Vincent BOLLORE, le milliardaire industriel breton soupçonné de corruption en Afrique
C’est en enquêtant sur les relations de Francis Perez, Président du groupe PEFACO, une société spécialisée dans l'hôtellerie et les jeux et implantée en Afrique, que la police a repérée dans ses relations Jean-Philippe Dorent, le Responsable du pôle international de Havas, filiale du groupe Bolloré spécialisée en communication. L’enquête préliminaire avait été ouverte en juillet 2012 par le parquet de Paris et ensuite confiée au Parquet national financier, aux juges Serge Tournaire et Aude Buresi.

Deux semaines après une perquisition au siège de sa filiale Bolloré Africa Logistics, Vincent Bolloré, Jean-Philippe Dorent et Gilles Alix, Directeur général du groupe Bolloré, ont été placés en garde à vue le mardi 24 Avril au matin dans les locaux de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) situés à Nanterre.
Vincent Bolloré est accusé d’avoir utilisé les activités de communication et de conseil de la filiale Havas auprès de certains leaders politiques africains pour acquérir des concessions portuaires, notamment la gestion des ports de Lomé au Togo et celle de Conakry en Guinée.
« Des faits accablants »
En avril 2016, des perquisitions sont effectuées au siège du groupe Bolloré à Puteaux dans les Hauts-de-Seine. Selon "le Monde", des documents qui témoigneraient d’une sous-facturation des prestations de la société Havas au bénéfice des gouvernements des deux pays cités auraient été retrouvés. Des prestations estimées à 800 000 euros auraient été facturées à seulement 100 000 euros sur des instructions données par Vincent Bolloré et Gilles Alix !
En 2009, Faure Gnassingbé était candidat à l’élection présidentielle au Togo. Il s’était fait accompagner en conseils par la société Havas. Il remportait une élection contestée mais finissait par s’imposer et confiait la concession portuaire de Lomé au Groupe Bolloré pour 35 ans. Cette concession avait été attribuée au détriment de PROGOSA, un groupe franco-espagnol, dont le président et fondateur n’est autre que Jacques Dupuydauby, ancien collaborateur de Vincent Bolloré et ayant déjà des litiges en cours avec l’homme d’affaire Breton. Aussi, en 2011, Patrick Kodjovi Senam Bolouvi demi frère du Président élu togolais, était nommé directeur de Havas Média Togo.
En 2010, Jean-Philippe Dorent à la tête du groupe Havas s’était occupé de la campagne présidentielle du candidat guinéen Alpha Condé. Celui-ci ayant remporté les suffrages en Novembre 2010 résiliait alors par décret, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry qui avait été confiée en 2008 pour une durée de 25 ans à GETMA, une filiale de l'armateur français NCT NECOTRANS. Plusieurs jours après, la gestion du port avait été octroyée au groupe Bolloré.
Ces deux attributions de marchés avaient créé une énorme polémique et des batailles judicaires entre le groupe Bolloré et ses rivaux commerciaux. Jacques Dupuydauby, avait accusé la présidence togolaise d'avoir été corrompue par le groupe français. En 2013, Bolloré avait été sommé par le tribunal de commerce de Nanterre de verser plus de 2 millions d'euros à NCT NECOTRANS.
« Pas de corruption mais des privilèges »
Répondant à l’implication de Havas, Jean-Philippe Dorent dans le « Monde » niait complètement les faits reprochés : "C'est un fantasme que de penser qu'un coup de main à la campagne d'un candidat à la présidentielle qui faisait figure d'outsider comme Alpha Condé permettrait l'obtention d'un port".
De son coté, le groupe industriel français déclare dans des communiqués : "Le groupe Bolloré dément formellement que sa filiale de l'époque SDV Afrique ait commis des irrégularités. Les prestations relatives à ces facturations ont été réalisées en toute transparence"." La partie transport du Groupe Bolloré a investi en Afrique bien longtemps avant la prise de contrôle d’Havas pour des concessions portuaires dont le succès dépend d’investissements colossaux et nécessite une expertise de haut niveau. "
Le candidat Alpha Condé quant à lui ne se justifiait point. Il écartait tout de même la théorie de la corruption, objet de l’enquête. Au journal "le Monde" il avait craché ses vérités : "Bolloré remplissait toutes les conditions d'appel d'offres. C'est un ami, je privilégie les amis. Et alors ?"
Des conséquences non négligeables
A l’AFP, le groupe Bolloré a déclaré avoir arrêté toutes activités de communication et de conseils en politique. Après le placement en garde à vue du patron Vincent Bolloré, son groupe a plongé de 5% au Cac 40 mardi matin. À 11h59, le titre perdait 5,02% à 4,24 euros, dans un marché à l'équilibre (-0,09%). Les différents communiqués apportés dans les médias en vue de démentir les accusations n’y avaient rien changé.
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