Wall Street innove sur la mort, et se rit du G20
Le deuxième opus du G20 qui se tenait à Pittsburgh nous promettait monts et merveilles en matière de décisions contraignantes à l’endroit du monde de la finance, et ce serait à celui qui ferait les plus fameuses déclarations d’intentions pour s’attirer les bons sentiments des peuples en manque de justice sociale. En l’espèce, Nicolas Sarkozy ne fut pas en reste, tenant toutes les promesses de l’excellent bonimenteur qu’il demeure. Mais voilà qu’une information en provenance du très sérieux New York Times faisait état des nouvelles innovations qui apparaissent sur le segment très couru des produits financiers hautement sophistiqués, les biens nommés « bonds de la mort ». On touche ici au comble du cynisme et de l’abject puisqu’il s’agit de spéculer et de titriser sur les contrats d’assurance vie des particuliers les plus fragilisés par une économie toujours convalescente.
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Alors qu’une année vient de s’écouler, nombreux sont les décideurs à se gargariser de leur action salvatrice, Nicolas Sarkozy n’hésitant pas décerner le titre de champion du monde au plan de sauvetage français, soulignant ainsi son propre talent, tout en aboyant avec velléité après ce satané capitalisme financier en pleine dérive. Gesticulant plus que les autres, et plus que de raison, notre preux président de persifler haut et fort en constatant la mort des paradis fiscaux et autres fraudes fiscales massives, psalmodiant sur le thème de l’avènement d’un capitalisme nouveau débarrassé de ses scories les plus infâmes. Dès lors, nous sommes en droit de nous questionner sur la compétence réelle de nos décideurs réunis désormais au sein de ce nouveau barnum improbable nommé G20 [1]. Ils sont tellement accaparés par cette nouvelle mission quasiment messianique, puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de sauver le monde des affres de la toute puissante sphère financière, cette hydre perverse aux multiples têtes horriblement titrisées, qu’ils en oublient de regarder au plus près ce qui continue à se tramer derrière les logiciels financiers abscons. Silence, on continue à titriser pour spéculer en toute tranquillité, non plus sur l’endettement immobilier des moins nantis, mais sur leur mort ! Fini les diaboliques subprimes, mais place au nouveau produit d’avenir, fruit des fertiles cerveaux à cupidité qui peuplent Wall Street, les biens baptisés « bonds de la mort ». Pour faire simple [2], il s’agit de racheter aux ménages américains en grande difficulté financière leurs contrats d’assurance vie à un prix bien en deçà de leur valeur escompté (la moitié), afin de les renégocier sur le marché une fois le titulaire initial décédé, et ainsi d’en tirer un substantiel bénéfice. En quelque sorte, une culbute financière sur la mortalité plus précoce des socio-économiquement les moins bien portants de la population nord américaine.
[1] Les conclusions du G20
[2] Pour en savoir plus sur les « bonds de la mort » :
http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/715820/mil/5141882.html
http://www.pauljorion.com/blog/?p=4732
[3] Évolution des principaux indices boursiers
[4] Frédéric Lordon, Surtout ne changez rien, La pompe à phynance, in les blogs du monde diplomatique.
[5] Lire l’interview donnée par J. Stiglitz au magazine ACTUFinances
[6] Sondage : Les économistes doutent de la reprise
[7] Compteur de la dette publique mondiale
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