Vive le changement !
Après deux années d’absence sur ce site, je publierai à la rentrée les deux chapitres manquants de mon ouvrage « J’accuse la pandémie conspirationniste », dans lequel je dénonce les théories du complot hallucinantes qui se sont développées autour des attentats du 11 septembre 2001. En attendant, je soumets à la discrétion du public une série de 4 articles sur des sujets d’actualité divers qui m’ont alerté ces derniers mois. Dans ce second article, je célèbre le fameux « changement » apporté par l’accession de François Hollande à la présidence de la République. Dans les deux prochains je rendrai hommage à la démocratie étasunienne et au nouvel « ami » de la France sur la scène géopolitique, le Qatar, grâce auquel, enfin, je l’espère, le PSG remportera la ligue des champions cette année.
Les mois précédant les élections, je voyais avec une angoisse croissante les sondages plaçant François Hollande largement en tête au second tour de l’élection présidentielle. L’homme se répandait en déclarations incendiaires contre le bilan de Nicolas Sarkozy, et les médias, virant soudainement leur cuti, semblaient avoir pris fait et cause pour la nouvelle donne et son désormais célèbre slogan : « le changement c’est maintenant ! » Le geste qui lui était associé, les deux bras se croisant en parallèle sans se toucher, éveillaient en moi une crainte particulière. Je l’interprétais comme une rupture entre les deux mandats, et la volonté de faire table rase du glorieux quinquennat de Nicolas Sarkozy. Maintenant que quelques mois ont passé depuis l’élection de François Hollande, et que les principales orientations ont été prises, je peux pousser un « ouf ! » de soulagement. Un à un, en effet, les nombreux bouleversements auxquels certains s’attendaient semblent finalement avoir fait long feu. Si changement il y a, heureusement, ça ne sera pas pour maintenant. Quatre exemples m’ont pleinement rassuré.
J’étais particulièrement inquiet des déclarations fracassantes de certains militants de gauche qui étaient persuadés qu’une fois Hollande élu, de nombreuses affaires mettant en cause des députés et ministres UMP, et Nicolas Sarkozy lui-même, ressortiraient, et que s’ensuivrait une sorte d’épuration qui enverrait certains en prison peut-être pour de longues années. Mais non, si l’on excepte le cas Bettencourt, il semble que ces affaires soient au bord d’être enterrées. Les deux camps se sont répandus en amabilités lors de la transition. J’aurais donc tendance à ne pas trop m’en faire de ce côté-là… Il aurait été vraiment scandaleux qu’un homme aussi altruiste, patriote, et amoureux du petit peuple que Nicolas Sarkozy paie les pots cassés pour cinquante ans de magouilles dans lesquelles tout le monde a forcément trempé un peu, et avec lesquelles, en 2007, il avait rompu.
D’aucuns, dont moi, redoutaient que l’élection de François Hollande entraîne sur le plan économique les conséquences les plus funestes. Les agences de notation, qui sont les garantes altruistes et désintéressés de la stabilité du système financier mondial, n’ont pas puni la France en dégradant sa note. La bourse n’a pas plongé. Les taux auxquels la France a la chance de pouvoir emprunter sont restés inchangés. On voit donc que les marchés, dont les journalistes prennent bien soin, respectant en cela leur caractère sacré, de ne jamais nommer les acteurs humains qui les incarnent, ne sont pas du tout inquiets de la nouvelle équipe politique à la tête du pays. Il est vrai que M. Hollande, en avril dernier, était allé rassurer les banquiers de la City pour leur assurer qu’ils n’avaient rien à craindre de lui et qu’en France les communistes n’existaient plus. Apparemment « on » a décidé de le prendre au mot.
Pour la politique étrangère il y avait aussi de quoi avoir peur. François Hollande n’avait-il pas été celui qui avait porté, en 2008, la motion de censure du groupe socialiste à l’assemblée, pour protester contre le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Je redoutais ainsi que nous nous missions en retrait des responsables campagnes militaires auxquelles nous avons eu la chance de participer ces dernières années sous la bannière de l’OTAN. Là encore, cependant, j’ai été pleinement rassuré : lors du sommet annuel de Chicago, il a réitéré notre adhésion à cette Sainte Alliance des temps modernes. Quelques jours plus tard il a fait partie de cette coalition de nations du monde libre et démocratique qui ont décidé avec une réactivité foudroyante l’expulsion des ambassadeurs syriens en poste suite au massacre de Houla, décision d’autant plus courageuse qu’on ne dispose pas à ce jour de preuves établissant clairement l’identité de ceux qui l’ont perpétré. Il semble que cette série de gestes diplomatiques fondateurs aient porté leurs fruits, puisqu’en récompense, les États-Unis, pivot de l’OTAN, ont accordé plus de postes de commandement aux Français à l’intérieur de l’Alliance. Il apparaît donc que, loin de nous éloigner de notre bien aimé grand frère, nous soyons en train de nous lier de plus en plus fermement à son destin. Tous les enfants de France doivent applaudir des deux mains et des deux pieds.
Je redoutais également la composition du gouvernement. Qui allait-on y trouver ? Mélenchon aux finances, Poutou à l’intérieur, Cohn-Bendit à la défense ? Non, pour ne prendre que ces trois ministères fondamentaux, c’est Manuel valls, approché en 2007 par Sarkozy dans sa stratégie d’ouverture, qui a reçu l’intérieur ; c’est Jean-Yves le Drian, approché mêmement en 2007 par Sarkozy, qui a reçu la défense, enfin c’est à Pierre Moscovici, qui a présidé de longues années la Chambre du Commerce et de l’Industrie aux côtés d’un député UMP, qu’ont échu les finances. Aux postes clés du gouvernement on retrouve donc des poids lourds qui avaient des affinités avec Nicolas Sarkozy, ou qui étaient habitués à négocier en compagnie de leurs collègues de l’UMP avec les patrons du CAC 40.
Ce qui finalement éteint toutes mes craintes, et me convainc au contraire que le quinquennat de Hollande sera un quinquennat historique, c’est que Bernard-Henri Levy, notre plus grand homme de lettres depuis Emile Zola, et boussole intellectuelle de notre nation, semble en train de devenir le trait d’union entre les deux présidences : après avoir aidé le précédent président à étendre les zones de paix démocratiques en Libye, il est parti pour aider le nouveau à faire de même en Syrie.
Contrairement à ce que certains enthousiastes espéraient naïvement, la présidence de François Hollande, en dehors de quelques points mineurs, n’apportera donc que peu de changement par rapport à celle de Nicolas Sarkozy. Nous irons exactement dans la même direction, sur les rails admirables posés par son prédécesseur, qui avait su infléchir la ligne politique collaborationniste du président Chirac.
Là où il m’avait fallu six mois pour comprendre qu’Obama était le digne succeseur de Bush, il ne m’en aura fallu que deux pour voir en Hollande un digne successeur de Sarkozy. C’est sans doute l’effet de la prise de fonction. Quand on on est dans l’opposition, ou en campagne électorale, on plastronne et promet monts et merveilles ; une fois sur le trône, la réalité rattrape, et ramène à des vues plus saines et moins démagogiques. Yes we can mais le changement c’est pas pour maintenant !
novembre 2012
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