Voici ma promotion du 14 juillet 2009 dans l’ordre de la Légion d’honneur

Tout d’abord, un commentaire succinct sur la promotion du 14 juillet 2009 décrétée par les différentes instances ministérielles ainsi que l’Elysée. Sont promus dans les différents grades, un PDG, un directeur général, un responsable d’association, un chef, un délégué général, un maire, un chef, un directeur, un président, un directeur, un principal de collège, un inspecteur, un président, un acteur, un rédacteur en chef, un chef de production, un super intendant, un président, un secrétaire général, un professeur honoraire, un directeur, un chef, un adjoint au maire, un proviseur, un écrivain, un chef de service, un avocat général, un président, une directrice adjointe, une président, une directrice déléguée, une présidente… quelques anciens combattant, l’épouse d’un grand invalide… un président, une directrice, un chef…

Et voilà ! Zut alors, pas de chance pour ceux qui ne sont ni directeurs, ni chefs, ne sont pas connus des réceptions officielles, des réunions ministérielles, de la hiérarchie administrative, des élus locaux, des réseaux. Pas de chance pour ceux qui ne sont pas arrivé à un certain niveau de l’échelle sociale. Ils n’entreront pas dans l’ordre de la légion d’honneur. Ce qui ne signifie pas qu’ils ont été peu méritants mais que leur mérite ne figure pas dans la liste des reçus à la légion d’honneur. Autrement dit, il y a deux catégories de gens susceptibles de mériter les honneurs. D’une part ceux qui ont eu une carrière en vue et sont parvenus plus « haut » que la moyenne, en accomplissant presque toujours des fonctions de responsabilité, manager, président, directeur, élus, peu importe le flacon pourvu que l’ivresse du pouvoir soit présente. Je laisse de côté le cas des anciens combattants, qui méritent reconnaissance c’est certain. D’autres part, il y a des millions de Français dont l’honneur en fin de compte, reste d’ordre anonyme et privé, un honneur s’exprimant dans la reconnaissance des proches et l’appréciation des connaissances. Ces gens là mériteraient autant que les autres d’entrer dans l’honneur. Car qu’est-ce que l’honneur si ce n’est un titre moral caractérisant une vie d’efforts, rigoureuse, avec souvent des souffrances et des peines, bref, l’honneur est une vertu mais la République s’emploie à désigner, héritage des sucettes et autres hochets napoléoniens, une minorité de Français comme méritant la reconnaissance de la nation. Les autres dont dans une autre case. Tout au plus, une place dans l’ordre du mérite pour le brave type qui a plongé dans la rivière pour sauver un gosse se noyant.

Et donc, au nom des pouvoirs de libre expression et de décision axiologique que me confère la Constitution française et ma propre constitution, j’ai décidé de promouvoir dans l’ordre de la légion d’honneur, au grade de chevalier, des millions de Français, des ouvriers, des instituteurs, des balayeurs, des contremaîtres, des informaticiens, des infirmières, des routiers, des charcutiers, des paysans, des mères et pères de famille, des caissières de supermarché, des rockers, des animateurs de centre aéré, des comptables, des secrétaires dans un bureau… mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs, si j’avais un marteau, je referais le monde, j’enfoncerais dans la tête des élites le principe de l’égalité ! Parmi ma promotion de la légion d’honneur du 14 juillet 2009 il y a :

Gilberte, boulangère à Pessac depuis 26 ans

Francis, employé informaticien à la caisse des dépôts de Libourne

Josiane, institutrice à Talence depuis 30 ans, qui s’est bien occupée de mes enfants

Christian, professeur de gym au lycée technique de Floirac

Joséphine, retraitée, ancienne ouvrière dans le textile, Bègles

Jean-Pierre, médecin de quartier, Bordeaux

Alain, ouvrier dans le bâtiment depuis l’âge de 16 ans, devenu invalide suite à un accident sur un chantier à Arcachon.