• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Voyoucratie et révolte sociale

Voyoucratie et révolte sociale

Les émeutes de Villiers-le-Bel, la semaine passée, ont permis au président de la République d’introniser un nouveau concept : celui de la voyoucratie, littéralement le gouvernement des voyous, des gamins des rues. S’il ne fait aucun doute que les émeutiers sont et doivent être traités comme des voyous, il semble en revanche moins évident de laisser entendre que les émeutes résulteraient d’une voyoucratie durablement installée dans les quartiers populaires.

Pire, considérer ces émeutes sous l’angle exclusif de la révolte infondée, gratuite, sourde, affectant une portion d’individus psychologiquement instables, une population « culturellement » violente, est au mieux une erreur, à mon sens, une faute.

Je m’explique.

Les banlieues comme on les appelle si souvent, embrassant dans un conglomérat homogénéisant des histoires de vie, des parcours personnels, des espaces, des lieux, des espoirs, des réalités, des mondes, des cultures, des mode de vies différents, constituent déjà une première forme de stigmatisation. D’ailleurs historiquement, la banlieue définit un espace incertain, ni à l’intérieur de la ville, ni tout à fait hors de la ville. Espace ambigu, à la marge et par conséquent inquiétant, la "ban-lieue" s’est construite et développée sur le mode de la marginalisation. A l’origine, elle désignait l’espace d’une lieue ou plus qui encerclait la ville et sur lequel le seigneur exerçait sa juridiction - son ban - à l’époque féodale. S’y installaient ceux qui n’avaient pas droit de cité dans l’enceinte de la ville. Plus tard, ce seront les premières industries, les activités commerciales qui s’y développeront et feront profiter à la ville de leur essor grandissant. Mais la ville restait un espace délimité, contrôlé, sécurisé, infranchissable.

La banlieue est et reste toujours aujourd’hui un espace à la marge, déconsidéré, dévalorisé. Par suite, ce sont ses occupants qui se sont trouvés être stigmatisés, dépréciés. Comme si la représentation négative de l’espace s’était fondue dans ses résidents.

Aujourd’hui le terme de banlieue désigne dans le langage courant ces quartiers populaires en périphéries des villes qui concentrent une forte majorité d’immigrés et de Français descendant d’immigrés. Mais plus encore, ces banlieues concentrent avant tout une majorité des laissés-pour-compte de la crise économique et sociale qui a touché la France au milieu des années 70. Ce qui définit le mieux ces quartiers, ce n’est pas leur communauté culturelle, mais bien davantage, c’est leur origine et leur destinée commune : absence, ou pour le moins faiblesse de la mobilité sociale, difficulté d’insertion économique et sociale, ostracisme de la part de la population active (inclus), sentiment de relégation. L’unité de ces populations repose davantage sur des critères sociologiques que sur des critères ethniques et culturels. Issus de l’immigration ou non, Français ou étrangers, jeunes ou plus âgés, la plupart des habitants de ces quartiers appartiennent avant tout aux classes sociales « inférieures », défavorisées, dont les aspirations légitimes d’ascension sociale se retrouvent confrontés à un principe de réalité inacceptable, dure, terriblement dépossédant. Condamnés pour l’essentiel à la reproduction sociale, ils vivent leurs destins sociaux comme une frustration insoutenable.

Lorsque M. Sarkozy ironise à mots à peine voilés sur l’incapacité de certains à se lever tôt le matin pour trouver un emploi, faisant ainsi peser l’essentiel des difficultés et des échecs d’intégration et d’insertion économique et sociale sur l’individu lui-même, il stigmatise encore un peu plus ces populations. Ainsi s’ils ne travaillent pas, c’est, implicitement, parce qu’ils ne le veulent pas. C’est parce qu’ils ne font pas d’effort pour se lever tôt.

Mais ce propos venant du président de la République (censé, dois-je le répéter, représenter l’ensemble des Français) est à mon sens proprement scandaleux. M. Sarkozy fait là la preuve de son soutien à la cause libéraliste, plus que libérale. Il s’applique d’ailleurs à lui-même la recette : le chômage qui baisse, c’est lui, la croissance, (si elle repart) c’est lui, le pouvoir d’achat (mais lequel ?), c’est lui, etc. A chacun d’assumer ses responsabilités et sa part de réussite et d’échecs.

Certes, sur le principe, on peut être d’accord dans nos sociétés individualistes. Mais à la condition sine qua non suivante : que tous aient dès le départ les mêmes chances, les mêmes moyens mis à leurs dispositions afin de partir de la même ligne de départ. Or, rien n’indique qu’il en soit ainsi (doit-on encore le démontrer !).

La France qui se lève tôt, elle, mériterait donc davantage de profiter des fruits de la croissance puisqu’elle aurait fait plus d’effort. La rhétorique est simple et limpide. Mais la question essentielle à laquelle M. Sarkozy devrait s’atteler à répondre est la suivante : est-ce que la France qui se lève tard le fait volontairement ?

Rien n’est moins sûr. Bien évidemment, il est toujours possible de trouver quelques réactionnaires, marginaux, préférant vivre de l’assistance publique que du fruit de leur travail, mais c’est là l’immense minorité de la population. La plupart des Français qui se lèvent tard ne le font pas de gaieté de cœur : eux aussi rêvent d’aurores, de vie rythmée, de temps contraint, d’espace délimité, de revenus supérieurs, eux aussi rêvent de réveils qui sonneraient tous les matins.

Mais pourquoi se lèvent-ils si tard alors M. le Président ?, qui semblez avoir balayé la question d’un revers de main : s’ils se lèvent tard, c’est parce qu’ils le veulent bien ! La réalité a l’immense défaut d’être moins lisse qu’on ne l’imagine : elle est souvent plus complexe, mais aussi tellement moins séduisante. S’ils se lèvent tard c’est pour d’autres raisons bien moins « libérales ».

Après avoir envoyé plus de deux cent lettres de motivation, après avoir rédigé des dizaines de CV, après avoir entrepris des démarches, après s’être investi, s’être battu, avoir espéré, avoir fait le constat amer de l’indifférence généralisée (à peine une trentaine de réponses), s’être fait rejeté, refoulé, l’identité personnelle est forcément atteinte, l’estime de soi ébranlée et la dévalorisation suit. Alors, pour oublier sa condition miséreuse, ce sentiment déstructurant d’inutilité sociale, pour s’oublier soi-même, on relâche, on plie, on coule. Pour ne pas voir qu’on tombe, on préfère s’endormir et se lever chaque jour un peu plus tard. Non par oisiveté, non par fainéantise, mais par résignation. Plutôt que Don Quichotte à l’héroïsme pathétique, se battant contre d’improbables moulins à vent, plutôt que Sisyphe au courage obligé, la fuite dans le sommeil - ce repas du pauvre - pour l’homme ordinaire. Se lever le plus tard possible pour ne pas avoir à ressentir l’insoutenable poids de sa négligeable condition.


Moyenne des avis sur cet article :  3.27/5   (30 votes)




Réagissez à l'article

47 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 3 décembre 2007 11:18

    Arrêtez avec vos analyses bidons ,j’habite en banlieue et nous demandons tout simplement que les voyous soient mis en prison au lieu d’etre relaché et de bénéficier d’aides sociales et qu’enfin les quartiers puissent se moderniser sans que ces mêmes voyoux ne viennent dégrader les installations.

    Arrêtez de mélanger les banlieues ,les jeunes et les voyoux

    C’est avec des discours comme le votre que nous en sommes arrivé à des telles situations de quartiers de non droit


    • COLRE COLRE 3 décembre 2007 12:10

      Aux @lermas,

      Les lermas se lâchent, la tendance décomplexée n’a plus de limites ! il faut mettre les voyous en prison, DONC, et ne jamais les relâcher, n’est-ce pas ?! Car la place d’un voyou, c’est en prison. Jusqu’à quel âge, au fait ? il suffirait de l’inscrire dans la loi...


    • Cangivas 3 décembre 2007 12:38

      Même constat que Lerma.

      J’ajouterais qu’avec ces discours, certains en viennent à ne même pas être choqués, sincérement et profondément, qu’un prof soit mollesté dans sa classe, qu’un pompier reçoive un parpaing sur la gueule, qu’un flic soit tiré comme un lapin,...

      Sans être le petit doigt sur la couture devant un fonctionnaire ou un idolâtre de l’Etat, il y a pourtant matière à être choqué.

      En revanche dans le sens inverse, si l’action est le fait du fonctionnaire, les accusations d’abus d’autorité, de retour du facisme et dans certains cas de racisme, ..., pleuvent immanquablement (avant même l’examen minimal des faits).

      Certains sont en pleine confusion des valeurs... au point que l’ouvrier qui se fait cramer sa bagnole n’est pas une victime et que le crétin incendiaire le devient s’il se fait serrer énergiquement par les flics.


    • Traroth Traroth 3 décembre 2007 14:53

      Moi, ce qui me choque, c’est quand dans un discours, le président se permet de dire que les émeutes dans les banlieues n’ont rien à voir avec un problème social, ce qui revient implicitement à affirmer que les voyous sont des voyous « parce que ». Parce qu’ils ont le mal en eux, parce qu’ils sont immigrés ou descendants d’immigrés, parce que c’est « génétique » ? Parce que quoi, exactement ? Affirmer qu’une explication n’est pas la bonne n’est jamais suffisant, encore faut-il avoir une autre explication à proposer. Et franchement, pour ne pas voir la corrélation quand ces émeutes se produisent *justement* dans des quartiers pauvres, il faut vraiment être myope !


    • COLRE COLRE 3 décembre 2007 14:56

      Quand je disais que les lermas étaient lâchés... ! en voilà un autre.

      La confusion des valeurs est parfaitement créée et entretenue par des gens de votre acabit : pourquoi OPPOSER l’ouvrier qui se fait cramer sa voiture et les FLICS qui serrent énergiquement, selon vos termes euphémistes un mec un peu noir, donc crétin, donc incendiaire ?

      Il ne vous ai jamais venu à l’idée que les deux sont des victimes et que les deux souffrent d’une situation choquante ?

      Il ne vous est jamais venu à l’idée qu’un mec qui se fait arrêter et vérifier 20 fois par jour, simplement parce qu’il est jeune et basané, alors qu’il est parfaitement INNOCENT de n’importe quoi, est une victime ? et que tout cela relève d’un système de valeurs et je justifications scandaleux ?

      Avez-vous déjà été choqué, pour reprendre vos termes, à la vue de ces jeunes constamment arrêtés dans la rue et dont on vérifie les papiers avec toute la tendresse que vous imaginez ? alors ? avez-vous été choqué, « sincèrement et profondément » ?


    • COLRE COLRE 3 décembre 2007 15:03

      mon commentaire s’adressait à @cangivas


    • Cangivas 3 décembre 2007 15:40

      @colre

      Où ai-je dans mon message fait référence à la couleur de peau de l’incendiaire ? Nul part !

      Que le crétin incendiaire soit d’une origine ou d’une autre ne change rien à mon opinion. Même chose s’agissant de l’ouvrier (se faisant cramer sa bagnole) ou du flic.

      L’incendiaire pourrait être Creusois depuis 150 générations qu’il resterait pour moi un con. Qu’ensuite par exemple l’ouvrier soit arabe et le flic noir ne change absolument rien à mon opinion sur les uns et les autres, et leurs actes.

      Qu’il y ait des « bastilles » à prendre, à démonter ou cramer, je veux bien. Mais en quoi la Peugeot de son voisin est une « bastille » ?

      Au risque de vous choquer, j’ai été élevé dans le respect de l’outil de travail d’autrui.


    • COLRE COLRE 3 décembre 2007 15:59

      Eh bien voilà, miracle, je n’aurais pas perdu mon temps en vous répondant !

      alors, relisez-vous, et vous verrez que vous opposez les victimes, à la manière Sarko, car voilà que dans ce pays, maintenant, on ne peut plus gueuler sur les flics qui se conduisent comme des voyous, sans qu’on vous oppose aussitôt que les voyous aussi !

      oui, moi aussi je gueule contre les petits cons qui font flamber les voitures, MAIS je gueule AUSSI contre les gros cons de flics qui se comportent comme des chauffards avinés sans que personne ne les fasse souffler dans le ballon ! où est l’alcootest du conducteur de la voiture des flics ? j’imagine que vous et moi, dans la même situation, on serait déjà au trou pendant 48h ! C’est vrai qu’avec Chirac on est habitué à ce que les impunis soient au dessus des lois !!!


    • Cangivas 3 décembre 2007 16:12

      Miracle ? Arrêtez de vous palucher, SVP.

      Ensuite qu’il y ait des gros cons de flics avinés et tout ce que vous voulez n’est pas un motif suffisant à mes yeux pour faire chier des personnes qui n’ont rien à voir avec la première catégorie mentionnée.

      Un ou des types vous défoncent la tronche... vous allez trouver ça pas anormal au motif qu’ils se font contrôler plus que la moyenne par les flics ?


    • COLRE COLRE 3 décembre 2007 16:54

      ok, compris, je vous laisse les plaisirs solitaires, ciao, pauvre con.


    • Cangivas 3 décembre 2007 19:57

      Vu votre sens de la justice - qui ne trouve pas injuste que des individus se fassent justice eux-même (ce qui est déjà discutable) et de façon aveugle (ce qui là franchement discutable) -, votre sentence me fait bien rigoler.

      Et comme je ne suis ni le premier ni le dernier type que vous traitez ou traiterez de pauvre con, je vous rassure je n’ai vraiment pas à craindre la solitude.


    • Gilles Gilles 4 décembre 2007 08:39

      « Affirmer qu’une explication n’est pas la bonne n’est jamais suffisant, encore faut-il avoir une autre explication à proposer. »

      Tient, personne n’avait pensé à ça ! Expliquer le pourquoi du comment... mais peut être est ce parce que la France est un pays où il faut arrêter de penser et agir (C lagarde). Sarko suit la mode !

      Donc, les voyous en prison, et hop, on montre un exemple ou deux en boucle à la télé et du coup le problème est évacué pour quelques temps. Qui sont-ils, pourquoi, quelles causes, comment sont ils devenus ainsi, n’y a t-il pas des moyens de prévenir ces parcours.... que des question, des questions pour intello bobo archaïques, fonctionnaires de pères en fils et droit de l’hommistes béats !

      Agir d’abord, agit toujours, réfléchir jamais ! Voilà ce que les français auraient choisi, non ? Mais quels français au fait ?

      De plus, si on réglait vraiment le problème de la voyoucratie de « banlieues », il faudrait alors trouver d’autres idées pour surfer sur les besoins démagogiques des foules.

      Ou pire, Sarko devrait s’attaquer à d’autres voyous, ceux que d’aucun encensent : la voyoucratie en col blanc, intelligente, propre, riche et gentille..... mais ça serait s’attaquer du coup à ses potes !

      Ah bon ? On s’occupe déjà d’eux ? Oui avec la dépénalisation du droit des affaires... comme ça on en parlera plus, exit ces voyous là ! mais pas grave, les banlieues nous offrent leurs quotas de voyous, bêtes, sales, pauvres et méchants !


    • zadig 3 décembre 2007 11:30

      j’ai peur de l’avenir.

      Avec la crise économique actuelle le problème des banlieues me semble insoluble. (pour la crise le pire est à venir)

      Pour le futur un pronostic : -Toujours plus de pauvres. -Des riches toujours plus riches. -Une classe moyenne laminée et rejoignant les rangs des pauvres.


      • zadig 3 décembre 2007 11:42

        Tout doucement nous entrons dans un climat pré insurrectionnel.

        Ce sera violent : sang, pillage, lynchage, tirs, armée.

        Alors un conseil, profitez de l’instant présent. 4x4, montres Rolex, prada, etc etc

        Bonne journée à tous


      • Gilles Gilles 4 décembre 2007 08:48

        Zadig

        "j’ai peur de l’avenir. Avec la crise économique actuelle le problème des banlieues me semble insoluble. (pour la crise le pire est à venir)"

        T’inquiètes Zadig, la France a toujours eu ces quartiers indigents, recelant la misère des grandes villes riches. T’as lu Zola ? Vu le combat de l’abée Pierre dans les années 50 ? Et en Grande Bretagne, et le Bronx, et Naples...idem ! De tout temps les politicards ont utilisé ces populations comme repoussoir pour s’attirer le soutient populaire. C’est pas nouveau, c’est juste que l’on en parle plus grâce à la TELE et que ces boucs émissaires volontaires représentent une opportunité démagogique inespéré pour l’agité de l’Elysée.

        C’est la société qu’il faut changer en s’attaquant aux causes de bases, pas continuer à espérer quoique ce soit de pansements cosmétiques éphémères. Sinon, t’auras toujours peur....de quelque chose


      • Le péripate Le péripate 3 décembre 2007 11:51

        NS n’est pas l’inventeur du concept de voyoucratie. Il copie :

        « S’agissant de la situation dans les banlieues (...). Sur les ruines de la démocratie s’installe la voyoucratie ». (Jean-Marie Le Pen, dimanche 26 septembre 1999.)

        « Ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel n’a rien à voir avec une crise sociale, ça a tout à voir avec la voyoucratie ». (Nicolas Sarkozy, jeudi 29 novembre 2007.)


        • ronchonaire 3 décembre 2007 12:54

          Dans le même ordre d’idée, j’ai appris ce week-end qu’il n’est pas non plus l’auteur du cultissime « travailler plus pour gagner plus ». Cela faisait aussi partie de la rhéthorique FN depuis des années.


        • Rébus Rébus 3 décembre 2007 17:00

          @le péripate

          Disons qu’en nos temps ushuaiesquementcorrect, Sarkozy recycle.

          C’est dans l’air du temps et du coup, ça passe relativement inaperçu. C’est ça être décomplexé... La rupture promise c’était donc retranscrire la plupart des petites phrases de Le Pen


        • geko 3 décembre 2007 11:51

          La voyoucratie va s’exprimer demain dans une petite séance parlementaire ayant pour but de laminer le code du travail sans le moindre débat préalable et dans l’anonymat médiatique le plus complet : Code du Travail


          • masuyer masuyer 3 décembre 2007 20:07

            J’ai bien compris le discours de Sarkozy. Ceux qui veulent travailler et qui travaillent deviennent riches, ceux qui sont pauvres c’est parcequ’ils ne veulent pas se lever le matin.

            http://www.insee.fr/fr/ffc/ipweb/ip1162/graphiques.html#carte3

            Où l’on voit que selon cette théorie les habitants du Nord-Pas-de-Calais doivent être de sacrées feignasses. Il en pense quoi le Seb59 ? Pour une France prospère offrons le Nord-Pas-de-Calais aux Belges ! smiley


          • Gilles Gilles 4 décembre 2007 08:53

            Seb 59

            « La verité c’est peut etre l’existance d’un ensemble de personnes qui n’aiment que l’argent facile que procure notre société et qui refuse le travail. »

            Effectivement. D’un coté certains verront les assistés professionnels, que d’ailleurs ils ont du mal à identifier précisément mais qui sont presque tous pauvres, sales et fainéants et en plus ne lisent même pas ! Certains bossent au black

            De l’autre coté il y a une classe de rentiers, riches, propres, qui lisent de la philo et qui s’intéressent à mille trucs (voyages, bagnoles, boites, shopping....). Certains bossent mais uniquement à des hauts postes hautement rémunéré, par leurs pairs, et à la hauteur de leur position sociale (mais pas utilité sociale)

            Desquels tu parles seb ?


          • GRL GRL 3 décembre 2007 12:22

            Se lever tôt ...

            Lorsque j’ai quitté la cité , le ras le bol étant passé au dessus du reste , je suis parti le premier matin en me disant : « N’importe quel boulot , n’importe quoi , mais je sors de là » ....

            Rien n’indiquait sur moi ( comprendre , du faciès à l’aspect général , fringues et autres ) que je venais de la cité . Et pour cause , je n’y suis pas né , je n’y ai atterri que par un concours de circonstances ... mais j’y ai passé plus de 4 ans durant lesquels , j’ai vraiment plongé dans l’ambiance et la vie des autres ... citadins .

            Et bien tout de même , il m’aura fallu trois ans en suivant , pour me faire respecter dans mon propre boulot . Trois ans avec une espèce d’empreinte qui devait être palpable par les autres , trois ans où je me suis confronté à la méfiance des autres , au jugement à l’emporte pièces , et où mon salaire s’est trouvé bloqué alors que tous mes collègues prenaient un peu chaque année ... bref ... j’ai senti le poids des regards et des mots ... Ce qui nous différenciait les autres employés et moi ? La peur . Ils était pétris de fantasmes et de peurs à propos de l’image des quartiers , de s fréquentations que j’aurais pu y avoir , des habitudes que j’aurai pu prendre , et le quota « honnêteté » était à mon encontre négatif , dès mon embauche.

            Mais voilà , la cité j’en suis parti et c’était finalement assez simple . Par contre , j’y ai laissé nombre d’amis qui y sont toujours et que je connais jusqu’au fond d’eux même. Et eux n’ont pas eu la force de quitter tout çà ... « Comme un aimant » , était le titre d’un film sorti à l’époque , et je constate aujourd’hui la force de cet aimant , tout en envisageant les composantes de cette force qui retient le « citadin » dans sa cité , mais aussi et surtout , les forces de répulsions de l’autre aimant , celui qui fait des gens des cités et des banlieues , des parias ...

            Pétris de fantasmes et de peurs , j’écrivais ceci tout à l’heure , et alors je le transpose aujourd’hui à pas mal de mes amis restés là bas. Si les gens avaient déjà peur de « moi » , j’imagine aujourd’hui quelle panique les envahirait si un de ceux dont je parle , qui comptent une vie entière dans les quartiers avait été à ma place ... Alors ?

            Et bien , ne serait ce qu’un peu teinté par la vie au quartier , j’ai été mis au ban de mon entreprise trois ans durant , cela veut dire , écarté de toute participation , progression , et surtout considération ... moquette , politesse et indifférence ...

            Et les autres , les natifs , ceux qui ont laissé la moitié de leur mental dans ces quartiers ou le mental se perd , où l’on ne ressort pas « indemne » dès lors qu’on rentre dans le mal de vivre des autres , faisant en tres peu de temps , soi même émule ... ces autres là , ceux que l’on a toujours vu là , eux ne seraient même pas embauchés , mais si , si toutefois ils l’étaient , pensez vous qu’ils seraient considérés comme les autres employés ? Que l’entreprise les impliquerait avec bonheur dans les missions qu’elle propose ? que les autres employés , et c’est là le plus important , les incluraient dans les groups de collègues , avec un capital sympathie ?

            Si ça n’a pas été le cas pour moi et j’ai expliqué , comment puis je imaginer que ça puisse marcher pour eux ? Non , même embauchés , l’entreprise , la communauté est justement capable de créer sa propre « banlieue interne » , de mettre au ban , d’isoler , et d’empêcher toute progression .

            Pétris de fantasmes et de peurs ... lorsque le faciès le « permet » , cela se transformera en racisme , ( les raisons de la peur ) , mais même si ce n’est pas le cas , les banlieues sont synonymes d’un tas de choses à éviter , ....

            .... éviter .

            Alors voilà , seuls les messages visant à apaiser cette France de travailleurs fragiles, les messages qui pourraient leur donner envie de faire leur vie avec nous, pourraient créer cet effet si indispensable, nous rapprocher, et faire en sorte que l’on se dise , au fond d’un studio de banlieue , un cagibi noir et pourri : " Il y a de l’espoir , mon pays , ma société m’attend et je me lèverai, demain, tôt, pour rejoindre mes compatriotes , car comme le dit le gouvernement , ils m’attendent , nous sommes dans le même bateau , etc ...

            Mais cela est impossible car cela n’est pas voulu , même si le président le demande , n’est pas voulu par le reste de la France , tout le reste de la France.

            Alors excusez moi , mais toutes mes excuses, ce soir , je dégaine un splif , un gros , et je vais refaire le monde avec mes potes , parler de l’histoire des peuples et écouter la vie transfontalière et chaotique de chacun , et ce jusqu’à pas d’heure dans la nuit , juste pour refaire tout çà ce soir , pour légitimer ma présence ici et me donner un peu de force , et peut être , pour imaginer une société plus « humaine », et surtout une où l’on veut bien de moi tu vois , de moi et de mon mental un plus peu cassé tous les jours. Tu comprends là ?

            Et puis , je le sais qu’est ce que tu crois , France ne veut pas de moi , alors tu penses , moi , enfermé ici, je rêve à un autre monde , parfois en idéalisant le pays d’origine de ma famille , je regarde ma vieille mère et pense à mon père mort à la guerre , en en faisant un éden, une cause , même ... qui sait comment cela pourrait finir ....

            ... ah , mais désolé , monsieur le président, désolé mais je ne pourrai pas , demain, me lever pour aller vers des gens qui ont peur de moi, qui ne me croient pas, en qui je ne crois plus. Faut comprendre , c’est tout , faut comprendre, laissez moi au moins ... zoner en paix ... car vous m’avez épuisé ... car je suis un homme vide.

            Voilà , c’est une pensée pour tous ceux qui sont restés dans l’univers de déprime que j’ai pu « côtoyer » à l’époque , et aussi , un message pour vous dire que le ban , la banlieue existe dans tous les cœurs ... pétris de fantasmes et de peurs ...

            Par la même , la seule solution est de nous connaitre mieux de comprendre la misère et l’enfermement social d’un coté , l’isolement individuel, le matraquage médiatique et la peur fantasmée de l’autre ...

            Vouloir faire tomber ces barrières une des seules choses qui nous reste à faire activement si l’on veut avancer ... car mon histoire , elle a déjà plus de dix ans.

            Merci de votre lecture , merci à l’auteur pour son article qui pousse à l’effort et au discernement. Quoi que la télé , les faits ou les fantasmes des téléspectateurs le disent, il y a, beaucoup d’amour dans les cités, un amour de plus en plus torturé par la mise au ban, certes, mais beaucoup d’amour. J’y suis passé, et je l’ai vu , et j’aimerais tant que vous me croyiez...

            GRL


            • ronchonaire 3 décembre 2007 12:50

              Le Président a surtout dit « quand on veut expliquer l’inexplicable, c’est qu’on est prêt à excuser l’inexcusable », ce qui est selon moi beaucoup plus grave que ce néologisme de « voyoucratie ».

              Primo, cela sous-entend que, d’après notre Président, ces événements sont « inexplicables ». Un tel déchainement de violence se fait donc comme ça, sans raisons particulières. Difficile à croire.

              Secundo, « expliquer l’inexplicable » me semble être la base d’environ 99,9% de la recherche scientifique, quel que soit le domaine de spécialité, mais en particulier dans les sciences humaines telles que l’histoire ou la sociologie. Je suis certain que tous les historiens qui ont tenté de comprendre et d’expliquer le déclenchement des guerres et autres génocides à travers les âges auront été ravis d’apprendre qu’ils ont par la même occasion tenté d’excuser ces atrocités.

              En résumé, cette nouvelle perle de rhéthorique de notre bien-aimé Président confirme s’il en était besoin son peu de goût pour toute forme d’analyse un tant soit peu détaillée des problèmes. A quand une bonne grosse insulte envers tous les « intellos » de ce pays ?


              • thirqual 3 décembre 2007 13:15

                Tout à fait d’accord avec ce commentaire. Cette sortie digne de l’obscurantisme le plus primaire m’a fait bondir.


              • bernard29 candidat 007 3 décembre 2007 13:37

                Trés bon commentaire. Cette phrase résume a elle seule toute la logorrhée sarkosienne.


              • Francis, agnotologue JL 3 décembre 2007 14:01

                Pour votre gouverne, cette phrase ’obscurantiste’ a été employée à ma connaissance la première fois, à propos des événements du 11/9/2001 en réponse à Mme Eliacheff qui recommandait d’expliquer aux jeunes enfants ce qu’il avaient vu à la télé. Toute la question était de savoir quoi expliquer.

                Si je revendique la paternité de cette phrase dans son contexte du 11/9, je ne l’approuve évidemment pas dans celui qu’a utilisé Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas la phrase qui est obscurantiste, c’est l’usage que l’on peut en faire.


              • thirqual 3 décembre 2007 15:19

                HStotal pour faire suite.

                Elle est aussi obscurantiste dans le cadre du 11/09. Si les sciences des matériaux et la mécanique du solide n’explique pas les effondrements, faut bien trouver une autre raison au lieu de se voiler la face. Et s’ils le font, alors il faut le dire, très fort, et exposer les preuves.


              • Traroth Traroth 3 décembre 2007 15:41

                Le 11 septembre n’est pas inexplicable non plus, hein. Les islamistes ont également des motivations bien précises.


              • Francis, agnotologue JL 3 décembre 2007 21:52

                Que vouliez vous expliquer à des bambins alors que même les gens les plus informés ne sont pas d’accord entre eux ? Une grande majorité, et j’en suis, n’a toujours pas compris qui a fait le 11/9/2001 au WTC, et comment.

                Si vous expliquez aux enfants que « c’est des méchants qui ont fait ça », vous n’avez rien expliqué du tout, et en plus vous avez excusé Bush.

                Ce n’est pas la formule qui est obscurantiste, c’est l’usage qu’on en fait. Par exemple

                Mais pourquoi est-ce que je vous explique tout ça ?


              • fouadraiden fouadraiden 3 décembre 2007 14:19

                @auteur,

                la conclusion est juste .il ne reste donc plus qu’à attendre le décolage du Maghreb pour vite chasser de notre esprit cette vie de perpetuelle illégitime que connaissent tous les arabes d’Europe(les noirs c’est encore plus universel et bcp plus dramatique sont les raisons de leur mise à l’écart).

                ceci dit ce à quoi ns assistons est tout à fait logique ,normal et prévisible et permet rétropectevement de comprendre l’enfer auquel les Algériens (les autocthones musulmans) durant la colonisation devaient étre livrés alors meme qu’ils étaient chez eux et constuaient la majoritairé opprimée.

                des arabes d’Europe en situation minoritaires parmi l’ancienne puissance coloniale, que pouvaient-ils espérer d’autres que l’état actuel ds lequel la majorité d’entre-eux se trouve ?

                au fond ,c’est la faute à pas de chance.....attendons.


                • superesistant superesistant 3 décembre 2007 14:53

                  un article bien écrit qui traite du problème des banlieues avec ( enfin ) un regard différent sur ces locataires...

                  effectivement not présipauté ne cherche pas à comprendre, défois il excuse défois il condamne ( quand même majoritairement.. ), ensuite il nous balance un de ses poncifs ( ou plutôt ceux de ses conseillers en com ) et arrive à retourner quelques milliers de citoyens en plus contre les banlieusards.

                  votre article est bon mais malheureusement vous prèchez dans le vide, car ceux qui vous entendent et vous comprennent sont minoritaires, et ceux qui ne sont pas d’accord avec vous vous traitent d’illuminé.

                  le culte du travail est le seul qui compte, si dès votre entrée dans la vie active vous n’avez pas de CDI, vous êtes déjà mis au ban de la société de ceux qui « méritent »

                  Bravo aussi @ Groland pour sa participation au débat, toujours réelle et bien pesée...

                  Je cottoie dans nos bureaux quelques français d’origine maghrébine, même s’ils ne viennent que très rarement des banlieues, ils sont déjà catalogués ( si ce n’est pas « ouaich » ils auront l’étiquette du rebeu qui doit égorger des moutons dans sa baignoire.. ). J’imagine les chances d’intègration d’un jeune de banlieue portant une casquette et des basquettes... elles doivent être d’1/10 000... et ce dix millième finira comme tête de gondole d’un gouvernement fantoche dans un lugubre ministère !


                  • moebius 3 décembre 2007 16:22

                    Ok ! GRL...Racaille, voyou est ce que le président se rend compte qu’en utilisant un tel vocable il peut stigmatiser l’ensemble d’une population ou d’un quartier ? Il est pourtant beaucoup plus diplomate lorsqu’il va vendre des avions a la Chine corrompue. On aimerait qu’il le soit un peu moins ici et plus ailleurs. Que la violence soit sanctionnée ça va de soit, que l’institution d’un état de droit fasse son boulot, elle n’a pas,elle, bessoin de mise en scéne. Mais voir le Président de tout les français se demener et se coltiner comme un gardien d’immeuble et utiliser l’invective a de quoi surprendre. Peut etre que la prochaine fois il ira jusqu’a descendre nos poubelles.


                    • moebius 3 décembre 2007 16:38

                      ...Il y avait une manif de jeune des cités dans le XII éme a Paris, pour la justice. Parmis la population plutot agée qui regardait passer le défilé silencieux et digne, ont pouvait lire, de la haine et de la peur et surtout une incomprehension effarré. Une émeute, des vitrines brissées, des voitures brulées les auraient peut etre rassuré


                    • GRL GRL 3 décembre 2007 17:39

                      Le président n’est pas différent de ses prédécesseurs en ce sens : Il ne connait pas la cité de l’intérieur . Finalement , les seules études qui lui parviennent doivent être , les statistiques diverses sur les débordements en tout genre nécessitant une action coercitive ... pour les éléments pris à froid , et de fait , les évènements de nature a valorisation médiatique de sa personne ... Il est donc , comme nous le savons tous , sur tous les coups.

                      Mais la cité de l’intérieur , il ne la connait , ni désire la connaitre , il est en ce sens et le plus anonymement du monde cette fois ci , membre de la France du rejet , et de par sa nature d’homme public et même pas celle de président d’ailleurs , il est également parti , des peurs chroniques de cette même France , qui le servent , qui l’ont fait monter sur la chaire , à grand renfort de campagnes médiatiques dont le français moyen fait désormais ... son quotidien .

                      il n’aura pas de moyens d’action sans susciter le désir de rencontre... et il ne demande pas aux deux France(s) de se rencontrer enfin , car il n’humanise plus les gens dans la détresse , il les bestialise en quelque sorte , en ne montrant que les révoltes , il n’entrevoit la relation aux quartiers au travers de la répression de la délinquance , mais cette façon de voir les choses est partagée inconsciemment par tout le reste du pays et sans celà , le baratin ne marcherait pas.

                      Il y a de fait comme un bâton dans la relation villes / banlieues , un bâton entre soi et l’autre , chacun finissant par croire qu’il est du bon coté du bâton ... La télé relaye d’ailleurs le phénomène par d’innombrables émissions sur le travail de la police ou sur la justice. Croyez en notre police , tel est le message.

                      Ce qu’il ne veut surtout pas ( et ce qu’il aura malgré tout ) , c’est que la France apeurée pense qu’il n’est pas efficace sur la question . Les innombrables JTs et campagnes de presse se cantonnant à la dimension « fantastique » des révoltes , rien de ces cités n’est su , connu , investi , de la part de l’autre France , qui se contente pour son immense majorité , d’une association , jeune/agression/banlieue/violence/bestialité ... schéma tres simple et tres facile à imprimer puisqu’il ne nous demande pas de réflechir , il nous demande d’en faire une obsession, au moyen de la quotidienne douche émotionnelle télévisuelle ...

                      Regardez la ... constante Lerma ( Cl = -22 ) , à qui on a bien répondu d’ailleurs ( je ne sais plus si c’est sur cet article ) , obsessionnel sécuritaire sans arguments ... mais dominé par ses pulsions ... toujours premier sur les articles , toujours malade dans ses réponses ... malade , comme pas mal de ceux qui peuplent les bureaux et les lieux bien aseptisés , jusque dans lesquels le bruit des pas est absorbé dans les moquettes ... Un monde d’hypersensibilité émotionnelle , un monde saturé de fantasmes par méconnaissance de l’autre, ( l’immense majorité n’ayant jamais mis les pieds en cité ) et saturé de peurs ( émulation , le culte de la victime , le fait divers , donc vous ou moi en sang dans la télé , en guise d’information comme seule nourriture informelle d’ailleurs )... Lorsqu’un quartier se révolte , toute la France le vit inconsciemment comme une généralité nationale ...

                      Pourtant , deux flics espagnols tués froidement par l’ETA , çà, çà n’effraie personne , le pays entier ne craint pas de rentrer dans un café et de tomber sur des voyous ... mais pas avec les banlieues ... ah ... pourtant , mort d’homme , c’est mort d’homme , mais non , là , la télé relaye le fantastique et l’émotionnel , et le pays entier pose en émule de la victime ... Tout le monde flippe !

                      Alors le président , ben là , il n’a qu’à se poser et ... rassurer sa majorité avec les mêmes mensonges , la même partialité que lorsqu’il doit les inquiéter au travers de ses campagnes médiatiques ... Et la relation s’installe, entre les deux France(s), celle des bourreaux, et celle des victimes ... Les liens , les ponts pour une rencontre possibles tout ce qui nous relie à ces gens en terme d’humanité , et bien toutes ces passerelles ... sont alors coupées .

                      Et le président n’aura , comme ses prédecesseurs , rien , absolument rien de positif en retour . Le temps au peuple de réagir et de s’imbiber de pulsions vengeresses , le temps pour les quartiers de voir grandir la génération la plus touchée par cet isolement social ... et nous n’aurons plus qu’à nous battre dans les rues ... c’est beau , non ?

                      Voilà , le président ne fait absolument rien de nouveau , à l’ombre des grandes barres de 12 étages , abandonnées des cœurs d’une autre France qui s’est déculpabilisée un temps en lâchant du pognon , mais qui jamais n’a ouvert son cœur , son envie de connaitre ses autres compatriotes , qui préfère ignorer l’humain derrière les murs des tours , parce que çà lui évite d’avoir à regarder les « poubelles honteuses » de son histoire coloniale.

                      Et pourtant , si on arretait la douche médiatique , il y aurait une chance d’entendre ce qu’il reste de leur voix , à la tribune du pays , dans la télé , en direct , longtemps et souvent , afin que l’autre France mesure enfin , comprenne enfin que la force de celui qui démolit tout sur son passage sans réfléchir , il la tient avant tout du constat de misère de tout le reste de son quartier , pour lequel il pense encore plaider , non pas avec des mots que la France apeurée n’a jamais voulu entendre, mais en actes de destruction non dirigés , et ce fait en lui même est d’ailleurs une mesure du désespoir qui règne dans les cités.

                      Voilà , tout est lié mais la solution viendra de nous , pas d’un président , de nous et nous seuls.


                    • GRL GRL 3 décembre 2007 17:40

                      Le président n’est pas différent de ses prédécesseurs en ce sens : Il ne connait pas la cité de l’intérieur . Finalement , les seules études qui lui parviennent doivent être , les statistiques diverses sur les débordements en tout genre nécessitant une action coercitive ... pour les éléments pris à froid , et de fait , les évènements de nature a valorisation médiatique de sa personne ... Il est donc , comme nous le savons tous , sur tous les coups.

                      Mais la cité de l’intérieur , il ne la connait , ni désire la connaitre , il est en ce sens et le plus anonymement du monde cette fois ci , membre de la France du rejet , et de par sa nature d’homme public et même pas celle de président d’ailleurs , il est également parti , des peurs chroniques de cette même France , qui le servent , qui l’ont fait monter sur la chaire , à grand renfort de campagnes médiatiques dont le français moyen fait désormais ... son quotidien .

                      il n’aura pas de moyens d’action sans susciter le désir de rencontre... et il ne demande pas aux deux France(s) de se rencontrer enfin , car il n’humanise plus les gens dans la détresse , il les bestialise en quelque sorte , en ne montrant que les révoltes , il n’entrevoit la relation aux quartiers au travers de la répression de la délinquance , mais cette façon de voir les choses est partagée inconsciemment par tout le reste du pays et sans celà , le baratin ne marcherait pas.

                      Il y a de fait comme un bâton dans la relation villes / banlieues , un bâton entre soi et l’autre , chacun finissant par croire qu’il est du bon coté du bâton ... La télé relaye d’ailleurs le phénomène par d’innombrables émissions sur le travail de la police ou sur la justice. Croyez en notre police , tel est le message.

                      Ce qu’il ne veut surtout pas ( et ce qu’il aura malgré tout ) , c’est que la France apeurée pense qu’il n’est pas efficace sur la question . Les innombrables JTs et campagnes de presse se cantonnant à la dimension « fantastique » des révoltes , rien de ces cités n’est su , connu , investi , de la part de l’autre France , qui se contente pour son immense majorité , d’une association , jeune/agression/banlieue/violence/bestialité ... schéma tres simple et tres facile à imprimer puisqu’il ne nous demande pas de réflechir , il nous demande d’en faire une obsession, au moyen de la quotidienne douche émotionnelle télévisuelle ...

                      Regardez la ... constante Lerma ( Cl = -22 ) , à qui on a bien répondu d’ailleurs ( je ne sais plus si c’est sur cet article ) , obsessionnel sécuritaire sans arguments ... mais dominé par ses pulsions ... toujours premier sur les articles , toujours malade dans ses réponses ... malade , comme pas mal de ceux qui peuplent les bureaux et les lieux bien aseptisés , jusque dans lesquels le bruit des pas est absorbé dans les moquettes ... Un monde d’hypersensibilité émotionnelle , un monde saturé de fantasmes par méconnaissance de l’autre, ( l’immense majorité n’ayant jamais mis les pieds en cité ) et saturé de peurs ( émulation , le culte de la victime , le fait divers , donc vous ou moi en sang dans la télé , en guise d’information comme seule nourriture informelle d’ailleurs )... Lorsqu’un quartier se révolte , toute la France le vit inconsciemment comme une généralité nationale ...

                      Pourtant , deux flics espagnols tués froidement par l’ETA , çà, çà n’effraie personne , le pays entier ne craint pas de rentrer dans un café et de tomber sur des voyous ... mais pas avec les banlieues ... ah ... pourtant , mort d’homme , c’est mort d’homme , mais non , là , la télé relaye le fantastique et l’émotionnel , et le pays entier pose en émule de la victime ... Tout le monde flippe !

                      Alors le président , ben là , il n’a qu’à se poser et ... rassurer sa majorité avec les mêmes mensonges , la même partialité que lorsqu’il doit les inquiéter au travers de ses campagnes médiatiques ... Et la relation s’installe, entre les deux France(s), celle des bourreaux, et celle des victimes ... Les liens , les ponts pour une rencontre possibles tout ce qui nous relie à ces gens en terme d’humanité , et bien toutes ces passerelles ... sont alors coupées .

                      Et le président n’aura , comme ses prédecesseurs , rien , absolument rien de positif en retour . Le temps au peuple de réagir et de s’imbiber de pulsions vengeresses , le temps pour les quartiers de voir grandir la génération la plus touchée par cet isolement social ... et nous n’aurons plus qu’à nous battre dans les rues ... c’est beau , non ?

                      Voilà , le président ne fait absolument rien de nouveau , à l’ombre des grandes barres de 12 étages , abandonnées des cœurs d’une autre France qui s’est déculpabilisée un temps en lâchant du pognon , mais qui jamais n’a ouvert son cœur , son envie de connaitre ses autres compatriotes , qui préfère ignorer l’humain derrière les murs des tours , parce que çà lui évite d’avoir à regarder les « poubelles honteuses » de son histoire coloniale.

                      Et pourtant , si on arretait la douche médiatique , il y aurait une chance d’entendre ce qu’il reste de leur voix , à la tribune du pays , dans la télé , en direct , longtemps et souvent , afin que l’autre France mesure enfin , comprenne enfin que la force de celui qui démolit tout sur son passage sans réfléchir , il la tient avant tout du constat de misère de tout le reste de son quartier , pour lequel il pense encore plaider , non pas avec des mots que la France apeurée n’a jamais voulu entendre, mais en actes de destruction non dirigés , et ce fait en lui même est d’ailleurs une mesure du désespoir qui règne dans les cités.

                      Voilà , tout est lié mais la solution viendra de nous , pas d’un président , de nous et nous seuls.


                    • geko 3 décembre 2007 18:06

                      @A GRL tu fais bien le lien entre le résultat de 20 ans de masses Media et de politique ! Je finis par me demander si ces déclarations ne sont pas destinées à jeter de l’huile sur le feu, manière d’avoir une opportunité de prendre les pleins pouvoirs ! Il nous manquerait plus qu’un petit attentat pour Noël !


                    • GRL GRL 3 décembre 2007 18:13

                      Désolé pour le doublon , çà marche moyen , la connexion , là. ... Bon , si les admins peuvent enlever le second , c’est bien parce que le teste est un peu long , sinon , tant pis ... merci.


                    • GRL GRL 3 décembre 2007 18:33

                      Tenir les gens sous la douche émotionnelle empêche le pays tout entier de réfléchir car ils sont saturés d’émotions. C’est d’ailleurs psychiquement néfaste pour la santé mentale, d’être saturé de tensions , mais comme une majorité de gens suivent , cela peut sembler dans une certaine mesure , normal.

                      Réfléchir , évoluer , murir , et se tourner vers un autre, nécessite de ... l’attention .... , la prétendue info du soir ne donne que de .... la tension ..... , même phonétique , effet contraires.

                      C’est du quotidien et c’est pour cela que çà marche . C’est le gavage , la répétition, et l’émulation. Le fait divers est d’ailleurs monté en audimat parce que c’est vous et c’est moi , donc , la transposition est totale , çà ratisse large pour un plus grand contrôle des pulsions des masses , alors que devant nos banlieues et les gens qui y pourrissent , nous avons besoin de réfléchir , besoin d’introspection , de calme , pour se tourner vers une partie des nôtres qui est profondément blessée , qui est violente , désespérée et qui ne possède bientôt même plus le langage pour nous parler.

                      Tant que nous serons dans un quotidien informel tensiogène , personne n’aura la place en lui même de construire d’actions louables. Je m’en rends d’autant plus compte que je vis sans télé depuis plus de vingt ans et que cela a absolument tout changé pour moi.


                    • geko 3 décembre 2007 20:00

                      La TV j’ai arrêté depuis 2 ans et c’est vrai que ça fait du bien !! quand j’ai l’occasion de la regarder chez des amis je suis halluciné de voir tant de frénésie, d’agitation sans contenu !


                    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 3 décembre 2007 22:58

                      Autre débat : cela m’a toujours paru suspect ces gens qui condamnent la télé en tant que telle : comme si l’on envoyait au bûcher toute la littérature parce qu’on se serait attardé sur quelque torche-cul vaguement romancé et minablement écrit. Moi, au cours de la semaine écoulée, j’ai regardé un magnifique portrait sur Robert Badinter, une enquête fouillée sur le système Poutine, un droit d’inventaire passionnant sur la Libération. La sélection, vous connaissez ?


                    • geko 4 décembre 2007 08:32

                      @Loic Suspect ou coupable de ne pas regarder la TV ?

                      Parceque d’autres ne la regardent pas et que vous l’appréciez alors on est suspect ? Vous envoyez tous les gens qui ne font pas comme vous au bucher ?

                      La sélection je la fais sur le net ! Je ne condamne pas la télé en tant que tel mais ce qui en est fait. Je n’ai pas à attendre 23H00 passée pour voir une émission de qualité et cautionner par la même les émissions bidons et JT diffusés avant. Il s’agit ici de mettre en relief une population stigmatisée par 20 ans de masse media.

                      Vous n’êtes pas le centre du monde et cette critique ne vous est pas adressée personnellement !!

                      Cordialement bonne journée !


                    • Loïc Decrauze Loïc Decrauze 3 décembre 2007 22:46

                      Quelle enfilade de lieux communs. J’ai passé une bonne partie de ma scolarité dans des banlieues pourries (Cergy Saint-Christophe par exemple) et je ne vois ce qui aurait pu légitimer le fait de m’en prendre à la bibliothèque de mon quartier ou à la voiture de mon voisin. Misérabilisme assommant des pseudo justifications que vous apportez à ce qui n’est que l’activisme criminel de petites frappes inexcusables. Strictement rien à voir avec la majorité des exclus qui se battent pour retrouver une place sociale.


                      • Christophe Christophe 3 décembre 2007 23:56

                        Je ne vois pas dans le propos de l’auteur une volonté de légitimer quoi que ce soit, juste essayer de comprendre pourquoi un être peut en arriver là.

                        Sauf à penser, pour paraphraser notre Président, que la délinquance est génétique. smiley


                      • Rapetout 4 décembre 2007 04:40

                        « Les banlieues [...] embrassant dans un conglomérat homogénéisant des histoires de vie, des parcours personnels, des espaces, des lieux, des espoirs, des réalités, des mondes, des cultures, des mode de vies différents »

                        Ah voui ? Et les endroits qui n’embrassent pas dans un conglomérat homogénéisant des histoires de vie, des parcours personnels, des espaces, des lieux, des espoirs, des réalités, des mondes, des cultures, des mode de vies différents, on trouve ça où ? Je vais vous le dire : partout où il n’y a personne ou, au pis, un hermite de préférence stylite.

                        Pourquoi continuerais-je à lire quelqu’un qui ouvre le débat par une pédanterie vide de sens ?


                        • Christoff_M Christoff_M 4 décembre 2007 10:10

                          Il y a des trafics organisés en banlieue tout le monde le sait mais le problème ne serait il pas pourquoi on arrête toujours, les guetteurs, les petites mains, les premiers échelons et ne va t on pas gratter plus loin, plus haut...

                          Idem dans le domaine de la prostitution...

                          Peut-être que les organisateurs de trafics, les chefs de bandes, comme certains rapeurs dit populaires, n’habitent pas dans la banlieue mais plutôt du coté du seizième, le septième ou de Neuilly dans des endroits ou l’argent étalé compte plus que la carte de visite, bling bling !!


                          • Christoff_M Christoff_M 4 décembre 2007 10:21

                            A l’auteur pour vous éclairer, je viens du sud ouest, de PAU ou mr Bayrou vise la mairie après un petit tour à Paris !!

                            Je pense que j’ai rarement vu quelqu’un d’aussi imbu de lui meme depuis Mitterrand !! monsieur BAYROU enseigne et aime bien donner des leçons ; pour la modestie et vraiment changer le pays changez de candidat !! ce monsieur a fait voter des crédits démesurés du coté de PAU pour nous faire construire un parlement de fer et de verre, planté au milieu de la vieille ville et à un coup délirant pour PAU !!

                            Vous avez été sensible au coup des bottes, détrompez vous il ne les a mis que pour la caméra ; ce monsieur élève des chevaux de course... alors on peut reprocher le bling bling à Sarkozy, mais le Bayrou dans le coté mensonges et couleuvres il est pas mal gratiné aussi....


                          • deusexmachina 4 décembre 2007 17:14

                            Sur F. Bayrou, j’ai également appris tout cela. Mais il n’en reste pas moins qu’au niveau des idées (mais cela n’engage que moi), je le trouve plutôt assez tempéré et ouvert. il accepte la nuance, et il semble moins idéologisé que notre président. je préfère juger les idées à l’homme. chez Sarkozy, ce qui ne me plait pas, ce sont les idées avant tout et les raccourcis idéologiques empruntés pour les défendre.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès