Vive l’antilibéralisme !
Le libéralisme n’a plus rien à voir avec l’idéologie émancipatrice et progressiste des Lumières.
Le libéralisme politique n’a pas toujours revêtu les traits de la pensée unique que nous lui connaissons aujourd’hui. Il fut une époque, celle des Lumières, où les libéraux étaient une force de progrès. Contre l’absolutisme royal, contre l’arbitraire d’un pouvoir qui niait les libertés fondamentales (des invidivus, la liberté d’expression, de presse...), cette doctrine politique était porteuse d’un projet humaniste et émancipateur. Nous devons beaucoup à ces esprits éclairés.
Aujourd’hui, le libéralisme tel que nous le subissons n’a plus rien à voir avec les nobles aspirations des penseurs du XVIIIe siècle. La rhétorique humaniste, si elle est encore présente dans le discours de bien des libéraux contemporains, ne parvient plus à faire illusion : à un projet émancipateur et progressiste, les libéraux ont substitué une idéologie de la soumission et de la domination, pour les profits bien compris d’une petite oligarchie. Revenons sur quelques-uns parmi les traits marquants de l’idéologie libérale.
Avant tout, le libéralisme est fondamentalement antidémocratique. L’Etat, malgré tous les défauts qu’on peut lui trouver, est le lieu où s’incarne, par l’élection, la représentativité du peuple. Or la pensée libérale combat le principe même de l’Etat, et entend substituer au gouvernement des élus celui du marché et des entreprises, notamment multinationales. Ces organisations non élues (les multinationales, mais également le FMI, l’OMC, la Banque mondiale...) n’ont aucun comptes à rendre aux citoyens ni aucune légitimité démocratique. L’oligarchie libérale organise également la concurrence fiscale, à l’échelle de la planète. Par ce mécanisme, elle entraîne une politique des caisses vides qui prive le politique des moyens de s’exercer. En fin de compte, le libéralisme transforme la politique en une annexe du marché. Il en va de même pour la liberté de la presse : si formellement celle-ci existe, les mécanismes libéraux de concentration font que de plus en plus, les médias appartiennent à des grands groupes industriels. Ceux-ci, qui tirent d’immenses profits de l’application des principes libéraux, s’en servent quotidiennement pour distiller la pédagogie de la soumission qui nous est servie à peu près partout. Enfin, en s’érigeant en seul système possible (le « There is no alternative » de Thatcher), le libéralisme nie aux peuples la possibilité de choisir leur destin.
Le libéralisme est anti-social. En s’attelant à casser les services publics, les libéraux démantèlent les outils de redistribution des richesses les plus efficaces. Par les privatisations successives, ils transforment des services répondant aux besoins sociaux fondamentaux en entreprises lucratives, pour les plus grands bénéfices de quelques-uns. En organisant la mise en concurrence mondiale des travailleurs, ils cassent les mouvements syndicaux et exercent une pression à la baisse sur tous les salaires, pour les plus grands profits du patronat, en Suisse comme ailleurs.
Le libéralisme promeut les comportements les plus bas : individualisme forcené, compétition de chacun contre tous, promotion de l’insécurité sociale, de la précarité, de l’instabilité, culte des « winners » qui ne s’en sortent que par leurs seules qualités individuelles, culpabilisation des chômeurs, des invalides, des inadaptés par l’idéologie de la faute individuelle, tous « paresseux » quand ils ne sont pas « abuseurs ». Par la promotion de la loi du plus fort, les libéraux légitiment un darwinisme social de sinistre mémoire.
Le libéralisme est anti-écologique. Par l’application du sacro-saint principe de concurrence, les marchandises voyagent aux quatre coins du monde, devant être transportées et réfrigérées (aliments). L’agriculture industrielle, la sur-pêche, l’exploitation sans limites de l’ensemble des ressources naturelles sont d’autres exemples. Et ce ne sont pas les récupérations opportunisto-électoraliste des « écologistes libéraux » qui y changeront quelque chose.
Il est aujourd’hui évident que le libéralisme n’est qu’un habillage
doctrinal pour justifier un égoïsme comportemental des plus riches. A
l’heure où la quasi totalité des partis politiques suisses s’agitent
pour savoir qui parmi eux est le plus libéral, il est urgent d’affirmer
haut et fort un antilibéralisme d’opposition !
Nous n’avons pas renoncés à changer le monde, nous sommes les seuls à
ne pas nous contenter des quelques mesures palliatives (en matière
sociale comme écologique) proposées par l’ensemble de la classe
politique.
Concluons par le mot de Jacques Testartdans Le Monde du 19 avril : « Le libéralisme économique est bien l’ennemi de l’humanisme. » Vive l’antilibéralisme !
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