Vive l’afroptimisme !
A Davos, cette année, l’Afrique était à l’honneur. Neuf chefs d’Etat et de gouvernement africains sont venus dans la ville suisse à l’occasion de la 43e édition du Forum Economique Mondial avec un mot d’ordre : il faut croire en l’Afrique. De nombreux chefs d’entreprise comme Lionel Zinsou ou Richard Attias plaident déjà depuis des années pour cet « afroptimisme ».
Tout d’abord, qu’est-ce que l’afroptimisme ? D’après Lionel Zinsou, homme d’affaires franco-béninois et président de PAI Partners, cela consiste à penser qu’il faut rompre avec l’idée d’une Afrique des pandémies et des conflits et regarder l’Afrique telle qu’elle est. Et regarder l’Afrique telle qu’est, c’est réaliser que ce continent possède une vitalité extraordinaire.
En effet, il est à souligner que sur les 10 économies dont le PIB progresse le plus vite, 6 sont sur le continent africain. Le Sierra Leone, par exemple, a eu une croissance de 21% en 2012. De quoi casser un peu l’image de ce pays, liée à la guerre civile qui y a longtemps sévit. Bien sûr, les esprits chagrins feront remarquer qu’il est plus facile d’avoir une croissance élevée lorsqu’on part de loin.
La réalité est que l’Afrique bénéficie de ce que certains appellent "l'avantage de l'arriération". Cette notion théorisée par l'historien américain Alexander Gerschenkron s’appliquait à l’origine au Royaume de Prusse en retard face à l’Angleterre au début du XIXe siècle et explique que les pays qui accèdent au développement de façon plus tardive bénéficient des avancées technologiques. Lionel Zinsou explique ainsi qu’on peut identifier trois phases : la condescendance, l’hostilité et enfin le moment où l’ex-leader est dépassé par « l’ex arriéré ». L’Afrique serait actuellement en train de vivre la première phase.
Bien sûr, le chemin ne sera pas linéaire et beaucoup reste à faire pour que la croissance économique soit enracinée sur le continent africain. D’après le créateur du New York Forum, Richard Attias, très impliqué en Afrique, les priorités sont les suivantes : « Améliorer la transparence de sa gouvernance, mieux lutter contre la corruption, consolider ou restaurer la confiance des jeunes dans les dirigeants. » De plus, « local ou étranger, l'investissement doit (…) impérativement déboucher sur des emplois. » ajoute-t-il.
L’optimisme était palpable à Davos et les relations au très beau fixe entre dirigeants d’entreprises et chefs d’Etat africain, désireux de parler commerce et économie et non aide au développement ou conflits. « Partout dans le monde, il y a toujours un risque quand on investit, mais aujourd'hui la plupart des pays africains ont un système politique stable », a ainsi déclaré le président nigérian Goodluck Jonathan.
Comme l’a résumé Sunil Bharti Mittal, PDG du groupe Bharti Entreprises, le « dernier bastion de forte croissance est le continent africain ». Reste maintenant à faire en sorte que cette croissance profite à toute la population mais il y a des raisons d’être afroptimiste.
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