Vos empreintes vous trahiront...
ll y a une émission qui a fait fureur au Brésil, tout comme dans de nombreux autres pays dont la France, il s’agit du fameux Big Brother.
Premier programme globalisé répondant à un des nombreux travers de la nature humaine, le voyeurisme. Je ne m’en cache pas, j’en fus une victime consentante, ma curiosité doublée de ce vice partagé a réduit à néant toute résistance.
Alors que cette entreprise d’abrutissement labélisée tissait sa toile sur les petits écrans, une autre plus dangereuse s’insinuait dans les interstices des incohérences juridiques, le fichage des citoyens.
Dans les pays où l’insécurité est presque une règle, la liberté des citoyens ne fait pas le poids face au tout sécuritaire, j’ai eu à le vérifier il y a de cela un peu plus d’un mois.
Le cœur léger et les yeux remplis de ce beau pays, je me rendis accompagné d’une personne à un des nombreux shopping (centre commercial) de Brasilia pour faire du lèche-vitrines et une visite chez le dentiste. Après une longue marche dans le dédale de couloirs, un aller-retour dans la cage d’escalier et les différents ascenseurs, nous arrivâmes je ne sais comment à la réception du building. Celui-ci abrite, en plus du centre commercial, des cabinets d’avocats, de dentistes, médecins et autres professions libérales.
Une petite file nous attendait, la trouvant un peu longue, je penchai la tête pour voir ce qui retenait ce petit nombre de personnes. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que les clients étaient soumis à un contrôle biométrique. Oui, vous avez bien lu, caméra, empreinte et numéro de carte d’identité étaient de rigueur pour pouvoir faire ses achats ou pour se rendre chez son docteur !
Moi
qui pensais y échapper aux frontières (je n’ai qu’un passeport à
lecture optique et je pense que cela est déjà bien suffisant) me voilà
contraint de donner mon empreinte et ma photographie pour soigner une
carie. Quelle blague !
Mon
accompagnatrice, coutumière du fait, me précéda non sans remarquer mon
embarras. Elle se soumit au contrôle et dit deux ou trois mots aux
employés qui me dévisagèrent puis me firent signe de passer. Ravi de me
soustraire à ce contrôle poussé, je saisis mon cellulaire équipé d’un
numérique et pris quelques photos pour illustrer mes propos.
Voilà,
nous y sommes. Big brother, le vrai est arrivé, la France n’y échappera
pas, son meilleur soldat est à la tête du pays. Dites-vous bien que
pour pisser un coup il va falloir montrer patte blanche, Madame Pipi
prendra vos empreintes... digitales on s’entend !
Vous savez ce qui m’a le plus troublé dans cette histoire ? C’est que cela ne m’aurait pas dérangé outre-mesure de donner mon empreinte.
Je n’étais pas un fugitif, encore moins un mari volage et n’avais pas à fournir de faux alibis à la police. J’étais donc prêt à abdiquer sans combattre. Ma relative liberté n’aurait pas fait long feu face aux pandores du capitalisme.
Après tout je ne suis qu’un étranger en visite et je le suis un peu partout, toute revendication citoyenne se heurterait à un mur. Ma seule façon de lutter contre les moulins à vent s’écrit au fil des jours.
A bon entendeur...
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