Vous avez dit « système » ? Mais qui est le « système » ?
Lorsqu’on parle de politique, son nom est désormais inévitable. C’est le plus célèbre des candidats. Objet des sondages et faiseur de sondages. Candidat et faiseur de candidats. Main invisible, et deus ex machina de la politique. Mais qui est-il ? Ou plutôt, qui sont « ils » ?

Aux USA, on parle de « deep state » ou « état profond ». Une imbrication d’intérêts économiques, stratégiques et idéologiques qui dicte sa politique à nos gouvernements. Un état dans l’état qui a pris le contrôle des nations, décide de la politique et des lois, de votre vie, et de l’avenir de vos enfants. Derrière le système ? Quelques dizaines de milliardaires, des associations communautaires, des « ONG », des groupes de réflexions ou « think tank », des lobby, des intellectuels et, bien sûr, les médias « mainstream » propriété de groupes industriels aux revenus diversifiés : pharmacie, armement, information. Pourtant le « système » ne vit pas entièrement caché. Il a un visage. Ses ambassadeurs squattent les plateaux de télévision. C’est Samuel Hutington et son « choc des civilisations », Alain Minc et ses livres qui ne se vendent pas mais sont toujours placés en tête de gondole. BHL et sa philosophie express, Yann Barthès, et sa « quotidienne » (la destruction par l’ironie de ce que le système ne peut détruire autrement). Le système à même ses pamphlétaires autorisés comme Eric Zemmour en France. Critique officiel du discours officiel. Le foot, la drogue, l’industrie du sucre et de l’alcool, lady Gaga, Hollywood, le système est partout et il n’y a pas un recoin de votre vie qui lui échappe. Le « système », c’est tout ce que l’on trouve facilement sur les étalages aussi bien sur le marché de la pensée que sur le marché de l’agro alimentaire, de Eric Zemmour à votre canette de Coca Cola zéro. Et vous bien sûr, produits du « système ».
Mais qui sont donc les vrais ennemis du système ? Un peuple silencieux qui consomme en dormant et qu’il ne faut surtout pas réveiller ? Quelques intellectuels contestataires qui font de la résistance et qu’il faut faire taire. Tous ceux par exemple qui sont condamnés à des peines de prison pour avoir simplement prononcé quelques mots « je suis Charlie Coulibaly » ou publié un simple dessin . Ceux dont les paroles sont marquées de qualificatifs tabous qui les rendent infréquentables et rendent le débat impossible. Ceux qui produisent, créer, ou disent des choses intéressantes passées sous silence. Dans La Guerre des étoiles, de George Lucas, où les tenants du bien affrontent « L’empire », les Jedy sont une poignée face à « l’empire »… Dans la mythologie occidentale, c’est une constante, de Socrate à Che Guevara. C’est vers le petit nombre qu’il faut se tourner pour trouver le bien ou la vérité. Il semble que le bien et la vérité soient aussi rares parmi les hommes que la lumière et les étoiles dans la nuit sans fin de l’Univers. L’histoire humaine, laisse penser que le mal et le mensonge sont la règle, alors que le bien et la vérité sont des exceptions.
Mais revenons sur terre. Les Etats-Unis sont toujours en avance sur nous, si l’on veut voir ce qui vient, c’est vers là-bas qu’il faut tourner notre regard.
L’élection de Trump contre la machine médiatique a montré que l’opposition « démocrate » versus « Républicain » n’était plus pertinente en politique. Mais aussi que lorsque le candidat « anti système » gagne, le système ne respecte pas le jeu démocratique et ne se laisse plus gouverner. L’administration prend le pas sur le politique. Le système devient monarchiste. Le système devient dictateur.
Prenons le cas français. Parce qu’il a dû accomplir les vœux du système, le parti socialiste en France n’est plus qu’un mauvais souvenir. Qu’à cela ne tienne le « système » a fabriqué un autre candidat non encarté avec un simple slogan « En marche ». C’est le candidat de l’algorithme électoral. Il répond parfaitement aux attentes du marché du vote du moment. Une véritable opération marketing pour faire front au candidat anti système le plus dangereux. On le voit , plus question de mettre en scène un débat droite gauche. Il y a désormais le candidat du système contre les candidats dit « populistes ». Une arène sans merci, ou ces gladiateurs de la politique peuvent être parfois avantagés et instrumentalisés par « le système » en fonction de ses dessins stratégiques du jour, ou au contraire démolis. Celui-là obtient un prêt des banques, ou est mis en avant dans tel ou tel journal, pendant que d’autres sont mis en examen… C’est que le « système » de plus en plus contesté est obligé d’intervenir et parfois de sortir de l’ombre. La main invisible qui tire les fils devient alors soudainement visible. C’est Israel qui envoie ses avions dans le ciel Syrien pour frapper les forces de Bachar El assad, et de se fait appuie Daesh à la vue de tous. En France, pour prendre des voix au Front National et à François Fillon, le système a décidé récemment de faire monter sur la scène médiatique tel candidat marginal anti système longtemps passé sous silence. Il vient d’obtenir ses 500 signatures. Il aura le droit à du temps d’antenne au même titre que les autres « grands candidats ». Parce que le système fait des lois qu’il est tenu officiellement de respecter. C’est pour cela que la Justice, véritable bras armé du « système » interdit les caméras dans ses prétoires. Histoire de se laisser la latitude de ne pas appliquer la loi quand ce sont les siens qui sont sur le banc des accusés. La démocratie, c’est un état dans lequel le citoyen a contracté pour la liberté sans savoir qu’il y avait une petite étoile dans le contrat… Vous voulez saisir la Justice ? Vous serez obligé de prendre un avocat. Vous voulez participer à la vie publique ? Vous aurez des députés… On autorise la « class action », mais on la remet dans les mains exclusives des associations. Une décision de justice irrégulière a été rendue contre vous ? Vous voulez vous pourvoir en Cassation ? Un rapporteur examinera d’abord si votre pourvoi « vaut la peine » d’être examiné par la Cour. Le « système » « démocratique » a ses pare feux pour empêcher toute démocratie effective. Des institutions qui répondent aux puissants pour éviter que le « système » soit battu, victime se ses propres règles. Comme le casino, le « système » ne perd jamais. Le système se nourrit du postulat de la vraisemblance mais pas du vrai. C’est pour cela qu’il est pétri de contradictions. En Ukraine le système soutient un gouvernement néo nazis contre les intérêts Russes. Alors que l’intérêt économique de la France et des français voudrait que nous nous entendions avec cet état qui ne nous est pas hostile. Des intérêts occultes et privés en ont décidé autrement. Le système à ses raisons que vous ne connaissez pas. Liaisons dangereuses et jeux risqués, le système joue avec le feu pour se maintenir et cependant précipite sa propre fin. C’est Oedipe, ou le roi boiteux. Le héros qui voulant échapper à son destin, y courre. Ce n’est qu’une question de temps. Le système le sait, mais il ne croit pas à sa propre fin. Le système invente pour se maintenir ce qui va précipiter sa perte. Il assemble des vérités pour fabriquer des mensonges. Mais comme en chimie, rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. C’est la beauté de la vie. Elle est plus forte que nos calculs les plus savants. Le système n’escomptera pas le résultat anticipé. En informatique on appelle cela un bug. En astro-physique, le chaos.
Comment distinguer les bons et les méchants ?
« A partir d’un certain âge tout homme est responsable de son visage » disait Albert Camus. Je suis assez d’accord avec la sentence. Regardez le visage des hommes politiques pour qui vous votez, plutôt que leur programme électoral. Puisque vous ne savez pas qui est leur maître, mieux vaut connaître la couleur de leur âme qu’écouter leurs paroles. Comment faire confiance à des candidats qui se financent à coup d’emprunts bancaires et qui ont par définition des intérêts différents des vôtres ? Vous savez désormais qui paye les costumes de François Fillon, et qui lui en taille. Mais savez vous qui prête de l’argent à Emmanuel Macron ? Le candidat Hamon dit que cette campagne électorale « pue le fric »… Certes, mais devons nous craindre davantage un candidat qui a rétribué sa femme et ses enfants avec son enveloppe parlementaire, qu’un candidat qui peut tout se payer parce que sa campagne est financée à coup d’emprunt bancaire ? Le « système » ne mettra jamais cette idée en perspective. Parce que son but n’est ni la vérité, ni le bien, mais l’accomplissement de son plan. Non pas de vous soigner ou de vous rendre libre, mais de faire de vous des clients dépendants. Non pas de vous rendre intelligent mais de vous encourager dans votre bêtise. Lorsque le système fait des synthèses avec la vérité, se sont des sophismes. De deux vérités, il synthétise un mensonge. Jamais il ne synthétise une vérité plus grande. Parfois le système invente des contre feux, des semblants de critique, il donne l’impression du débat, de la contradiction. Mais c’est pour diviser, pour agiter, toujours pour accomplir un agenda qui est autre que ce qu’il dit. Les citoyens qui sont capable de faire la synthèse des mensonges du système sont isolés. Parce qu’ils ne peuvent partager avec personne ce qu’ils ont compris. C’est Winston dans 1984, le livre visionnaire de Georges Orwell. C’est l’homme seul qui remonte la foule en sens inverse le jour ou elle se dirige comme un seul homme vers la place de la République pour allez scander « je suis Charlie ». En période trouble, éloignez-vous de la foule. Au milieu de la foule l’homme abaisse son intelligence au niveau le plus bas. Retranchez-vous dans vos monastères et restez connectez à distance tels des particules élémentaires. Cultivez vos jardins singuliers et cessez de nourrir le mal.
Anna Campion
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