Vous avez dit « féminisme » ?
Virginie Despentes : « Par contre, la voix des opprimés qui prennent en charge le récit de leur calvaire, on a compris que ça vous soûlait. »
Ma réponse.
Je suis un homme blessé à mort par des magistrats, leurs « experts », qui ont menti, m’ont insulté, sali, rendu coupable de tout. Les faits qui me sont reprochés : m’occuper des enfants, avoir une mère dépressive, en fait postulée dépressive par un psychiatre qui ne l’a pas rencontrée, « confondre les rôles parentaux », (il existerait des rôles parentaux donc dans la loi et dans la psychiatrie ?) de « voler le rôle de mère à la mère ». J’étais un salaud d’homme, de naissance, un puissant, selon votre perception. Personne n’est venu me secourir et secourir mes enfants, et personne ne vient encore le faire. Je porte une parole de victime, je lutte pour mon rétablissement, le rétablissement de ma vie et je ne reçois que silence, quolibets, dénis de toutes sortes : le pire des dénis c’est « résilie ». Je suis seul à porter le poids de l’oppression. Tout le monde s’accorde à dire que la violence des violents est moins grave que l’indifférence des témoins. Celles et ceux qui voient les choses ainsi ne me l’applique pas. Tout au contraire, elles et ils s’énervent de mon insistance à me faire entendre, à me faire respecter et à chercher des alliés pour ma réhabilitation. Ça les soule, pour reprendre vos mots.
On est victime quand un malheur vous est advenu, qu’on n’a rien fait pour le faire arriver, qu’on ne pouvait rien faire pour l’empêcher ou que si on pouvait faire quelques choses, on les a faites et ça n’a pas suffi. Etre victime est en fait assez rare.
Contrairement à ce que tout le monde croit, les victimes ne sont pas crues, sont moquées… On leur pose la question : « pourquoi on t’a fait ça, à toi ? On en croise autant que toi des bourreaux, et ils ne nous ont pas fait ça. » Paradoxalement, le premier réflexe intellectuel devant une victime n’est pas la compassion, c’est tout au contraire la recherche des éléments qui feraient qu’elle ne serait pas une victime.
Nous vivons un temps paradoxal du pouvoir des victimes triomphantes. C’est un effet de nos médias de masse. Il ne peut y avoir de victimes triomphantes, qui nomment leurs bourreaux, édictent les sentences qu’elles souhaitent voir appliquer, (l’exclusion, l’exclusion totale de la vie publique, jusqu’à l’effacement du nom) et obtiennent que tout le monde ou presque, applique cette sentence : le procédé est simple, toutes celles et ceux qui ne sont pas d’accord sont considérés comme complice. Toutes les marques d’un système totalitaire : on n’y échappe que totalement, par la mise à l’écart absolue.
Adèle Haenel aurait signé avec la plus grosse agence d’artistes d’Hollywood. Qui a le pouvoir ? C’est évident, ça saute aux yeux. Elle joue sur les deux tableaux, elle va à la cérémonie des Césars avec les attributs somptueux de la féminité genrée, ça ne la dérange pas. Et Vanity fair m’apprend son nouveau et beau contrat.
Oubliées l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah détenue en Iran, la Pakistanaise Asia Bibi qui souhaite obtenir l’asile en France, Nûdem Durak, la chanteuse kurde, emprisonnée dans les geôles d’Erdogan, les femmes kurdes qui, les armes à la main, défendent les droits des femmes contre Daesch et la Turquie, la dépénalisation des violences conjugales en Russie… Oubliées les souffrances qui pourraient être réparées au terme de luttes.
Alors, voilà brièvement le récit de mon calvaire, mais ça va souler Virginie Despentes (je doute qu’elle le lise, elle ne doit pas trop s’approcher de ce qui ne parle pas comme elle) : La femme que j’aimais et que j’avais « choisi » (les guillemets sont là pour dire que c’était bien réciproque) pour partager la vie, chaque jour, et aussi les projets, les idées, les réalisations… s’est peu occupée des enfants, et ceci dès le premier. Ça m’a un peu déçu. Mais, j’ai fait tout ce qu’elle ne faisait pas, je ne lui ai pas opposé que les enfants étaient aux mères. Je suis féministe. Au troisième enfant, elle ne faisait presque plus rien, la dispute du divorce n’a rien à voir avec ça. L’impossibilité de vivre avec elle venait de sa plainte permanente, ses longs discours quasiment criés qui répétaient « qu’elle était bien malheureuse d’être avec un macho comme moi ». Alors que je faisais tout, j’en étais arrivé à tout faire, elle refusait de participer à la vie familiale, elle m’engueulait sans arrêt parce que je ne faisais rien !
Dans un premier temps, la justice a reconnu que je m’occupais des enfants et m’en a « confié » la résidence (je faisais déjà tout). En fait, ma vie s’est allégée parce qu’elle n’était plus là pour faire éclater sa colère permanente et que je ne payais plus pour elle (elle cachait son argent).
Ensuite, un psychiatre expert a « postulé », c’est son mot, que ma mère était dépressive. Je veux « réparer fantasmatiquement ma mère (postulée) dépressive » parce que j’en ai souffert enfant et « veux faire le père et la mère », « vole le rôle de mère à la mère » de mes enfants. C’est exactement l’inverse de ce qu’il se passait. Je ne pouvais rien dire. Les envoyés des juges n’entendaient pas ce que je leur disais, ils ont rapporté aux juges que je disais des choses que je n’ai jamais dites.
On est traumatisés quand on n’a pas été pris pour un être humain. C’est ce qu’ils m’ont fait.
La parole se libère ? Alors voilà ma parole. Elle ne passera nulle part, peut-être sur agoravox, parce que ce qui s’appelle le féminisme est l’élimination du masculin. Mon épouse me criait : « Comment veux-tu que je m’arrange avec un salaud comme toi ? » Aucun des trois experts à qui j’ai dit cela ne l’a entendu et transmis aux juges, avec les interprétations liées à son expertise, sa fonction. Elimination de ma parole pour me rendre coupable de m’occuper des enfants, de faire les courses, la cuisine, la vaisselle, accompagner les enfants dans leurs loisirs, dans leur scolarité, m’occuper de leur santé. S’il y avait eu des féministes luttant pour l’égalité, ils n’auraient jamais pu faire ça.
Ce qui m’est arrivé il y a 20 ans, « comment s’arranger avec un salaud », ce que l’on m’a fait il y a 20 ans est devenu la règle générale.
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