarkozy, la commune de Neuilly qui, avec ses 4,05 % de logements sociaux, fait quasiment figure de cité populaire de banlieue ! Cela dit, on comprend aisément l’inquiétude de ces braves gens (les mêmes, ou leurs parents, croyaient en 1981 à l’entrée des chars soviétiques dans la capitale !) en écoutant le très humaniste député UMP Bernard Debré lorsqu’il évoque à propos des logements sociaux « des immondices inhabitables réservées aux sans-papiers » ! C’est vrai ça, à quoi servirait-il de se gaver de stock-options jusqu’à la nausée pour voir se développer des favellas à Auteuil ?
Retour à la Villa Montmorency. Au milieu du 19e siècle, elle constituait encore une partie du domaine de Boufflers, composé d’un château et d’un grand parc, le tout acheté en 1822 par la duchesse de Montmorency. Trente ans plus tard, le domaine était scindé en deux parties après l’acquisition par les frères Pereire des emprises nécessaires à la création de la ligne du chemin de fer de ceinture. Transformé en lotissement de luxe, le parc, devenu Villa Montmorency, se couvrit alors peu à peu de grandes et luxueuses bâtisses, la plupart construites sur le modèle des villas balnéaires qui surgissaient alors dans les stations à la mode, notamment à Deauville, Dinard ou Biarritz.
Le double meurtre du n° 35
De nos jours, la Villa Montmorency n’est accessible que par trois portails : l’un pour les voitures, les deux autres pour les piétons, tous surveillés comme il se doit par des caméras sophistiquées et des cerbères soupçonneux. Passé le contrôle, le visiteur accrédité pénètre au cœur d’un espace hyper-protégé à l’anglo-saxonne. Les manants relégués à l’extérieur des murs sécurisés de cette gated communauty, seules les élites friquées sont autorisées à vivre dans ce havre tranquille et verdoyant où la majorité des résidents est, malgré les niches fiscales, assujettie à l’ISF. Habitent là, qui dans une grande villa bourgeoise, qui dans un luxueux hôtel particulier, des hommes d’affaires fortunés (l’opticien Alain Afflelou, le yachtman Vincent Bolloré, le dandy Arnaud Lagardère et quelques autres**), mais aussi des artistes (la flamboyante Mylène Farmer, l’ex-yéyé Sylvie Vartan ou, sa valise en carton défaite, Rika Zaraï). Sans oublier la minaudante Carla Bruni-Sarkozy qui possède en ce lieu un hôtel particulier à deux entrées donnant l’une sur le hameau, l’autre sur l’extérieur du ghetto.
Certes, il n’y a pas que des noms connus dans la Villa Montmorency : des anonymes y vivent également, pas toujours fortunés, et le plus souvent héritiers d’une maison au cœur de ce qui, naguère, n’était pas encore un ghetto du Gotha mais un lieu de repos et d’inspiration pour des écrivains et des artistes comme Sarah Bernhardt, Henri Bergson, André Gide ou les frères Goncourt. Des héritiers qui entretiennent de temps à autre des relations tendues avec les néo-fortunés qui ont investi les lieux depuis un quart de siècle. Normal : certains de ces nababs entendent parfois, à peine arrivés, remettre en cause le règlement intérieur directement inspiré du cahier des charges originel de... 1852. D’où, là comme ailleurs, des frictions et des assemblées générales de copropriété transversale quelquefois houleuses.
Malgré les précautions sécuritaires, la délinquance n’est en outre pas totalement absente de la Villa Montmorency : on y a connu quelques larcins, le pire étant survenu en 2005. Cette année-là, l’architecte Olivier Cacoub (décédé depuis) et son épouse ont été « saucissonnés » de nuit avant d’être dépouillés par des cambrioleurs venus de l’extérieur et parvenus là malgré les vigiles et les chiens. Á qui se fier ? Comble de l’horreur, le crime lui-même peut y survenir de manière endogène, comme dans une vulgaire cité du 9-3 exposée aux pires dérèglements sociaux. C’est ainsi qu’en 2003, au n° 35 de la très paisible avenue des Peupliers, le factotumDaniel Dardenne a assassiné sa patronne, Simone Michaud, après avoir tué sa propre compagne, Marie-Claire Leflon, faisant ainsi à la Villa Montmorency une publicité fort peu goûtée par ses occupants.
Depuis ces fâcheux évènements, nul doute que la sécurité a été renforcée, et cela d’autant plus que Nicolas Sarkozy se rend, de temps à autre, chez Carla Bruni, au grand dam des riverains confrontés à un déploiement de police à la hauteur de l’habituelle paranoïa présidentielle. Difficile, se disent pourtant in petto les résidents, d’en vouloir à un ami si proche et si compréhensif en matière de fiscalité ! Il n’empêche que cette agitation fait quand même grincer quelques dents. Il ne manquerait plus que surgisse, à quelques dizaines de mètres de la Villa, le programme de logements sociaux que ce bolchevik de Delanoë met un point d’honneur à vouloir faire émerger du sol. Des odeurs de merguez flottant sur l’avenue des Sycomores ou des flots de hip-hop déversés sur celle des Tilleuls, impensable ! Nul doute que la révolte gronderait et déboucherait très vite sur une jacquerie des rupins, évidemment orchestrée par Vincent Bolloré en personne.
Bolloré, l’homme qui, à des centaines de kilomètres de là, ne supporte pas non plus la promiscuité avec la populace, au point d’avoir interdit l’usage du sentier côtier sur sa propriété de Fouesnant (Finistère), au mépris des obligations de la Loi littoral pourtant votée à l’unanimité en 1986. Mais ceci est une autre histoire qui méritera, le moment venu, d’être également contée. Une histoire de privilège indu en forme de crachat au visage du peuple finistérien. Pas de quoi fouetter un chat, dirait Nicolas Sarkozy pour voler au secours de son ami, après tout ce ne sont que des « connards de Bretons ! »
* Publié en septembre 2010, ce livre, sous-titré « Une enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy », met en lumière les liens étroits et quasiment incestueux qui unissent le pouvoir en place et les puissances d’argent. Un livre qui appuie là où ça fait mal, des rodomontades présidentielles aux cadeaux fiscaux de toutes natures en direction des classes fortunées.
Intéressant éclairage sur quelques aspects de la fricosphère et ses zoos Normal, l’entre-soi, on n’ est pas à Belleville tout de même... Les sociologues avaient trop souvent pris pour objet les classes favorisées Les riches sont enfin servis...
PS En plongeant sur ce quartier, à l’aide de Google-earth, j’ai vu en stationnement une Ami6, deux 4L, quelques vieilles Méganes et une 309... Me serais-je trompé ?
Les sociologues, mais aussi les écrivains et les cinéastes s’intéressent de plus en plus à ce phénomène de gated communauty révélateur d’un retour à une conception quasiment médiévale de l’organisation sociale. Et pas seulement pour des raisons de sécurité.
Oui, il existe à la Villa Montmorency des voitures ordinaires. Elles appartiennent le plus souvent à des employés ou à des résidents héritiers non fortunés. Elles constituent également dans certains la 2e voiture d’un couple aisé. Le gros des voitures de la Villa n’en est pas moins constitué de voitures de luxe et surtout de gros 4x4.
« au point d’avoir interdit l’usage du sentier côtier sur sa propriété de Fouesnant (Finistère), au mépris des obligations de la Loi littoral pourtant votée à l’unanimité en 1986 » : la loi n’est pas appliquée de la même manière pour les faibles et les puissants dans beaucoup domaines, surtout en France (cf l’équivalent de l’affaire DSK dans un hotel grand luxe). Plus il y a des juges qui ne se laissent pas impressionner par la puissance, plus on sera dans un véritable de droit. Mais il y a encore du chemin à faire. Et c’est un combat de tous les jours. Les passe-droits ne sont pas prêts de disparaître en France.
Vous avez malheureusement raison, et cela montre que la démocratie véritable et la lutte contre les privilèges sont un combat permanent, les puissants sachant saisir les moindres faiblesses et les plus petites failles pour en tirer profit d’une manière ou d’une autre au détriment notamment des classes populaires.
Concernant Bolloré à Fouesnant, il suffirait d’une simple injonction du préfet pour imposer le respect de la loi Littoral. Et dire que certains croient encore que les préfets ne sont pas les valets du pouvoir !
@fergus, quand les articles sont sensibles, critiques pour l’oligarchie au pouvoir, il y a toujours ou trés fréquemment des bugs, à croire qu’Avox est devenue Sarkovox, la voie des nantis !!!!?
On peut penser en effet que, tôt ou tard, le peuple se révoltera contre l’oligarchie et contre les vautours qui se gobergent sur le dos des classes populaires. Mais les révoltes ne se décrètent pas et elles mettent parfois très longtemps à germer.
S’il est dificile de les prévoir, les révoltes peuvent aussi survenir de manière inattendue, provoquées parfois par des évènements mineurs mais emblématiques de l’injustice de classe.
Si tel était le cas un jour prochain, souhaitons que cela ne prenne pas une tournure trop violente. Quant aux habitants de la Villa Montmorency, tous ne sont pas, fort heureusement, d’ignobles rapaces.
@ Fergus : c’est ce qui est arrivé aux premiers « assaillants de la Bastille » , la Jacquerie de Guillaume Carl ( « Jacques Bonhomme » ) à Meaux, en 1358 !... Les vainqueurs du gouverneur de Launay et de sa clique vengeaient ainsi 430 ans d’atrocités diverses et de lutte des classes !...
Un peu écoeurant, certes, comme le sont toutes les gated communauty qui se multiplient sur la planète pour permettre aux serviettes d’éviter au maximum les contacts avec les torchons.
Pour ce qui est de Carla Bruni, rien de particulier à dire à son sujet, si ce n’est que cette dame a largement rôti le balai dans le passé, d’où peut-être l’intérêt, dans certaines situations, de posséder une maison à double entrée.
La valise en carton c’était Linda de Souza. D’ailleurs la valise a disparu suite à un nettoyage trop poussé du thèatre où elle était stockée. Linda de Souza est un personnage infiniment plus attachant que Rika Zarai. Vous savez ! La spécialiste des bains de siège à friction. Et qui clamait « je vous offre mon livre » (moyennant paiement bien sur)
Bonjour Fergus, Un point sur ces Gated Communities. Elles se rencontrent fréquemment à Londres, mais ce qui est intéressant, ce sont les motivations de ceux qui choisissent d’y habiter. Bien sûr, elles coûtent cher, bien qu’il y ait plusieurs degrés dans la ségrégation choisie, et certaines sont habitées en particulier par des femmes aisées, célibataires, et qui disent apprécier le sens de communauté et de sécurité qu’elles offrent, le fait de pouvoir établir facilement des rapports avec des voisins qui ont les mêmes affinités. Je suis originaire d’une petite ville industrielle située à 50 km de Lyon, et au lycée, il était possible de savoir si le père (plus fréquemment que la mère à l’époque) d’une élève était ingénieur, contremaître, ouvrier ou entre les deux (artisans, commerçants, professions libérales, etc) rien qu’en connaissant son quartier. Les ingénieurs et les contremaîtres habitaient dans des « Clos », les maisons des contremaîtres étant un peu moins luxueuses, avec de plus petits parcs. Je me demande si ces Gated Communities ne sont pas une tentative de recréer une vie de quartier, un peu sur les mêmes bases.
Les gated communauties sont effectivement plus fréquentes dans les pays de culture anglo-saxonne, ce qui vaut pour par exemple pour Singapour et Hong Kong.
Pour ce qui est des quartiers chics, cela a toujours existé dans toutes les villes de province, y compris à Rennes où l’on trouve dans le secteur Sévigné-Palestine, aux abords du magnifique parc du Thabor, d’immenses villas et de superbes hôtels particuliers n’ayant, pour certains, rien à envier aux demeures de la Villa Montmorency (sauf pour le prix, trois fois moins cher !).
Mais à la différence des gated communauties, chacun est libre de se promener dans ces quartiers, d’y admirer telle ou telle caractéristique architecturale, ou d’en apprécier tout simplement le calme.
Qui plus est, il semble que dans certaines gated communauties, il existe de réelles tensions liées à la paranoïa des résidents et à une escalade dans les mesures de protection qui transforme progressivement ces ghettos en camps retranchés. Pas sûr que ce soit dans ces lieux que l’on puisse retrouver une vie de quartier, chacun étant cloîtré chez soi à l’inverse de ce que l’on trouve dans les quartiers plus populaires et plus commerçants.
Pauvre Nicolas, vouloir lui trancher le cou. Un peu barbare, non ? Pour ma part, j’en appelle en 2012 à un bon coup de pied au c.. électoral.
A propos de guillotine, l’un de mes amis, un peu perdu de vue, en possède une authentique. Elle est visible dans les caves du club de jazz du Caveau des Oubliettes rue Galande à Paris.
Pierre Bourdieu avait, en son temps, dénoncé de nombreuses dérives de notre société, mais son pertinent discours, pourtant accessible, touchait principalement un public d’intellectuels et d’universitaires. Tel n’est pas le cas du couple Pinçon-Charlot dont les derniers bouquins, plus orientés vers une sociologie « vulgarisée » et en prise avec les préoccupations de nos concitoyens, ont très bien « marché » et touché un public plus large. Un rôle qui leur convient parfaitement.
Content de voir que nous sommes d’accord. A ce sujet, trop d’intellectuels surestiment le poids de leur parole dans le public. D’où l’intérêt de travaux de vulgarisation. De la même manière, il est souvent plus efficace de faire passer certains messages dans des fictions (livres ou films) que dans des des essais de diffusion restreinte.
Bien vu Fergus Les ghettos de riche s’accomodent fort bien des ghettos de pauvre. Plus d’immigration, c’est plus de ghettos de riche, puisqu’en baissant le coût du travail, les riches s’enrichissent toujours plus. C’est exactement ce qui se construit aux US. Mais attention, quand le peuple se réveille, les têtes tombent....
A noter que le nombre des ghettos de riches augmente en proportion de celui des ghettos de pauvres. Normal : toute conscience par les premiers de l’exploitation qu’ils imposent aux seconds les conduit à se protéger toujours plus, à s’isoler toujours plus de cette population dont ils ont accéléré la précarisation.
Les domaines privés ne sont pas une nouveauté, il y en a partout dans le monde et il y en a eu à toutes les époques depuis la plus haute antiquité.
Et le dépit qui ronge les médiocres n’est pas non plus une chose nouvelle, il est assez bien partagé en France. Leurs immenses mérites personnels n’ont pas été reconnus par la société.
A noter que la « Villa Montmorency » n’est pas la seule « Villa » du seizième arrondissement, voir pour exemple la « Villa de la Tour », rue de la Tour, et bien d’autres encore.
Mais le plus chic dans le quartier n’est pas une Villa, c’est le « Triangle d’Or », autour du château de la Muette. Pour faire crever de jalousie les imbéciles, je leur conseillerai d’aller un jour déambuler rue du Conseiller Collignon, ou rue Maspéro, ils y verront un monde à tout jamais hors de leur portée et fort heureusement d’ailleurs.
A noter aussi que Carla Bruni n’habite pas dans la Villa de Montmorency à proprement parler, mais au bout de la Rue Pierre Guérin, dans une propriété qui jouxte la Villa et quand Sarkozy se rend à son domicile, c’est à dire tous les soirs, il arrive par cette rue qui est une voie publique qui est bloqué par la police pour la circonstance.
Carla Bruni est une personne charmante qui est très aimé de tous ces voisins et qui se fout pas mal de la jalousie et du qu’en dira-t-on.
Il y a en France plusieurs millions d’individus qui ont un niveau de vie sans commune mesure avec le niveau de vie de la moyenne des lecteurs d’Agoravox.
En commençant par les propriétaires de ce site qui donne gratuitement et généreusement aux domestiques et aux colleurs d’affiche l’occasion de manifester leur médiocrité.
Merci Frédéric pour ce commentaire empli d’un grand respect pour les Français des classes moyennes et populaires, ceux que vous qualifiez de « médiocres ».
Vous avez raison, il y a toujours eu des regroupements de personnes fortunées, mais le plus souvent, comme le soulignait Annie, dans des quartiers chics, non coupés de la vie de la cité et dont les voies étaient accessibles à tous. La différeence de nos jours est l’enfermement quasiment armé qui caractérise de plus en plus cet isolement et la concentration inédite de grandes fortunes.
A toutes fins utiles, je vous signale à Paris la Villa Frochot, gated communauty du 9e arrondissement, très proche de Pigalle.
Il y a une conciergerie à l’entrée de la Villa Montmorency ? C’est ça votre problème ?
Il n’y a pas de conciergerie à l’entrée de la plupart des autres villas du quartier, et vous pouvez vous promener dans les rues de ces villas sans aucun problème, même si ces rues ne sont pas des voies publiques, puisqu’elles font partie de la copropriété.
En fait ces villas ne sont pas autre chose que des lotissements soumis à un régime de copropriété, comme il y en a des dizaines de milliers en France et ces lotissements en copropriété ne sont pas en général entourés de murs, on peut facilement y entrer.
On peut y entrer plus facilement que dans un immeuble gardé par une concierge.
De plus, les concierges disparaissent peu à peu, dans les villas comme dans les immeubles, car cela coûte trop cher.
D’ailleurs on ne comprend pas très bien pourquoi un concierge placé à l’entrée d’une « villa », qui est un lotissement composé de maisons individuelles, vous poserait un problème, alors que les concierges placés dans une loge au rez de chaussée d’un immeuble, qui est un lotissement composé d’appartement en étage, des concierges qui étaient communes dans tous les immeubles de France et de Navarre il y a cinquante ans, ne vous en ont jamais posé aucun.
Comme je l’ai indiqué, ces gated communauties se multiplient sur la planete, et cela accentue le problème de la mixité sociale. De plus, ce ne sont plus des concierges qui en contrôlent l’accès la plupart du temps, mais des gardes armés, avec à la clé de graves risques de bavures.
Autre chose : que l’on construise un espace privé basé sur une règle de copropriété poussée à l’extrême, passe encore. Mais que des copropriétés se créent ici et là sur des espaces auparavant libres d’accès est insupportable : l’architecture de bâtiments classés appartient à tous !
Quel exemple pour nous tous ! Cette villa est donc un lieu de mixité social, le témoin que l’ascenseur marche encore et que la société française reste profondément ouverte et égalitaire. Sylvie Vartan, fille de de villageois bulgares expropriés par les communistes et réfugiée, Alain Afflelou, fil d’un boulanger de sidi bel abbes, Rika Zarai fille de réfugiés polonais et russe, israélienne, Des franco français, des arabes, des italiens, des fils de riches et des enfants de pauvres qui ont réussi, des diplômés d’autres pas. Et tous ce monde se mélange, cohabite. Quand je vois que dans notre lycée, les profs du secondaire déjeunent rarement avec les instit au motif qu’ils n’ont quand même pas le même niveau de diplôme..... ! Ils devraient en prendre de la graine....La, la fille des riches italiens de gauche epouse le fils du pauvre hongrois de droite. Quand on sait que d’apres le Nouvel obs, le militant de gauche de base ne pourrait pas épouser quelqu’un qui aurait des opinions politiques différentes.... !
Et puis, il faut aussi les plaindre. Vous imaginez, par Exemple Mylène Farmer, née au Québec, société démocratique par excellence. C’est sur qu’elle préférait sans doute vivre a « ciel ouvert », mais si c’est pour avoir chaque matin quelques centaines de fan prêt a tout pour vérifier si, sans contrefaçon, elle est un garçon ?
Reste l’élément le plus troublant dans cet article, qui est le respect de l’auteur pour l’argent ancien par rapport a l’argent nouveau. SI Gide and co allaient la bas, c’est parce qu’ils étaient potes avec des richards de l’époque.
M’enfin. Il faut se mettre a la place des époux PIncon charlot, qui se sont fait tellement étrillés pour leur étude sur la chasse a courre parce qu’ils ont dit la verite, qu’ils ont besoin de trouver des sujets consensuels pour retrouver l’approbation de leurs pairs....
Oh la la ! C’est parce que vous n’avez pas connu ! C’était bien pire que maintenant avec a peu prêt que des gens du même monde. Et d’ailleurs les anciens le regrettent assez comme d’ailleurs vous le signalez. ( Gide , d’une grande famille bourgeoise protestante du quartier Latin, venait selon toute vraisemblance se reposer chez des cousins ou amis de cousins...) Désormais, n’importe qui, du moment qu’il a réussi dans son domaine peut accéder. C’est donc exactement le contraire d’un ghetto. Un ghetto, c’est, t’es riche ou t’es pauvre, de toute façon tu est relégué dans un même endroit en fonction de tes origines. Mais vous êtes tombe dans le piège autojustificateur des auteurs. Ils ont besoin de prouver, après la chasse a courre, que si, vraiment, « ils n’aiment pas les riches ». La preuve, ils ont choisi un exemple en pratique assez anodin, mais visible caricatural et connu et surtout marque politiquement, au moins dans leur esprit.... A 10 minute de la en voiture ( quand il n’y a pas de bouchons) il y a une ancienne propriété Schlumberger, lotie,ou vit d’ailleurs une de leur collègue et amie, elle même sociologue de gauche et riche héritière. La, Johnny a remplace Maurice Chevalier, il n’y a pas des jardinet mais des parcs avec parfois piscine et tennis. La Seguela a revendu la propriété ou se sont connu Carla et Nicolas chez lui a un riche baron du cognac arménien. Pour connaitre les deux,je peux vous dire que les maisons, c’est autre chose que les pavillons meulières de Montmorency... Et a l’autre bout de Paris, dans les nouveaux quartier Bobo, le nombre de « villas », campagnes a Paris et autres lieux, ou les copropriétaires ont mis des codes, des grilles et des camera, pour être tranquille, pour ne pas souffrir « d’incivilités », pour pas que l’on touche a leurs fleurs. Tient Rue de Crimée, il y a une ancienne usine, avant on entrait comme on voulait, le collectif d’artiste a mis deux portes blindées....Et je ne vous parle pas de la Citée Fleurie dans le 13 eme, chère a Mite rand, ou les artistes engages veillent jalousement sur leur sécurité et leur tranquillité.
Après, on peu se demander si le syndrome sécuritaire est le fruit d’un fantasme ou d’une réalité, mais en tous cas, il touche clairement toutes les classes sociales. Mais ce sont des questions pour de vrais sociologues. Ici, ils déterminent une pseudo catégorie sociologique en fonction d’un seul niveau de revenu et d’habitation ! C’est comme si on prétendait qu’un bon journaliste parisien et un plombier qui ont les mêmes revenus constituaient une même classe sociale !
Vous vous êtes fait piéger, cela arrive. Mais je pense que comme eux, vous avez vu assez facilement ce que vus aviez envie de voir....
il serait intéressant d’écrire un article sur le rôle de l’Etat dans la hausse du coût de l’immobilier
- les locations de tourisme non déclarées à Paris
- l’injustice de la taxe d’habitation, qui devrait être progressive en fonction de la valeur du logement (en cas de faibles revenus, financé sur héritage), surtaxation de l’immobilier bling bling
En réalité, les responsabilités sont très partagées en matière de hausse des prix de l’immobilier. Et à Paris, la plus grande part est à mettre sur le compte des riches étrangers qui font exploser les prix du m² au détriment des Parisiens des classes moyennes.
Pour ce qui est des appartements à vocation touristique, il est probable qu’une partie non négligeable n’est effectivement pas déclarée, ou sur des bases fausses. Mais je ne connais pas ce dossier.
Je ne comprends pas bien en revanche votre allusion à la taxe d’habitation. Contrairement à la taxe foncière, celle-ci est en effet d’ores et déjà indexée sur les revenus des occupants. Sans doute insuffisamment car la progressivité est loin d’être pénalisante pour les très hauts revenus.
non réellement progressive, en effet, entre allocataires « assistés » redevables de rien, et faible taxe relativement à la valeur de l’immobilier bling bling, ce sont surtout les classes moyennes qui acquittent cette taxe !