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Voguéo, un gadget ?

Deux mois après sa mise en service, Voguéo a-t-il trouvé sa place ? Un petit tour à bord s’impose.

Son annonce n’avait pas provoqué à l’époque un grand émoi sur Agoravox, on peut même sentir dans les rares commentaires une certaine réserve, voire une certaine dose de sarcasmes, mais, après deux mois d’exploitation, il est possible de dresser un premier bilan de ce qui est présenté comme une expérimentation, et c’est un utilisateur régulier qui vous livre ses impressions.

Pour mémoire et en résumé, Voguéo présente les caractéristiques suivantes :

  • le service est concédé par le STIF à la compagnie des Batobus ;
  • l’ouverture a eu lieu en juin 2008 et l’expérimentation durera environ deux ans ;
  • 4,6 millions d’euros par an sont nécessaires pour les frais d’exploitation ;
  • quatre catamarans sont en service, ils ont une capacité de soixante-quinze personnes ;
  • quatorze capitaines et quatorze matelots assurent le service entre 7 heures et 21 heures ;
  • cinq escales sont desservies entre Maisons-Alfort et la gare d’Austerlitz avec une fréquence de deux à trois bateaux par heure ;
  • trente minutes sont nécessaires entre les deux terminus ;
  • le prix d’un voyage hors les forfaits habituels (Navigo, Imagine R… zones 1 à 3) est de 3 euros.

Ces quelques détails connus, il est temps de tester le service et, avant tout, il faut trouver l’embarcadère : sur ce point, il n’y a rien à dire, la signalétique est bien en évidence et le logo Voguéo flotte en haut d’un mat à chaque escale. Le voyageur venant d’une gare ou d’une station de métro sera, lui, guidé par des affichettes. A l’embarcadère, un afficheur indique, comme pour un autobus classique, l’heure des deux prochains départs ; un plan et les horaires sont bien visibles eux aussi.

Selon l’heure, une file d’attente plus ou moins importante se forme : utilisateurs réguliers, curieux, touristes. Enfin le bateau - flambant neuf - arrive à quai, il ralentit, le matelot enfile son gilet de sauvetage, puis il amarre, ouvre le portillon et enlève la chaîne qui retient les passagers désireux de débarquer. Un comptage scrupuleux s’engage alors, car il ne sera pas question d’accueillir plus que les soixante-quinze personnes autorisées. Aucun problème aux heures creuses, mais, à certaines heures, la situation est plus difficile et tout le monde ne montera pas. En effet, nombre de passagers utilisent Voguéo de façon circulaire ; une balade en bateau pour 3 euros, ça ne se refuse pas : une sorte de bateau-mouche du pauvre en somme, et les passagers surnuméraires n’ont plus qu’à attendre le bateau suivant, et tant pis s’ils avaient un train à prendre.

Quant aux heureux élus qui ont gagné le droit de monter à bord, ils doivent encore attendre que le matelot-compteur leur permette - au compte-goutte - d’acheter ou de valider leur titre de transport et, apparemment, nous ne sommes pas dans une logique d’efficacité, pas plus que d’amabilité, le débarquement/embarquement aura duré cinq minutes.

Le trajet s’effectue - enfin - à petite vitesse, laissant aux passagers tout loisir de contempler les berges du fleuve et l’habitat précaire qui les borde : eh oui, il y a encore des bidonvilles à Paris !

Ne nous méprenons pas, sur le fond, l’idée d’utiliser la Seine comme moyen de transport en commun est une bonne idée et, concernant la desserte actuelle (Alfort Ecole vétérinaire - Gare d’Austerlitz), Voguéo offre un trajet en trente minutes, soit le même temps que le métro (Ligne 8 puis 5) ou le bus (ligne 24), l’argument du temps de trajet, si cher à ses détracteurs, ne tient donc pas ici.

Outre le temps de trajet, il faudrait, pour être rigoureux, faire une comparaison sur le plan économique (hors investissement initial, en ramenant le budget annuel au service quotidien, chaque trajet coûte environ 250 euros) et, bien évidemment, écologique avec l’offre bus/métro/RER : malheureusement, on ne dispose pas pour le moment de données fiables sur le nombre de personnes transportées.

Une ombre au tableau toutefois, il paraît curieux d’avoir concédé la ligne à une société (Batobus) qui se retrouverait - en cas d’extension vers le centre de Paris - en concurrence avec ce "nouveau" moyen de transport et il y a fort à parier que cette société fera tout pour noyer le projet (sans jeu de mot) sans oublier qu’elle aura recours à un lobbying intense.

En conclusion provisoire, Voguéo est certes un gadget parce que les dessertes sont insuffisantes, la fréquence trop faible et la vitesse d’exploitation relativement lente, ceci sans oublier que ce trafic n’allège que très peu les autres moyens de transport, mais il reste que la Seine est un potentiel inexploité, on peut dès lors espérer le rétablissement d’une ligne Maisons-Alfort Suresnes comme cela existait au début du siècle dernier.


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5 réactions à cet article    


  • goc goc 21 août 2008 13:03

    - c’est où ??

    - a Paris !

    - c’est où Paris ???


    • isaphocea 21 août 2008 15:44

      Petit ajout.
      cette semaine, Voguéo a eu des problèmes techniques. Le matin depuis Maisons-Alfort, il était impossible d’avoir la navette de 8h03 et sur le panneau de signalétique, une attente de 53 mns s’afichait.
      Les différents équipages soutiennent que c’est un problème de signalétique, sauf que les navettes n’y étaient pas et que le site web indiquait " traffic normal" pour ceux qui se renseignaient avant de rejoindre l’escale.
      il est certain que la lenteur des navettes est un handicap, mais le plus important, c’est que seuls, les Maisonnais doivent justifier d’une carte trois zones départ Maisons Alfort. Nombreux ont été les passagers qui , partant d’Austerlitz avec une carte deux zones, et faisant le tour avec (aller-retour) n’avaient pas à justifier d’une carte trois zones "tant qu’ils ne descendaient pas " à Maisons Alfort.( je cite un matelot)
      Un autre a permis à une mère de trois enfants de bénéficier de la gratuité alors que les enfants ne paient qu’à partir de 4 ans. il y a un vrai problème concernant les équipages qui ,chacun, promulguent leurs règles.
      les uns autorisent les poussettes ouvertes qui occupent la place devant les strapontins, interdisant de fait l’accès de ces derniers aux usagers. D’autres encore obligent à ce qu’elles soient pliées et l’enfant assis sur le parent. ;
      Quant aux places sur le pont arrière, elles sont très demandées, la chaleur et le manque d’air, les jours de soleil sont intenables dans "le salon"


      • Scaevola 21 août 2008 16:55

        En effet, la règle appliquée par l’équipage n’est pas toujours la même. Quand au problème de tarification le plus simple aurait été d’avoir l’ensemble de la ligne en zone 2.


      • Lapa Lapa 21 août 2008 16:42

        votre bilan est plutôt maigre en informations hors ressentis...

        et quand vous dites : "Ne nous méprenons pas, sur le fond, l’idée d’utiliser la Seine comme moyen de transport en commun est une bonne idée" pouvez-vous préciser ce que vous appelez une bonne idée ?

        c’est une idée sympa mais qui n’a aucun impact et dont l’effcicacité est douteuse ?


        • Scaevola 21 août 2008 19:18

          Il me semblait implicite que les transports - publics ou individuels - étaient saturés en Ile de France, par conséquent toutes les pistes sont à tester pour améliorer la situation : En l’occurrence l’intention est bonne mais l’efficacité est effectivement douteuse, peut-être par manque d’ambition.

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